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Rapidement évoquée dans un autre fuseau, je serais curieux d'avoir plus d'avis sur la présence et le rôle de la "providence" dans les films.
Il me semble qu'il y a une ou deux allusions dans le premier film mais je n'ai pas le souvenir d'autre.
Mon impression est que les scénaristes ont fait le choix d’occulter l’importance des étranges "hasards" qui ont contribués à la destruction de l’Unique. Non seulement les coups de fortunes (comme le vent qui emporta les nuages noirs de Sauron et qui poussa les bateaux d’Aragorn vers Minas Tirith, les sources d’eau qui apparaissaient en Mordor pour Sam et Frodo) ne sont plus présents dans les films.
De plus, à une exception près, je n'ai pas le souvenir que les personnages du film en parlent contrairement au texte qui fourmille d’indices à ce sujet, je donne quelques exemples ici.
Ainsi par exemple, Gandalf dans le film, n’a pas dit que la curiosité de Pippin à l’égard du palantir l’a sauvé d’une grâce erreur.
A l’évocation du vent et de l’eau dans le livre, les lecteurs pensent immédiatement à Manwë et à Ulmo mais même sans avoir lu le Silmarillion, le lecteur peut entrevoir la présence et l’action des forces, qu’on comprend intuitivement divines. Ces suggestions introduisent ainsi un aspect spirituel dont on connaît l’importance chez Tolkien.
Ce traitement des scénaristes me rappelle l'adaptation récente de l'Iliade, "Troie" dans laquelle la présence des dieux a été aussi quasiment complètement effacée de l'histoire. On douterait même de leur existence sans une allusion d'Achille dans le film. Pourtant, dans l'Iliade, les dieux participaient même aux combats.
Dans notre cas, pensez vous que cet effacement ne change t il pas trop le sens de l’histoire?
Ne pensez vous pas que Peter Jackson a enlevé plus ou moins le "divin" de l’œuvre?
extraits:
Nos chemins croisent rarement les leurs, que ce soit par hasard ou a dessein. Dans la présente rencontre il peut y avoir un peu plus qu'un hasard, mais le dessein n'est pas clair pour moi, et je crains d'en dire trop.
TROIS FONT DE LA COMPAGNIE
- Hein, quoi? dit-il. Si je vous ai entendu appeler ? Non, je n'ai rien entendu: j'étais occupé à chanter. C'est simplement la chance qui m'a amené à ce moment, si vous appelez cela de la chance.
CHEZ TOM BOMBADIL
- Oui, la chance ou le destin vous ont aidé, sans parler du courage, dit Gandalf.
NOMBREUSES RENCONTRES
- Cela s'est vu bien des fois, dit Gandalf. Mais en l'occurrence, nous avons eu une chance étonnante. Peut-être ce hobbit m'a-t-il sauvé d'une grave erreur.
LE PALANTIR
Et soyez rassuré, Samsagace. Si vous paraissez avoir trébuché, dites-vous que c'était écrit qu'il devait en être ainsi.
LA FENETRE DE L'OUEST
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je pense effectivement que PJ a occulté cet aspect du SDA ; la "chance" / providence y est beaucoup moins présente que dans le livre, au profit d'une mise en valeur de la volonté de chacun des protagonistes, de leur fidélité à une cause, à un but qui les dépasse d'ailleurs. est-ce que cela change le sens de l'histoire ? bien sûr ! PJ met en scène pour ainsi dire une "première lecture" du SDA : à celle-ci, la part du destin m'avait peu frappée pour ma part. De plus, je pense que de manière générale, PJ écarte de son propos une bonne partie du thème du destin (si on excepte la scène ratée où Elrond donne Anduril à Aragorn en lui disant "deviens ce pour quoi tu es né", mais la scène est tellement cruche que ça passe à l'as). L'idée qu'il fallait que Bilbo trouve l'Anneau ne me semble pas évoquée (dans le texte introductif de la Communauté ?). PJ me semble avoir choisi constamment d'humaniser le plus possible son propos et ses personnages : il force systématiquement le trait sur leurs imperfections. Le fait d'écarter la Providence va dans le même sens : l'histoire est entre les mains des personnages, non d'une force supérieure qui leur est extérieure.
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Il reste quand même une ou deux allusions dont une qui est relativement explicite dans FotR, lorsque Gandalf dit qu'il y a "d'autres puissances à l'oeuvre". Le film n'a donc pas complètement écarté le rôle de la providence mais pourquoi ne pas avoir continué sur cette lancée? Pourquoi Elrond, dans le film, a réuni différentes personnes alors que dans le livre, il a dit:
" Voila la raison pour laquelle vous êtes rassemblés. Rassembles, dis-je, bien que je ne vous aie pas convoqués, étrangers de terres lointaines. Vous êtes venus et vous vous êtes rencontrés ici, a point nomme, par hasard, pourrait-il sembler. Mais il n'en est pas ainsi. Croyez plutot qu'il en est ainsi ordonné que nous, qui siégeons ici, et nuls autres, devons maintenant trouver une ligne de conduite pour répondre au peril du monde.
Lothiriel:Le fait d'écarter la Providence va dans le même sens : l'histoire est entre les mains des personnages, non d'une force supérieure qui leur est extérieure.
Tout à fait d'accord. Le rôle "actif" de Frodo dans la chute de Gollum va dans ce sens. Mais si l'intention des scénaristes était d'enlever toute place à la providence, il aurait fallu le faire complètement non? Il y a, non pas une incohérence ici mais une inconsistence dans le scénario. Soit les scénaristes ont changé l'histoire en cours de route, soit ils n'étaient pas d'accord entre eux et PJ: pour le premier film PJ a du se plier à FW et PB mais pour RotK, PJ s'est laché (d'ailleurs, FW et PB sont étrangement très silencieuses lors des commentaires de RotK)
Ceci dit, chez Tolkien, l'histoire est aussi entre les mains des personnages: la destruction de l'Anneau ne s'est pas fait tout seul!
Je n'arrive pas à trouver le terme juste mais je dirais que PJ a en quelque sorte "rationalisé" le SdA.
Pour revenirencore à la chute de Gollum, celle ci n'est plus accidentelle mais a une raison: Gollum est tombé parce que Frodo l'a agressé. On n'a plus de question à se poser.
En enlevant le divin, PJ a enlevé le mystère. Je me demande si ce n'est pas cela qui a manqué le plus à certains inconsciamment?
Pour le destin d'Aragorn, je dirais que c'est un autre sujet de discussion même s'il est question de "destin". Aragorn, dans le film, doit prendre confiance en lui et accepter son devoir de Roi. C'est une évolution du personnage qui n'est pas dans le texte mais ici, il n'est pas question de providence ni de "hasard".
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