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[Édit (Yyr) 2021 : ce fuseau est l'un des nombreux rejetons de l'arbre initial de la traduction des poèmes]
Au sortir d'une magnifique promenade dans la Lothlórien de par la grâce de l'ami Benilbo, il m'est venu en tête d'en compléter l'enchantement en me plongeant dans un chant de la dame Galadriel. La traduction date à vrai dire d'il y a assez longtemps, mais il me restait quelques points en suspens... La version anglaise est en fourteeners à rimes plates, que j'ai rendus par de fort longs vers de 16 syllabes en français, afin de me donner un peu de place (je ne sais pas s'il existe de terme pour un tel vers, mais j'imagine que ce serait "hexadécasyllabe"). J'ai conservé le système de rimes, avec plus ou moins d'aisance.
Galadriel's Song of Eldamar
I sang of leaves, of leaves of gold, and leaves of gold there grew:
Of wind I sang, a wind there came and in the branches blew.
Beyond the Sun, beyond the Moon, the foam was on the Sea,
And by the strand of Ilmarin there grew a golden Tree.
Beneath the stars of Ever-eve in Eldamar it shone,
In Eldamar beneath the walls of Elven Tirion.
There long the golden leaves have grown upon the branching years,
While here beyond the Sundering Seas now fall the Elven-tears.
O Lórien! The Winter comes, the bare and leafless Day;
The leaves are falling in the stream, the River flows away.
O Lórien! Too long I have dwelt upon this Hither Shore
And in a fading crown have twined the golden elanor.
But if of ships I now should sing, what ship would come to me,
What ship would bear me ever back across so long a Sea ?
Chant d'Eldamar de Galadriel
Je chantais de feuilles, de feuilles d’or, des feuilles d’or poussaient ;
Et je chantais de vent, un vent venait, dans les branches soufflait.
Au-delà de la Lune et du Soleil, la Mer écumait lors,
Tandis que sur la grève d’Ilmarin croissait un arbre d’or.
Il resplendissait sous les étoiles de l’Immuable Soir
Auprès des murs de la Tirion des Elfes en Eldamar.
Là longtemps les feuilles d’or ont poussé sur les branches des ans,
Alors qu’ici en Outre-Mer les larmes tombent à présent.
O Lórien ! l’Hiver s’en vient, le Jour nu, sévère, effeuillé ;
Les feuilles choient dans la rivière, au loin s’y trouvent emportées.
O Lórien ! Sur ce rivage trop longtemps j’ai demeuré
Et tressé en couronne évanescente l’elanor doré ;
Mais si je chantais de navire, en viendrait-il un pour me faire
Jamais traverser à nouveau les flots d’une si vaste Mer ?
B.
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je réagis peut-être un peu tard... mais j'aime bien ta traduction. Sauf le "si je chantais de navire" qui me rend perplexe d'un point de vue syntaxique?
beau travail en tout cas.
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Et si je chantais de navires, au passage ? :)
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"Mais si des navires je doit maintenant chanter"
Je pense que se serai plus juste!
lenwe
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Dans la série "je ramène ma fraise et je critique alors que j'y connais rien" dont je suis une *grande* adepte, j'aime pas les deux derniers vers :op
Sérieusement, j'avoue qu'en Français je ne les ai pas compris tout de suite (en fait ok, j'ai lu l'anglais avant de comprendre le français).
Et pour ne pas être négative, j'aime bien tout le reste :p
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Lenwë : certes, ce serait plus juste... mais ça dépasse le cadre des 16 syllabes ! Il faudrait que je regarde de plus près... s'il n'est pas possible de conserver la rythmique du fourteeners, ce qui est plus pratique pour chanter, tout de même :)
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Bonsoir,
"Mais si je chantais les navires...".
tout simplement ?
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Et si je chantais de navires, au passage ? :)
Oui, si l'on élide le e muet à la pause, ce qui peut se faire ou non selon que la pause est plus ou moins forte. Etant donné qu'ici c'est une pause forte, une césure, c'est tout à fait praticable. Je n'avais à vrai dire mis le singulier que pour contourner le problème, puisqu'il s'élide quoi qu'il arrive devant voyelle...
Sinon, je suis d'accord que l'enjambement est assez rude ici, et c'est assurément un expédient pour avoir et le rythme et la rime. Encore qu'il y ait d'illustres modèles pour la séparation de termes étroitement liés grammaticalement :-)
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme.
Arthur Rimbaud, Le dormeur du val, v. 9-10
Tolkien lui-même n'utilise pas beaucoup l'enjambement, mais je dois dire que je ne sais pas dans quelle mesure c'est une pratique courante en poésie anglaise, par rapport au français.
Est-ce que le problème n'est pas aussi l'expression "chanter de navires" ? Au début ça m'a paru curieux alors que "chanter de feuilles" ne m'avait pas posé problème... Mais si on a l'un pourquoi ne pas bâtir l'autre ? De toute façon il faut absolument respecter le parallélisme des vers.
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Désolée si je dis une bêtise, mais l'expression "chanter des *mettez-ce-que-vous-voulez-ici*" existe en vrai non?
Y a -t-il une raison rationnelle pour ne pas mettre
Je chantais des feuilles, de feuilles d’or, des feuilles d’or poussaient ;
puis
Mais si je chantais des navires, en viendrait-il un pour me faire
Jamais traverser à nouveau les flots d’une si vaste Mer ?
Et sinon, le "jamais" en plein milieu de l'enjambement me fait bizarre. Bien entendu je n'ai rien à proposer de mieux...
Je cherche ;)
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Alors...
Tout le monde va me jeter des cailloux (ou des pommes de pin), mais...
je rappelle que je n'ai pratiqué la version qu'en prépa, et qu'en prépa, on traduit des extraits pourris d'articles pourris de journaux pourris (mais anglophones cependant). Donc j'ai pas d'entraînement.
Hum, hum.
Donc je propose à la place des deux derniers vers que j'aime pas :
Si je devais chanter un navire, me prendrait-il à son bord
Me conduirait-il jamais au delà de la Mer, à bon port?
Je suis consciente que faire rimer "bord" et "port", c'est petit.
Et que le rythme de mon dernier vers est très haché.
et qu'il faut élider le e de navire, ce dont il n'est pas sûr que ca soit correct, et aussi considérer le ui de conduirait-il comme un seul pied (NON je sais pas manier les diphtongues, honte sur moi).
Et aussi (surtout) que Galadriel ne dirait probablement jamais ça...
Mais ca pourrait être un début de commencement de piste... Non?
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>lalaith : des pommes de pins, mais pourquoi des pommes de pins???? Parce que c'est la saison? les châtaignes à venir bientôt alors?
Sinon je suis d'accord avec ta première proposition (mise au pluriel). Je n'y connais pas grand'chose en technique poétique mais je n'y vois pas d'obstacle, d'autant que le "of" anglais me paraît assez libre de traduction. Mais ce n'est qu'un avis de néophyte.
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Christine : "pomme de pin" est une private joke (^_^)
L'année dernière à Paimpol j'ai lancé une pomme de pin pensant qu'elle passerait au dessus de la tête de notre empereur chéri (Elwë) et en fait elle lui est bien tombée sur le crâne. Du coup maintenant la pomme de pin est l'objet contondant le plus en vogue parmi les gens qui sont venus au moot.
C'est tout !
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Une solution simplissime peut-être, Bertrand? :
Mais si je chantais un navire, viendrait-il à moi pour me faire
Sachant que la pause éliderait dans ce cas le 'e' de navire, comme tu le suggérais plus tôt.
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Excellente idée, Ben. Il me semble que ça passe mieux ainsi. Merci !
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Lalette, je te soutiens ! BURN THE POET ! euhh non... pas lui. Hem... enfin bref
Comme tu le sais, je ne raffole pas de "à son bord" car je suis une indécrottable du sens d'origine, et là à mon goût, ça détourne le sens un peu trop.
Mais je te soutiens dans le fait que tu fais une proposition concrète et applicable !
Voilà, j'ai donc fait le post que je t'avais promis !
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