Note : Outre l’article, un complément fort intéressant est disponible sur le forum JRRVF.

Pour qui s’intéresse à l’univers médiéval fantastique, les Orques et les Gobelins sont des créatures à la couleur de peau verdâtre. Des jeux vidéo comme ceux issus de l’univers Warcraft, de l’éditeur Blizzard Entertainment, ou encore les adaptations du célèbre jeu de plateau Warhammer créé par Games Workshop ont inscrit dans l’imaginaire populaire la figure de l’Orque vert, sauvage, réputé pour sa brutalité et assoiffé de batailles. Les Gobelins, plus petits et chétifs que leurs cousins les Orques, sont réputés pour être des couards, attaquant toujours en groupe. Dans World of Warcraft, ils sont intelligents et font preuve d’une grande habileté à créer toute une série de machines diaboliques.

Pourtant, lorsque Tolkien nous parle des Orques dans le Seigneur des Anneaux, il nous les décrit comme ayant une peau noir ou jaunâtre. Tout au plus avons-nous, dans le Seigneur des Anneaux, quelques semi-orques au visage olivâtre (livre I, chap. 11 ; livre VI, chap. 8). De même, dans les œuvres de Tolkien, Orque est un synonyme de Gobelin, terme qu’il utilise essentiellement dans Bilbo le Hobbit pour désigner les créatures vivant sous les Monts  Brumeux. L’utilisation de deux termes différents pour désigner une même créature a créé une certaine confusion chez le lecteur. Tolkien n’était pas satisfait de la connotation qu’avait le terme gobelin dans les langues européennes et ne le trouvait pas adapté à ses créatures (The Lord of the Rings : A Reader’s Companion, p. 762). D’autant plus que l’auteur n’hésite pas à utiliser dans le Seigneur des Anneaux d’autres termes pour les désigner tels que Uruk-hai et Snaga… et bien que tous ces termes désignent bien des Orques, certains ont des particularités physiologiques certaines.

Dans la trilogie du Seigneur des Anneaux, adaptée par le néo-zélandais Peter Jackson entre 2001 et 2003, les Orques ont une peau allant de la couleur chair au noir, mais sans s’aventurer dans des teintes vertes. Dans les films de P. Jackson, Gobelins et Orques semblent être deux espèces différentes. On peut même entendre Gandalf affirmer, dans le second volet, que Saroumane a croisé des Orques avec des Gobelins pour créer les grands Uruk-hai ! Affirmation qui n’aurait pas manqué de surprendre l’auteur britannique…

Dans les adaptations cinématographiques précédentes, les Orques ne sont jamais verts : ils sont noirs avec des yeux rouges dans le dessin animé Le Seigneur des anneaux de Ralph Bakshi (1978) et gris dans The Return of the King, réalisé par Jules Bass et Arthur Rankin Jr (1980) ; les gobelins sont également gris dans le téléfilm d’animation The Hobbit (1977).

Certaines adaptations ont cependant cédées à la mode verte : on pourrait citer par exemple l’adaptation par Charles Dixon en bande dessinée de Bilbo le Hobbit et illustré par David Wenzel, qui nous montre des gobelins vert clair.

On peut donc se demander d’où vient cette image de l’Orque vert ? Depuis quand celui-ci est-il devenu vert ?

II. De quand date le premier Orque vert ?

C’est chez les illustrateurs du Calendrier Tolkien que l’on trouve les premiers Orques verts. Dans l’une des peintures à l’huile de Tim Kirk intitulé « The Road to Minas Tirith », publié par Ballantine Books dans 1975  The J. R. R. Tolkien Calendar, on peut voir quatre Orques verts en premier plan et plusieurs autres en arrière-plan. Ils ont un aspect très proche de ce que nous connaissons aujourd’hui. C’est la première représentation, à notre connaissance, d’un Orque vert. Cependant, tous les Orques représentés par Tim Kirk ne sont pas vert. Dans la planche « Two Orcs », ces derniers sont de couleur ocre.

En 1971, Tim Kirk avait choisi de réaliser plusieurs peintures basées sur Le Seigneur des Anneaux pour sa thèse de master en illustration à la California State University de Long Beach. Après l’obtention de son diplôme, Tim Kirk décide de présenter le projet complet, comportant 26 peintures, à la World Science Fiction Convention de Los Angeles, en 1972. C’est à cette occasion que Ian et Betty Ballantine de Ballantine Books ont pu voir la collection et décident de publier 13 des 26 peintures. Le calendrier, publié en août 1974, devient très vite un objet collector.

Dans l’illustration des frères Hildebrandt intitulée « Siège of Minas Tirith », 1977 J. R. R. Tolkien Calendar (Ballantine Books), plusieurs Orques ont la peau verte. Dans l’édition de 1976, on pouvait déjà en voir plusieurs avec ce coloris dans la planche « Captured by the Orcs ». C’est la première fois que l’on rencontre des Orques à l’allure porcine. D’après Greg Hildebrandt Jr, l’image bestiale des Orques serait l’œuvre de son père Greg qui, après plusieurs croquis, arriva à ce résultat. Ce dernier a-t-il été influencé par la ressemblance entre le mot orc et l’anglais pork, nom donné à la viande de porc domestique ? Un certain nombre d’œuvres montraient déjà des monstres au visage porcin : The House of the Borderland de William Hope Hodgson (1908) ou encore certains Goons du dessin animé de Disney The Sleeping Beauty (1959). Tolkien lui-même nous les décrit dans le Seigneur des Anneaux comme ayant des crocs jaunes et saillants, avec des oreilles poilues, aux larges narines et aux lèvres retroussées comme celles d’une bête. Mais le porc n’est-il pas un symbole de bestialité ? Le Roi Porc, conte de fée publié à Venise en 1550, nous montre l’enfant du roi d’Angleterre victime du maléfice d’une fée qui le fit naître avec l’apparence d’un porc. Le conte fut reprit au XVIIe siècle par Madame d’Aulnoy sous le titre Le Prince Marcassin. De même, souvenons-nous du châtiment que fit subir Circé aux compagnons d’Ulysse, transformés en porc.

Le Calendrier Tolkien de 1976 est vite devenu le calendrier le plus vendu dans le monde et les jumeaux Hildebrandt furent chargés d’en faire deux autres. Leurs œuvres furent très prisées des fans et des illustrateurs. Le livre illustré par Don Greer et Rob Stern, Down in the Dungeon (1981), montre un certain nombre d’Orques à la peau verdâtre dont on peut voir clairement l’influence des illustrations des frères Hildebrandt.

C’est dans les années 70 que Gary Gygax et Dave Arneson créèrent le célèbre jeu de rôle Donjons et Dragons. Dès 1975, le jeu avait largement débordé le cercle des wargamers traditionnel. Si l’on en croit le Advanced Dungeons and Dragons Monster Manuel de Gary Gygax (1977), les Gobelins ont une couleur de peau allant du jaune, à l’orange jusqu’au rouge brique. La coloration des Orques allant du brun au vert brunâtre avec un éclat bleuâtre. Ils ont le museau et les oreilles rosés. L’illustration des Orques nous les montre avec un faciès porcin.

En 1980, Grenadier sortit des figurines d’Orques (2011 Orc’s Lair) pour Advanced Dungeons et Dragons. L’illustration du coffret montrait cinq Orques verts, très proche de la représentation actuelle. Les figurines Minifigs, premier fournisseur officiel de Dungeons and Dragons, datant de 1977, montraient quant à elles des Orques à tête porcine. Héritage produisit en 1980 des coffrets de miniatures : on peut voir en couverture du coffret blanc Level 2 Monsters, trois Orques au physique plus « moderne », d’un vert tirant sur le bleu. On rencontre le même type de représentation sur le coffret 5305 Monster Tribes de marque TSR, qui succéda à Grenadier en 1983, avec notamment l’illustration d’un Orque et d’un Hobgobelin à la couleur de peau vert-jaune et aux yeux rouges.

La série animée américaine Dungeons and Dragons (traduit en français par Le Sourire du dragon), dont l’auteur « historique » est Gary Gygax, diffusé entre septembre 1983 et décembre 1985, montrent des Orques verts, au même faciès porcin, caractérisé par un museau rose. Ce sont des brutes stupides qui sont facilement bernées. La couleur est l’une des caractéristiques de la race et nous rencontrons même à une occasion des Demi-orques, croisement entre humains et orque, également à la peau verte. On rencontre aussi des Gobelins, cette fois-ci à la peau ocre.

Dans les livres de la collection « Un Livre Dont vous êtes le héros » pullulent Orques et Gobelins. Les deux créatures, rarement décrites, sont clairement deux espèces différentes, tout comme elles le sont dans l’univers de Donjons et Dragons. Les illustrations noir et blanc rendent cependant difficile à savoir, sans autre description écrite, quelle est leur couleur de peau.

Dans The Citadel of Chaos de Steve Jackson (1983), un Orque a un « visage couvert de verrues » et un Gobelin, plus petit, a « la figure repoussante » ; seul un Nain « grincheux », a « la peau verdâtre ». On notera également la présence d’une femme Gobelin (§ n°339 illustré). Dans The Forest of the Doom (1983), de Ian Livingstone, les Gobelins sont décrits comme de « petites créatures à la peau brune et couverte d’écailles » (§ n°168). Les Orques sont « deux créatures courtes de tailles, revêtues de cuirasse et la peau couverte de verrues » (§ n°29). Les seules créatures à la « peau verdâtre » sont des Gremlins (§ n°49, n°193, n°229, n°320).

En 1984, on découvre en couverture du livre de Ian Livingston, Caverns of the Snow Witch (traduit en français sous le titre de La sorcière des neiges) un Orque musclé à la peau verte. Dans le texte se référant à l’illustration de Les Edwards, l’Orque se tenant le cou est décrit comme ayant « le visage vert » (§ n°339). L’illustrateur affirme que ni l’auteur, ni l’éditeur, ne lui avaient demandé de peindre l’Orque en vert, mais qu’il pensait que ces créatures avaient toujours étés ainsi.

Lorsque l’équipe de Games Workshop popularise les « peaux-vertes » en 1984 avec la sortie de la seconde édition de Warhammer Fantasy Battle, elle ne crée pas l’Orque vert mais reprend un stéréotype qui était déjà bien implanté dans l’univers médiéval fantastique.

 

III. Pourquoi les Orques ont-ils la peau verte ?

Publié la même année que les deux premiers volumes du Seigneur des Anneaux, en 1954, The Broken Sword, de Poul Anderson, a connu un succès retentissant outre-Atlantique. S’inspirant de la mythologie nordique, l’auteur nous conte l’histoire de l’épée Tyrfing, brisé par Thor afin qu’elle ne puisse frapper les racines de l’arbre Yggdrasil, mais désormais nécessaire aux elfes dans leur lutte contre les trolls. Dans son roman, Poul Anderson décrit ces derniers avec une peau verte et froide, un peu plus petits que les hommes, avec de grandes têtes rondes, le nez plat, des oreilles pointues et une bouche avec des crocs énormes.

Les trolls de l’univers de Donjons et Dragons ont clairement étés influencés par l’image qu’en donne Poul Anderson. Cette ascendance est d’ailleurs évoquée par Gary Gygax. De même, la couleur du gnoll, croisement entre un gnome et un troll, va du gris au vert.

Dans l’Edda, le dieu Thor combat à longueur de journée les trolls, qui habitent à l’Est. Dans les contes norvégiens, le troll est l’adversaire principal le plus courant. Il y est à la fois symbole de la puissance du mal mais aussi de la nature et de sa force. Les Orques, dans les œuvres de Tolkien, tiennent ce rôle d’opposant. Ils ont en commun avec le troll de ne pas supporter la lumière du soleil (thème repris d’ailleurs par Tolkien dans Bilbo le Hobbit où il met en scène trois trolls stupides) et d’habiter sous terre, dans les montagnes. Leur royaume montagneux du Mordor se situe, quant à lui, dans une pénombre perpétuelle. Notons que dans la mythologie germano-scandinave, les nains sont contrefaits, maléfiques et craignent la lumière du Soleil.

Même si les Orques en tant que « race » sont une invention de Tolkien, ils partagent une étymologie commune avec un autre adversaire traditionnel du héros dans les Contes de fées : l’Ogre. Le terme proviendrait du latin Orcus, nom du démon de la mort dans les croyances populaires romaines et assimilé aux Enfers eux-mêmes. Charles Perrault nous décrit l’Ogre dans son recueil de contes, en 1697, comme étant un « homme sauvage, qui mangeait les petits enfants ». C’est un géant anthropophage à la force surhumaine.

Tolkien nous affirme que les plus grands Orques ont la taille d’un homme et nous en rencontrons de petites statures. Il n’existe donc pas de taille standard à l’origine. Or aujourd’hui les Orques sont grands et musclés, alors que les Gobelins sont petits : est-ce par assimilation avec l’Ogre et le troll, qui sont, à l’origine, tous deux des géants ?

Dans les années 60, on voit apparaître d’autres créatures vertes, cette fois-ci dans l’univers des comics. Hulk a été créé en 1962 par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Jack Kirby. Il apparaît pour la première fois dans le comic The Incredible Hulk (mai 1962). Dans ce premier numéro, le monstre est gris. Ce n’est qu’à partir du numéro 2 de la série qu’il devient vert (juillet 1962). En effet, dans le premier numéro, l’imprimante avait eu du mal à conserver la nuance de gris uniforme d’une page à l’autre. Stan Lee changea alors la couleur pour du vert, avec lequel l’imprimante avait moins de problèmes. Pour le numéro 6 (publié en mai 1963), dernier de la série d’origine, c’est Steve Ditko qui devint le dessinateur du super héros. Le même qui créa, avec Stan Lee, The Amazing Spider-Man. Dans le n°14, publié en juillet 1964, apparaît pour la première fois le personnage du Bouffon Vert (Green Goblin en anglais) qui sera l’un des ennemis emblématiques de Spider-Man.

Si le Green Goblin de Steve Ditko est, à notre connaissance, le premier gobelin en tant que tel à avoir une peau de couleur verte, il a été précédé par la littérature anglo-saxonne qui n’hésite pas à lier la couleur à la créature. Rappelons que goblin est, en Angleterre, la traduction exacte du mot lutin.

En 1907, dans un roman intitulé The Little Green Goblin de James Ball Naylor, un enfant méchant disparaît dans la nuit avec cette créature surnaturelle à bord d’un ballon à air chaud. En 1935, la très populaire romancière britannique Enid Blyton, spécialisé dans la littérature enfantine, publia The Green Goblin Book. Tout comme dans le roman précédent, les lutins sont affublés d’habits verts. William Butler Yeats nous dit dans Fairy and Folk Tales of the Irish Peasantry (1888) que « les « fairies » vivant en troupe portent des vestes vertes et celles solitaires en portent une rouge (…) McAnally raconte comment, une fois, un paysan a vu une bataille entre les « fairies » à veste verte et celle à veste rouge. Lorsque les vestes vertes ont commencé à gagner, si heureux était-il de voir le vert au-dessus du rouge, qu’il a poussé un grand cri. En un instant, tout a disparu et il fut jeté dans le fossé »[1]. Sir Walter Scott dans Letters on Demonology and Witchcraft (1831) nous parle d’un jeune homme riche se plaignant des apparitions de « personnages habillés de vert » qualifiés plus loin de green goblins. Outre-Manche, la couleur verte est donc associée aux petites créatures peuplant le folklore.

Les créatures à la peau verte peuplent depuis longtemps les traditions fantastiques de l’île puisque dès le Moyen Âge on rencontre ce type de personnage, en lien avec l’autre monde : le roman du XIVe siècle Sir Gauvain et le Chevalier vert en est un exemple. De même, au XIIe siècle, dans son Historia Rerum Anglicarum, William de Newburgh nous rapporte l’histoire de deux enfants verts surgis d’une tranchée, près de la ville de Woolpit. Recueillis par des moissonneurs, ils ne voulaient se nourrir que de haricots et affirmaient que les habitants de leur pays étaient verts et qu’ils vivaient dans la pénombre. La même histoire est rapportée par le chroniqueur médiéval Ralph de Coggeshall dans sa Chronicum Anglicanum.

Si Tolkien n’aimait pas la connotation contes de fée qu’avait le terme goblin, synonyme du français lutin, il se rapproche de la vision chrétienne du Moyen Âge (qui à diabolisé les anciennes croyances païennes). En effet, le terme gobelinus, apparaît pour la première fois dans l’Histoire Ecclésiastique du moine anglo-normand Orderic Vital, au XIIe siècle. Celui-ci nous apprend que Saint Taurin chassa du temple de Diane, à Evreux, un démon protéiforme que le peuple nommait Gobelin. Mais le démon ne replongea pas à l’instant en enfer : « le démon qu’il avait expulsé du temple de Diane resta longtemps dans la même ville, et se présenta fréquemment sous diverses formes, mais il ne put nuire à personne » (V, 7). Tolkien a conservé le caractère diabolique des gobelins et il n’est donc pas étonnant de voir que la créature est compté parmi les rangs des forces du mal. De même, il n’est pas étonnant qu’il soit aujourd’hui considéré comme une créature différente de l’Orque. En changeant le nom de ces créatures, Tolkien a voulu se détacher de l’ancrage folklorique attaché au nom gobelin (bien qu’il s’en soit inspiré), dans une œuvre nettement plus sombre que Bilbo le Hobbit. Le visage grotesque du gobelin rappel celui qu’on lui prête parfois dans les histoires pour enfants (voir notamment les illustrations du roman de Charles E. Carryl, Davy and the Goblin, 1885) et à la fois le masque du Green Goblin des comics.

 

IV. Conclusion

En conclusion, on peut affirmer que l’Orque vert apparaît dans les années 70, dans le cadre des illustrations des Calendriers Tolkien, puis se développe par l’intermédiaire du jeu de rôle Donjons et Dragons de Gary Gygax. La mode verte, qui fait déjà partie des représentations classiques de l’Orque, va se populariser avec la sortie en 1984 de la deuxième édition du jeu de plateau Warhammer, puis avec les jeux vidéo issus de l’univers Warcraft, dont le premier volet Orcs and Humans, sortit en 1994. Dès lors le stéréotype va perdurer malgré les adaptations cinématographiques récentes de l’œuvre de Tolkien qui ne montrent jamais d’Orques et de Gobelins verts.

C’est grâce à l’étymologie que le gobelin va être différencié de l’Orque, considéré comme l’invention de Tolkien et de ce fait bien plus récent dans le bestiaire fantastique, qu’une créature qui peuplait déjà le folklore et les contes. C’est donc en changeant le nom de l’« adversaire » des forces du Bien entre la rédaction de Bilbo le Hobbit et le Seigneur des Anneaux que l’auteur anglais va, contre sa volonté, créer une race qui ne peut se détacher de ces origines. Le gobelin va conserver la taille qu’on lui attribue à la fois dans le folklore et dans l’œuvre de Tolkien, et l’Orque va petit à petit grandir pour se fondre avec la figure de l’Ogre dont il partage l’étymologie et certaines caractéristiques (dont notamment l’anthropophagie). Les différences de taille entre les membres d’une même « race » vont de même contribuer à ce sentiment de différenciation d’espèces.

La couleur verte va s’imposer petit à petit par la popularité de certaines créatures nées dans les années 50-60 et qui partagent de nombreux points communs avec les Orques et les Gobelins. La figure du Green Goblin notamment et les rapports entre la couleur verte et les créatures du folklore d’outre-Manche vont contribuer à ce rapprochement.

 

Allan TRAMONTANA,
février 2014.

Bibliographie

  • Virginie AMILIEN, Le troll et autres créatures surnaturelles, Paris, 1996.
  • George BEAHM, The Essential J. R. R. Tolkien Sourcebook, p.175-179, 2004.
  • Charles E. CARRYL, Davy and the Goblin, 1885.
  • Pierre GRIMAL, Dictionnaire de la Mythologie grecque et romaine, Paris, 1951.
  • Steve JACKSON, La Citadelle du Chaos, traduit de l’anglais par Raymond FERRE, 1984.
  • Claude LECOUTEUX, Les nains et les elfes au Moyen Âge, Paris, 1988.
  • Ian LIVINGSTONE, La Forêt de la Malédiction, traduit de l’anglais par Carmelle FABIEN, 1984.
  • Ian LIVINGSTONE, La Sorcière des Neiges, traduit de l’anglais par Michel ZENON, 1985.
  • Gini MISIROGLU, The Superhero Book, 2004.
  • Sir Walter SCOTT, Letters on Demonology and Witchcraft, 1831.
  • J. R. R. TOLKIEN, Bilbo le Hobbit, adapté par Charles DIXON et David WENZEL, Editions Delcourt, 2009.
  • J. R. R. TOLKIEN, Le Seigneur des Anneaux, 3 Tomes, Christian Bourgois Editeur, 1972.
  • William Butler YEATS, Fairy and Folk Tales of the Irish Peasantry, 1888.

 

Sitographie

 

Notes

[1] « the trooping fairies wear green jackets, the solitary ones red (…) McAnally tells how once a peasant saw a battle between the green jacket fairies and the red. When the green jackets began to win, so delighted was he to see the green above the red he gave a great shout. In a moment all vanished and he was flung into the ditch » (p.80).