Note liminaire : cette étude se base principalement sur les textes publiés dans le volume 10 de la série History of Middle-earth, intitulé Morgoth’s Ring. La raison de ce choix est que ce volume contient les versions les plus définitives des textes utilisés par Ch. Tolkien pour composer Le Silmarillion. Il contient de plus de nombreux textes inédits renfermant des renseignements intéressants pour le sujet dont il est ici question.

Introduction

Dans le mythe de la création du monde imaginé par Tolkien, les Elfes sont le premier peuple à être apparu[1]. Ainsi portent-ils le nom de Premiers-Nés, car ils précèdent notamment la venue des Humains sur Terre. Cependant, si l’on comprend aisément l’origine de ce titre de Premiers-Nés, « Le Silmarillion » mentionne que les Elfes sont également connus sous un nom dont l’origine est beaucoup plus difficile à élucider ; ceux-ci sont en effet désignées comme étant les Enfants de la Terre[2]. Pourquoi ? La question prend toute son importance lorsque on la met en parallèle avec l’immense importance que Tolkien a toujours accordée aux noms dans son ouvre. La piste que nous avons choisi de suivre pour répondre à cette interrogation se trouve en germe dès le passage décrivant la venue au monde du peuple des Elfes. Cette apparition prend la forme d’un éveil sur les rives du lac Cuiviénen. Il est d’ores et déjà intéressant de noter que cette venue au monde n’est pas plus décrite que cela : « By the starlit mere of Cuiviénen, Water of Awakening, they rose from the sleep of Ilúvatar [.] »[3]. Cette description ne mentionne rien quant à l’origine de leur corps, ce qui laisse supposer qu’il était là dès l’origine, en tant que partie intégrante de la Création. C’est un élément lié à la Terre, qui attend le commandement divin pour venir à la vie.

L’épisode de la venue au monde du peuple des Elfes présage donc l’un des traits majeurs de la nature elfique : le lien à Arda[4]. Ce lien constitue en particulier le fondement expliquant l’aspect particulier que revêt le Destin Final qui leur est réservé, et leur rapport à la Mort ne peut être bien compris qu’en s’appuyant sur cette notion. Le lien est illustré par de nombreux exemples disséminés dans l’ouvre de Tolkien. Nous avons choisi d’en traiter ici les deux aspects les plus flagrants, ceux ayant trait à la mort et au mariage, de sorte qu’à la fin de cette article nous soyons en mesure de comprendre pourquoi les Elfes sont effectivement les Enfants d’Arda.[5]

 

Immortalité et réincarnation

La façon la plus courante d’expliquer les rapports qu’entretiennent les Elfes face à la mort est de dire qu’ils sont immortels. Le sens qui est en général donné à ce terme est que le sujet, une fois né, ne vieillit pas et vit éternellement si aucune violence ne vient écourter cette vie. Mais cette définition est beaucoup trop simple pour être appliquée aux Elfes.

Pour comprendre véritablement ce que signifie l’immortalité pour les Elfes, il est nécessaire de s’appuyer sur la notion précédemment évoquée du lien à Arda.

Ce lien s’exprime tout d’abord dans le corps ; Tolkien souligne que celui-ci provient de la Terre : « Yet their bodies were of the stuff of earth [.] »[6], «[.] a hröa (or bodily form) [.] is made of the flesh or substance of Arda itself […] »[7], . «[.] the body is of Arda and by Arda was nourished [.] »[8]. Il est de plus très intéressant de remarquer à ce sujet que dans la langue des Elfes, le même mot est employé pour désigner le corps des Elfes et la Terre : « [.] the very hroon of Arda [.] »[9] et pour les Elfes : «[.] a hröa (or bodily form) [.] ». Le hröa des Elfes est donc par nature indissociablement lié à Arda, dont il est issu comme le laissait suggérer la remarque faite en introduction.

Mais ce lien possède une portée encore plus étendue. Car c’est en réalité non seulement le corps mais le destin tout entier des Elfes qui est lié à Arda. Dans un très beau texte intitulé Athrabeth Finrod Ah Andreth[10], où l’Elfe Finrod et l’Humaine Andreth débattent de leurs destins respectifs, Finrod exprime cette réalité ainsi : « You see us, the Quendi, still in the first ages of our being, and the end is far off. As maybe among you death may seem to a young man in his strength ; save that we have long years of life and thought already behind us. But the end will come. That we all know. And then we must die ; we must perish utterly, it seems, for we belong to Arda (in hröa and fëa). And beyond that what ? “The going out to no return,” as you say ; “the uttermost end, the irremediable loss” ? »[11]. Il faut donc comprendre que si les Elfes sont immortels, cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont éternels. Il y a une limite à leur vie, et cette limite est celle imposée par le monde duquel ils tirent leur substance. En d’autre termes, les Elfes perdureront tant que le monde perdurera. Ils sont immortels dans Arda uniquement, comme le mentionne Tolkien lui-même dans ses écrits[12] et sa correspondance : « The Elves are immortal, at least as far as this world goes [.] »[13] ou encore « [.] elvish immortality (wich is not eternal, but measured by the duration in time of Earth) »[14]. Cette affirmation peut paraître être une évidence. Cependant nous verrons plus loin, lorsque nous nous intéresserons au destin des Hommes, qu’il n’en est rien. Les conséquences de cette forme si particulière d’immortalité sont en particulier qu’il n’y a a priori pas d’avenir pour les Elfes au-delà d’Arda, au-delà de la fin du monde. Les Elfes forment donc un peuple au destin éminemment tragique, ce qui explique l’amertume des paroles de Finrod et le sentiment de mélancolie qui les atteint si souvent.

Nous avons déjà mentionné comment la conception communément admise de la notion d’immortalité était modifiée en ce qui concerne les Elfes. Ainsi ne sont-ils pas simplement éternels. Mais la force du lien avec Arda fait que la notion de vulnérabilité aux agressions physiques est également remise en question. Il faut en effet comprendre que la vie fait si intimement partie de la nature des Elfes, que la mort leur est si fondamentalement étrangère en Arda, que même la possibilité d’une mort violente ne doit pas, ne peut pas constituer un obstacle. La mort est ici quelque chose de contraire à l’ordonnancement du monde : « And death is for the Eldar an evil, that is a thing unnatural in Arda Unmarred, wich must proceed therefore from the marring. »[15]. Nous observons donc clairement que la mort n’a pas sa place dans Arda ‘Unmarred’, c’est à dire le monde tel qu’il devrait être s’il n’était pas corrompu par le Mal.

Face à l’éventualité de la mort violente, Tolkien se voit donc contraint d’inventer une parade. C’est pourquoi il en vient à imaginer la théorie selon laquelle un Elfe qui meurt peut se réincarner. Ainsi par ce retour la continuité de la vie de l’Elfe, son lien avec Arda, sera-t-elle assurée : les Elfes doivent vivre tant que dure Arda. Ceci soulève bien évidemment la question du suicide : l’acte suicidaire devient de facto un péché. Nous reviendrons sur ce point très intéressant plus en détail dans la quatrième partie.

Le hröa, le corps, devient donc par le fait une simple enveloppe provisoire. C’est l’habit dans lequel l’esprit, l’âme, le fëa, vient habiter[16]. Un être est alors l’union d’un hröa, enveloppe provisoire rattachée à la Terre, et un fëa qui est le véritable réceptacle de la personnalité et de l’individualité[17], procédant d’une nature double à la fois chtonienne et divine[18]. C’est donc par le fëa que l’Elfe va dépasser les limites mortelles de la chair et atteindre l’immortalité que le hröa seul ne peut lui assurer, étant issu de la Terre et donc corrompu par le Mal.

Excepté en de rares occasions[19], la réincarnation se fait par le biais d’un nouveau corps et d’une nouvelle naissance. Comme nous allons le voir, cette renaissance s’apparente par bien des aspects à une recréation du lien.

 

Mariage et enfantement

Il est étonnant de constater à quel point la question des rites et cérémonies ayant trait au mariage est peu abordée par Tolkien dans ses romans[20]. Ainsi un passage aussi important que le mariage d’Aragorn avec Arwen n’est-il décrit dans le Seigneur des Anneaux qu’en une seule ligne[21] !Pour trouver des informations plus substantielles, il est nécessaire de se tourner vers d’autres sources, et en particulier vers le texte intitulé Laws ans Customs among the Eldar[22], publié dans le volume Morgoth’s Ring. Nous y apprenons en premier lieu que le mariage est pour les Elfes quelque chose de naturel, c’est-à-dire non pas une coutume mais lié à leur nature même : « Marriage, save for rare ill chances or strange fate, was the natural course of life for all the Eldar. »[23] et aussi « Permanent marriage was in accordance with elvish nature, and they never had need of any law to teach this or to enforce it. »[24] A ce sujet, Tolkien évoque dans le Silmarillon l’idée que les rites nuptiaux des Hommes sont inspirés des Elfes[25].

Ainsi l’acte de mariage n’est-il pas anodin. Etant lié à la nature elfique, il faut s’attendre à y retrouver les références au lien à Arda discutées auparavant. Ce lien apparaît tout d’abord dans l’insistance avec laquelle Tolkien indique que le choix des partenaires se produit très tôt dans la vie d’un Elfe : « The eldar wedded for the most part in their youth and soon after their fiftieth year. »[26] ou encore « Those who would afterwards become wedded might choose one another early in youth, even as children [.] »[27]. Ensuite, tout concourre à penser que maris et femmes sont attirés l’un vers l’autre par un mystérieux tropisme prenant la forme d’une certaine forme de prédestination, de lien implicite. Il y a d’abord cette reconnaissance durant l’enfance ; mais intervient aussi l’unicité du partenaire : « The Eldar wedded once only in life [.] »[28]. Notons enfin que toutes les cérémonies sont en réalité facultatives : « But these ceremonies were not rites necessary to marriage ; [.] »[29]. Tout se passe donc comme si les mariés étaient liés du simple fait de leurs existences respectives par un motif supérieur, et indépendamment du reste de la société.

Examinons maintenant les modalités de ce mariage. Le texte nous apprend que les fiançailles sont marquées par l’échange d’anneaux d’argent : « [.] the betrothed gave silver rings one to another. »[30] La nature chthonienne de ces anneaux apparaît dans le rite qui consiste à fondre et ne plus réutiliser ces anneaux en cas de rupture de fiançailles[31] : la fusion évoque le retour à Arda, l’élément primordial, et la nécessité de rattraper l’union manquée des ex-fiancés par l’union des anneaux représentant Arda. Lors de la cérémonie de mariage, ce sont des anneaux d’or qui sont échangés. Ceci peut se prêter à une interprétation intéressante quoique audacieuse. L’or est en effet le métal symboliquement associé au Soleil et au divin. Le mariage elfique est donc par le jeu des anneaux placé sous le double auspice d’Arda et d’Eru, évoquant ainsi à nouveau la dualité de la nature elfique que nous évoquions plus haut. Cependant cette interprétation est sujette à caution car dans la mythologie tolkienienne classique le Soleil n’est pas directement lié à Eru[32], le principe divin, mais plutôt à une certaine forme dégradée de Lumière[33]. La cérémonie du mariage implique également la jonction des mains des deux fiancés[34], jonction qui nous remet donc en mémoire l’aspect corporel et le lien à Arda.

Car c’est bien cet aspect qui reste au centre de l’idée du mariage. Les cérémonies précédemment décrites ont pour but la création (ou plutôt l’officialisation) d’un lien particulier entre les amants, mais ce lien n’est en pratique achevé que par l’union des corps et donc l’union à Arda. Le mariage concerne avant tout le corps, et nous avons vu que le corps est lié à Arda : « Marriage is chiefly of the body, for it is achieved by bodlily union [.] »[35]. Cependant le mariage concerne aussi, mais dans une moindre mesure, le fëa, l’âme, l’esprit. Et il apparaît que c’est cet aspect qui éclaire le mystérieux tropisme que nous évoquions plus haut : « But fëa perceiveth fëa and knoweth the disposition of the other, in marriage especially, in ways we can not fully understand. »[36]. D’une manière assez curieuse, c’est également le fëa et non le hröa, le corps, qui explique les principes féminins et masculins[37].Cette idée est à rapprocher du Silmarillion, dans lequel il est dit que les Ainur[38] prennent l’apparence physique qu’ils désirent, et agissent en matière de sexe conformément à leur inclination propre[39]. L’Atrabeth Finrod Ah Andreth précise en effet que les fëar des Enfants d’Eru (les Elfes et les Hommes) ne diffèrent pas fondamentalement de ceux des Ainur : « But their fëar were not spirits of a wholly different kind to the Ainur »[40]. In fine, le mariage apparaît comme la cérémonie de l’union et de la création du lien entre les différents aspects de la nature elfique, et ce par le moyen de la réaffirmation volontaire de l’union à Arda : « It is therefore true to say that, though achieved by and in the body, marriage proceeds from the fëa and resides ultimately in its will. »[41]

Si les causes du mariage sont désormais éclaircies, nous pouvons également nous intéresser à son but. Et encore une fois, ce but semble être relié au façonnage d’un lien à Arda. Le texte indique que celui-ci est principalement la naissance des enfants : « [.] its first operation is the begetting of the bodies of children, [.] »[42]. Ainsi est-ce à la création du corps que participent les parents, et non à celle de l’esprit de l’enfant. L’enfant nouveau-né reçoit de ses parents un corps fait de la substance d’Arda et d’Eru un fëa unique : « [.] to each elf-child a new fëa is given, not akin to the fëar of the parents, [.] »[43]. Le rôle des parents sur l’esprit de leur enfant reste donc (du moins d’un point de vue spirituel) très limité. La mission des parents est avant tout de créer le corps et le lien à Arda : « For it is plain that the provision of a bodily house for a fëa, and the union of fëa with hrondo, was commited by Eru to the Children, to be achieved in the act of begetting. »[44] Ceci est encore plus flagrant dans le cas du processus de réincarnation, car alors l’influence des parents sur l’enfant est quasiment nulle, celui-ci se remémorant petit à petit sa vie précédente jusqu’à en acquérir un souvenir complet : « [.] it recalled all its former life, and then the old life, and the ‘waiting’, and the new life became one ordererd history and identity. »[45]

Nous avons dans toute cette partie tenté de mettre en évidence le statut particulier du destin des Elfes dans la manière à laquelle il est lié à celui d’Arda. Ceci va nous permettre d’aborder dans la partie suivante la question du destin des Hommes avec des idées claires. De plus, beaucoup d’éléments sont maintenant en place pour permettre l’étude de la notion d’espoir et de salut.

 

Espoir et Estel : la faute de Míriel

La dimension tragique du destin final des Elfes a été évoquée plus haut. A la différence des Hommes, qui ne sont que des passagers sur Terre et sont promis à un autre monde, les Elfes sont irrémédiablement liés à Arda et ignorent si quelque chose leur a été réservé au delà du monde. Cette ignorance du destin est une donnée absolument fondamentale dans l’ouvre de Tolkien. Les Valar eux-même ignorent ce qui leur est réservé dans le dessein d’Eru : « [.] Ilúvatar n’a pas dévoilé le sort qu’il réservait aux Elfes après la fin du monde, [.] »[46]. Face à une telle inconnue, l’expression Don d’Ilúvatar[47] utilisée pour désigner la mort pour les Hommes mais interdite aux Elfes reprend une partie de son sens, et l’on comprend même pourquoi « [.] les Puissants leur envieront à mesure que le temps s’approche de sa fin. »[48]Il semble cependant que parmi les Elfes au moins une personne a envié ce don de la mort bien avant la fin des temps. C’est le cas de l’elfe Míriel, dont Tolkien parle en ces termes dans une de ses lettres : « In the Elvish legends there is record of a strange case of an Elf (Míriel mother of Fëanor) that tried to die, which had disastrous results, leading to the ‘Fall’ of the High-elves. »[49]. L’esprit de cette déclaration est clair et porteur de nombreuses implications. La mort est étrangère aux Elfes, ils n’ont pas le droit de la rechercher. Ainsi que nous le mentionnions dans la première partie, le suicide constitue pour les Elfes une faute terrible. Mais pourquoi ? La notion particulière de l’espoir va nous permettre d’expliquer plus clairement les motifs de cette interdiction, qui puise ses racines dans le destin final des Elfes au delà d’Arda.

Il est pour cela nécessaire d’acquérir une meilleure connaissance de l’histoire de Míriel. Le texte de l’Atrabeth Finrod Ah Andreth ainsi que celui intitulé Of Finwë and Míriel[50] sont ceux qui apportent le plus de renseignements sur le sujet. L’histoire se présente ainsi : Finwë, roi des Noldor[51], avait pour épouse Míriel. Tous deux s’aimaient tendrement : « The love of Finwë and Míriel was great and full of joy, for it began in the Blessed Realm and in days of mirth. »[52]. Mais à la naissance de leur fils Fëanor, Míriel se sentit envahie d’une lassitude telle qu’elle déclara ne plus jamais pouvoir porter d’enfant : « Never again shall I bear a child, for strength that would have nourished the life of many has gone forth into Fëanor. »[53] Elle se rendit alors en la forêt de Lórien[54] et s’étendit sous un arbre d’argent . Mais alors qu’elle semblait dormir, son esprit se rendit en fait au royaume de Mandos[55] ; le hröa avait quitté son fëa. Finwë en conçut une grande peine et se rendit chaque jour auprès du corps de Míriel afin d’attendre son retour. Mais au bout d’un temps il ne vint plus car cela ne faisait qu’accroître sa peine. Cependant il était seul parmi les Elfes à ne pas avoir d’épouse et s’en plaint auprès de Manwë, le plus grand des Valar, en ces mots : « ‘My Lord’, he said, ‘behold ! I am bereaved. Alone among the Eldar I have no wife, and must hope for no sons save one, and for no daughter. [.] Must I remain ever so ? For my heart warns me that Míriel will not return again ever from the house of Vairë.’ »[56]. Pris de pitié Manwë convoqua les autres Valar et ensemble ils eurent un long débat connu sous le nom de Namna Finwë  Míriello, la Loi de Finwë et Míriel[57]. Cette loi s’énonce ainsi : « When the spirit of a spouse, husband or wife, shall for any cause pass to the keeping of Mandos, then the living may be permitted lawfully to take another spouse, if the former union be dissolved for ever. »[58]. Et il s’ensuivit que Finwë pris une nouvelle épouse, Indis, après que Míriel eut déclaré en réponse à la Loi qu’elle ne désirait pas jamais revenir.

A la lumière de ce que nous avons vu dans les parties précédentes, ce jugement est clairement en contradiction avec le mode de vie des Elfes et leur nature profonde. Normalement, le mariage est chez les Elfes absolument permanent et ils ne peuvent avoir qu’un seul partenaire au cours de leur vie. D’ailleurs lorsqu’il énonce cette loi, Mandos le rappelle encore : « [.] they shall take each one spouse only and have no other in their life, while Arda endureth. »[59]. Et c’est ainsi que de cette loi contre nature survient le plus grand mal. Fëanor, le premier fils de Finwë, ne s’entend pas bien avec la nouvelle épouse de son père et ses demi-frères, et certains prétendent que de là viennent tous les malheurs des Elfes : « In those unhappy things wich afterward came to pass and in wich Feanaaro[60] was a leader, many saw the effect of this breach in the house of Finwë, judging that if Finwë had endured his loss and been content with his mighty son, the courses of Feanaaro would have been otherwise, and much sorrow and evil would never have been. »[61]

Quelle est la cause profonde de ce désastre ? Il est bien sûr normal d’invoquer en premier lieu la corruption d’Arda, la souillure, le marring. Tous les problèmes viennent de ce que depuis son origine Morgoth a travesti la pureté originelle de la Terre et modifié toutes les lois naturelles. Ainsi la mort vient-elle aux Elfes. Cette référence est justifiée, et elle est d’ailleurs employée par Mandos pour expliquer la Loi : « It is the way of Life that Ilúvatar hath ordained for you, his children, as ye know well, that the life of the Quendi shall not end until the end of Arda ; [.] But herein no account is taken of Death, which cometh from the marring of Arda. »[62]. Mais cette référence, si elle explique bien le pourquoi de problème, n’explique pas le comment ni l’interdit du suicide. Ce qui est caché derrière tout ceci est en réalité la faillite en la notion fondamentale d’estel. Cette notion recouvre l’idée que les Elfes, n’ayant aucune connaissance quant à leur futur, doivent se remettre entièrement entre les mains d’Eru via un espoir et une confiance absolue, aveugle et pour ainsi dire sans rien pour l’étayer. Dans son dialogue avec Andreth, Finrod expose cette idée par les termes : « ‘That is one thing that Men call ‘hope”, said Finrod. Amdir we call it, « looking up ». But there is another which is founded deeper. Estel we call it, that is « trust ». It is not defeated by the ways of the world, for it does not comes from experience, but from our nature and first being. If we are indeed the Eruhin, the Children of the One, then He will not suffer Himself to be deprived of His own, not by any Enemy, not even by ourselves. This is the last foundation of estel, which we keep even when we contemplate the End : of all His designs the issue must be for His Children’s joyce. »[63]. Plus loin, cette idée est précisée : « Therefore in the last resort the Elves were obliged to rest on ‘naked estel‘ (as they said) : the trust un Eru, that whatever He designed beyond the End would be recognized by each fëa as wholly satisfaying (at the least). »[64].

Il est donc désormais possible de comprendre l’interdit du suicide et la faute de Míriel : il s’agit en fait d’une faillite en l’estel, la foi sacrée. Míriel a refusé d’assumer le destin des Elfes et trahi la confiance en Eru. Míriel est l’incarnation de la peur métaphysique qui accompagne les Elfes en permanence, cette ombre qui les attend par devant et que les Hommes sont incapables de comprendre : « They said therefore that Men had a shadow behind them, but Elves had a shadow before them. »[65]. Tolkien résume l’angoisse des Elfes par les mots : « Their dilemma was this : the thought of existence as fëar only was revolting to them, and they found it hard to believe that it was natural or designed for them, since the were essentially ‘dwellers in Arda’, and by nature wholly in love with Arda. The alternative : that their fëar will also cease to exist at ‘the End’, seemed even more intolerable. Both absolute annihilation, and cessation of conscious identity, were wholly repugnant to thought and desire. »[66]. Devant tant d’inconnu Míriel a perdu espoir et confiance, et ainsi contribuée à l’ouvre du Mal. Mais peut-on la blâmer ? Quel jugement adopter ? Il s’agit là d’une question extrêmement difficile et dont la réponse est loin d’être simple. Il semble qu’au final la position que Tolkien décide d’adopter est celle d’une responsabilité partagée. Certes, Míriel a commis une faute. Mais elle n’est pas coupable. Le véritable responsable du malheur reste Morgoth, qui a corrompu Arda : « Not guilt, yet a failing from the higest which is the Hope [.] »[67], explique le Vala Ulmo. « It was a failure  in hope by the fëa, [.] »[68]. De plus Míriel n’est pas la seule à porter la reponsabilité. Finwë a lui aussi failli, car il n’a pas conservé l’espoir de revoir un jour Míriel et s’est laissé submergé par l’impatience : « But when he called her and she did not return, in only a few years he fell into despair. Herein lay his fault, and failing in Hope. »[69].

Nous comprenons donc maintenant en quoi réside le Salut des Elfes : il passe par l’acceptation résolue de leur destin et l’espoir, la confiance, l’estel en Eru. Le manquement en cet estel et le refus du destin est une faute qui conduit au malheur : l’histoire de Finwë et Míriel en est une illustration, mais elle n’est pas la seule. Il est en effet possible de considérer l’histoire des Silmarils et de Fëanor sous cet angle ; il apparaît alors que Fëanor est l’incarnation du Refus du Destin, et donc celui qui apporte le malheur. Dans la même optique, le Seigneur des Anneaux propose au contraire la vision des Elfes réconciliés, qui assument enfin leur destin. Ceci est particulièrement patent en la personne de l’Elfe Galadriel, dont on pourrait montrer qu’elle représente dans le Seigneur des Anneaux un portrait en négatif de Fëanor et de ses actes[70].

Concluons cette étude par une remarque sur les Trois Anneaux des Elfes, ceux dont il est fait mention dans Le Seigneur des Anneaux. Chacun des ces anneaux est associé à l’un des quatre éléments : Narya est l’Anneau du Feu, Nenya est l’Anneau de l’Eau et Vilya celui de l’Air. Il est alors difficile de ne pas se demander pourquoi il n’existe pas d’Anneau de la Terre. La référence au lien à Arda permet d’apporter une explication élégante à cela. Les trois Anneaux symbolisent l’union des Elfes avec les éléments et représentent en quelque sorte l’alliance d’un véritable mariage alchimique. Mais la nature des Elfes, le lien avec Arda, indique que cette union est déjà réalisée avec l’élément Terre. Un hypothétique Anneau de la Terre est donc inutile de ce point de vue. L’anneau d’argent des fiançailles serait celui qui s’en rapproche le plus. Il est également frappant de constater que, toujours dans la même optique, l’Anneau Unique de Sauron est au contraire celui qui est associé à la destruction et la section du lien : il sépare le fëa et le hröa en rendant invisible, l’épée d’Isildur est brisée, Sauron a le doigt coupé.. Il est donc très exactement l’anti-anneau de Terre, l’Ennemi.

 

Emeric Sarron (alias Elenillor),
août 2001.

Bibliographie

Liste des livres utilisés pour cet article.

Œuvres de J. R. R. Tolkien

  • The Letters of J. R. R. Tolkien, éd. de H. Carpenter, Londres, HarperCollins, 1999, [première ed ; :G. Allen & Unwin, 1981], 512 p.The Lord of The Rings (2nd ed., 1966), Londres, Allen & Unwin, 1983, 1193 p. ; éd. française : Le Seigneur des Anneaux, Paris, Christian Bourgois, 1990 (1995 ; éd. originale : 1972, v., repris chez Pocket), 1v., 1278p.
  • The Silmarillion, éd. de Ch. Tolkien, Londres, Allen & Unwin, 1977, 365 p. ; éd. française : Paris, Pocket (première éd. : Christian Bourgois, 1978), 1984, 366 p.
  • « The History of Middle-earth », édition de textes manuscrits de Tolkien par Ch. Tolkien (12 v.) :
    • Vol. 5 : The Lost Road and Other Writings : Language and Legends Before The Lord of The Rings, éd. de Ch. Tolkien, Londres, Unwin Paperbacks, 1989 (Hyman, 1987), 464 p.
    • Vol. 10 : Morgoth’s Ring : The Later Silmarillion, part I ; The Legends of Aman, éd. de Ch. Tolkien, Londres, HarperCollins, 1993, x, 471 p.
    • Vol 11 : The War of The Jewels, éd. de Ch. Tolkien, Londres, HarperCollins, 1994, x, 470 p.

Ouvrages consacrés à Tolkien

  • FLIEGER, V., Splintered Lights : Logos and language in Tolkien’s World, Grand Rapids, Eerdmans, 198, xx, 167 p.

 

Notes

[1] Silm. 56 : « [.] the Firstborn of Ilúvatar. » ; « les Premiers-Nés d’Ilúvatar ».
[2] Silmarillion, p. 56 : « [.] Children of the Earth [.]» ; version française p. 58. Cette expression semble être apparue pour la première fois dans l’un des textes sources majeurs au Silmarillion, The Later Quenta Silmarillion, publié dans Morgoth’s Ring (p. 160).
[3] Silmarillion, p. 58 : « Ils s’éveillèrent du sommeil d’Ilúvatar sur les rives du Lac de Cuivnen (sic !), l’Eau de l’Eveil ». Notons que l’édition française orthographie mal le nom du Lac.
[4] C’est-à-dire : la Terre. Voir aussi la définition donnée dans l’index du Silmarillon : « Arda : ‘The Realm’, name of the Earth [.] », Silm. p. 381.
[5] « [.] children of Arda ; », Morgoth’s Ring p. 319.
[6] The Lost Road and other writings, p. 246 : « Cependant leur corps étaient de l’étoffe de la terre ».
[7] Morgoth’s Ring, p. 218 : « Un hröa (ou forme corporelle) est fait de la chair ou substance d’Arda elle-même ».
[8] Morgoth’s Ring, p. 241 : «  le corps est d’Arda et par Arda fut nourrit  ».
[9] Morgoth’s Ring, p. 241: « le hroon même d’Arda ».  Hroon est en fait une forme antérieur du mot hröa abandonnée par la suite ; Tolkien modifiait en effet souvent ses langues imaginaires.
[10] Litt. « Le débat de Finrod et Andreth » en langue sindarin (une langue elfique).
[11] Atrabeth Finrod Ah Andreth, in Morgoth’s Ring, p. 312 : « Tu nous vois, les Quendi, encore dans les premiers âges de notre existence, et la fin est loin ; sauf que nous avons déjà de longues années de vie et réflexion derrière nous. Mais la fin viendra. Cela nous le savons tous. Et alors nous devrons mourir ; il semble que nous devions périr complètement, car nous appartenons à Arda (en hröa et fëa). Et au delà de cela ?  ‘le départ sans retour’ ainsi que tu le dit ; ‘la fin absolue, la perte irrémédiable ? ».
[12] La formule précédente constitue en fait une traduction quasi-littérale des mots de Tolkien : « Now the Eldar are immortal within Arda according to their right nature. »,  Morgoth’s Ring p. 218.
[13] Letters, lettre n°130, p. 146 : « Les Elfes sont immortels, du moins tant que ce monde perdure ».
[14] Letters, lettre n°156, p. 204 : « immortalité elfique (qui n’est pas éternelle, mais mesurée par la durée dans le temps de la Terre). ».
[15] Morgoth’s Ring, p. 240 : « Et la mort est un mal pour les Eldar, c’est-à-dire une chose non naturelle dans Arda Préservée, qui doit par conséquence provenir de la souillure ».
[16] Le terme ‘habiter’ n’est pas choisi au hasard. Tolkien l’utilise en effet à de nombreuses occasions dans ses écrits. Pour n’en citer qu’une : Morgoth’s Ring, p. 218 : « [.] a fëa (or spirit) indwells and coheres with a hrondo [>hröa] » ; « un fëa (ou esprit) demeure et est cohérent avec un hröa  ». On trouve également les termes ‘housing’, ‘houseless’, etc.
[17] Morgoth’s Ring, p. 227 : « Also the identity of a person resides wholly in the fëa […] » ; « De plus l’identité d’une personne réside entièrement dans le fëa ».
[18] Nature chtonienne : Morgoth’s Ring, p. 218 : « The fëar of the Elves were destined to dwell in Arda for all the life of Arda […] » ; « Les fëar des Elfes étaient destinés à demeurer en Arda pour toute la vie d’Arda » ; On retrouve ainsi le lien à Arda. Mais le fëa est aussi de nature divine : Morgoth’s Ring, p. 220 : « The new fëa […] they believed to come directly from Eru and from beyond Arda » ; « Ils pensaient que le nouveau fëa venait directement d’Eru et d’au delà d’Arda ».
[19] Notamment le cas de Miriel, qui fut réincarnée dans son propre corps. Son cas sera étudié plus en détail dans la troisième partie.
[20] C’est à dire Le Seigneur de Anneaux, Bilbo et le Silmarillion .
[21] Le Seigneur des Anneaux, p. 1037 : « Aragorn, Roi Elessar, épousa Arwen Undoomiel dans la cité des Rois le jour du Solstice d’été, et l’histoire de leurs longues peines se trouva achevée. »
[22] Lois et Coutumes parmi les Eldar.
[23] Morgoth’s Ring, p. 210 : « Le mariage, excepté lors de rares mauvaises fortunes ou destin étrange, était le cours naturel de la vie pour tous les Eldar. »
[24] Morgoth’s Ring, p. 225 : « Le mariage permanent était en accord avec la nature elfique, et ils n’eurent jamais le besoin d’aucune loi pour enseigner ceci ou pour l’appliquer. »
[25] Référence à compléter..
[26] Morgoth’s Ring, p. 210 : « Les Eldar se mariaient pour la plupart dans leur jeunesse et peu après leur quinzième année. ».
[27] Morgoth’s Ring, p. 210 : « Ceux qui ultérieurement deviendraient mariés pouvaient se choisir tôt dans leur jeunesse, même enfant ».
[28] Morgoth’s Ring, p. 210 : « Les Eldar se mariaient une seule fois dans leur vie ».
[29] Morgoth’s Ring, p. 211 : « Mais ces cérémonies n’étaient pas des rites nécessaires au mariage ».
[30] Morgoth’s Ring, p. 210-211 : « les fiancés échangeaient des anneaux d’argent ».
[31] Morgoth’s Ring, p. 211 : « [.] the rings then being molten and not being used again for a betrothal. » ; « les anneaux étant ensuite fondus et jamais réutilisés pour des fiançailles. »
[32] Pour plus de précisions, nous renvoyons au chapitre 11 du Silmarillon.
[33] A ce sujet, voir V. FLIEGER : The Splintered Light.
[34] Morgoth’s Ring, p. 211 : « At the end of the feast, the betrothed stood forth, and the mother of the bride and the father of the bridegroom joined the hands of the pair and blessed them. » ; « A la fin du banquet, les fiancés se tenaient face à face, et la mère de la fiancée et le père du fiancé joignaient les mains du couple et les bénissaient. ».
[35] Morgoth’s Ring, p. 226 : « Le mariage concerne principalement le corps, car il est accompli par l’union physique ».
[36] Morgoth’s Ring, p. 244 : « Mais le fëa perçoit le fëa et connaît la disposition de l’autre, particulièrement pour le mariage, de manières que nous ne pouvons pas comprendre complètement. ».
[37] Morgoth’s Ring, p. 227 : « For the fëar of the Elves are of their nature male and female, and not their hrondor only. » ; « Car les fëar des elfes sont par leur nature masculins et féminins, et pas seulement leur hrondor.  ».
[38] Ainur : litt. Les Bénis, c’est à dire les êtres de nature divine. Cf. l’index du Silmarillon p. 411.
[39] Silmarillon, p. 22 : « [.] les Valar prennent qui une forme mâle, qui une forme femelle, car les différences de tempérament qu’ils avaient depuis toujours [.] s’incarnaient dans ce choix [.] ».
[40] Morgoth’s Ring, p. 337 : « Mais leur fëar n’étaient pas des esprits d’une nature totalement différente de celle des Ainur ».
[41] Morgoth’s Ring, p. 227 : « Il est donc vrai de dire que, bien qu’accompli par et dans le corps, le mariage provient du fëa et réside au final dans sa volonté. ».
[42] Morgoth’s Ring, p. 226 : « son premier but est d’engendrer les corps des enfants.
[43] Morgoth’s Ring, p. 220 : « à chaque enfant elfe est donné un nouveau fëa, non apparenté aux fëar de ses parents.
[44] Morgoth’s Ring, p. 221 : « Car il est clair que l’acte de fournir une demeure corporelle pour le fëa, et l’union du fëa et du hrondo, a été octroyé par Eru aux Enfants, pour être accompli en donnant naissance. ».
[45] Morgoth’s Ring, p. 221 : « [jusqu’à ce qu’] il se souvienne de toute sa vie passée, et ensuite de son ancienne vie, et l’attente, et sa nouvelle vie devienne une histoire et identité ordonnée. ».
[46] Silmarillion, p. 50.
[47] Don d’Ilúvatar : Silmarillion p. 49.  Notons au passage que l’édition française comporte une coquille puisque elle mentionne le dont (sic !) d’Ilúvatar. L’édition anglaise utilise bien l’expression gift of Ilúvatar (p. 48).
[48] Silmarillion, p. 49.
[49] Letters, lettre n°212, p. 286 ; « Dans les légendes elfiques est mentionné le cas étrange d’un Elfe (Miriel, mère de Fëanor) qui tenta de mourir, ce qui eu des conséquences désastreuses, menants à la ‘Chute’ des Hauts-elfes.
[50] in Morgoth’s Ring, p. 233-272.
[51] Noldor : « les Sages » (index du Silmarillion, p. 449). L’une des grandes tribus des Elfes.
[52] Morgoth’s Ring, p. 257 : « L’amour de Finwë et Miriel était grand et plein de joie, car il avait commencé au Royaume Béni et en des jours de gaieté.»
[53] Morgoth’s Ring, p. 257 : « Plus jamais je ne porterai un enfant, car une force qui en aurait nourrit plusieurs est passée dans Fëanor ».
[54] Cette forêt se situe en Aman et n’est pas la Lorien dont il est question dans Le Seigneur des Anneaux.
[55] C’est à dire le lieu où les esprits des Elfes décédés se rendent en attendant leur retour.
[56] Morgoth’s Ring, p. 258 : « ‘Seigneur’, dit-il ‘Voici ! Je suis endeuillé. Seul parmi les Eldar je n’ai pas de femme, et ne doit espérer aucun fils excepté un, et aucune fille. Dois-je rester ainsi pour toujours ? Car mon cour m’avertit que jamais Miriel ne reviendra de la maison de Vairë. »
[57] The Statute of Finwë and Miriel. Morgoth’s Ring, p. 258.
[58] Morgoth’s Ring, p. 259 : « Quand l’esprit d’un époux, mari ou femme, passera pour une raison quelconque sous la garde de Mandos, alors l’autre aura la permission de prendre un autre compagnon, si l’union précédente est dissolue à jamais. ».
[59] Morgoth’s Ring, p. 259 : « ils doivent chacun choisir un compagnon uniquement et ne pas en avoir d’autre dans leur vie, tant qu’Arda perdure. ».
[60] Feanaaro est une autre forme pour Fëanor.
[61] Morgoth’s Ring, p. 239 : « Et dans ces tristes choses qui advinrent plus tard et dans lesquelles Feanaaro fut un dirigeant, beaucoup virent les effets de cette cassure dans la maison de Finwë, jugeant que si Finwë avait supporté sa perte et s’était contenté de la paternité de son puissant fils, Feanaaro aurait évolué différemment, and beaucoup de peines et de maux n’auraient jamais été. ».
[62] Morgoth’s Ring, p. 259 : « C’est le cours de la Vie qu’Ilúvatar a ordonné pour vous, ses Enfants, comme vous le savez bien, que la vie des Quendi ne doit pas se terminer  avant la fin d’Arda. Mais dna s ceci il n’est tenu nul compte de la Mort, qui provient de la souillure d’Arda. ».
[63] Morgoth’s Ring, p. 320 : « C’est une chose que les Hommes appellent « espoir ». Nous l’appelons Amdir, « regarder vers le ciel ». Mais il y en a un autre dont les racines sont plus profondes. Nous l’appelons Estel, c’est-à-dire « confiance ». Il n’est pas défait par le cours du monde, car il ne vient pas de l’expérience, mais de notre nature et de notre être. Si effectivement nous sommes les Eruhin, les Enfants de l’Unique, alors Il ne permettra pas d’être privé de ce qui est Sien, ni par aucun Ennemi, ni par nous même. Ceci est le dernier fondement de l’estel, que nous garderons même quand nous contemplerons la Fin : de tout Ses dessins le résultat doit être pour la joie de ses Enfants. ».
[64] Morgoth’s Ring, p. 332 : « Ainsi les Elfes étaient-ils obligés de se reposer sur ‘l’espoir nu’ (comme ils disaient) : la confiance en Eru, que quoiqu’Il ait prévu au delà de la Fin serait reconnu par chaque fëa comme pleinement satisfaisant (au moins). »
[65] Morgoth’s Ring, p. 331 : « Ils disaient donc que les Hommes avaient une ombre derrière eux, mais les Elfes avaient une ombre devant eux . ». L’ombre des Hommes fait référence aux légendes sur leur origine et son mystère.
[66] Morgoth’s Ring, p. 332 : « Leur dilemme était ceci :la pensée d’une existence en tant que fëar uniquement leur était révoltante, et ils estimaient difficile de croire que cela était naturel ou prévu pour eux, puisqu’ils étaient par essence des ‘habitants d’Arda’. L’alternative : que leurs fëar cesseraient également d’exister à la ‘Fin’, semblaient encore plus intolérable. A la fois l’annihilation absolue, et la cessation d’une identité consciente, étaient totalement répugnante à la pensée et au désir. »
[67] Morgoth’s Ring, p. 242 : « Pas de culpabilité, mais cependant une lacune d’Espoir chez les plus grand »
[68] Morgoth’s Ring, p. 242 : « Ce fut un échec du fëa an l’espoir »
[69] Morgoth’s Ring, p. 243 : « Mais quand il l’appela et qu’elle ne revint pas, en quelques années seulement il succomba au désespoir. Là réside sa faute, et son manquement en l’Espoir. »
[70] Pour plus de précision, nous renvoyons à la deuxième partie de cette étude qui sera publiée prochainement.