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#1 17-09-2002 21:28

Laegalad
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Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

[Édit (Yyr) 2021 : ce fuseau est l'un des nombreux rejetons de l'arbre initial de la traduction des poèmes]

Moi, je me suis attaqué au chant de Legolas "To the Sea". Désolée pour les puristes, je ne suis pas douée pour l'exercice de versification alexandrins, décasyllabes et Cie. Mais il rime (après quelques sueurs!);-p

To the Sea, to the Sea! The white gulls are crying,
The wind is blowing, and the white foam is flying.
West, west away, the round sun is falling.
Grey ship, grey ship, do you hear them calling,
The voices of my people that have gone before me?
I will leave, I will leave the woods that bore me;
For our days are ending and our years are failing.
I will pass the wide waters lonely sailing.
Long are the waves on the Last Shore falling,
Sweet are the voices in the Last Isle calling,
In Eressëa, in Elvenhome, than no Man can discover,
Where the leaves fall not: land of my people for ever!

A la Mer, à la Mer ! Les mouettes blanches s'envolent,
Le vent souffle, et la blanche écume vole.
A l'Ouest, bien à l'Ouest, tombe l'orbe de la soleil enflammée.
Gris navire, ô navire gris, les entends-tu m’appeler,
ceux de mon peuple qui avant moi sont partis?
Je vais m'en aller, je vais quitter les bois où j'ai grandi;
Car nos jours déclinent et nos années vont diminuant.
Je vais traverser seul le large Océan.
Longues sont les vagues sur la dernière rive déferlant,
Douces sont les voix de l'Ile Perdue m'appelant,
En Eressëa, en Elvenhome, que ne peut trouver aucun Humain,
Où les feuilles ne tombent pas: contrée des miens jusqu'au dernier lendemain!

Voilà ma modeste contribution...

Laegalad

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#2 21-09-2002 14:03

Moraldandil
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

Laegalad a écrit :

Désolée pour les puristes, je ne suis pas douée pour l'exercice de versification alexandrins, décasyllabes et Cie.

Ah, mais ça n’a rien d’obligatoire :-) Il ne s’agit que du choix d’une forme - classique en l’occurrence - parmi d’autres.
Il me semble de toute manière que nous avons affaire ici à un exemple de strong stress verse, à savoir que seul compte le nombre d’accents par vers. Or, cette forme n’a pas d’équivalent en français à ma connaissance. Elle y serait d’ailleurs prosodiquement difficile, vu qu’elle repose sur l’accent de mot, alors que le français a un accent - d’ailleurs assez léger - qui porte sur le groupe syntaxique. Nous sommes donc condamnés à faire autre chose.

Quid des modifications suivantes ?

  • blanche écume - > écume blanche

  • déferlant / m'appelant - > qui déferlent / qui m’appellent  - OK, j’ai commis aussi cet anglicisme dans l’essai pour le Chant de Durin ...

  • traduire Elvenhome : Pays des Elfes ? Séjour des Elfes ?

  • « Humain » me dérange un peu dans l’avant-dernier vers ; j’opterais pour « Homme » en changeant l’ordre, par exemple :

En Eressëa, au Séjour des Elfes qu’aucun Homme ne peut trouver,
Où les feuilles ne tombent pas : à jamais des miens la contrée !

  • Le rythme serait peut-être aussi à voir en certains endroits.

Bonne chance !

Moraldandil

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#3 04-10-2002 17:48

Laegalad
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

Rhhaaa! Moraldandil, tu me désespère! Je ne suis qu'une poétesse dilettante, et ce que tu me dis est quasi du chinois... Ce que je recherche est la musicalité, soit, mais en ce qui concerne le "rythme" dont tu parles... Quésaco? Et j'arrivais toute fraîche avec une autre traduction. Bon, tant pis, je l'expose à ton jugement: voici le (court) poème de Legolas à propos du Lebennin :

Silver flow the streams from Celos to Erui
In the green fields of Lebennin!
Tall grow the grass there. In the wind from the Sea
The white lilies sway
And the golden bells are shaken of mellos and alfirin
In the green fields of Lebennin,
In the wind from the Sea!

D’argent coulent les flots du Celos et de l’Erui
Dans les prés verts du Lebennin !
Haute y pousse l’herbe. Au vent de l’Océan gris
Les lys blancs se balancent
Et les clochettes d’or du mellos et de l’alfirin dansent
Dans les prés verts du Lebennin,
Au vent de l’Océan gris !

Ma traduction me semble plus claire que celle de Ledoux, notamment le cinquième vers.  L’idéal serait bien entendu de faire une traduction en sindarin… Hmmm ; si quelqu’un à le courage de s’y lancer : bonne chance ; entre les écueils du vocabulaire, des lénitions, des conjugaisons, plus les rimes et le nombre de pied, il faut savoir louvayer ! Et ma science du sindarin est trop mince actuellement pour que je m’y lance. sans compter apparement ma science de la poésie ;-)
Siouplai, sois pas trop cruel ;-)Moraldandil! D'ailleurs, pourquoi mon "Humain" ne te plait pas? Où les inversions "blanche écume"? J'appréciais le côté archaïque.
Laegalad

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#4 06-10-2002 14:16

Moraldandil
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

Holà ! Ces mots sont bien forts 8-)

Il ne s’agit en aucun cas de juger ! Mes propos ne se voulaient que de simples suggestions, et basées qui plus est sur mes propres goûts en la matière. Maintenant, de gustibus non est disputandum !

En ce qui concerne la « blanche écume », il se peut que j’aie plus ou moins consciemment voulu prévenir un possible anglicisme dans la syntaxe. Un peu stupide ! :-) Evidemment, une inversion poétique est possible.

Pour « humain »... j’ai plus de mal à m’expliquer. Disons que je le ressens comme moins naturel qu’ « homme ». Mes excuses, mesdames, mais Tolkien emploie « man » qui est tout aussi ambigu...

Quant au rythme, je suis un peu surpris. Parlant toi-même de « musicalité », n’en aurais-tu pas au moins une perception intuitive ? Peut-on concevoir la musique et la poésie sans rythme ?

Ce genre de notion est probablement plus facile à ressentir qu’à définir. Peut-être pourrait-on évoquer le retour plus ou moins régulier d’un élément - prosodique, en ce qui concerne la poésie - permettant de structurer et de caractériser le poème. C’est sur lui que se fonde le mètre, qui peut être entre autres marqué par un décompte régulier des syllabes (cas des mètres de la poésie française classique, du haiku ou du tanka en poésie japonaise...), par un motif accentuel particulier (en poésie anglaise ou allemande), par une alternance dans la longueur des syllabes (mètres grecs classiques et latins)... Chez Tolkien, nous avons plusieurs genres de mètres. Fréquemment, ce sont des vers iambiques, ex. dans le Chant de Durin (Song of Durin):

The world was young, the mountains green,
No stain yet on the moon was seen,
No words were laid on stream or stone
When Durin woke and walked alone.

Strong-stress verse : ex. Chant de la Mer de Legolas (Legolas’ Song of the Sea)

To the Sea, to the Sea ! The white gulls are crying,
The wind is blowing and the white foam is flying.

Vers allitératif : ex. Longue Liste des Ents (Long List of the Ents)

Learn now the lore of the Living Creatures !
First name the four, the free peoples :
Eldest of all, the elf children ;
Dwarf the delver, dark are his houses ;
Ent the earthborn, old as mountains ;
Man the mortal, master of horses

Il y a aussi le rapport des mètres entre eux si le poème en comporte plusieurs : voir par exemple le Lai de Nimrodel chanté par Legolas à l’entrée de la Lothlórien.

An Elven-maid there was of old
A shining star by day
Her mantle white was hemmed with gold
Her shoes of silver-grey

On peut y ajouter d’autres phénomènes de répétition : au niveau des sons, les rimes, les allitérations (retour de consonne), cf. plus haut, les assonances (retour de voyelle) :

Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire.

Racine, Phèdre, I,3

Au niveau de l’expression, divers procédés de style comme l’anaphore (répétition d’une expression en tête de plusieurs membres de phrase)

Rome, l’unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
Rome qui t’a vu naître, et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore !

Corneille, Horace IV, 6 - exemple classique !

ou le parallélisme (un premier sujet est repris et traité d’une manière différente) :

Le miel grésille aux hans de lame,
la miessée gicle aux coups d’épée,
le frimas monte au fond du ciel,
la brume se lève en nuage.

traduction du Kalevala par Gabriel Rebourcet, chant 42

Au niveau de la structure du poème, la présence d’un refrain, les reprises, le nombre, la forme et le rapport des strophes.

La présence d’une structure rythmique permet aussi, par contraste, des effets de rupture ou de décalage lorsque l’on brise la régularité du motif. Par exemple l’enjambement :

Il est de forts parfums pour qui toute matière
Est poreuse. On dirait qu’ils pénètrent le verre.

Baudelaire, Le flacon, in Les fleurs du mal

Est-ce toujours du chinois ? ;-)

Moraldandil

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#5 06-10-2002 15:19

Vinyamar
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

Merci Moraldandil pour ce cours de poésie, c'est génial;

Au fait, je suis d'accord avec toi sur la "blanche écume" et le "Humain"

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#6 13-10-2002 18:49

Laegalad
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

C’est bon, c’est bon, je m’incline ! ;-p J’espère, Moraldandil, que tu n’avais pas pris mal mes mots ?
En tout cas, merci pour ton condensé de cours : du chinois on passe au sindarin, que je comprends beaucoup mieux ;-p Non, je plaisante, j’ai presque tout compris.
I agree avec le mot « homme » qui, il est vrai, respecte mieux la volonté de flou de l’auteur que « humain » (est-ce à dire que les femmes auraient encore accès à Eldamar ? J’aimerais assez ;-)) ; mais je garde ma « blanche écume » ! ;-) Quant à Elvenhome, ne pas le traduire était un choix délibéré de ma part, à tort ou à raison. Je trouvais le terme anglais plus digeste que « demeure des Elfes » ; mais si je devais le traduire, je le ferais ainsi.
Passons à la musique : c’est un domaine où je m’y connais, j’en fait depuis 12 ans. Non, la question que je me posais, c’est s’il y avait une certaine façon de trouver les accents en poésie (anglaise), par un calcul quelconque (babeurk ! mélanger calculs scientifiques et poésie ! ). Apparemment non,  si j’ai bien compris, et ça me rassure. Ce que j’avais trouvé correspond à ce que tu as écrit ; j’ai essayé de mieux les mettre en relief ci-dessous, mais rien à faire, je n’arrive pas à faire ressortir les effets de répétitions et de rappel.

A la Mer, à la Mer ! Les mouettes blanches s’envolent,
Le vent souffle, et la blanche écume vole.
A l’Ouest, loin dans l’Ouest, tombe l’orbe de la soleil enflammée.
Gris navire, ô navire gris, les entend-tu m’appeler,
Ceux de mon peuple qui avant moi sont partis ?
Je vais m’en aller, et quitter les bois où j’ai grandi
Car nos jours sans cesse déclinent et nos années vont  diminuant.
Je traverserai, naviguant en solitaire, le large Océan.
Longues sont les vagues qui sur la dernière rive déferlent,
Douces sont les voix qui de l’Ile perdue m’appellent,
En Eressëa, en la Demeure des Elfes, qu’aucun Homme ne peut trouver,
Où les feuilles ne tombent pas ; à jamais des miens la contrée !

Evidement, je n’y ai plus grand mérite : j’ai intégré sans vergogne tes suggestions. Mais comme j’ai plus de mal, à force de le relire, à juger mon rythme, je ne sais pas si ce second essai est meilleur.  J’ai essayé d’augmenter les sons coulants (mes cours de français remontant à 3 ans, j’ai oublié comment on appelle les sons en « l »), les sons nasalisés ( ? ) ( « on », « en », « m » et « n »), ce qui malheureusement ne remplace pas la prolifération des « -ying » de l’original. Et je viens de me rendre compte que j’ai traduit « Last Isle » par « l’Ile perdue »… Je garde l’erreur, elle me plait 8-) …
Bon, aller, je m’attaque au Lai de Nimrodel ; promis, j’essayerai de ne pas trop le massacrer !
Suilannad !
Laegalad

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#7 16-10-2002 02:12

Moraldandil
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

En ce qui concerne la place des accents en anglais, il existe certains repères, mais le sujet est un peu trop complexe pour être traité ici. Le plus simple est encore de dire les poèmes en s’assurant de la correction de sa prononciation. Le dictionnaire peut être utile.
Pour le rythme, c’est sensiblement plus régulier. C’est vrai qu’il peut être difficile de juger par soi-même. En ce qui me concerne, je me lis plusieurs versions à voix haute avec soin et me fie à mon oreille. Il peut aussi être utile de laisser reposer tout cela un moment avant d’y revenir jeter un œil neuf.

Laegalad a écrit :

Evidement, je n’y ai plus grand mérite : j’ai intégré sans vergogne tes suggestions.

Mais il n’y a pas de gêne à avoir, la critique constructive est précisément faite pour cela !

Questions de phonétique : [l] est une consonne latérale. On regroupe traditionnellement [l] et [r] sous le nom de liquides, peut-être s’agit-il de ce que tu évoques. [m] et [n] sont des consonne nasales, et les voyelles écrites an, on, en, etc. sont dites nasales ou nasalisées.

Quant à l’ « Île perdue », est-ce vraiment une erreur ? L’édition anglaise que j’utilise (Harper Collins paperback 1999, 3 volumes) dit bien « Lost Isle », et vu que F. Ledoux a traduit par « Île Perdue », je pense que c’est la version correcte. Y aurait-il une coquille quelque part ? Pas impossible avec deux épithètes qui allitèrent comme « Last Shore » et « Lost Isle ».

Naturellement, bien des régularités, dont cette allitération, sont hélas perdues en français. On touche là aux limites de la traduction...

Moraldandil

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#8 16-10-2002 20:27

Laegalad
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

Merci Moraldandil! Tu m'as rendu le sourire après une journée où tout est allé de travers ;-)
Le terme que je cherchais était bien "liquide". Et pour le "Last" ou "Lost", j'ai un doute maintenant... Peut-être que j'ai mal lu, finalement. Je suis l'heureuse détentrice de l'édition Harper et Collins et un volume (avec l'image de Gandalf dessus, une de mes préférée ;-p), qui doit dater aussi de 1999... Donc c'est moi qui ai du faire une erreur.
J'ai un problème avec le Lai de Nimrodel: vers la fin, quand Amroth se jette du bateau, Tolkien utilise le mot "mew" ("As a mew..." et je ne me souviens plus de la suite); Ledoux le traduit par "mouette", mon dico me dit "miaulement" et moi "goéland" m'arrangerait... Alors lequel des 3? Bon, entre mouette et goéland, la nuance est faible... Je crois que je choisirais le deuxième. Là, je parle pour ne rien dire. Il y aura sans doute beaucoup de corrections à faire ;-), mais je me fais plaisir!
Bon, encore merci pour ta patience, à ma prochaine viste je mettrai surement mon travail dans le post.
Suilanad!
Laegalad

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#9 26-05-2003 15:28

Laegalad
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

Eho!!! Y'a quelqu'un ? Eho ! ...quelqu'un ? quel écho ;-)
Bien, je réveille le vide :

J’ai repris ma traduction du Chant de la mer de Legolas, en mieux (j’espère ;-)) : dans l’original, on a quatre accents par vers séparés par une césure (strong-sterrs verse, donc), et les rimes sont disposées suivant le schéma aaaa bb aaaa cc. J'ai choisi de traduire cela par un alexandrin, mais sans césure à mi-vers régulière, ce qui reflète le schéma accentuel irrégulier de l'original (et puis aussi parce que je n’y arrivais pas de partout ;-)). Quant au schéma des rimes, je l'ai un peu déplacé en aa bbbb cc bbbb. A mon grand regret cependant, j'ai du supprimer "Where the leaves fall not", qui ne rentrait pas dans le vers.

To the Sea, to the Sea! The white gulls are crying,
The wind is blowing, and the white foam is flying.
West, west away, the round sun is falling.
Grey ship, grey ship, do you hear them calling,
The voices of my people that have gone before me?
I will leave, I will leave the woods that bore me;
For our days are ending and our years are failing.
I will pass the wide waters lonely sailing.
Long are the waves on the Last Shore falling,
Sweet are the voices in the Last Isle calling,
In Eressëa, in Elvenhome, than no Man can discover,
Where the leaves fall not: land of my people for ever!

A la Mer, à la Mer ! Les mouettes blanches crient,
Le vent pousse l'écume blanche qui s'enfuit.
A l'Ouest, bien à l'Ouest, le soleil rond va tomber.
Nef grise, nef grise, les entends-tu chanter,
Les voix des miens qui avant moi s'en sont allés ?
Je vais partir, quitter les bois où je suis né
Car nos jours et nos années vont diminuant.
Je naviguerai seul sur le large Océan.
Longues les vagues sur le Rivage Dernier,
Douces les voix qu'on entend sur l'Ile appeller,
En Eressëa, que nul Homme ne peut trouver,
Au Pays des Elfes ; à jamais des miens la contrée !

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#10 07-05-2005 23:16

Laegalad
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

Je continue dans mes révisions :) Voici donc le Chant de la Mer, de Legolas

L'original est un strong-stress verse, de quatre accents par vers. J'ai choisi de traduire cela par un alexandrin, mais sans césure à mi-vers, ce qui reflète le schéma accentuel irrégulier de l'original. Quant aux rimes, l'original n'en utilise que deux, sur le schéma aaaa bb aaaa bb ; je n'ai pu conserver cette structure qu'en ayant un résultat très peu naturel en français. J'ai donc changé le schéma en aa bbbb cccc bb.

Un autre effet était à conserver : les répétitions à l'intérieur des vers : To the Sea, to the Sea, West, west away, Grey ship, grey ship, I will leave, I will leave. Du fait de mon changement de schéma rimique, je n'ai pu conserver le parallélisme des vers 3 et 4 avec les vers 9 et 10, si ce n'est en utilisant les mêmes termes (tomber, appeler).

Legolas's Song of the Sea

Chant de la Mer de Legolas

To the Sea, to the Sea! The white gulls are crying,
The wind is blowing, and the white foam is flying.
West, west away, the round sun is falling.
Grey ship, grey ship, do you hear them calling,
The voices of my people that have gone before me?
I will leave, I will leave the woods that bore me;
For our days are ending and our years are failing.
I will pass the wide waters lonely sailing.
Long are the waves on the Last Shore falling,
Sweet are the voices in the Last Isle calling,
In Eressëa, in Elvenhome, than no Man can discover,
Where the leaves fall not: land of my people for ever!

A la Mer, à la Mer ! Les mouettes blanches crient,
Le vent s'ensouffle et l'écume blanche s'enfuit.
A l'Ouest, bien à l'Ouest, le soleil rond va tomber.
Gris navire, gris navire, entends-tu appeler,
Les voix des miens qui avant moi s'en sont allés ?
Je vais partir, partir des bois où je suis né
Car nos jours finissent, nos années vont faiblissant.
Je naviguerai seul sur le large Océan.
Longues les vagues sur la Dernière Grêve tombant,
Douces les voix de l'Île Perdue appelant,
En Eressëa, que nul Homme ne peut trouver,
Jamais effeuillée ; pour toujours notre contrée !

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#11 08-05-2005 11:34

Fangorn
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

« Il était une fois, dans les contrées elfiques »...

Un simple fil, pour tisser mon admiration,
Laegalad, envers ta superbe ouvraison. :-)

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#12 08-05-2005 13:03

Laegalad
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

Merci Fangorn :)

Deuxième fournée, qui n’a guère subit de changement : Le chant du Lebennin
Ce poème accentuel alterne vers à quatre accents et vers à deux accents, avec une irrégularité à la fin, où deux vers à deux accents se suivent. Les effets de rimes, s'ils ne semblent pas obéir à un schéma précis (abacbba), pouvait être conservés — en traduisant « sea » par « Océan gris »... pour le reste, une traduction littérale suffit à garder l'alternance vers courts, vers longs, et j’obtiens même sans guère d’effort quelques rimes internes, qui compensent le manque d’allitérations.

Song of Lebennin

Chant du Lebennin

Silver flow the streams from Celos to Erui
In the green fields of Lebennin!
Tall grow the grass there. In the wind from the Sea
The white lilies sway
And the golden bells are shaken of mellos and alfirin
In the green fields of Lebennin,
In the wind from the Sea!

D'argent coulent les flots du Celos et de l'Erui
Dans les prés verts du Lebennin !
In the wind from the Sea  Haute y pousse l'herbe. Au vent de l'Océan gris
Les lis blancs se balancent
Et dansent les clochettes d'or du mellos et de l'alfirin
Dans les prés verts du Lebennin,
Au vent de l'Océan gris !

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#13 05-09-2010 15:38

shudhakalyan
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

J'ai commencé à lire, avec beaucoup de plaisir et d'intérêt le Chant d'Eärendil traduit par Moraldandil et le Chant de la mer de Legolas traduit ici par Laegalad. Ce dernier me semble superbe mais, même avec les explications fournies par Laegalad dans le fuseau Traduire les poèmes : théorie, j'éprouve d'énormes difficultés à le lire à haute voix avec la bonne scansion.

Laegalad a écrit :

5_ Strong-stress meter

Bon, et bien, je n’ai presque plus rien à dire ;-). Ce mètre est la forme de poésie native des langues anglaises et germaniques, dont la poésie accentuelle et allitérative n’est qu’une forme compliquée. Seul importe le nombre d’accents par vers, le reste (pied, rimes…) n’est pas pris en compte. Le schéma le plus classique est de 4 accents par ligne. C’est celui qu’on retrouve dans Legolas’s Song to the Sea :

To the Sea, to the Sea ! The white gulls are crying,
The wind is blowing, and the white foam is flying.

J'éprouve beaucoup de difficultés à lire ces vers sans accentuer aussi "white" à chacune des deux lignes et, du coup, je suis assez incertain sur le reste de l'accentuation du poème.

J'ai trouvé un beau livre sur la poésie anglaise que je mets en ligne sur Scribd. Une fois que ça sera fait, je mettrai ici le lien.

Si vous avez des pistes, notamment Laegalad, pour m'aider à mieux lire ce poème... Est-ce qu'il fait partie de ceux que Tolkien a enregistrés ? Ou y en a-t-il de comparables lus par Tolkien ou par d'autres qui pourraient m'aider à lire ces poèmes ?

S.

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#14 05-09-2010 18:28

Laegalad
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

Effectivement, accentuer sur "white" est plus naturel. C'est ce que je ferai maintenant, en tout cas ^_^ Aucune idée de si Tolkien a fait un enregistrement du poème, par contre, désolée.

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#15 06-09-2010 02:17

shudhakalyan
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Re : Chants de Legolas : À la Mer & Lebennin

Un ouvrage de référence d'introduction à la poétique anglaise... Ici.

s.

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