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#1 12-05-2001 17:00

Eriel
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Abélard et Héloïse

A la demande de Finduril dans le thread "La fin'amor" dans la section Légendaire, je vous fait part de mon petit compte-rendu de la conférence sur Abélard et Héloïse de Michel Rousse le 25 avril dernier (oui, je sais, je suis en retard).

Où est la très sage Héloïs
Pour qui fut châtré, et puis moine
Pierre Abélard à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
C’est ainsi que résume François Villon, dans La Ballade des dames du temps jadis, la tragique histoire d’amour d’Abélard et Héloïse.
Tout d’abord, un peu d’histoire…Quand Abélard arrive à Paris aux alentours de 1100, c’est une bourgade de 2500-3000 habitants. On assiste à un renouveau des études avec la création d’écoles épiscopales. On écrivait en latin et le roman était la langue du quotidien, mais on commence à écrire dans cette langue. C’est aussi le début des troubadours, avec la Chanson de Roland, le réveil des villes et du commerce, ce qui entraîne le développement de la culture et de l’enseignement. Celui-ci se fait dans les cloîtres des cathédrales. On ne se contente plus d’apprendre les textes, mais on essaie aussi de les comprendre. On apprend le latin et on redécouvre ainsi les grands auteurs de l’Antiquité : Virgile, Térence, etc. On assiste alors à la naissance du roman (le genre littéraire) qui était au départ la traduction des textes anciens en roman (la langue).
Revenons donc à Abélard. C’est le fils aîné d’un chevalier. Celui-ci tient une place éminente dans la société. Mais en outre d’être un guerrier, son père est un homme cultivé. C’est pourquoi il ne s’oppose pas au désir de son fils qui veut étudier, alors qu’il aurait dû normalement lui succéder. A cette époque, le clerc commence aussi à prendre de l’importance dans la société. Abélard se rend donc chez Guillaume IX d’Aquitaine, entre Nantes et Poitiers. C’est le grand-père d’Aliénor d’Aquitaine et en outre le premier troubadour. Il utilise la langue d’oc pour chanter l’ivresse de la chair, pour signifier la passion, mais aussi le « bel » amour. Il aurait peut-être influencé la vocation d’Abélard. Ce dernier entre donc dans une école, ce qui peut être profitable puisque peut conduire à de hautes fonctions dans l’Eglise. On ne sait pas grand chose du début de ses études, quand enfin il arrive à Paris, où le niveau est plus approfondi. Il prend goût à la dialectique. C’est un genre nouveau, enseigné en plus de la grammaire, qui consiste en de la discussion avec de la raison. Dorénavant, l’élève ne se contente plus d’écouter son maître en admettant tout, mais prend la parole, pose des questions, critique, pèse le pour et le contre, etc. Ainsi, le maître doit prouver son raisonnement. Il est vite repéré par les maîtres (et sans doute a-t-il des appuis hauts placés). Il part donc à Melun pour donner des cours. Puis il se remet aux études car il veut étudier les Saintes Ecritures (c’est lui qui a inventé le mot « théologie »). Il rentre à la prestigieuse école Notre-dame (pour les mêmes raisons qu’à Melun) où il enseigne la dialectique et la théologie. Selon lui, il faut douter. Mais il applique ses préceptes sur les Evangiles, ce qui provoque de l’enthousiasme, mais surtout une polémique. Il essaie d’éclairer les Evangiles pour comprendre le monde. Il devient célèbre, et riche.
Quant à Héloïse, c’est la nièce de Fulbert, un chanoine. Elle a été élevée dans un couvent où elle a étudié toutes les sciences. C’est pour cela qu’elle est célèbre dans tout le royaume. Fulbert est très heureux d’accueillir Abélard, qui a alors 27-28 ans, chez lui pour enseigner à Héloïse qui elle a entre 18 et 24 ans. Ils s’abandonnent à la passion sous prétexte d’études. Mais Fulbert découvre tout ce qui les oblige aux rendez-vous clandestins. Héloïse tombe enceinte, et en est très heureuse. Leur fils, prénommé Astrolabe sera confié à la famille d’Abélard puis vivra dans un couvent. Abélard l’enlève alors et l’envoie chez des parents. Fulbert est bien entendu furieux car Héloïse est de bonne famille. Abélard lui propose le mariage mais Héloïse refuse et veut rester en otage. Abélard l’épouse quand même secrètement, car si le mariage n’était pas interdit, il était inconcevable pour les clercs de cette époque. Fulbert, pour sauver l’honneur de sa nièce, l’annonce à tout le monde, Abélard nie et met Héloïse dans un couvent pour la protéger. Fulbert croie alors qu’il veut dissoudre le mariage et le fait châtrer. Tous compatissent mais n’ont aucune indulgence. A l’époque l’être faible (i.e. pas viril) n’est rien. Sa carrière est donc brisée. C’est pourquoi il se fait moine et fait prendre le voile à Héloïse. Leur fils, prénommé Astrolabe sera confié à la famille d’Abélard puis vivra dans un couvent. Cependant, Abélard continue à enseigner et se fait de nombreux ennemis. Il est jugé et on l’humilie publiquement,  l’obligeant à brûler son dernier livre. Il se rend à Saint-Denis, où il attire le mécontentement de chacun, est rejeté de partout. Lorsque le chef de Saint-Denis est remplacé, il lui permet de vivre dans un ermitage, le Paraclet, avec quelques étudiants. En 1127 il est nommé abbé de Saint-Gildas en Bretagne. Il ne s’y plait pas du tout, considérant le pays comme sauvage. Lorsque Héloïse est expulsée de l’abbaye d’Argenteuil avec d’autres sœurs, il lui donne le prieuré du Paraclet. En 1140, Abélard est condamné pour hérésie par Saint-Bernard. Il est condamné au silence perpétuel. Trouvant ce jugement injuste il part en référer à Rome. Sur le chemin, il rencontre Pierre le Vénérable, qui est puissant et qui le réconcilie avec les autres. Abélard se rend à Cluny où il mourra.
On sait que leur histoire était de notoriété publique. Il reste une trace de leur passion : leur correspondance, qui est une façon neuve décrire sa vie. Il faut préciser que cette correspondance n’était pas privée. Elle a été écrite 15 ans après les évènements. Héloïse a été blessée d’avoir été abandonnée après son entrée en religion. Elle s’est sentie délaissée, mal aimée. Cependant, son amour n’est pas éteint, et n’arrive pas à y renoncer. Au début de ses lettres, le ton est distant, on trouve des citations, des considérations philosophiques, mais à la fin, elle exprime son émotion et sa passion. Si elle a pris le voile, c’est par amour pour Abélard, pas pour Jésus Christ. Abélard lui répond toujours maladroitement, il n’est pas convaincant. Pour lui, son amour fut pêché, il doit maintenant faire preuve d’abnégation. On peut supposer qu’en fait il avait le même sentiment qu’elle, mais qu’il ne peut pas le déclarer (il a déjà d’autres problèmes). On pourrait quand même lire de l’affection et de l’émotion entre les lignes. On peut aussi penser que c’est une façon de se protéger de son amour, ou qu’il essaie de le sublimer afin d’être réunis dans l’au-delà. Héloïse comprend le message et arrête d’écrire.
Le soin est laissé au lecteur de prendre parti.

Eriel

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#2 14-05-2001 18:56

Greyelm
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Messages : 439

Re : Abélard et Héloïse

Ave,

Pour moi Heloise est bien la plus forte, une perverse qui a parfaitement retenu les lecons d'Abelard et sait tout a fait que dire a quel moment pour garder l'ascendant sur lui meme lorsqu'elle adopte une attitude soumise...
Bref, juste bonjour en passant !!

Greyelm

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