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En attendant qu'il soit disponible, j'avais pris un autre livre de Iain Pears, histoire de faire connaissance; ce fut une déception et je me demandais pourquoi tu me recommandais cet auteur !!!
On peut s'interroger sur les raisons qui poussent des écrivains à produire des livres si différents. Car je pense effectivement que celui-ci est un bon livre. Mes faibles connaissances en histoire m'empêchent de juger de l'exactitude de tout ce qu'il contient et Iain Pears n'a pas la notoriété de Umberto Ecco.Mais il me semble qu'il y a là un énorme travail de recherche.
Les trois intrigues entrelacées ne sont pas toujours aisées à suivre mais on peut dire que le "suspense" est également ménagé pour les trois vers un dénouement aussi imprévisible.
Curieux cette nouvelle mode qui consiste à tromper le lecteur sur les intentions de l'auteur en décrivant soigneusement ce qu'il y a de plus méprisable dans ses personnages en feignant de justifier leurs comportements ou leurs pensées au titre d'une objectivité abusive.
La lâcheté de Manlius, l'ambition de Ceccani, l'opportunisme de Marcel, tous coupables d'horreurs sous prétexte de sauver la majorité je ne sais pas si Iain Pears les désapprouve totalement. Bien sûr il y a Sophia, OLivier et Julia qui sauvent les apparences et répondent mieux à nos schémas habituels Mais le héros lui-même, Julien il lui aura quand même fallu beaucoup de temps pour comprendre ! Naïf, lâche , égoiste ?
Je pense qu'on pourrait faire une étude interessante de tous ces personnages, mais je ne les aime pas beaucoup hormis Olivier et Rebecca.
Et toi quel est ton avis ? (à part le fait que ce soit un bon bouquin et somme toute je suis d'accord avec toi)
Mj
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j'ai oublié de préciser que le précedent message était une réponse à Silmo qui avait eu la gentillesse de me proposer ce livre!
Mj
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MJ,
C'est étrange car le dénouement du "Songe de Scipion" ne me semblait pas si imprévisible que cela.
Aussi détestables que soient la plupart des personnages, ce qui m'a intéressé dans ce bouquin - outre l'exercice de style consistant à entremêler et associer les 3 récits, de manière déconcertante au départ, mais fichtrement habile, ainsi que l'accent mis sur la persécution réccurente des juifs à travers l'histoire, sous toutes sortes de prétextes - c'est la description assez froide des différents caractères, poussés, les uns comme les autres, en dépit de leurs intentions, vers quelque chose d'inéluctable... et puis aussi le fait qu'il n'y ai pas véritablement de héros: chacun à ses petites bassesses, ses grandes lâchetés, ses faiblesses que l'écrivain décrit avec précision et une étonnante distance. A cet égard, je ne crois pas que Pears approuve ou désaprouve ses personnages mais il en fait ressortir toute l'humanité, dans ce qu'elle a souvent de pire et rarement de meilleur.
Aussi, je ne pense pas que Pears "trompe" le lecteur. Il ne fabrique pas des héros là où il n'y en a pas, là où il ne peut quasiment pas y en avoir.
Pears s'est beaucoup intéressé à la période de l'Occupation, en égratignant passablement (peut-être parce qu'il est anglais) notre mythique Résistance.
En ce qui concerne son travail de recherche, Pears est certes très érudit mais il n'a pas l'eclectisme d'un Ecco. Il est spécialiste de peinture italienne (Renaissance surtout) et de la Seconde Guerre mondiale. Son goût pour l'Italie lui a fait écrire plusieurs romans "policiers" dont le sujet tournait autour du trafic d'oeuvres d'art (c'est peut-être un de ces bouquins là que tu as lus).
Silmo
PS: pour ceux qui n'auraient pas suivi, j'avais, dans un autre fuseau, suggéré à MJ la lecture du roman "Le Songe de Scipion" de Iain Pears.
PPS: MJ, puisque tu aimes qu'on te propose des lectures, je viens de terminer un autre livre magnifique que je te conseille vivement: un roman, très court, de Philippe Besson (éditions Julliard) intitulé "Son Frère" dont Patrice Chéreau s'est inspiré pour le scénario de son dernier film - bouleversant - qui porte le même titre que le livre. Il vient de passer sur Arte et sortira dans les salles en septembre. Le livre de Besson raconte l'histoire de deux frères qui se sont perdus de vue depuis des années et qui se retrouvent au moment où le cadet, gravement malade - condamné-, demande à son ainé de l'accompagner et le soutenir jusqu'à sa fin prochaine. Tout cela est raconté avec émotion mais sans misérabilisme. Un bon bouquin, et côté Chéreau, un bon film, forcément!
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Sympa Silmo, je vais aller voir du coté de Besson! j'espère que ce n'est pas trop triste !
En ce moment je suis dans "Dieu, un itinéraire" de Régis Debray.J'en ai pour un moment! mais comme j'aime bien mélanger les genres !
Pour en revenir à "Scipion" ne penses-tu pas que Iain Pears a voulu couvrir les actions de Manlius et de Marcel de ce voile de sagesse qui confèrerait un droit à l'erreur aux collaborateurs ?
Mj
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Si, malheureusement MJ, le livre de Besson est bien triste mais d'une grande humanité, et ça peut donc être un texte précieux lorsque l'on est confronté aux deuils ou à la maladie chez ses proches.
Au sujet de Pears, je crois au contraire que l'on perçoit dès le départ le peu de considération que Marcel et Manlius ont pour leurs contemporains et par conséquent leur manque de sagesse. Ce ne sont que des carrièristes pour lesquels "l'intérêt général" est un prétexte pour assouvir une certaine soif de pouvoir.
Leur prétendue sagesse n'est qu'un leurre et je ne crois pas que l'auteur nous trompe jamais à ce sujet (Sophia ne l'envoie pas dire à Manlius - elle paraît d'une patience extrême vis-à-vis d'un disciple qui "aurait pu....", mais on a l'impression que dès le départ elle sait déjà qu'il ne sera pas à la hauteur de l'enseignement qu'elle lui a transmis).
La façon dont Pears traite le thème de la Collaboration peut surprendre mais je crois que c'est à double détente et que cela nous renvoie méchamment à la gu... quelques vérités historiques. Sous couvert de ce "voile de sagesse" dont tu parles - et dont on ne peut être dupe - il condamne encore plus violemment les collabos de tout poil.
Enfin, c'est comme ça que j'ai ressenti le bouquin....
Silmo
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contente que tu l'ai lu comme ça !
Mj
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contente que tu l'aies lu comme ça ! (c'est mieux ?)
Mj
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