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Bonjour à tous les amoureux de Tolkien.
Bilbo, LSDA et le Silmarillion représentent l'oeuvre littéraire qui m'a le plus marqué. Je n'exagère pas en estimant avoir lu l'ensemble une douzaine de fois.
C'est pour moi un univers "familier", un peu comme un rêve récurrent, ou à la rigueur un endroit exceptionnel où l'on aime à se retrouver seul de temps en temps.
J'ai l'impression de connaître plus ou moins intimement nombre de personnages. J'entends encore chanter Galadriel, et psalmodier Aragorn...
Je pense que les films de PJ sont bons, proches de l'esprit Tolkiennien, d'où ma crainte :
Vais-je "perdre" MON univers Tolkiennien au détriment (profit ?) de celui de PJ ?
Et ma question :
Quelqu'un est-il dans ce cas : regretter d'avoir vu les films, car ayant perdu ses propres images, musiques, lieux et personnages ?
Voilà, je suis tenaillé entre l'envie de voir, et la peur de perdre :-)
Merci de m'aider...
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Tout d'abord sois le bienvenu sur ce forum.
Pour ta question je ne peux donner qu’une opinion personnelle. Je crois qu’il est effectivement très difficile de se créer sa propre imagination lorsqu’on a déjà vu un film avant de lire le livre. C’est la raison pour laquelle j’oblige mes enfant à lire les livres avant d’aller voire une adaptation (quelque soit le livre). Mais dans ton cas je pense que les choses sont différentes. Si tu a déjà lu le SdA une douzaine de fois tu as ta propre TdM en tête et dans le cœur et je ne crois pas que les adaptations de PJ seront suffisantes pour te la faire oublier. En ce qui me concerne les deux SdA existent, le mien et celui de PJ. J’aime les deux mais celui de PJ n’a pas pris le pas sur l’autre, bien au contraire.
Amicalement
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Bonsoir Vingilot!
J'aurais tendance à dire comme Jean que, ayant lu et relu le livre, tu dois être a peu près immunisé contre le film. Ledit film est assez beau, mais quand on connaît déjà par coeur le livre, on a l'esprit plutôt critique... Quelques trahisons n'ont pas été pardonné ! Je le regarde quant à moi comme une reconstitution historique plutôt réussie d'un épisode lointain de l'histoire du monde... Comme si un palantir oublié nous remontrait quelques passages de cette aventure, mais parfois de façon un peu flou, ou dans le désordre.
Franchement, aucun risque. J'avais lu le livre seulement une fois avant de voir le film, et quand j'imagine la Comté en le relisant à présent, c'est la première image qui m'apparait. Donc, une douzaine de fois...
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Bienvenu à toi Vingilot.
Puissions-nous te lire souvent (©Cédric).
Je ne pourrai pas te répondre, n'ayant pas succombé et n'ayant aucun désir de le faire.
La plupart des amoureux de la Terre du Milieu ne regrettent pas l'avoir vu, il me semble ; au contraire, c'est pour eux l'occasion de grands moments de rire et de détente entre deux sujets sérieux. Ceux que je cottoyais cet après-midi s'accordaient même pour trouver dans ces réalisations des « détails bien réussis ; l'ennui c'est ... tout le reste » (©Gilles Hi ! Hi ! Hi !)
Ceux qui n'ont pas visionné ne regrettent pas ne pas l'avoir vu (bien qu'"ils" soit sans doute exagéré pour désigner ... un et demi j'ai l'impression :)) : je puis t'assurer parvenir à suivre les commentaires de mes collègues sans mal et rire autant qu'eux.
Jérôme :)
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Je n'ai pas vu les films. Et quand certains me font remarquer qu'il faudrait que je les voie avant d'être certain qu'ils ne me plairaient pas, je réponds que nul n'est besoin de se taper sur la tête avec un marteau pour savoir que ça fait mal.
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D'un autre côté comment savoir si un gâteau est bon sans le goûter ? ;)
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Une seule chose à faire : run like the wind and don't look back !
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Merci à tous de vos avis, cela m'aide
Et c'est agréable de constater je ne suis pas le seul à me poser cette question :-)
Je finirai bien par les voir ;
J'espère, comme disent Jean et Isabelle, que les deux peuvent "cohabiter", les films devenant une illustration sans effacer notre imaginaire... Mais la puissance évocatrice des images est forte, surtout quand c'est bien fait, ce qui, je crois, est le cas.
Godwin, tu sembles par contre n'avoir aucun doute :-) d'où te vient cette certitude ?
Au plaisir de vous lire.
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"la puissance évocatrice des images est forte", en effet.
J'ai lu, j'ai vu, j'ai vaincu. J'ai lu puis j'ai vu [Vingt ans après:)], enfin j'ai vaincu [l'image].
Après les films, j'avais un peu de mal à penser à Frodon sans imaginer Elijah Wood. Puis j'ai été guéri:) ; Elijah s'est éloigné petit à petit et Frodon est revenu à grands pas. Désormais, je regarde ces films, effectivement et critiquement, comme une reconstitution historique.
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le cinéma n'est pas l'aboutissement de la littérature
les récits de tolkien n'ont jamais eu besoin des films de PJ pour exister dans mon esprit
puisse ma modeste contribution éclairer ton dilemme
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Pour prendre une autre image peut-être plus parlante, je pense que les trois films de Jackson sont à Tolkien ce que les fast-foods sont à la cuisine. Et donc, de même qu'il ne me viendrait pas à l'idée d'aller manger dans un fast-food, sachant que ce ne sera absolument pas à mon goût, je ne regarderai pas ces films.
Ceci dit sans méchanceté aucune envers les amateurs de fast-foods et/ou de Jackson: tous les goûts sont dans la nature.
Certes, je perds peut-être, allez savoir, l'occasion de vivre une révélation gastronomique fracassante ou d'avoir une illumination cinématographique bouleversante, mais pour le coup, là, j'ai justement de gros doutes.
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Avec la cuisine de nos jours, c'est plus qu'une affaire de contexte tout ça.
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Je commencerais par une citation de Sir Thomas Beecham : "You should try everything once, except incest and folk dancing". Traduction : "Vous devriez tout tenter une fois, sauf l'inceste et les danses traditionnelles". Et personnellement, pour les danses traditionnelles ça ne me gène pas.
Tout ça pour dire que c'est un peu bête de s'interdire de voir les films de Peter Jackson. D'ailleurs contrairement à ce que je lis sur ce forum ils ne sont pas complètement mauvais. Ils sont bourrés de contre-sens notamment au niveau moral et "politique", ils sont parfois (et même souvent) d'assez mauvais goût, d'accord. Mais enfin ils ont quelques qualités qui font qu'on peut les conseiller à des fans des bouquins de Tolkien :
* Je vais en faire hurler certains mais il y a pas mal de passages très réussis ;
* il y a suffisamment de second degré (même si l'humour de Peter Jackson est plutôt lourd) pour qu'on comprenne bien qu'il s'agit de quelque chose entre l'illustration et l'interprétation personnelle du bouquin, et non pas une adaptation définitive et destinée à être unique ;
* cette interprétation personnelle est idéologiquement cohérente, ce qui permet, et c'est toujours intéressant, de voir comment ce livre a pu être compris d'une certaine façon, tordue peut-être mais si ça se trouve pas plus illégitime que la mienne ou la tienne !
Et franchement, ça ne peut pas faire de mal de quitter un peu la vision subjective qu'on a d'un bouquin, fut-ce le Seigneur des Anneaux ! Est-ce qu'on peut y perdre "ses propres images, musiques, lieux et personnages" ? Oui, on les perd un peu et c'est tant mieux, ça permet d'apprécier un peu mieux le bouquin de Tolkien pour ce qu'il est, et un peu moins pour ce qu'on y a apporté soi-même. Et c'est un bouquin qui le mérite.
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"S'interdire" de les voir ? Tu veux dire "s'épargner" ! :D
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Mouais.... euh...bon...
J'endosse ma cuirasse pro-Jackson, là...
Et...
Les films sont ce qu'ils sont : une vision partielle et partiale de l'oeuvre. Erronée ? Sans doute, comme ma vision peut être erronée selon une bonne partie des intervenants ici présents. Une vision de "tolkiendil" pur et dur ? Sans doute pas.
Mais des films qui valent la peine d'être vus quand même.
Ca me fait toujours drôle quand je lis "les films ont modifié ma "vision" de l'histoire, des personnages etc...". Est-elle si fugace ?
Ce n'est que la vision d'un autre. Donc à la lecture, elle devrait pouvoir être remplacée par la vôtre. Sauf si la puissance des images de Jackson est plus forte que celle des mots de Tolkien.
Ce dont je doute.
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L'image est par nature plus forte que la parole, en tout cas plus souvent : elle s'imprime directement, et celle de la télé, du cinéma, plus que toute autre : personne n'a le temps de la filtrer, de la penser, de la critiquer, de l'analyser, au moment où elle est reçue : une autre est déjà arrivée, et une autre ... L'image s'inscrit d'abord obligatoirement avant d'être analysée ; elle s'impose dans l'instant et c'est toute sa puissance (cette efficacité n'est pas toujours un mal : cf. par exemple tout l'intérêt d'un bon schéma de synthèse ...).
La parole (ou l'écriture) n'est pas automatique : elle ne se donne ni ne se reçoit dans l'instant mais dans la durée, elle s'inscrit dans une temporalité, qui permet et même exige l'analyse, l'interprétation ... elle n'est pas directe et elle arrive au même rythme que celui qui la reçoit. Elle lui demande l'effort de la suivre, de l'écouter. En retour elle lui offre toute liberté, à chaque instant, de l'accepter ou non (ce ne sera pas vrai toutefois de fausses paroles, ces mots-images, ces slogans, qui véhiculent et imposent en réalité toute la puissance d'une image ...)
Bien sûr, l'écrit et la parole peuvent pour celui qui en fait l'effort prendre le dessus sur les images, mais cela ne se fait pas tout seul, certainement pas dans notre temps (que certains ont appelé société de spectacle) qui use à qui mieux mieux de messages visuels les plus efficaces possibles : publicité & film à grand spectacle en tout premier lieu. On lira avec intérêt (pour rester modeste) La parole humiliée de Jacques Ellul, lequel a bien des choses en commun avec le professeur Tolkien (ainsi que Sosryko le premier l'avait montré, ici — et nul doute que lui ou un autre en dira plus une autre fois ... :))
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Et j'aurais sans doute pu évoquer, bien qu'un ent vénérable l'eût mieux fait que moi, tout l'intérêt (et l'audace) du principe de l'émission Arrêt sur Image ... qui n'existe plus.
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