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Tolkien tout au long de sa vie et revu et corrigé (et c'est peu dire) l'ensemble de son Oeuvre et également ses Langues Inventées.
Je me demande, dans ces conditions, comment on peut ou non valider tel ou tel mot en Sindarin, en Quenya, etc.
Si un mot se retrouve identique à deux périodes, bien évidemment le problème ne se pose pas.
Si deux mots ont une même traduction, j'imagine que c'est la plus récente qui prévaut ?
Mais si un mot se retrouve dans les années 20 et non par exemple 30 ans plus tard (ou inversement). Que doit-on en déduire ? Que doit-on comparer et étudier pour décider si oui ou non ce nom peut être encore employé ?
Et d'une manière générale, reste-t-il des mots, expressions, verbes non traduits ?
Ou encore, existe-t-il des contradictions entre deux occurences d'un même élément qui apparaîtrait en des endroits différents ?
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C'est une bonne question, puisque le vocabulaire elfique que nous connaissons hors du Seigneur des Anneaux provient de plusieurs époques, et n'est pas forcemment compatible. Y compris dans le Silmarillion composé par C. Tolkien a partir de plusieurs textes, et où un choix parmi des variantes a certainement été nécessaire.
Dans toutes les langues il existe des synonymes et des variantes. Ce serait dommage de rejeter un "vieux" mot pour un plus récent, alors que Tolkien ne l'avait probablement jamais rayé. Nous avons même des cas de vieux mots qui re-apparaissent dans des textes tardifs. Donc nous pouvons conserver les deux, mais en leur attribuant des sens voisins: c'est ce que j'ai préconisé dans ma réponse concernant hísië, híse, hiswe.
Si "un mot se retrouve dans les années 20 et non par exemple 30 ans plus tard", le problème est plus délicat. Tolkien a beaucoup révisé ses langues, et le mot n'est peut être plus valide sous cette forme. Par exemple, je serai réticent à mélanger le "Qenya" du Livre des Contes Perdus (HoME I et II) au "Quenya" du Seigneur: il y a trop de points divergents. En revanche le Quenya des "Etymologies" (The Lost Road, HoME V) est suffisamment proche de ce que nous connaissons pour être utilisé sans trop de risque.
Il reste une solution à ne pas négliger: en comprenant les modifications apportées par Tolkien, il est possible de généraliser sa démarche et de "mettre à jour" les vieux mots. C'est ce que certains tentent avec le Noldorin des Etymologies, qu'ils essaient de transformer en Sindarin valide en appliquant les mêmes règles que Tolkien. C'est évidemment très hypothétique, mais les résultats sont assez satisfaisants. A titre d'exemple, nous avons lhind "air de musique" sans les Etymologies, et l'étude montre que Tolkien a revu de nombreux mots en /lh/ pour les écrire avec un /l/ en Sindarin. Une mise à jour donnerait donc lind. Cette orthographe est confirmée par linnathon "je chanterai" et linnon "je chante".
Il existe quelques contradictions, cependant, et surtout un nombre assez conséquent de mots identiques avec des sens différents. Ce n'est pas forcemment un vrai problème: toute langue a des homonymes, voire des homographes (considérer "les poules du couvent couvent" en français).
Quant aux mots non traduits, il en reste effectivement, pour lesquelles on peut supposer une traduction, mais sans en être sûr... Rien que dans le Seigneur, Ai na vedui *"Ah, enfin"; noro lim *"galope vite"; lebethron un arbre au bois sombre et solide dont on fait des bâtons et des coffres, mais de quelle espèce?
Parfois l'occasion nous est donnée, quand un manuscrit de Tolkien est publié, de confirmer ces hypothèses. Longtemps les mots macar (en Quenya) et magor (en Sindarin) sont restés incertains, uniquemment attestés dans Menelmacar et Menelvagor "Orion" dans le Seigneur des Anneaux. Tout au plus pouvait on les rapprocher de formes voisines dans les Etymologies. Une récente publication dans la revue américaine Vinyar Tengwar les a confirmés tous les deux, tout en confirmant aussi certaines formes anciennes des Etymologies. Comme quoi, il était parfaitement justifié de conserver tous ces mots!
Didier.
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Je crois qu'il faut tout de même tenir compte de l'évolution des langues dans l'oeuvre de Tolkien . A mon avis les langues qu'il utilise ont deux origines bien distincts : certaines racines proviennent clairement du vieux gallois et d'autre forme de langues ancienne du nord de l'Europe ( il suffit de lire les anciens titres donnés au contes pour s'en appercevoir ) .
D'autres racines sont, quand à elles, tirées de déformation de noms que Tolkien à trouver dans la litérature mais dont il a donné une signification après coup . Je ne pense pas avoir été très clair alors je m'explique :
*Béorn provient ( explication communément admise ) de Bjorn . Ce mots existait avant Tolkien et avait déjà un sens qu'il a gardé dans Bilbot; par la suite, la racine bjorn a été réutilisée .
*Des noms comme Gandalf , Oïn sont aussi issus de litérature (les Eddas) mais n'ont pas été utiliser pour enrichir les langues (ils sont restés des noms de personnages)
*En revanche, Nemrod et Peleg (par exemple) sont des noms sans aucun rapport avec le nord de l'Europe : il sagit, en fait, de nom issus du livre de la Genèse ( Bibles , ancien testament, G10,8 et G11,7 ) . Ces noms ont aquis un sens dans les textes qui à permis à Tolkien d'en obtenir des racines et d'enrichir ainsi "ses" langues .
Il existe donc deux schémas :
un mots existant donne une racine qui donne d'autres mots .
un mots existant garde sa racine et donne ( ou non ) d'autres mots .
Ces deux possibilité entrainent inévitablement des apparitions d'homonymes voir de contresens dans les langues .
La difficulté suivante pour Tolkien est basée sur le fait énnoncé que ces différentes langues dérivent l'une de l'autre . Il est donc essentiel que l'on retrouve des racines identiques . Ajouter à cela l'évolution des histoires et des personnages et vous vous trouvez face à un casse tête quasiment impossible à résoudre : Beren fut un homme ( a ce qu'il semble ), puis un elfe, puis de nouveau un homme; sa ligné a donc évolué avec lui .
Voilà, j'ignore si j'ais été assez clair ( on verra bien dans les réponses :-) ) . Alors à plus tard
Béorn .
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Sur cette importante question , j'ai donné mon opinion dans mon livre "Le Dictionnaire des langues elfiques" (pp. 20-21) :
Le choix du corpus.
Il faut avant tout se chosir une position :
soit on accepte tout et on mélange
soit on accepte uniquement ce qui a été publié du vivant de JRRT
soit on se forge une théorie
Mais surtout les "racines" des langues elfiques (et autres langues imaginées par JRRT) ne _dérivent_ *pas* des langues Européennes et encore moins de la Genese... Tolkien ne faisait pas du "copier / coller". Hop! un nom par ci et hop un nom par là!
Gandalf n'a jamais été un nom elfique! Il suffit de lire "Contes et légendes innachevées" où il est précisé que ce nom vient des Eddas. Qui a dit que c'était un nom elfique ?
Edouard Kloczko
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