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En lisant avec Gurth "Méditations sur la Terre du Milieu", nous avons été surpris par le nombre de témoignages qui parlaient de l'effet impressionnant qu'avait eu la présence de cartes sur les lecteurs, surtout sur ceux qui ont lu le Seigneur des Anneaux et Bilbo le Hobbit dans les années 60'. Du coup nous nous demandions si l'ajout de cartes du monde imaginaire était vraiment original pour l'époque?
Et est-ce que la profusion de cartes dans les romans de fantasy & cie aujourd'hui est un héritage direct de Tolkien?
Plus généralement, le fait d'ajouter des éléments comme des appendices et annexes (qui comme les cartes contribuent à la "créance secondaire")était-il aussi particulièrement novateur de la part de Tolkien (et de ses éditeurs)?
Dans "Méditations" les auteurs voulant retrouver des récits semblables, avec justement l'ajout de cartes et annexes, disent chaque fois s'être tournés vers les rayons "mythologie" et "histoire ancienne" de leurs bibliothèques. Serait-il possible que le goût de Tolkien pour les cartes et l'envie de les intégrer à ses livres vienne d'ouvrages comme par exemple Beowulf, le Kalevala, etc (qui sont souvent publiés avec des cartes, notes explicatives...)? Sont-elles présentes simplement de par une passion de Tolkien? Ou à cause d'une envie d'imiter justement ce genre d'ouvrages? Ou encore sont-elles plutôt un simple moyen pour lui de rendre son monde plus "réél"? A-t-il parlé quelque part de ses raisons de publier ses livres avec des cartes? (ou même de la raison d'être des appendices?)
Merci de vos réponses :)
Rebeca et Gurth
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Pour le pur plaisir de pouvoir faire le "Up" de Dame Lamberte ;)
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Le Hobbit est peut-être un cas à part car la carte de Thror est un élément même de l'aventure, mais l'ouvrage est accompagné d'une autre carte géographique du même usage que celles du SdA.
Au sujet du Hobbit, La Letter n°163 à W. H. Auden raconte les circonstances de l'apparition du roman. On se souvient tous de l'histoire de la copie d'un élève au dos de laquelle Tolkien écrivit "In a hole in the ground there lived a hobbit". Dans sa lettre à Auden, Tolkien en raconte un peu plus: "I did not and do not know why. I did nothing about it, for a long time, and for some years I got no further than the production of Thror's Map.".
Dans ce cas, la carte de Thror a quasiment précédé l'écriture du récit. La carte "géographique" venant vraisemblablement un plus tard pour l'accompagner.
Toujours est-il que JRRT considérait les cartes comme indispensables.
Dans la Letter n°35 à ses éditeurs, il explique qu'il n'aura ni le temps ni l'énergie de faire des illustrations mais qu'il fera au moins une carte car elle est "nécessaire", et de manière encore plus forte dans la Letter n° 137 à Rayner Unwin, Tolkien écrit: "Maps are worrying me. One at least (which would then have to be rather large) is absolutely essential. I think three are needed: 1. Of the Shire; 2. Of Gondor; and 3. A general small-scale map of the whole field of action. They exist, of course; though not in any form fit for reproduction – for of course in such a story one cannot make a map for the narrative, but must first make a map and make the narrative agree. 3 is needed throughout. 1 is needed in the first volume and the last. 2 is essential in vols II and III. Shall I try and draw them in suitable form as soon as ever I can, and let you have them for the consideration of the Production Department?" (sur les difficultés d'édition des cartes, voir aussi la Letter n° 141 ou encore la n°150, toujours à ses éditeurs : "[...]I must accept your challenge. We must make do with what material I can produce by your return. I hope the Map, which is really the most necessary, will be included.[...]")
Les cartes sont donc un élément essentiel à la réalisation du livre et à sa compréhension par le lecteur.
Si l'on remonte avant l'écriture du Hobbit et du SdA, il y a des cartes dès les premiers travaux de Tolkien sur son monde imaginaire à commencer par celles qui figurent dans le Livre des Contes Perdus; la plus suprenante étant celle qui représente le monde sous la forme d'un vaisseau.. et celle-ci rejoint peut-être votre interrogation sur l'inspiration des anciennes cartes nordiques.
Silmo
PS: sur les Appendices, Tolkien décrit largement leur nécessité dans les Letters, à défaut de pouvoir publier le Silmarillion.
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Merci Silmo de ta réponse aussi détaillée à la question sur ce que représentaient les cartes pour Tolkien :) Tes citations des Letters montrent bien à quel point les cartes font vraiment partie intégrante du récit, et sont pour Tolkien bien plus qu'un simple moyen de rendre son monde plus "crédible" (vu que pour Le Hobbit elles ont même précédé l'écriture).
Reste la question de l'aspect novateur de la chose... quelqu'un aurait une idée? ;)
Rebeca et Gurth
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Sur l'aspect novateur, je n'ai pas d'idées.
A propos du goût de Tolkien pour les cartes, j'ai oublié de dire que c'est un penchant qu'il partage avec Bilbo :-) :
Bilbno le Hobbit, chapitre I. Une réception inattendue Page 25
"- Cela me parait un tres grand trou, vagit Bilbo (qui n'avait aucune expérience des dragons, mais seulement de trous de hobbits). Il oubliait d'observer le silence, tant son intérêt était de nouveau excité. Il adorait les cartes, et dans son vestibule en était suspendue une grande représentant tout le Pays d'Alentour, sur laquelle étaient tracées en rouge toutes ses promenades favorites. [...]"
J'ai aussi jeté un oeil à l'Atlas of Middle-Earth de Karen Win Fonstad pour voir si elle développait un peu ce sujet. Il n'y a pas grand chose sinon un commentaire dans son introduction:
"In 'On Fairy-Stories', Tolkien explain that in order to make an imaginery land (and the stories that taken place within it) believable, the Secondary World must have the 'inner consistency of reality'. The more a Secondary World differs from a Primary one, the more difficult it become to keep it credible. It demands 'a kind of Elvish craft'.".
Comme quoi les cartes participent à la créance secondaire.
Silmo
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