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#1 26-02-2002 18:47

Cedric
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Inscription : 1999
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Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

Ce fuseau fait suite à la proposition exposée dans le fuseau FAQ.
Tâchons donc ici de démontrer si Tolkien est ou non un auteur pour enfants, question qui retient l'attention de beaucoup de personnes qui n'ont pas lu Tolkien.


Cédric.

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#2 26-02-2002 20:05

Finrod
Inscription : 2002
Messages : 381

Re : Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

C'est vrai qu'il s'agit là d'une question intéressante.
Tolkien a bel et bien écrit des contes et histoires pour les (ses) enfants (Roverandom, Mr Bliss, les lettres du Père Noël, etc.). On peut également ajouter The Hobbit "car c'est un livre pour enfants" nous dit Humphrey Carpenter dans sa biographie. "Même s'il l'a repris dans sa mythologie, Tolkien n'est pas devenu trop sérieux ni même adulte dans son récit, il s'en est tenu à son idée première qui était d'amuser ses enfants et peut-être ceux des autres".
Son point de vue sur les rapports entre enfants et contes évoluera largement par la suite comme en témoigne son passionnant essai "Du conte de fées" (Ce changement aura d'ailleurs pour conséquence de faire regretter à Tolkien certains passages du Hobbit).
Mais si le Hobbit a pu être écrit à l'origine pour les enfants, il en va tout autrement de sa mythologie, le Silmarillion. Ce texte qu'il a commencé à écrire pendant la première guerre mondiale continuera à l'occuper pour le reste de sa vie. La création de langues imaginaires tout comme celle d'une mythologie cohérente était pour Tolkien une affaire sérieuse (l'oeuvre de sa vie) et une affaire d'adultes. Tolkien se disait d'ailleurs "sous-créateur" d'un monde secondaire, et si ce monde était sans conteste un monde de contes de fées, le Professeur pensait que de tels mondes n'étaient pas nécessairement réservés aux enfants (cela pouvait même être une grave erreur de le faire).
A ce projet pour le moins sérieux se rattache le LotR, au départ simple suite du Hobbit, mais qui a acquis au fur et à mesure de son avancement un statut particulier. Tolkien écrira d'ailleurs à son éditeur en 1938 que la suite du Hobbit "oubliait les enfants" et était "plus adulte" (L. 34). Selon Carpenter (et sans doute pour Tolkien également), le LotR était davantage la suite du Silmarillion que celle du Hobbit puisque la mythologie constituait désormais l'arrière plan de l'histoire, histoire d'ailleurs plus sombre que celle du Hobbit.
Alors Tolkien, auteur pour enfants ? Sans doute en ce qui concerne une partie de son oeuvre. Les enfants (et les adultes !) pourront prendre un grand plaisir à lire les histoires de Bilbo le hobbit ou celles de Rover. En revanche, pour ce qui concerne le LotR ou le Silmarillion, ce serait faire un amalgame dnagereux et infondé de les associer aux enfants sous pretexte qu'ils relèvent de la catégorie des contes de fées. Cette catégorie était selon Tolkien une branche naturelle de la littérature et ne devait pas être négligée.

Finrod.

PS : Ce ne sont que quelques commentaires à chaud. Il faudrait que je réfléchisse davantage à la question. Excusez-moi (et corrigez-moi) pour les bêtises que j'aurai pu raconter et pour le style pas terrible terrible ;-)

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#3 26-02-2002 20:07

Finrod
Inscription : 2002
Messages : 381

Re : Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

oh là là, je me relis et que de fautes de frappe ou d'ortographe ! Veuillez encore m'excuser :-)

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#4 26-02-2002 20:22

Silmo
Inscription : 2002
Messages : 4 093

Re : Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

Je crois me souvenir (HoME V ou VI, il me semble) que, sitôt les avoir mis sur le papier, Tolkien fit lire les premiers chapitres de LotR au fils d'un de ses amis pour reccueillir son avis. Celui-ci devait avoir une dizaine ou une douzaine d'années, pas plus.
Aussi, on peut supposer qu'au départ au moins, il voyait LotR comme une suite au Hobbit et donc plutôt destiné aux enfants.
Mais il est vrai que cette conception changea radicalement par la suite.

S'agissant du Hobbit, ça fait très longtemps que je ne m'y suis pas replongé mais j'ai comme le souvenir d'un changement de ton au fur et à mesure du récit: plus enfantin au départ, plus adulte ensuite.
Mais ce n'est peut-être une fausse impression.

Silmo

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#5 26-02-2002 20:39

Finrod
Inscription : 2002
Messages : 381

Re : Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

Pour ma part, je relis justement le Hobbit en ce moment et le ton me semble assez léger pour l'instant (j'en suis au chapitre 3). Le Hobbit fut lu avant sa publication par Rayner Unwin, le fils de Stanley, l'éditeur de Tolkien. A l'époque (1937), Rayner avait environ 10 ans. Rayner lu l'année suivante (1938 donc) les premiers chapitres du "nouveau Hobbit" (le LotR) et Rayner les apprécia. Les chapitres du LotR étaient également lus par Tolkien à ses enfants, sa femme et aux Inklings (dont notamment son ami CS Lewis). Lors de l'écriture des premiers chapitres, Tolkien considérait bel et bien qu'il écrivait la suite du Hobbit (c'est ce que son éditeur lui demandait d'ailleurs). Toutefois, ce qui intéressait vraiment Tolkien était son Silmarillion et c'est sans doute la raison pour laquelle le LotR s'en rapproche au fur et à mesure de l'avancement de l'écriture.
Pour ce qui concerne le style, et parce que le livre se rapprochait de la manière du Silmarillion (un style un peu archaïsant convenant selon lui à un récit de ce type), le début du LotR est écrit très différemment des chapitres suivants (il est plus léger). Toutefois, Tolkien ne changea pas le style des premiers chapitres.
Ces informations sont tirées de la biographie de Carpenter.

Finrod.

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#6 26-02-2002 20:40

Semprini
Inscription : 2000
Messages : 613

Re : Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

C'est une certitude Silmo. Le Seigneur des Anneaux fut bien commencé comme une suite de The Hobbit, sans lien avec la Terre du Milieu, narrant les aventures de Bingo, le neveu de Bilbo. Et puis, fin 1938 si je me souviens bien, Tolkien eût soudain l'idée d'utiliser l'Anneau et la mention d'un certain Nécromancien dans "The Hobbit" pour rattacher son livre à sa mythologie, un peu comme Balzac décidant un jour de faire revenir ses personnages dans sa Comédie Humaine. Et le SdA devint ce livre "immensément long et complexe, terrifiant et pas du tout pour les enfants" que nous connaissons (la citation exacte, tirée des "Letters" se trouve, traduite par ses soins, dans l'introduction du livre de Vincent Ferré).

Finrod est en tout cas dans le vrai. Il faut distinguer deux veines littéraires. 

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#7 26-02-2002 20:42

Semprini
Inscription : 2000
Messages : 613

Re : Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

Désolé Finrod, nos messages se sont croisés. :)

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#8 26-02-2002 21:10

Silmo
Inscription : 2002
Messages : 4 093

Re : Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

Merci à tous deux. Vous êtes sans pitié ;-)

En fait ce que j'avais en tête, c'était d'écrire (je suis vraiment allé trop vite):

"au départ au moins, il voyait LotR comme une suite au Hobbit; On peut donc supposer qu'il était plutôt destiné aux enfants".

Bref, j'ai placé ma supposition au début de la phrase alors qu'elle ne concernait que la seconde partie...

Bon maintenant, les "Letters" sont en commande à la FNAC - vivement que je les reçoive; comme qui dirait, c'est maintenant une réception depuis longtemps attendue :-))

S'agissant du conte, on peut l'envisager du point de vue de la seule écriture (ce serait un choix) mais peut-être aussi sur le plan des thèmes abordés et de la construction des mythes.

Je m'explique: le Silmarillion est à l'écrit d'un style archaïque et d'une complexité tels qu'il s'éloigne a priori du conte pour enfants. Mais si vous vous mettez à raconter à des bambins l'histoire de Beren et Luthien, celle des Arbres de Valinor, ou le conte de la Lune et du Soleil, le succès est garanti - je vous assure, vous pouvez demander à mes neveux et nièces (bon d'accord, si vous passez à Turin Turambar, vous pouvez leur filer quelques cauchemards , encore qu'en prenant des précautions,... les enfants ne sont pas des imbéciles et ils peuvent savoir très tôt que la vie n'est pas toute rose comme à Marne-la-Vallée).

En conclusion, pensez-vous que cet aspect-là relève aussi de cette fiche ou faut-il s'en tenir seulement à la forme du texte?

Silmo

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#9 26-02-2002 22:47

Finrod
Inscription : 2002
Messages : 381

Re : Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

Aucun problème Semprini. Si nos messages répondaient tous deux à celui de Silmo, le tien complète avantageusement le mien.
Silmo, tu vas voir, les Letters sont passionantes (Je viens moi-même de recevoir mon exemplaire la semaine dernière).
Pour ce qui est de savoir si les contes du Silmarillion (et les contes de fées en général) concernent les enfants, la réponse n'est pas simple. On sait qu'entre 1937, date de la publication de The Hobbit et 1939, date de sa conférence sur "les contes de fées" (d'après H. Carpenter et C. Tolkien), Tolkien lui-même a changé d'idée sur le sujet. En 1937, il était encore sous l'empire des "illusions contemporaines au sujet des contes de fées et des enfants" (cf. Carpenter). Dans son essai, il considère que les contes étaient à l'origine une branche de la littérature et que leur association avec les enfants n'est qu'un accident de notre histoire domestique. Cela ne veut certes pas dire que les enfants ne doivent pas lire les contes de fées mais plutôt que ces derniers ne leur sont pas spécifiquement réservés. Certains peuvent certainement leur être accessibles. Voici pour conclure une petite citation de l'essai "On fairy-stories" :
"Then, as a branche of genuine art, children may hope to get fairy-stories fit for them to read and yet within their measure, as they may hope to get suitable introductions to poetry, history and the sciences. Though it may be better for them to read some things, especially fairy-stories, that are beyond their measure rather than short of it. Their books like their clothes should allow for growth, and their books at any rate should encourage it."
(Désolé, je ne l'ai qu'en anglais...)
Pourquoi des contes du Silmarillion ne pourraient-ils pas permettre aux enfants de grandir ? ;-) Toujours-est-il que s'ils peuvent les lire, et même les aimmer beaucoup, ces contes ne sont pas "spécialement faits pour eux.

Finrod

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#10 27-02-2002 15:31

Semprini
Inscription : 2000
Messages : 613

Re : Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

Je crois que notre argumentation pourrait se composer de deux versants.

- Dans un premier temps, il faudrait répondre à la question 'Tolkien un auteur pour enfants?' en se plaçant sur un même plan que ses accusateurs qui ne voient chez lui qu'infantilisme. Ici, la notion d'auteur pour enfants doit être envisagée sous un jour péjoratif. Parmi les arguments que l'on peut avancer pour dénoncer ce préjugé se trouvent la pérennité des thèmes abordés par Tolkien, qui ne se rattachent en rien à l'enfance (e.g., la corruption par le pouvoir, l'immortalité, les mythes et l'Histoire, etc...), la construction en abyme de son corpus mythologique qui exploite une veine très riche de la littérature, la dimension réflexive de son oeuvre (Tolkien a décrit dans ses essais et ses lettres ce qu'il souhaitait faire), ou encore son style. Les "Letters" devraient être citées abondamment.

- Dans un second temps, il faudrait mettre en lumière la conception tolkienienne du conte développée dans son essai 'Du Conte de Fées' comme art littéraire noble, qu'on ne saurait réserver aux enfants sans pour autant qu'ils soient exclus du cercle des lecteurs, et qui prend la forme d'une sous-création éclairant la réalité. Cette fois, la notion d'auteur pour enfants serait envisagée sous un jour positif, l'oeuvre accompagnant dans sa vie le lecteur et vieillissant avec lui au fur et à mesure qu'il en perçoit les différents niveaux de lectures. Des auteurs comme Dumas, Dickens ou Jules Verne qui se lisent jeunes pourraient être appelés à la rescousse.

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#11 27-02-2002 16:13

peregrin took
Inscription : 2002
Messages : 754

Re : Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

^je pense que la presence d'un ancien enfant pourrait etre interessante par ici,je suis desolé d'etre le plus ineptes des internautes.
je pense que les recits de tolkien sont faits pour etre lus a haute voix,de préférence le soir au coin du feu.
je dois dire que les nazguls m'ont bien davantage effrayé que glaurung,et la voix des galgals imitee par mes parents m'ont effrayé terriblement.(et c'est d'ailleurs pour ca que je regrette que dans le film il n'y ait pas eu les galgals)
ce sont des recits,qui peuvent etre lus bien sur à des enfants,mais aussi à des adultes.
La tradition orale s'est perdue un peu ces drnieres annees,et je pense que tolkien avait l'espoir de la ressuciter.(je pense seulement)
Il faut dire egalement que la majorité de bilbo le hobbit a ete compose ainsi,au coin du feu et de maniere a etre lu,et que peut etre tolkien a raconté d'autres recits de ce genre,mais que comme ils n'ont pas étés écrits,ils se sont perdus.(malheureusement pourrait -on dire!)
j'espere avoir fait avancer un  peu le topic.
Pippin

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#12 27-02-2002 18:28

Vinyamar
Inscription : 2001
Messages : 1 813

Re : Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

La distinction que tu fais, Semprini, est excellente, mais elle me fait même penser qu'on pourrait aller jusqu'à prendre le problème à rebrousse poil.
"Qu'est-ce qu'un auteur pour enfant ?"
Indéniablement, il va falloir distinguer l'aspect péjoratif de l'aspect noble. Mais au lieu de faire cette distinction, si on allait dans le sens de Tolkien mêlant les deux visions.
"Qu'est-ce qu'un auteur pour enfant ?"
C'est sans doute un livre qui veut éduquer l'enfant à travers des clichés, des personnages types, ou qui veut l'amuser, le faire rêver (comme Harry Bonhomme).
Que fait un roman pour adulte... ben quand il ne cherche pas à le déprimer pour lui montrer que le monde est pourri, il fait la même chose, avec des moyens différents. On pourrait simplement étendre chaque catégorie:
- éduquer= contre-éduquer, faire réfléchir sans réponse, donner des hypothèses
- amuser = effrayer, décrire un comportement, analyser une société
- faire rêver = faire cauchemarder, pousser au désespoir (Camus), etc...
Reste des romans sans intérêts ou d'autres qui ne sont déjà plus des romans.

Finalement, la distinction livre pur enfant, livre pour adulte ne se fait que dans les moyens, et dans les traits grossis, un peu comme si le dessin animé était fait pour l'enfant, avec des couleurs simples et belles, des animations pas trop complexes, tandis que le film avec tous ses détails visuels était réservé à l'adutle. Mais aujourd'hui, le dessin animé se met à fréquenter les adultes: il incorpore un moyen a priori fait pour les enfants, mais le modifie et lui donne une portée adulte (comparer par exemple Bernard et Bianca et Akira, sortis à peu près au même moment, je crois, ou bien "le secret de Nhim" de don Bluth, qui a l'air pour les enfants mais qui mine de rien du tout est sacrément plus fait pour les adultes (je déconseilerais même à des enfants).
Cet exemple n'est pas hors sujet, c'est pour m'expliquer au sujet du mélange des visions. Tout comme certains ont été les premiers à utiliser le D.A pour s'adresser à des adultes, Tolkien fait partie de ceux qui utilisent un moyen qui a l'air réservé aux enfants pour s'adresser aussi aux adultes.
Attention, je ne veux pas dire que Tolkien leurre les adultes en utilisant un moyen qui a priori ne leur est pas destinné, mais je veux dire que pour Tolkien, cette distinction de moyen n'a pas l'air d'exister.

Je propose de nous battre sur la racine même du problème: il n'y a pas de séparation entre deux mondes, l'un adulte, l'autre enfant, dans le public visé par le conte/ mythe. Si l'on retrouvait les versions originales des contes que l'ont croit bien connus, on se rend compte à quel point ils ne sont pas fait pour les enfants (La petite sirène, Barbe bleue, Cendrillon, Blanche neige, La reine des neige, Peau d'âne, la princesse et les 7 cygnes, etc...)
un enfant pourra quand même les lire et les comprendre, mais l'adulte s'y retrouvera mis en cause bien plus sûrement.

"Tokien, un auteur pour enfants ?", devrait aboutir à "Le conte, adressé aux adultes ?"
(mais c'est déjà ce qui se profilait) :-)

Vinyamar

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#13 28-02-2002 02:08

Finrod
Inscription : 2002
Messages : 381

Re : Fiche n°2 : Tolkien, un auteur pour enfants ?

Il est effectivement tout à fait certain que les contes n'étaient pas du tout addressés aux enfants à l'origine. Mais au cours du temps, le genre "conte" a cessé d'interresser les milieux aisés et bourgeois pour se voir reléguer au statut de divertissement populaire ou pour enfants. On en vint à étudier les contes comme un élément du patrimoine populaire national (les frères Grimm) ou à publier des recueils de contes spécifiquement pour les enfants (A. Lang) alors que le conte s'adressait primitivement à tous les publics. On peut toutefois remarquer à titre d'anecdote que le danois Andersen (la petite sirène, le vilain petit canard), se rendant compte que ses contes plaisaient également à certains adultes, fit retirer la mention "pour enfants" qui figurait sur ses livres. Mais il s'agit là d'une exception et, dans l'opinion générale, les contes de fées étaient associés aux enfants depuis au moins le XVIIIème siècle.
Mais la définition que donne Tolkien du "conte de fées" est assez particulière et ne correspond pas forcément à l'image qu'on en a habituellement. Il ne suffit pas pour une histoire qu'elle soit merveilleuse ou qu'elle comporte des animaux qui parlent pour être qualifiée de "conte de fée". Ainsi, les aventures d'Alice ou d'autres qui relèvent du rêve ne sont pas à proprement parler des "contes de fées" pour Tolkien.
Le "vrai" conte de fées nécessite selon le Professeur une activité de sous-création. Cela signifie que le conteur doit rendre son "monde secondaire" crédible et acceptable pour le lecteur, de sorte que ce dernier puisse entrer dedans et aller au-delà d'une simple "suspension volontaire de l'incrédulité". Il s'agit là d'une affaire sérieuse qui n'a aucune raison d'être réservée aux enfants et qui est susceptible d'intéresser tout lecteur. C'est en ce sens que, comme le dit Vinyamar, la distinction entre moyen pour adultes ou pour enfants n'a pas lieu d'exister pour Tolkien. Il s'agit bien d'un préjugé, imaginaire = pour enfants qu'il s'agit ici de combattre.
Il peut effectivement être intéressant de mettre Tolkien, comme le suggère Semprini,  en parallèle avec des auteurs comme Verne ou Dumas, pouvant intéresser autant les enfants que les adultes. Les enfants apprécieront peut-être simplement l'histoire tandis que les adultes (ou les enfants grandissant avec leurs relectures) pourront s'émerveiller devant les poèmes et chansons, la dimension philosophique de l'oeuvre, les langues inventées, etc.
Toujours est-il que certains textes de Tolkien comme le Hobbit sont plus naturellement susceptibles de plaire aux jeunes lecteurs (mais pas exclusivement à eux ;-)) que certains passages du Silmarillion, des contes et légendes inachevés ou même du Seigneur des anneaux. Il faut donc bien distinguer plusieurs facettes de l'oeuvre de Tolkien.
Comme quoi ce n'est pas parce que l'on parle d'elfes ou qu'une histoire est merveilleuse qu'elle est l'oeuvre d'un "auteur pour enfants" (mais c'est bien de là que vient le préjugé consistant à associer Tolkien à un auteur pour enfants).

Finrod, peu clair à cette heure (et qui espère qu'il ne se répète pas trop).

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