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#1 27-09-2005 13:34

Simon
Inscription : 2005
Messages : 2

L'écriture à la fin du 3è âge.

Bonjour à tous,

Pour un premier message, c'est un petit peu hors-sujet puisqu'il ne concerne pas vraiment les langues, mais l'écriture; vous serez indulgents , n'est-ce pas ? ;-)

Je m'interrogeais sur les hypothèses que l'on pouvait faire sur l'aspect "graphique" ou plutôt "calli-graphique" du Livre Rouge original, tel qu'écrit par Bilbo, Frodo, Sam. D'une façon plus générale, comment pouvaient écrire des hobbits (plus ou moins) lettrés ?
D'après ce que j'ai lu (AppE, Picture23, HOME9 le Tome4 d'EJK), l'usage d'écriture de l'occidentalien dans la Comté serait un mode complet "nordique", à l'image de la version anglaise des "Lettres du Roi" par exemple.
Ne connaissant pas bien l'évolution "interne" des tengwar, j'avais initialement à l'esprit que le mode d'écriture le plus courant (et le plus simple) était celui avec les signes diacritiques pour les voyelles. Ne serait-ce pas le mode le plus rapide pour l'écriture manuscrite d'un journal, en utilisant, en plus, le mode ou les voyelles sont sur la consonne précédente ? Ce mode d'écriture apparait-il désuet, dépassé à la fin du 3è âge ? Peut-on émettre d'autres hypothèses sur la façon dont Bilbo, Frodo ou Sam ont pu écrire ? Utilisaient-ils un mode "orthographique" ou plus phonétique ? Bilbo qui a longtemps étudié les manuscrits de Rivendell, aurait-il pu adopter un style d'écriture plus original (il l'était lui-même :-) ) que le mode complet ? ...
Merci d'avance pour vos commentaires.

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#2 27-09-2005 15:24

Silmo
Inscription : 2002
Messages : 4 099

Re : L'écriture à la fin du 3è âge.

Bonjour Simon. Bienvenue ici, heureuse rencontre j'espère :-)

Bien que ne connaissant pas grand chose aux questions de calligraphie, je doute qu'on puisse trouver beaucoup d'éléments pour éclaircir le problème que tu soulèves car les seuls infos dont nous disposons sont celles du prologue du SdA, dans les "notes sur les archives de la Comté", où Tolkien (éditeur/transmetteur) nous explique que:

"Le Livre Rouge original n'a pas été conservé, mais de nombreuses copies en furent faites, particulierement en ce qui concerne le premier volume, à l'usage des descendants des enfants de Maitre Samsagace. La plus importante a toutefois une histoire différente. Elle fut conservée aux Grands Smials, mais elle avait été écrite en Gondor, sans doute à la demande de l'arrière-petit-fils de Peregrin, et complétée en DC 1592 (FA 172). Son scribe du sud y ajouta la note suivante: 'Findigal, écrivain du roi, termina cet ouvrage en IV 172. C'est une copie exacte dans tous les détails du Livre de Thain de Minas Tirith. Celui-ci était une copie, faite sur l'ordre du roi Elessar, du Livre Rouge de Periannath, et elle lui fut apportée par le Thain Peregrin quand il se retira en Gondor en IV 64'."

et aussi que

"A Grands Smials, les livres présentaient moins d'intérêt pour les gens de la Comté, bien qu'ils eussent davantage d'importance pour l'histoire plus générale. Aucun d'eux n'était de la main de Peregrin, mais lui et ses successeurs réunirent de nombreux manuscrits écrits par les scribes de Gondor: principalement des copies ou des résumés des histoires et légendes relatives a Elendil et à ses héritiers."

Bref, d'un côté, l'original du Livre Rouge n'existe plus et la copie de référence a été faite en Gondor (quoi qu'elle soit fidèle en tous points à une autre copie réalisée pour Elessar, rien ne dit que cette copie là, commandée par Elessar, était calligraphiée comme le Livre rouge original).
D'un autre côté, les autres archives de la Comté sont principalmeent des manuscrits écrits par les scribes du Gondor dont on peut imaginer la qualité graphique.

En conséquence, pour la copie du Gondor, j'imagine plus une calligraphie très soignée, voire précieuse, que des notes transcrites dans un mode rapide.

Au fait, bien que présenté comme un 'journal', le Livre rouge n'en est pas un puisque ni le Hobbit, ni le SdA n'ont été écrits en cours de route. La hâte n'était donc pas nécessaire pour poser sur le papier les récits de ces deux aventures.

J'imagine que le Livre rouge original aura été écrit de manière appliquée par Bilbo et Frodo (pas dans un mode spécialement rapide) mais en même temps de manière très simple, ... à la façon hobitte. :-)

Silmo

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#3 29-09-2005 12:06

Simon
Inscription : 2005
Messages : 2

Re : L'écriture à la fin du 3è âge.

Merci de ta réponse Silmo,

En effet, j'imagine bien que les copies ultérieures du Livre Rouge réalisées en Gondor devaient avoir une apparence beaucoup plus soignée, et très certainement écrites dans ce mode complet, "nordique", venu avec le nouveau Roi.
Je ne connais pas grand chose en histoire des alphabets, que ce soit ceux de Tolkien, ou ceux des peuples humains, et je me demandais si l'on pouvait qualifier un alphabet utilisant des signes diacritiques pour ses voyelles, plus "archaïque", ou moins "évolué" qu'un alphabet dit complet ; car il me semble que ces alphabets ( dits Abjad je crois ) ont souvent évolué ou donné naissance à des alphabets complets. Est-ce l'évolution naturelle que voulais donner Tolkien à ses Tengwar ?

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#4 29-09-2005 21:52

Moraldandil
Lieu : Paris 18e
Inscription : 2001
Messages : 887
Site Web

Re : L'écriture à la fin du 3è âge.

Merci du lien, Simon - j'y aurai appris à différencier l'abjad (sans notation des voyelles) de l'abugida (avec des diacritiques pour dénoter les voyelles) !

Je ne pense pas qu'on puisse toutefois dire qu'un abugida est plus archaïque qu'un alphabet complet : les deux sont des solutions différentes au problème de l'absence de notation des voyelles dans un abjad pur. D'ailleurs, historiquement, l'introduction des voyelles par les grecs est plus anciennement attestée que le développement des abugidas, je crois.

Il apparaît à la lecture de l'appendice E - II que les écritures elfiques ont d'abord été des abjads puis que des moyens ont été développés pour dénoter les voyelles : [les écritures] avaient atteint un stade de développement alphabétique complet, mais des modes de transcription plus anciens, où seules les consonnes figuraient par écrit, demeuraient en usage.

Les cirth ont introduits des signes-voyelles et ont donc suivi la voie de l'alphabet complet. Ce fut également le cas en tengwar dans les modes dits "pleins", sont nous connaissons surtout le mode de Beleriand. Mais, peut-être pour des raisons de compacité, il semble que la solution de l'abugida ait eu plus de succès en tengwar. On retrouve aussi cette solution en sarati.

On peut toutefois remarquer une différence avec les abugidas les plus connus dans notre monde (écritures indiennes et éthiopiennes): dans la plupart des modes en tengwar connus, il n'y a pas de voyelles implicite attachée à la consonne (à l'exception du mode quenya où a est sous-entendu), toutes les voyelles doivent être écrites par des tehtar.

Il a pourtant existé au moins un système d'écriture ressemblant au type tengwar + tehtar sans voyelle implicite : l'écriture serto ou jacobite employée pour transcrire le syriaque dans l'antiquité tardive du Proche Orient. L'alphabet lui-même est un abjad sémitique typique, mais complété pour noter les voyelles : on y a importé des lettres-voyelles grecques écrites en tout petit au-dessus ou au-dessous de la consonne après laquelle la voyelle devait être prononcée. (Source : Bonfante, Larissa, Chadwick, John, Cook, B. F. et al. La naissance des écritures : du cunéiforme à l'alphabet. [Paris] : Seuil, 1994. 503 p. ISBN 2-02-033453-4 [br.])

Il est effectivement assez clair que Tolkien a donné à l'évolution des écritures elfiques un développement assez proche des alphabets de notre monde primaire.

Si tu t'intéresses aux écritures, je te recommande l'ouvrage que j'ai cité plus haut, et dont tu trouveras une brève description sur la page de ressources linguistiques de Hisweloke.

B.

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#5 30-09-2005 19:57

Toko
Inscription : 2000
Messages : 1 164

Re : L'écriture à la fin du 3è âge.

> D'ailleurs, historiquement, l'introduction des voyelles par les grecs est plus anciennement attestée que le développement des abugidas, je crois.

D'autant plus que les grecs ont recyclé des signes correspondant à des consonnes du phénicien que la langue grecque ne connaissait pas, alors que les langues sémitiques (phénicien, hébreu, arabe) se sont longtemps contenté de notations strictement consonantiques (qui convient à la structure et au foncionnement de ces langues, basées sur des racines consonantiques).

> Il est effectivement assez clair que Tolkien a donné à l'évolution des écritures elfiques un développement assez proche des alphabets de notre monde primaire.

Oui et non ! On peut observer  dans l'invention de l'écriture chez les grandes civilisations (Sumer, Egypte, Chine antiques, Mayas) une tendance évolutive qui va du figuratif à l'abstrait, du symbolique au conventionnel : dessins, idéogrammes (écritures idéographiques) > idéogrammes + phonogramme (écritures mixtes : idéogrammes + clés) > phonogrammes (écriture syllabique et alphabétique). On note aussi que certaines civilisation ne sont pas allées au bout de cette évolution (c'est le cas de l'écriture chinoise qui est mixte, basée sur des idéogrammes précisés par des clés).

Or, s'il apparaît clairement que Tolkien s'est longuement penché sur la naissance du langage au sein de son monde fictif, une évolution de l'écriture comparable à celle des systèmes de notre monde est absente : l'écriture est une invention individuelle, qui apparaît "toute faite", déjà élaborée au stade de la notation phonétique (donc conventionnelle ou arbitraire, même si l'organisation des tengwar en "séries" peut apparaître comme plus "motivée" qu'un simple alphabet).

Sébastien.

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#6 30-09-2005 21:00

Moraldandil
Lieu : Paris 18e
Inscription : 2001
Messages : 887
Site Web

Re : L'écriture à la fin du 3è âge.

C'est bien pour cela que j'ai comparé au développement des alphabets et non des écritures de notre monde primaire ;-)

Je trouve au passage un peu étonnant a priori que le développement des écritures elfiques soit passé par un abjad. Dans les langues sémitiques, il y a des raisons structurelles qui permettent de se contenter des consonnes et d'obtenir un résultat pas trop insatisfaisant, à savoir la relative séparation fonctionnelle entre consonnes (plutôt chargées du sens lexical) et voyelles (plutôt chargées du sens grammatical). Mais ce n'est pas le cas en eldarin.

Peut-être est-ce pour trouver une justification à ce fait que Tolkien a imaginé que les premiers lambengolmor ne considéraient pas les voyelles comme des phonèmes à part entière mais comme des "colorations" des consonnes - les conduisant du coup à n'attribuer qu'aux consonnes des lettres à part entière, et à dénoter les voyelles par des diacritiques ?

B.

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