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#1 28-01-2008 18:05

Tilkalin
Inscription : 2005
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La place du don dans le Conte d'Arda

Du don d'Eru aux mathoms des Hobbits, du nom Annatar ("Seigneur des Dons") de Sauron au nom Andor ("Pays du Don") de Númenor...

Décliné sous diverses formes, dans divers contextes et impliquant diverses personnes, le thème du don semble tenir une place importante dans le Conte d'Arda. Pourtant, à la différence des thèmes de la mort et de la (sub-)création, il me semble qu'il a rarement été abordé de façon aussi approfondi dans les discussions entre tolkiendili - ainsi, n'ai-je trouvé de sujets ou de messages dans la partie "Légendaire" du forum qui en parlent...

Si ce thème n'est pas sans évoquer le motif du don contraignant de la littérature médiévale (où un être humain obtient de l'aide d'un personnage merveilleux en échange d'une promesse de lui accorder tout ce que ce dernier désire sans que l'être humain connaisse la nature de ce don), il semble pourtant ne pas être réductible à ce seul aspect dans l'oeuvre de Tolkien. Polymorphe, il évoque en effet aussi bien les Havamál de l'Edda poétique* que certains passages de la Bible avec, entre autres, la pratique de l'aumône et la question de la charité**.

De fait, qu'évoque pour vous ce thème dans le Conte d'Arda ?

Au plaisir de vous lire. ;-)

* Cf. par exemple, la strophe 39 :
Je n'ai jamais trouvé d'homme si généreux
et si large à nourrir ses hôtes
que « recevoir ne fût pas reçu »,
ni d'homme si... (l'adjectif manque)
de son bien
que recevoir en retour lui fût désagréable.

**Cf. par exemple, cette page du site Bible ouverte.

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#2 28-01-2008 18:36

Tilkalin
Inscription : 2005
Messages : 320

Re : La place du don dans le Conte d'Arda

Arf ! Après une nouvelle recherche sur le moteur, je m'aperçois qu'il existe au moins ce sujet initié par Dame Laegalad...

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#3 28-01-2008 18:39

Tilkalin
Inscription : 2005
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Re : La place du don dans le Conte d'Arda

Grrr.... sous oublier celui-là !

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#4 28-01-2008 18:47

Tilkalin
Inscription : 2005
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Re : La place du don dans le Conte d'Arda

Argh ! Sans oublier celui-là !

Allez, hop ! Une camomille pour calmer ma fièvre et au lit ! :-(

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#5 28-01-2008 19:02

Laegalad
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Re : La place du don dans le Conte d'Arda

Mmm... tu entends "don" dans quel sens ? Parce que, dans les liens que tu donnes, on a le don de guérison, le don de prévoyance, et dans la même lignée mais d'un autre niveau, on peut ajouter le Don d'Eru aux Hommes, que tu cites en début.
Ce genre de don, pour reprendre la définition du TLF, on pourrait le qualifier de "Qualité ou faveur extraordinaire, avantage venant de Dieu ou de la nature."

Ou est-ce que tu t'intéresse plutôt à ceux, du genre, de Galadriel à la Communauté à leur départ ? L'"action de donner, de céder gratuitement et volontairement la propriété d'une chose"...

Pas le temps de faufiller plus dans l'immédiat, mais il y a quelques dons que je trouve intéressants dans le SdA, notamment ceux de Galadriel (la fiole de lumière, qui ne semble guère de grande aide, et qui pourtant sauvera Sam et Frodo des Ombres, avant qu'ils n'arrivent au coeur des Ténèbres, et la boîte à jardin, don que je trouve magnifique. C'est un don qui ne sert à rien dans la Quête. Mais il est bien plus précieux, en quelque sorte, car il est (ou du moins me semble) d'Espérance : que cette aventure finira "bien", que Sam pourra rentrer au Pays, et qu'il pourra le fleurir... alors qu'il va au coeur du Mordor et que tout porte à croire que c'est une mission suicide).

Mmm, on peut parler aussi de Faerie ? Mais là on sera partis pour des jours et des jours et des jours ;)

S.

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#6 28-01-2008 19:06

Laegalad
Lieu : Strasbourg
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Re : La place du don dans le Conte d'Arda

Oh, et je déconseille la camomille... c'est vraiment, mais vraiment, infect. La verveine, si tu t'en tiens aux herbes, ça fait pas mal aussi, et c'est nettement meilleur ! avec une fleur de camomille, mais juste une, pour pas que ç'ai trop le goût ;)

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#7 28-01-2008 20:29

Yyr
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Re : La place du don dans le Conte d'Arda

Miamm ... C'est un si beau titre de fuseau :) :) :) Mille merci Éric !

L'on a vu aussi à une époque, à la suite de Sosryko, que le don prenait sa place (et son origine ?) dans la Narration dans l'Ainulindalë, que ce soit dans le don de soi, l'abandon, ou encore le pardon (s'inscrivant sur le mode contraire, jusque dans la narration, de la convoitise du Marrisseur ...).

Pas plus de partage ce soir - sauf pour la fièvre et la tisane : virus, mal de gorge et mal de tête pour t'accompagner comme il se doit Maître Til' :)

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#8 28-01-2008 22:22

Laegalad
Lieu : Strasbourg
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Re : La place du don dans le Conte d'Arda

En petit, parce que je ne suis pas sûre de ne pas être un peu hors-sujet... Un petit bond en arrière dans le temps, et pour tisser sur ma demande "On peut parler de Faerie ?" (à prononcer sur le même ton que "De la fouasse à la fleur d'oranger ?!!" ;)).

On avait déjà tissé autour de l'idée des dons en Faerie, mais ça ne rentre peut-être pas dans ton optique, Tilk' :
Smith de Grand Wootton.
Le don le plus visible est celui de la Fleur Vivante de la Reine, qu'elle donne à Smith. Mais on peut ajouter aussi le don de chant, et le don de faire les choses bien (c'est mal formulé, mais je renvoie à mon message du 01/02/2004).

Bon, mais on n'est pas en Terre du Milieu...

Les Havamál de l'Edda poétique (que je n'ai pas lu depuis belle lurette... mmm... 2004 en fait :)), c'est un peu la même chose que les dons du roi et de la reine dans Beowulf ? Où ils mettent bien l'accent sur la générosité /prodigalité du roi, non seulement quand il s'agit de riches récompenses, mais aussi au quotidien ? On rejoindrai donc la tradition qui fait que la prospérité d'un règne est évaluée à la richesse des dons du roi...

Et puis qu'est-ce que c'est que ces histoires de tomber malades ? Vous voulez faire comme tout le monde, parce qu'ils ont dit à la radio que la grippe commençait ? Allez zou, restez au chaud sous les couvertures, ça fera tomber la fièvre ! et pour le mal de gorge : aaaah, l'excuse rêvée pour avaler des litres de lait chaud au miel et à la fleur d'oranger :D En plus ça aide à dormir... ;)

S. -- pas malade... juste mal au crâne, mais c'est le boulot qui est mauvais pour la santé :D

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#9 28-01-2008 23:01

sosryko
Inscription : 2002
Messages : 1 955

Re : La place du don dans le Conte d'Arda

POur compléter la référence de Yyr, cf. sur le fuseau Narration le billet de Yyr daté du "04-12-2003 à 12:15" qui prolonge les miens datés du
13-11-2003 entre 14:05  et 14:10.

Une piste de travail possible : explorer le thème du "Donneur de Dons" (giver of gifts ; < O.E. : maþþumgyfa [The Wanderer]) très fréquent chez Tolkien, en lien avec la royauté et la sagesse (Celeborn, LoR, II.7) comme avec les paroles empoisonnées et les dons malveilants de Melkor (Conte d'Adanel, HX, p.346 : "I am the Giver of Gifts," he said; "and the gifts shall never fail as long as ye trust me.") ou de Sauron (Annatar).

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#10 29-01-2008 00:15

Dior
Inscription : 2004
Messages : 984

Re : La place du don dans le Conte d'Arda

Une belle sente (et même plusieurs ici), s'il en est :)

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#11 29-01-2008 00:59

Yyr
Lieu : Reims
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Messages : 2 867
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Re : La place du don dans le Conte d'Arda

Bon allez ... puisque je dois attendre encore un peu avant de prendre mon nième antalgique ... et puis ... la tradition impose de participer à jrrvf quand on est mal en point ;) ...

Pour compléter encore la référence complétée par Sosryko :) permettons-nous de réveiller notre bon Fangorn et de citer avec un plaisir intarissable son étude de l'anneau de Barahir, dont je ne saurais que recommander la relecture jusqu'à l'ivresse ; délectons-nous de son plus excellent breuvage donc, et il n'est besoin que de souligner : un symbole du don par excellence que cet anneau qui est l'opposé de l'Anneau de Pouvoir, cet Anneau sans pouvoir, dont le donateur ne conserve rien :

Héritage ancestral

Nous pensons toutefois qu'Arvedui n'a pas oublié ce qu'est véritablement l'anneau de Barahir : contrairement aux Palantíri, cet Anneau n'a pas de don, il est un don. Il n'a « aucun pouvoir », si ce n'est celui d'être donné en gage d'amitié. Les Palantíri, au contraire, peuvent être détournés de leur but initial, en raison de leur pouvoir. Tout instrument dépend de l'usage qu'on en fait, et Sauron est passé maître dans l'art de la perversion du pouvoir. Parce qu'il est inutile, l'anneau de Barahir prend toute sa valeur symbolique. Voilà pourquoi nous préférons voir dans l'Anneau sans pouvoir, plutôt que dans les Palantíri ou les rejetons de l'Arbre, le principal symbole de l'amitié entre les Eldar et les Edain. L'anneau de Barahir ne crée pas de dépendance, car il n'a pas de pouvoir. Il est, au contraire, la réponse à un engagement préalable. de ce fait, il resta aux mains de personnes fidèles.
De plus, le don est plus direct que dans les trois autres formes d'union : le sang elfique, les surgeons de l'Arbre ou les Palantíri ne constituent pas une unité indivisible, mais des unions composées (le sang elfique transmis aux descendants reste chez les parents ; le surgeon n'est que la réplique du modèle ; les Pierres de vision doivent être offertes toutes les sept pour être données sans retour). Le donateur de l'anneau de Barahir, lui, ne conserve rien. En revanche, son possesseur est riche de l'amitié de la seule personne qui le lui a donné.

L'anneau de Barahir, Sébastien Mallet, in Tolkien, les racines du légendaire : La Feuille de la Compagnie n°2, p. 343-344

Il est comme toujours remarquable de relever l'indépendance et la rupture radicales de la faërie tolkiénienne par rapport au temps de son auteur, celui des machines et de la guerre, ainsi qu'à notre temps qui le prolonge fidèlement, le temps de l'utilité et de l'efficacité ultimes ... La Charité qu'évoque avec justesse Tilkalin rejette, aussi fou que cela puisse paraître, l'efficacité et l'utilité ...

« Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites: Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire. »

Luc 17, 10

... et s'inscrit toujours dans un abandon : cf. les nombreux points évoqués dans chacun des fuseaux donnés en référence plus haut ... et pour reprendre le fil de l'anneau de Barahir :

La belle alliance

Cependant, Aragorn ne possède plus l'héritage royal qu'est l'anneau de Barahir : Arwen en est depuis longtemps la détentrice. En le passant au doigt, Arwen a alors choisi sa destinée : elle épousera un mortel et sera mortelle. L'Alliance s'avère totale et impitoyable : Arwen ne peut s'engager à moitié. Accepter cet Anneau représente ici un don plus grand que de l'offrir, car il exige un changement radical. Il ne faut pas s'étonner de son rôle discrêt dans la Guerre de l'Anneau : cette histoire n'est pas la sienne. les hauts faits des Peuples libres ne peuvent rivaliser avec l'éclat du choix d'Arwen, car il s'agit d'une liberté d'une toute autre nature. Arwen ne risque pas sa vie dans les batailles (comme le désire Eowyn, vierge guerrière), elle la donne en acceptant le don d'Ilúvatar par amour. Arwen choisit de devenir Humaine en recevant le symbole de l'alliance entre les Elfes et les Humains. En définitive, l'anneau de Barahir aura été un signe douloureux pour les Elfes : Finarfin l'offre à son fils qui s'apprêt à tourner le dos aux Valar ; Finrod respecte son serment et renonce à ce qu'il possède pour aider Beren ; Arwen quitte irrémédiablement les siens, qu'elle ne retrouvera même pas à Mandos.

Op. Cit., pp. 351-352

Ce don total de soi ...

[ma vie] Personne ne me l’enlève ; mais je la dépose de moi-même. […]

Jean 10, 18

... est celui du serviteur exemplaire, nous l'avions déjà évoqué, et déjà en lien avec l'une des fonctions de la figure féminine dans les Letters. (il n'est peut-être pas inutile, après avoir lu Sébastien ci-dessus, de souligner le parfait contresens de ne pouvoir s'empêcher de rendre visible, agissante, utile le personnage d'Arwen dans le Tiers-film ...)

Et pour faire le lien avec les excellentes références données par Laegalad (qui à mon avis sont parfaitement dans le sujet - en plus de tisser une trame fort étoilée, ron ron :) :) :)), si Fangorn veut bien m'aider encore :)

L'alliance faërique

Il s'agit de contempler le monde en mettant entre parenthèses toute notion de propriété individuelle. C'est la leçon de Finrod : créer et posséder de belles choses, tout en sachant les abandonner pour ne pas se perdre. On comprend ainsi que Finrod ait également lié une forte amitié avec les Nains : Aulë, le premier, fit preuve de la même humilité face à Eru Ilúvatar en renonçant à toute revendication au sujet des Nains qu'il venait de concevoir. En recevant l'anneau de Barahir, les hommes s'engagent, à leur tour, à accepter leur place et à ne pas se tromper de désir.

Op. Cit., pp. 358-359

A-t-on jamais parlé plus joliment de Faërie ? :)

Jérôme

Qui peut aller prendre son antalgique :)
Et qui doit dormir : demain il y a Anatomie, et Anatomie, on a dit qu'on suivait sérieusement au deuxième semestre, même si c'est de la dissection :)

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