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[Édit (Yyr) 2021 : ce fuseau est l'un des nombreux rejetons de l'arbre initial de la traduction des poèmes]
... en dédicace à Isengar, pour son article « Matous, marauds, greffiers et minets — Des Chats dans l’œuvre de Tolkien. » :)
Ce petit poème est extrait des Adventures of Tom Bombadil. La version anglaise est très amusante, et très amusant en est l'exercice de traduction en français, parce que particulièrement retors...
Tout d'abord, les vers impairs de l'original comptent trois accents, les vers pairs deux (à l'exception du vers 23, qui n'a que deux accents) — le schéma n'est pas strict, par contre, dans la répartition des syllabes fortes et faibles ; le seul modèle invariant est le « bacchius » initial des vers impairs : faible fort fort (u _ _), et le fait que chaque vers finisse par une syllabe accentuée. Au sein d'un même vers, les accents riment entre eux ; et les vers pairs riment en plus deux à deux. Parfois, on a plutôt des allitérations (or deep in den, par exemple), parce que tenir pendant 27 vers avec des contraintes pareilles, c'est fatigant :)
Une illustration vaut mieux qu'un long discours, c'est assez compliqué ; ci-dessous, les accents forts sont en gras, les rimes en couleur :
The fat cat on the mat
may seem to dream
of nice mice that suffice
for him, or cream;
Si l'on veut conserver l'aspect ludique et agréable du poème dans la traduction française, il est impossible de faire du strict mot à mot (sans pour autant aboutir à « La petite minette sur sa couette », sans doute très mignonne, mais guère en accord avec « The fat cat on the mat »). Les quatre premiers vers de ma traduction me trottent en tête depuis quelques années déjà, et sont venus assez naturellement. J'ai donc gardé leur schéma pour le reste de la traduction : alternance hexasyllabes (six syllabes) / pentasyllabes (cinq), avec une césure au milieu pour les hexasyllabes (à quelques exceptions près) et rimes internes autant que faire se peut (ou à défaut, allitérations) :
Le gros chat | sur le drap
se prélasse, rêvasse
de souris | bien jolies
ou même, de la crême ;
Je pense difficile d'ajouter à ça les rimes des vers pairs (à moins d'y remplacer par une alternance rimes féminines/masculines, mais même ça est ardu... et je n'y suis pas parvenue :o\)
THE CAT
LE CHAT
The fat cat on the mat
may seem to dream
of nice mice that suffice
for him, or cream;
[5] but he free, maybe,
walks in thought
unbowed, proud, where loud
roared and fought
his kin, lean and slim,
[10]or deep in den
in the East feasted on beasts
and tender men.
The giant lion with iron
claw in paw,
[15] and huge ruthless tooth
in gory jaw;
the paid dark-starred,
fleet upon feet,
that oft soft from aloft
[20] leaps on his meat
where woods loom in gloom-
far now they be,
fierce and free,
and tamed is he;
[25] but fat cat on the mat
kept as a pet,
he does not forget.
Le gros chat sur le drap
se prélasse, rêvasse
de souris bien jolies
ou même, de la crême ;
ou peut-être, dans sa tête,
qu'il ère, mine altière,
où les siens, sveltes, et fins,
forts fiers et féroces,
se battaient, rugissaient,
festoyaient dans l'Est,
dans leur aire, leur tanière,
de bêtes, et d'humains.
Le lion géant, aux dents
sanglantes, gueul' béante,
pattes impitoyables
et griffes de fer ;
le léopard, points noirs
et pieds légers,
qui bondit sans un bruit
sur ses proies, aux bois
brumeux et ténébreux —
sauvages et libres,
ils sont loin à présent :
mais, domestiqué,
le gros chat sur le drap
même apprivoisé,
il n'a rien oublié.
Note : au vers 18, il faut faire une diérèse à « pieds », sinon on n'a que quatre syllabes au lieu de cinq... et j'espère qu'il ne manque pas de syllabes ailleurs, ça fait une bonne dizaine de fois que je recompte :)
Grmf, la traduction espagnole du poème n'a rien à envier à celle d'Hedayat
El gato, ante su plato, hace rato
que sueña: al parecer,
devora en leche y en escabeche
ratones a placer;
mas es posible que, tigre libre,
vaya vagando, cuando,
erguido y furtivo, oye un rugido:
van riñendo y bramando
sus enjutos y ajados congéneres,
guardando en su guarida
del Este, para fiesta de bestias,
gente gorda y mullida.
El enorme león grandullón,
cimitarra afilada
en la garra, y sangrientos e hirientes
dientes en la quijada;
el leopardo pardo, aquel que apresa
por sorpresa, veloz,
cayendo en vuelo del cielo al suelo,
fugaz, voraz, feroz,
allí junto al gemir de la jungla
–ahora juegan lejos,
fieros animalejos,
y él, manso y sin reflejos:
el gato, ante su plato, hace rato
que vive holgada vida.
Pero jamás olvida.
Je tordais du nez devant ma surtraduction des vers 8 et 9, mais mes scrupules sont maintenant effacés :)
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Un tout petit mot : un très grand bravo !
C’est vraiment mauvais, mais le cœur y est.
Eric
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Un tout petit mot : un très grand bravo !
C’est vraiment mauvais, mais le cœur y est.
(Bravo à Laegalad ; ce qui est mauvais, c'est ma première ligne !!)
Eric
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Un grand bravo à Laegalad ; ce qui est mauvais, c'est mon premier "vers".
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Nulle inquiétude, Eric : j'avais compris :) Merci !
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Hrum, Eric a soulevé quelques questions au sujet de ce poème, qui, quoique de détail (à mes yeux du moins :)), m'intriguent. Je n'ai pas de réponses catégorique, aussi je les retransmet ici, au cas où Vincent (par exemple :)) passe par ici et sache que répondre :
Je suis partie pour ma part de l'édition Faërie et autres textes de 2003, qui donne en titre "The Cat". Mais mon édition Pocket de 2002, quoiqu'en piteux état, donne "Cat". Et celle d'Eric datant de 1978 (coll. 10/18) aussi. Un tour sur la toile donne en grande majorité "Cat" tout court, à quelques exceptions près ("The Cat" ou le premier vers : "The fat cat on the mat"). Quel est le titre original ?
Enfin, combien de stophes compte le poème ? Ici, il y en a deux, quoi que ça ne se voye pas puisque j'ai du oublier une balise dans mon html, et il me semble tout à fait logique qu'il y en ai deux (la première présentant le chat dans son environnement apprivoisé, la seconde ses cousins dans leur milieu sauvage), mais pour autant, le poème apparaît parfois sur la toile en un seul tenant (si tant est qu'on puisse se fier à la toile...).
S. -- gavée par le repas de Pâques de sa grand-mère... mes aïeux ! un gros broc d'infusion menthe verveine sera le bienvenu ce soir, et seulement ça ! :)
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Eh bien il me semble que c'est Cat tout court.
Je m'étais posé la même question au moment de la rédaction de mon modeste essai. Je crois que j'ai trouvé la réponse dans la biographie de Carpenter.
I.
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Je me doutais bien qu'une éminence allait pouvoir répondre :) Grand merci, Isengar ! Je n'avais pas pensé à la biographie...
S.
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Merci à Laegalad et Isengar Lechat de(s) Promenade(s). ;)
The complete guide to Middle-Earth donne Cat.
Eric
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