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#1 15-01-2003 19:40

Moraldandil
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Le Chant des tertres de Mundburg

[Édit (Yyr) 2021 : ce fuseau est l'un des nombreux rejetons de l'arbre initial de la traduction des poèmes]

Un cas particulièrement délicat est celui des chants des Rohirrim, qui sont composés en vers allitératifs comme ceux du vieil-anglais (tiens donc…). Rien de similaire n'existe en français. Que faire alors si l'on souhaite une traduction poétique ? Essayer d'adapter la forme même me semble voué à l'échec : la prosodie du français, et notamment ses particularités d'accentuation (accent peu marqué lié au groupe syntaxique) s'y opposent. Il est donc nécessaire de choisir une autre forme poétique appropriée.

Je me suis essayé à traduire le chant des tertres de Mundburg - ci-dessous. Le vers est un alexandrin non rimé, choix guidé par plusieurs raisons :
- le vers allitératif est basé sur l'opposition de deux hémistiches (half-lines en anglais) reliés par l'allitération, l'emploi en français d'un vers fortement césuré m'a donc paru souhaitable pour reproduire tant bien que mal le rythme qui en résulte ;
- le ton du poème est nettement héroïque, élevé, et de ce point de vue les résonances littéraires de l'alexandrin sont appropriées - ce qui ne veut pas dire, bien entendu, qu'il ne s'est pas écrit d'alexandrins légers ;
- l'absence de rime évite par contre un effet trop classique, outre qu'elle est conforme à l'original et à la poésie en vers allitératifs en général.
Pour ce qui est de l'allitération (initiale ou interne), je n'en ai pas fait un usage systématique, mais je ne l'ai pas fuie non plus quand elle se présentait sans - trop - forcer le texte.

A vous de juger du résultat.

Song of the Mounds of Mundburg

We heard of the horns in the hills ringing,
The swords shining in the South-Kingdom.
Steeds went striding to the Stoningland
As wind in the morning. War was kindled.
There Théoden fell, Thengling mighty,
To his golden halls and green pastures
In the Northern fields never returning,
High lord of the host. Harding and Guthláf,
Dúnhere and Déorwine, doughty Grimbold,
Herefara and Herubrand, Horn and Fastred,
Fought and fell there in a far country :
In the Mounds of Mundburg under mould they lie
With their league-fellows, lords of Gondor.
Neither Hirluin the Fair to the hills by the sea,
Nor Forlong the old to the flowering vales
Ever, to Arnach, to his own country
Returned in triumph ; nor the tall bowmen,
Derufin and Duilin, to their dark waters,
Meres of Morthond under mountain-shadows.
Death in the morning and at day's ending
Lords took and lowly. Long now they sleep
Under grass in Gondor by the Great River.
Grey now as tears, gleaming silver,
Red then it rolled, roaring water :
Foam dyed with blood flamed at sunset
As beacons mountains burned at evening ;
Red fell the dew on Rammas Echor.

Chant des tertres de Mundburg

Nous ouîmes que les cors criaient dans les collines,
Que les épées brillaient au Royaume du Sud.
Les destriers coururent au Pays de Pierre
Tel le vent au matin. La guerre s'embrasait.
Là tomba Théoden, puissant fils de Thengel,
Qui dans les champs du nord plus jamais ne revint
En ses salles dorées et ses vertes pâtures,
Grand seigneur de l'armée. Harding avec Guthláf,
Dúnhere et Déorwine et le vaillant Grimbold,
Herefara et Herubrand, Horn et Fastred,
Tombèrent au combat dans un pays lointain :
Aux tertres de Mundburg sous la mousse ils reposent
Avec leurs hauts alliés, les seigneurs de Gondor.
Ni Hirluin le Bel aux collines des côtes,
Ni le vieux Forlong en ses vallées fleuries
D'Arnach, jamais chez lui dans son propre pays
Ne revint en triomphe ; ni les deux grands archers,
Derufin et Duilin, auprès de leurs eaux sombres,
Les étangs de Morthond à l'ombre des montagnes.
La mort dans le matin comme à la fin du jour
Prit les grands et les humbles. Depuis longtemps ils dorment
Sous l'herbe de Gondor près des eaux du Grand Fleuve.
Maintenant gris de larmes, miroitant argenté,
Rouge alors il roulait ses ondes rugissantes :
Teinte de sang, l'écume flambait au couchant
Comme les feux d'alarme brûlaient dans le soir ;
Rouge vint la rosée dans le Rammas Echor.

Moraldandil

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#2 29-01-2003 19:06

Laegalad
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Re : Le Chant des tertres de Mundburg

_sight_ Comme d'habitude, rien à dire... Seul le "ouïmes" m'a titillé l'esprit, étant peu usité, mais je n'ai pas pu le changer sans perdre la moitié du sens. L'impression de solenalité est bien rendue par l'alexandrin _qui au reste me paraissait la seule solution (mis à part le vers libre, qui aurait donné trop de longueurs à certains endroits). Donc mes félicitations! Je n'aurai pas encore osé y toucher ;-)
Quant à moi j'ai terminé de revoir mon petit bout de The Road goes ever on (la dernière version dans le livre), d'ici sous peu je le posterai ;-)

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