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#1 12-02-2000 07:35

Cayin
Inscription : 1999
Messages : 53

Leçon de Quenya #1

    Bonjour tout le monde ! Suite à une aimable proposition de Cédric, me voilà prof' de Quenya sur JRRVF ;-)!
    Voici donc ma première leçon, tirée de la nouvelle série de mon site (qui a bougé : http://www.multimania.com/lambendilimar/ ). Sur Lambendilimar (le site en question) , vous trouvez trois cours, ainsi que la liste des mots appris dans ces cours (quenya/français et français/quenya, environ - pour l'instant - une cinquantaine de vocables), ce qui est bien utile pour les exercices quand, leçon 18 (bientôt... ;-) ), on ne se souvient pas de ce mot qui doit être quelque part, là, pas loin... ;-) et puis bientôt des tas d'autres petits services... des textes en quenya (vous pouvez m'en envoyer si vous voulez être publié sur le web)...
    Je ne suis pas un "expert" en Quenya, mais j'espère que mes leçons offriront enfin aux francophones désireux de le faire la possibilité d'apprendre le Quenya "facilement" (ou presque).
    Allez, hop, j'ai assez bavardé, première leçon !...

Leçon 1


1) Texte

Cénan elen. Elen vanima.

Je vois une étoile. L’étoile est belle.

2) Vocabulaire du texte

cen- : v. voir
elen : n. étoile
vanima : adj. beau, belle

3) Grammaire

Nous n’avons que deux petites phrases, mais que de choses à dire déjà !

Commençons par parler du verbe. Dans la section “Vocabulaire”, il est
indiqué cen- pour “voir”. C’est la racine verbale, reconnaissable au tiret
(“-”) qui la suit. C’est à partir de cette base que l’on construit les autres
“formes” du verbes.
Ici, on lui a ajouté la terminaison du présent singulier, -a, et le pronom
“je”, -n (ou -nye) : en Quenya, le pronom sujet n’est pas positionné,
comme en français, avant le verbe, mais ajouté à la fin. Notons au
passage que la terminaison du présent, quand elle est appliquée à une
base monosyllabique (qui ne comprend qu’une seule syllabe, comme
ici), cause l’allongement de la voyelle de la base (une voyelle longue est
marquée par un accent, “e” devient donc “é”). Quand le sujet n’est pas
un pronom, la disposition est la même qu’en français (sujet/verbe).
Voici le tableau des pronoms personnels enclitiques ("qui sont en
enclise", c'est à dire qui sont suffixés au verbe), sous leurs deux formes,
interchangeables : longue et courte :

                                  long                court
                                   
                  je            -nye                -n
                             
                  tu            -tye                -t
 
                  il            -ro                -s
                             
                  elle        -re                -s
                             
                  nous (1)        -mme, -lme

                  nous (2)        -nwe, -lve

                  vous        -lye                -l
         
                  ils            -nte


(1) ce "nous" est exclusif : il comprend la personne qui parle et d'autres,
mais pas l'auditeur.
(2) ce "nous" est inclusif : il comprend la personne qui parle (et d'autres)
ET l'auditeur.

Dans la deuxième phrase, nous ne voyons pas de mot elfique pour le
verbe “être”. Cela ne veut pas dire que ce verbe n’existe pas (nous le
verrons plus tard), mais qu’il n’est pas nécessaire, en Quenya, de
l’utiliser quand il remplit une fonction de copule (c’est à dire quand il
sert à définir l’état d’un objet, ici l’”étoile” qui est “belle”).

Nous remarquons que elen, dans ces deux phrases, est traduit une fois
“une étoile” et une autre fois “l’étoile”. Ceci est dû à deux situations
différentes :


- En Quenya, l’article indéfini (un, une, des) n’est pas marqué. Elen est
donc traduit par “une étoile”.


- L’article défini (le, la, les), par contre, existe. C’est “i”. I elen veut
donc dire “l’étoile”. Pourquoi ne le retrouve-t-on pas ici ? C’est parce
qu’il ne s’emploie pas quand le nom est défini par un adjectif qualificatif.
Bien sûr, dans ces conditions, la deuxième phrase peut aussi signifier
“Une étoile est belle.”, mais le contexte tend vers la traduction “L’étoile
est belle.”.

Dernier point pour aujourd’hui : l’adjectif. En Quenya, il est très
important de se souvenir que les noms communs n’ont pas de genre.
Elen n’est n’y masculin ni féminin. Vanima est donc neutre aussi, et
peut aussi bien être utilisé pour “beau” que pour “belle”. Pour ce qui est
du nombre, nous en parlerons dans la leçon 3.
En général, l'adjectif est placé après le nom (le placer avant le nom relève
de la langue poétique).

4) Vocabulaire supplémentaire

sil- : v. briller
tir- : v. apercevoir, regarder, scruter
hlar- : v. entendre
anar : n. soleil
súre : n. vent
yulma : n. coupe (récipient)
lisse : adj. doux, sucré
ringa : adj. froid

5) Exercices

Version

Hláran ringa súre.
Anar vanima.
Elen síla.

Thème

Il aperçoit le soleil.
L’étoile froide brille.
La coupe est sucrée.
Nous entendons. ("nous" exclusif)

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#2 13-02-2000 01:21

Arwenion
Inscription : 2000
Messages : 55

Re : Leçon de Quenya #1

5) Exercices
Version
Hláran ringa súre.
Anar vanima.
Elen síla.

    J’entends le vent froid.
    Le soleil est beau.
    L’étoile brille.

Thème
Il aperçoit le soleil.
L’étoile froide brille.
La coupe est sucrée.
Nous entendons. ("nous" exclusif)

    Tírro i anar.
    Elen ringa síla.
    Yulma lisse.
    Hlarmme.

Voilou, j'espère avoir juste !

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#3 13-02-2000 15:19

Cayin
Inscription : 1999
Messages : 53

Re : Leçon de Quenya #1

    Ah ! Je vois deux (petites) erreurs...
    Un indice : elle sont en fait identiques (la même erreur répétée deux fois) et concernent la conjugaison...
    Sinon, bravo fils d'Arwen et merci pour ta si prompte participation !

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#4 13-02-2000 23:10

Arwenion
Inscription : 2000
Messages : 55

Re : Leçon de Quenya #1

Euh... je ne vois que l'oubli d'accent sur Hlarmme-> Hlàrmme
SInon, ce n'est pas "fils d'Arwen" mais "fils de la Dame" (la dame étant le nom que donnent les Elfes à Gaïa, la déesse du bien, dans le monde de Calariand, dans lequel se situe l'action de mon roman...)

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#5 14-02-2000 11:08

Cedric
Lieu : Près de Lille
Inscription : 1999
Messages : 5 764
Webmestre de JRRVF
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Re : Leçon de Quenya #1

Wahouu !! Suffise que je quitte mon écran quelques instants et voilà qu'une foule de messages s'y presse ;-)
Merci donc à Cayin de nous avoir permis de commencer à apprendre le Quenya. C'est vraiment sympa de ta part d'avoir passer du temps à nous concocter cette première leçon.
Merci également Arwenion, pour ton arrivée tonitruante ;-) Ca fait plasir. Bienvenu donc parmi nous !

Pour les réponses à la leçon, je me suis fait doublé pour la première, mais je serai vigilant pour la seconde ;-)

Cédric

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#6 14-02-2000 15:27

Hisweloke
Inscription : 1999
Messages : 1 622

Re : Leçon de Quenya #1

Bonjour à tous, et félicitations pour cette initiative. Je ne ferai que quelques corrections au cours de Cayin.

Sur les "affixes pronominaux": La seule forme clairement expliquée par Tolkien est -mme, qui est bien le pronom "nous exclusif". En revanche, il semble que le pronom "nous inclusif" soit -lme, contrairement à ce que EJK indique dans son dictionnaire (l'erreur est humaine). Dans le Seigneur laituvalmet "Louons-les tous les deux" a longtemps été pris pour une forme exclusive (Sam et Frodon ne se louent pas eux-memes), mais elle est plus probablement inclusive (les auditeurs sont appelés à les louer eux aussi).

Les deux autres formes indiquées ici, -nwe et -lve, sont hypothétiques. La première peut etre ignorée, elle n'est pas clairement attestée. La seconde apparait dans omentielvo et est peut-etre un pronom duel "toi et moi" (par opposition à un "nous" générique).

Au fait, ces marques pronominales ne peuvent suivre immédiatement une consonne (**hlarmme est impossible), il y a alors insertion d'une voyelle (cf. atarinya "mon père", et non **atarnya).

Sur la conjugaison: il faut distinguer deux formes de présent, l'une dite "continuative" dans síla: allongement de la voyelle pour une verbe monosyllabique, et terminaison -a. C'est l'anglais "is shining", le français "est en train de briller".

Il existe une autre forme de présent, plus appropriée pour le discours (certains l'ont nommée "aoriste", mais ce terme n'est pas de Tolkien lui-meme...). La conjugaison complète du verbe car- "faire" donne:

carin "je fais", carit "tu fais", caris "il/elle fait", carimme "nous(1) faisons", carilme "nous(2) faisons", carilye "vous faisez", carinte "ils font".

A cela on ajoutera les formes care "fait (sans pronom)", et carir "font" (sans pronom).

Thème

Il aperçoit le soleil: je dirais tiris i anar

L'étoile froide brille: je suis d'accord avec i elen ringa síla

La coupe est sucrée: d'accord avec yulma lisee, ou yulma na lisse si on veut absolument faire apparaitre le verbe etre (optionnel).

Nous entendons: hlarimme.

Je n'ai pas la science infuse, j'ai peut-etre fait quelques erreurs...

Didier.

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#7 15-02-2000 01:43

Cayin
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Messages : 53

Re : Leçon de Quenya #1

Merci beaucoup Didier pour tes précisions, car entre les deux sources dont je me sert (l'Encyclopédie et Ardalambion), on trouve souvent des points de vue divergents (EK ne mentionne pas certains points, ou en développe d'autres dont HF ne parle pas...).
En ce qui concerne Arwenion, tes deux petites erreurs ont été corrigées par Didier : tu n'avais pas inséré la marque du présent entre la base verbale et l'affixe pronominal **Tírro i anar et **Hlarmme. C'est tout.

Cayin.

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#8 28-02-2000 10:25

Cedric
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Re : Leçon de Quenya #1

Je reviens rapidement sur un point ou deux de cette leçon que je n'ai pas bien saisi, avant de m'attaquer à la leçon 2 (merci Cayin ;-)

Pour le "tableau des pronoms personnels enclitiques (ou affixes pronominaux)", je ne vois pas bien l'intérêt d'une forme courte et d'une forme longue. Peut-on utiliser les deux indépendamment ?
"Cénan" et "Cénanye" ont donc la même signification ?

Dernier point, si je reprends les remarques de Didier, ce même tableau devient
Nous (1) : -mme
Nous (2) : -lme
C'est bien ça ?

Elle a de la "gueule" cette section "Langues Inventées" ! ;-))

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#9 28-02-2000 21:09

Cayin
Inscription : 1999
Messages : 53

Re : Leçon de Quenya #1

    Puisque nous n'avons pas d'indications précises quant au niveaux de langue en quenya (familier, courant, soutenu...), nous sommes obligés de conjecturer, ce qui nous pousserrait à dire que les formes courtes sont, sinon familières, au moins moins "formelles" que les formes longues. Mais ceci n'est qu'une supposition...
    Il y a cetaines formes qui nécessitent l'emploi de la forme longue, nous verrons cela dans une prochaine leçon (c'est en rapport avec la phonologie très "typée", peu ouverte, du quenya). Pour les curieux, jetez un oeil dans le corpus, plus précisément cherchez une célèbre réplique d'Aragorn... qui tient en un seul mot...
    Pour le tableau, c'est exact, les formes attestées sont bien celles que tu donnes.

    Cayin.

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#10 15-05-2000 16:14

Telperion
Inscription : 2000
Messages : 75

Re : Leçon de Quenya #1

Je ne comprend pas bien...Si la marque de présent est -a, pourquoi ne traduit on pas "il aperçoit le soleil" par :
tiras i anar
pourquoi tiras->tiris ?
c'est le présent progressif dont parle Didier ?
Emeric

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#11 15-05-2000 17:25

Tirno
Inscription : 2000
Messages : 878

Re : Leçon de Quenya #1

Il y a deux formes distinctes du présent. Certains l'ont appelé 1)aoriste et 2)présent. avant de parler des utilités des deux, parlons de leur construction.

1)peut seulement s'appliquer sur des verbes "basiques": CVC- (consonne-voyelle-consonne). Il se forme en rajoutant -e. Donc:
_Telperion tire i anar_ =regarde (sans se soucier de la signification)
= C-V-C-e / C-V-C-i-

Cependant, lorsque cette forme prend une terminaison enclise, comme -s, le -e final se transforme en -i-.
_Telperion naa sinome, tiris i anar_ = Telperion est ici, il regarde le soleil.

2)se forme en rajoutant -a, et en rallongeant la voyelle des verbes basiques ; pour les autres verbes, dont la racine se termine souvent(/toujours??) par -a, il n'y a pas de différence entre la racine et le présent du verbe.
= C-VV-C-a(-)

Attention: tiira ou tíra, mais tira tout court est un impératif.


Signification:

Le présent progressif dont parle Didier est le présent 2) et celui qu'il a conjugé a été appelé aoriste (rapport au grec, mais PAs de tolkien lui-même).

Personnellement (ma grammaire du Quenya dit... - merci Edouard) J'utilise le 2), sauf pour des choses qui sont toujours vraies. Donc je pense plutot qu'il faut dire: Tiras i anar. Il regarde le soleil, un instant précis de l'espace tempas. Dieu regarde la terre: Eru tire Arda, intemporel.

J'espère que je t'ai clarifié les choses...

Greg

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#12 17-05-2000 22:36

Telperion
Inscription : 2000
Messages : 75

Re : Leçon de Quenya #1

merci bien Greg. Je comprend mieux maintenant.

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#13 18-05-2000 10:49

melkor
Inscription : 2000
Messages : 103

Re : Leçon de Quenya #1

hmm, que de plaisir a lire ces lignes, merci a tous, pour les lecons.
Je suis un novice debutant °-) ds l apprentissage du Quenya dc puis je vous demander, a n importe qui de me mettre une petite phrase, facile bien sur, ( quenya ou francais ) afin que je tente de la traduire...
merci

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