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Plutôt que de discourir longuement sur les écarts dans la forme de l'adaptation par rapport à l'oeuvre original comme la suppression de la scène avec Saruman ou l'absence du nettoyage de la comté, je vais parler du fond de l'oeuvre et des sens de l'histoire, qui sont plus importants, à mes yeux, que la forme (Bien que celle ci influe forcément sur le fond puisque c'est par la première que deuxième s'exprime). J'estime en effet que si une adaptation cinématographique ne peut parfois se permettre d'être une transcription littérale, elle doit au moins respecter l'oeuvre original dans les thèmes, le fond et idéalement aussi dans le ton.
Cette critique ne considère que ces films en tant que adaptation de LotR principalement.
Le roman LotR est une oeuvre extrêmement riche, aux sens multiples. Chaque lecteur peut y voir un sens différent d'un autre suivant sa compréhension, ses connaissances, sa culture, sa sensibilité. Mais on peut dégager quelques thêmes plus importants que d'autres aux yeux de l'auteur de l'oeuvre, JRR Tolkien.
La possibilité de repentance de Gollum
L'histoire est structurée autour du voyage de Frodo et de ses compagnons pour détruire l'Anneau de Sauron, instrument de pouvoir et de domination, capable de corrompre son porteur, ce qui implique que l'utilisation de cet objet est impossible sous peine que le porteur devienne lui même un seigneur ténébreux (pour peu qu'il arrive à maîtriser l'Anneau). Dans l'histoire originale, la destruction de l'Unique avait pu se faire en fin de compte grâce à Gollum, ancien porteur de l'Anneau. Le sens, intrinsèque à ce dénouement, est que sans la pitié de Frodo et de Bilbo à l'égard de Gollum, l'Anneau n'aurait pas pu être détruit (à moins que Frodo se jette lui même dans le feu de la Montagne du Destin). Cette pitié avait "rattrapé" la faiblesse de Frodo face à la puissance irrésistible de l'Unique. Ce sens, est il conservé dans le film?
Alors que le texte de LotR fournit des indices pour emmener le lecteur à comprendre que Gollum allait se repentir sans la réaction de Sam, qui exemplifiait une absence regrettable de pitié, nous voyons dans le film que la trahison de Gollum (ou plutôt la défaite de Smeagol) était due à un malentendu: Smeagol avait cru, à tort, que Frodo l'avait trompé (au lac interdit) alors que ce dernier avait empêché Sméagol de se faire tuer.
Notons une différence notable dans la forme entre le film et le texte qui a une importance.
Dans le film, Sméagol avait juré de "servir le maître du trésor"
Mais dans le texte, il avait avant tout juré de ne pas laisser Sauron récupérer l'Unique.
- De me conduire très bien, dit Gollum. Puis, rampant jusqu'aux pieds de Frodon, il s'aplatit devant lui, murmurant d'une voix rauque : un frisson le parcourait, comme si les mots même secouaient ses os de peur. - Sméagol jurera de ne jamais, jamais Le laisser l'avoir. Jamais! Sméagol le sauvera. Mais il doit jurer sur le Trésor.
L'APPRIVOISEMENT DE SMEAGOL
Dans le livre, il avait tenu son serment ( de ne pas laissre Sauron résupérer l'Unique) en fin de compte alors que dans le film, Gollum avait bel et bien trahi Frodo et brisé son serment.
Revenons au texte. les choses auraient elle pu se dérouler autrement?
Sméagol n'allait il pas respecter son serment de quelques façons?
N'aurait il pu prendre le dessus sur Gollum?
Se jeter dans le feu n'était pas pour lui la seule façon de tenir son serment, de garder l'Anneau de Sauron et de remercier Frodo?
La réponse est: probablement oui si Sam avait réagi autrement envers lui peu avant Cirith Ungol. Ce moment précis où Sméagol allait se repentir est, pour Tolkien, le moment le plus dramatique de l'histoire (cf lettre 246).
Alors que la patience et la bonté de Frodo envers Sméagol allait changer ce dernier (dans une certaine mesure), le manque de pitié de Sam et son extrême méfiance (en cela, Sam était l'opposé de Frodo) avaient poussé Sméagol définitivement vers le mauvais coté.
[...]
L'instant fugitif avait irrévocablement passé. - Sournois, sournois! siffla-t-il. Les Hobbits toujours si polis, oui. Oh, les gentils Hobbits! Sméagol les amène par des chemins secrets que personne d'autre ne saurait trouver. Fatigué qu'il est, assoiffé qu'il est; et il les guide, et il cherche des sentiers, et ils disent sournois, sournois. Très gentils amis, oh oui, mon trésor, très gentils.
LES ESCALIERS DE CIRITH UNGOL
Il est étonnant que les scénaristes du film aient négligé le sens de cette scène et changer la cause du basculement de Smeagol.(Manque de pitié dans le texte et... un malheureux malentendu dans le film) sans compter que les dialogues de cette scène dans le film ont été détournés.
Le Sméagol du film aurait-il pu se repentir et donner sa vie volontairement pour Frodo?
La réponse est clairement non: il est défintivement mauvais, "sournois", machiavélique. Et sa chute n'est plus "accidentelle" (qui laisse plusieurs interprétations: la chute était-elle causée par le "destin"? La main d'Eru? Etait-elle suicidaire car salvatrice?) mais provoquée par un combat contre Frodo.
Dans le film, Frodo avait vaincu Gollum et c'est ainsi qu'il sauva la Terre du Milieu.
Mort et immortalité
Les autres thèmes de fond de LotR sont l'immortalité et de la mortalité, thèmes récurrents dans la mythologie de Tolkien.
Les hommes avaient oublié, pour la plupart, que la mort est un don d'Iluvatar en tant que délivrance du Monde. Ils étaient marqués par le refus de leur mortalité comme Faramir l'avait expliqué à Frodo.
Les Elfes, eux, étaient affligés par les conséquences de leur immortalité: lassitude du monde, nostalgie, poids de la mémoire et par conséquent, ils étaient tentés de figer le temps et d'empêcher les choses d'évoluer, comme l'illustrent leurs sanctuaires Rivendell et Lothlorien, qui guérissent et préservent les êtres qui s'y trouvent, conservant le passé, baignés dans une apparente intemporalité. Cette tentation des elfes de figer le temps avait mené à leur séduction par Sauron et à la création des trois anneaux elfiques, liés à l'Anneau Unique. La destruction de ce dernier entraînerait la fin du pouvoir des anneaux elfiques, ce qui précipiterait leur départ vers l'Ouest.
Qu'avons nous dans le film?
Le lien entre la fin des anneaux elfiques et celle de l'Unique n'est expliqué qu'à la fin du dernier film, réduisant les enjeux de la destruction de l'Anneau.
Nulle part ne transparait l'intemporalité ni le conservatisme de la Lothlorien. Il y a bien quelques références à Numenor mais rien n'est dit sur leur culture mortuaire et leur refus de la mortalité.
Le spectateur n'a aucun indice pour comprendre que "l'immortalité" est un fardeau pour tous les elfes. Pire, le refus d'Elrond de "voir sa fille mourir" ne fait que conforter l'idée commune que l'immortalité est un destin plus enviable que la mortalité.
Dans le film, il y a bien un dialogue entre Gandalf et Pipppin qui évoque ce qu'il y a au delà de la mort mais il semble que Gandalf parlait de Valinor. Dans la mythologie de Tolkien, seul Eru sait ce qui est réservé aux Hommes mais ils ne restent sûrement pas sur Arda puisque la Mort est une Délivrance pour quitter Arda.
Dans le texte, la Mort (naturelle) en tant que délivrance est l'illustrée par les derniers propos d'Aragorn qui s'était "endormi", rendant le don de la vie, de plein grè et dans l'espoir.
Fragment de l'histoire d'Aragorn et d'Arwen
Bien que la scène de sa mort soit présente en "flash forward" dans le deuxième film, d'une manière belle et poétique, les scénaristes semblent avoir manqué les points essentiels: La mort d'Aragorn était volontaire et ses derniers mots, phrase clé qui exprime l'Estel, l'espoir ou plus précisément, la confiance en Eru, dans leur destiné au delà des cercles du Monde, après leur vie sur Terre.
Ce qui est important, c'est la mort naturelle d'Aragorn est pleinement acceptée, contrairement aux rois de Numenor, et le départ dans l'espoir qui sont primordiaux. Cette scène était sûrement la meilleure manière de l'illustrer. Il est dommage que dans le film, la mort d'Aragorn n'avait servi qu'à "dramatiser" son amour avec Arwen et non à illustrer l'ultime "Estel", dans la mort.
En relation avec cela, il y a le choix d'Arwen qui manque de clarté dans le film. En effet, Elrond apparaît dans le film, comme un elfe ordinaire (et non comme un demi elfe).
Dans le premier film, sa fille Arwen parlait de faire le choix de devenir mortelle mais dans le deuxième film, Elrond semblait sous entendre qu'elle restera immortelle et dans le troisième, on apprend qu'Elrond avait vu la mort d'Arwen. Incohérence interne.
De plus, les Elfes de Peter Jackson peuvent ils choisir de devenir mortels? Si non, pourquoi Arwen pouvait elle faire un choix? Si oui, l'"immortalité" des Elfes n'aurait plus de sens s'ils pouvaient choisir leur destiné. Une autre incohérence.
Les scénaristes semblent avoir décidé d'ignorer le thème de la mortalité qui est pourtant le fond de toute l'oeuvre de Tolkien et qui fait son "esprit".
En somme, si les écarts dans la forme paraissent relativement peu nombreux, le respect du texte dans le film n'est que superficiel et illusoire: les fonds de ces deux oeuvres diffèrent complètement sur plusieurs points.
Atmosphère et ton
A présent, d'un point de vue personnel, ces films de Peter Jackson possèdent, à mes yeux, une très bonne qualité esthétique au niveau des paysages, des décors, des accessoires des personnages, des effets spéciaux. Personnellement, j'apprécie beaucoup les habitats des
hobbits, les scènes avec le Balrog et l'aspect des nazguls volants. Les amateurs de John Howe seront ravis car ces films sont tout simplement des animations de ses dessins.
Les films en eux même sont divertissants, assez clairs pour le lecteur de LotR qui est capable de replacer chaque personnage et événement dans son contexte immédiatement.
Peut être que certains spectateurs, qui ne connaissent pas le roman, risquent d'être un peu perdus sous le nombre de personnages et de lieux.
Toujours d'un point de vue subjectif, je trouve que le rythme est un peu trop rapide, elliptique et l'intérêt, trop centré sur l'action et le combat par rapport au roman qui est plus lent, voire contemplatif par moment et surtout, plus poétique.
Le film contient bien quelques scènes dans ce sens (le chant d'Eowyn) mais il est dommage que la plupart ne soient présentes que dans les versions longues.
Saluons l'effort des scénaristes d'avoir repris quelques répliques ad literam même si elles tranchent nettement avec les leurs qui n'ont pas la même qualité (on reste sceptique devant la remarque de Legolas à propos de la couleur du soleil).
Enfin, si les scènes humoristiques avec les hobbits ne sont pas déplacées, d'autres sont assez pesantes et puériles (les rots de Gimli par ex), même elles amusent certains et personnalisent le film, elles contribuent au décalage du ton par rapport à celui du ivre.
Conclusion
Malgré quelques moments qui sont des réminiscences du texte original, le mauvais rendu de l'immortalité des elfes, la simplification des contextes (situation géopolitique et historique) et surtout, l'absence des thèmes de fond, font que ces films sont beaucoup trop réducteurs par rapport au roman. Evidemment, on peut toujours justifier et expliquer la nécessité des simplifications car aucun film ne peut être aussi riche et détaillé qu'un livre telle que LotR mais le fait est là: ces films sont réducteurs.
En résumé, le réalisateur et les scénaristes ont privilégié la forme au fond.
Si on considère que le public est juge de la réussite d'un film, ces films sont des réussites indéniables, tant commerciales qu'artistiques, remplissant leur rôle de divertissement, ce qui est le but premier pour une oeuvre cinématographique.
Mais de par l'absence des thèmes centraux (mortalité en tant que don, immortalité en tant que fardeau) de l'oeuvre de Tolkien, ces films ne peuvent aucunement prétendre être une bonne adaptation de cette dernière.
Une adaptation respectueuse consisterait à ne pas idéaliser les elfes, montrer que le temps et leur mémoire leur sont des fardeaux dus à l'"immortalité" et leur tentation d'y échapper. Ceci, associé à quelques allusions au don d'Iluvatar pour les hommes et leur erreur de le renier, donnerait une oeuvre plus profonde, mieux centrée sur les thèmes chères à Tolkien, respectueuse dans l'esprit de la mythologie. Ainsi, même à défaut d'avoir un film fidèle dans la forme, il le serait dans le fond.
Aux personnes qui voudraient connaître le legendarium de Tolkien, je leur conseillerais vivement de ne pas voir ces films avant de lire ses livres sous peine de se faire une idée fausse de LotR et de se laisser imposer une vision superficielle, aussi impressionnante soit elle. En deux fois deux mots: bons films, mauvaise adaptation.
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Parfait,100% d'accord.
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sur Gollum, je ne suis pas d'accord. dans les films également, c'est la dureté de Sam, puis la violence des Hommes, qui pousse Gollum à reprendre le dessus sur Sméagol ; pour ma part, en lisant le livre, j'ai toujours conçu le passage avec Faramir comme important dans l'échec de la rédemption de Sméagol. PJ avance cet échec, mais l'annonce avec des éléments proches de ceux de Tolkien.
sur le fait général que la fin de l'Anneau est une victoire de la pitié, j'ai déjà indiqué dans un autre fuseau que c'est à mes yeux plus compliqué que cela. si Gollum avait été définitivement "vaincu" par Sméagol grâce à la pitié de Frodo, l'Anneau n'aurait pas été détruit. c'est l'échec de la rédemption qui sauve la Terre du Milieu, si on pousse la logique au bout ! alors oui la pitié sauve le monde, mais au prix de la vie de celui dont on a eu pitié et qui ne s'est cependant pas sauvé. Gollum se sacrifiant pour Frodo ? mouais. alors Gollum meilleur au bout du compte que Frodo, incapable de se sacrifier lui-même ? mazette !
quant à la main d'Eru, on peut la voir aussi dans le fait que Frodo lui réussit à se rattraper, comme je l'ai dit dans le fuseau sur les premières réactions. on peut même interpréter cette fin comme plus positive pour Frodo que ne l'est le livre, puisque Frodo trouve l'énergie de ne pas tomber d'abord, de rattraper la main de Sam ensuite. on peut ne pas aimer cet ajout, mais on peut en tout cas l'interpréter dans différents sens ;-)
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A Lothiriel
Tu oublies un détail important: le serment de Gollum.
Qu'avait il juré avant tout?
Que craignait il avant tout?
Frodo, incapable de se sacrifier? Il s'était déjà sacrifié en acceptant de porter l'Anneau!
Comment savoir s'il ne se serait pas jeté dans le feu une fois qu'il aurait réclamé l'Unique pour sien?
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Stalker : ok sur le serment de Gollum, même si quand il jure "de ne jamais le laisser l'avoir, de le SAUVER", c'est une formulation suffisamment ambigue pour laisser la porte ouverte au refus de voir Frodo jeter l'Anneau. Il me semble d'ailleurs que dans le livre il y a un passage où Gollum réalise que Frodo veut détruire l'Anneau et que cela le bouleverse complètement, le faisant douter de sa fidélité. me trompé-je ?
en revanche, quand tu écris "Comment savoir s'il (Frodo) ne se serait pas jeté dans le feu une fois qu'il aurait réclamé l'Unique pour sien?", je souris en complétant "comment savoir si Gollum se serait jeté ?" "comment savoir si Sam ne serait pas précipité pour prendre l'Anneau à Frodo et se jeter à sa place pour le sauver" ? comment savoir si Gollum n'a pas maudit Frodo pendant sa chute ?
Frodo s'est évidemment sacrifié en portant l'Anneau, mais on parlait de la chute de Gollum, qui aurait pu éventuellement être volontaire si Sméagol avait dominé Gollum. or, je n'y crois pas une seconde : question d'interprétation personnelle, bien sûr, puisque nous ne sommes qu'en mesure d'imaginer ce que Tolkien n'a pas écrit.
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A Lothiriel
Oui, question d'interprétation personnelle...
Encore que Tolkien avait écrit à ce sujet. Dans la lettre 246, Tolkien avait imaginé ce qui se serait apssé si Sméagol s'était repenti juste avant Cirith Ungol.
The interest would have shifted to Gollum, I think, and the battle that would have gone on between his repentance and his new love on one side and the Ring. Though the love would have been strengthened daily it could not have wrested the mastery from the Ring. I think that in some queer twisted and pitiable way Gollum would have tried [not maybe with conscious design] to satisfy both. Certainly at some point not long before the end he would have stolen the Ring or taken it by violence [as he does in the actual Tale]. But 'possession' satisfied, I think he would then have sacrificed himself for Frodo's sake and have voluntarily cast himself into the fiery abyss.
I think that an effect of his partial regeneration by love would have been a clearer vision when he claimed the Ring. He would have perceived the evil of Sauron, and suddenly realized that he could not use the Ring and had not the strength or stature to keep it in Sauron's despite: the only way to keep it and hurt Sauron was to destroy it and himself together - and in a flash he may have seen that this would also be the greatest service to Frodo.
Extrait de la lettre 246 "From a letter to Mrs Eileen Elgar [drafts] September 1963"
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Stalker, en écrivant mon post précédent ce matin, je pensais bien qu'il y aurait un érudit pour m'éclairer sur le point de vue de l'auteur, merci donc ;-) Mais désolée pour le professeur, moi je n'y crois pas. Tolkien m'a trop convaincu de la force de l'Anneau ou a trop noirci ailleurs le trait sur Gollum, que sais-je ? j'imagine beaucoup plus l'Anneau reprenant toute son autorité sur celui qui l'a possédé si longtemps et qui en est rongé si fortement. et puis, en termes de rédemption, je préférerais voir Sméagol mourir tranquillement de la vieillesse qui l'aurait enfin rattrapé que d'un suicide fut-il salvateur pour la terre entière.
est-ce que Tolkien explique pourquoi il n'est pas allé au bout de cette logique-ci, préférant montrer l'échec de l'amour au bout du compte, comme cause de la victoire finale du "bien" ?
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pardonnez-moi de prendre le fil de la conversation au vol, je n'ai il est vrai pas eu l'occasion de tout lire, mais je voudrai réagir et apporter un point de vue..
tous les éléments que j'ai m'amènent à penser que Gollum ne se serait pas sacrifié pour frodon, par contre une petite idée vient de me traverser l'esprit :
gollum n'écoute pas son précieux, il n'écoute que lui-même, l'anneau veut revoir sauron quand c'est bien la dernière chose que voudrait gollum.
l'importance de l'anneau pour gollum est indiscutablement élevée à un point si haut que jamais rien ne pourra l'égaler, mais cette importance n'est due qu'à sa dépendance du précieux, dépendance qui n'est jamais assouvie, car même quand il le possède, cela le brûle. bien moins je vous l'accorde que quand il le recherche, mais là n'est pas la question. gollum, rentré en possession de son anneau, après avoir tant traversé d'épreuves, ne pourrait-il accepter l'idée de mourir avec l'anneau ? comme le ferait un amant ? il ne veut pas qu'il soit détruit car il ne conçoit pas vivre sans, or s'il meurt avec il lui appartiendra dans la mort. de plus, gollum savait parfaitement qu'il était en pays noir, en plein coeur du mordor, et que l'oeil savait où il se trouvait, dans ces conditions il perdrait l'anneau à tout jamais.
considérant tout cela, le suicide "par amour" ne serait-il pas réellement envisageable ?
j'espère ne pas avoir répondu trop à côté...
au fait stalker, un petit bonjour au passage, si tu te souviens de moi ;)
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Bravo, Stalker : critique très pertinente, bien construite, instructive et sans polémique inutile (avec débat intéressant à la clef).
Bref, une lecture aussi plaisante qu'une chronique de Semprini (à propos : pourquoi ne pas en avoir écrit une pour la version longue des "Deux Tours" ? Semprini, à ta plume ! :)).
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Oui en effet, bravo!
Tu viens d'éclaircir mes propres pensées.
Aryador, pour répondre à ta remarque, je dirais simplement que Gollum, dans le passage de la destruction de l'anneau était tellement obnibulé par la pensé de sauver et de retrouver son anneau qu'il n'a certainement pas put penser au moyen de se délivrer de celui-ci (En se jettant au feu par exemple)
De plus, comme nous l'a clairement montré Stalker, sa mort fut accidentelle dans le livre, même si elle fut en quelque sorte une délivrance (de toute maniere je suppose qu'il serait mort de viellesse peu aprés, 500 ans c'est vieux!).
Pour le reste, voir le message d'introduction.
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je crois que je me suis mal exprimé Gil Fustuor, je ne concevais pas la mort de gollum comme une délivrance de l'anneau, loin de là, mais plus comme justement le moyen de demeurer avec lui dans la mort, donc dans cette optique, une immortalisation de leur relation, vu que pour lui ils ne pourront plus jamais se quitter...
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Mouais... on peut disserter sans cesse de ce que Gollum aurait pu faire " après" s'il n'était pas tombé. Je ne le vois pas, moi, se suicider en détruisant l'anneau. Je ne le vois pas réussir là où Frodon et Isildur ont échoué. Je suis sans doute plus pesimiste que le Profeseur....
Gollum, lorsqu'il réussit à s'emparer de l'Anneau, est heureux. Il est fou de joie. Il n'est pas suicidaire, loin de là !. Il a réussi, enfin ! Et il aurait agi comme celà même si Sam avait agi autrement ( entre parenthèse, je ne comprends pas bien pourquoi il est si important que ce soit l'attitude de Sam plutôt que celle de Faramir qui le détourne de la rédemption... ). Et l'anneau est plus fort que Gollum. Suffisamment fort pour lui faire comprendre qu'il ne doit pas être détruit.
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Argh ! J'aimerais beaucoup participer à ce fuseau, le post de Stalker est très intéressant et invite à la discussion.
Mais pour ne pas répondre "hors sujet", encore faudrait-il que j'arrive à saisir exactement les propos de Tolkien dans la lettre citée ... (ceux qui me connaissent savent mon peu de maitrise de l'anglais !)
Quelqu'un pourrait-il me traduire l'extrait cité par Stalker ?
Existe-t-il des sites où on peut trouver des traductions de "Letters"
j'ai cherché sur JRRVF, trouvé la traduction de nombreux fragments des Letters, notamment la 246, mais pas le fragment cité.
SVP, si vous avez le temps quand vous donnez des citations en VO, pensez à ceux dont le niveau d'anglais ne leur permet pas de comprendre précisément ce qui est dit
Merci !
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A Lothiriel:
La même lettre que j'ai citée parlait d'une "logique" de l'histoire qui fait que Sam ne pouvait réagir autrement (Et j'extrapole qu'il en est de même pour Gollum).
... His repentance is blighted and all Frodo's pity is (in a sense ) wasted. Shelob's lair became inevitable.
This is due of course to the 'logic of the story'. Sam could hardly have acted differently. (He did reach the point of pity at last but for the good of Gollum too late.
A Aryador (et aussi pour Lambertine):
Oui, je suis d'accord avec toi. En disparaîssant avec l'Unique, Gollum devenait son dernier possesseur. Puisque personne d'autre ne pouvait le lui prendre par la suite, il le "possédait" pour l'éternité d'une certaine manière.
C'était la seule façon pour lui de le garder car il avait déjà rencontré Sauron et il était conscient qu'il ne pouvait le gardait contre ce dernier.
Se jeter dans le feu avec l'Unique était le seul moyen pour lui de concilier tous ses désirs: garder l'Anneau, empêcher Sauron de le récupérer (il avait répété à plusieurs reprises qu'il faut tout faire pour que Sauron ne récupére pas l'Anneau), ne plus être tourmenté et... tenir son serment vis à vis de Frodo.
Pour Lambertine:
Evidemment, Gollum ne se serait pas tué dans le but de sauver la Terre du Milieu. Il ne peut être comparé à Frodo ou à Isildur d'un point de vue héroique. Mais n'oublie pas que Gollum possédait l'Unique depuis près de 500 ans, imagine un peu son tourment...
A Sylvae:
Attention, traduction personnelle, non littérale et à la volée :-)
Donc, Tolkien parlait du cas où Sam aurait réagi autrement:
"Je crois que qu'il y aurait eu une lutte entre sa repentance et son nouvel amour d'un coté et l'Anneau de l'autre. Bien que l'amour était renforcée quotidiennement, elle n'aurait pas pu prendre le dessus sur l'Anneau. Je crois que d'une façon bizarre et pathétique, Gollum aurait essayé (sans avoir un plan conscient) de satisfaire les deux. Il aurait certainement volé ou prit l'anneau peu avant la fin (comme il l'a fait dans l'histoire actuelle). Mais une fois la possession satisfaite, je crois qu'il se serait sacrifié pour le bien de Frodo et se serait jeté volontairement dans le feu.
Je crois qu'un effet de sa partielle génération par l'amour aurait été une vision plus claire quand il réclamait l'Anneau. Il aurait vu le mal de Sauron et réalisé qu'il ne pourrait utiliser l'Anneau et qu'il n'aurait pas la force de le garder: le seul moyen de garder l'Anneau et de toucher Sauron était de détruire l'Anneau et lui même ensemble et dans un flash, il aurait vu que c'était le plus grand des services pour Frodo."
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Sméagol était attaché à Frodon et Frodon à Sméagol, parce qu'ils étaient réciproquement les seuls à pouvoir comprendre ce que signifiait l'annneau et la souffrance qu'il engendrait pour son porteur. Mais il y avait aussi Gollum, Gollum qui voulait l'anneau au moins autant que Sauron et qui prit le dessus sur Sméagol dès que l'anneau revint en sa possession. Gollum est un hybride issu de l'anneau et de Sméagol, il est un infime morceau de Sauron.
Et il aurait fallu un temps plus long pour que Sméagol se sacrifie volontairement, et ce temps ne lui fut pas donné. Gollum (car Sméagol n'existait plus qu'à peine à cet instant) perd l'équilibre et tombe dans le volcan de façon totalement involontaire et disparait avec l'anneau. Mais ce n'était pas le but recherché, c'était juste une fausse manip'!
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