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Puisque je ne ne peux pas vraiment poster ici la suite de « La Tempête », comment puis-je répondre à certaines des questions qui m'ont été posées ?
Peut-être en achevant le premier jet de mon récit cosmogonique ? C'est très imparfait, mais ça pourrait donner un peu de contexte. Et puis celui-là, je ne me vois pas trop l'inclure dans un livre, en tout cas pas sous cette forme. Et puis comme il était en suspens jusque-là, aucun des membres du forum ne l'a encore lu.
Il fut un temps avant que ne soit compté le temps, où les Ballaï erraient dans le vide de l’éther. Pendant des âges innombrables, ils voyagèrent dans le vide en dansant, et là où ils passaient, leur danse fit résonner l’éther. Et l’écho de cette musique éveilla les étoiles, et l’éther s’illumina d’une myriade de joyaux scintillants au rythme de leur danse. Là où s’arrêtèrent les Ballaï, ils façonnèrent des merveilles qu’aucun chant humain ne parviendrait à rendre. Car puissante était leur voix, et la substance du monde obéissait à leur parole. Mais toujours les Ballaï repartaient, car leur cœur n’était point en repos et la tâche qu’ils s’étaient donnée n’était point achevée.
Or il advint qu’ils virent Lánas de loin, et ils décidèrent d’y établir leur demeure. Mais Lánas était encore nue et rien n’y vivait. Aussi les Ballaï façonnèrent des luminaires pour l’éclairer et ils assemblèrent des nuées pour l’abriter. Mais luminaires et nuées se heurtèrent, et les nuées firent tomber sur la terre une partie de la lumière céleste, et ainsi naquit l’arc-en-ciel. Et les luminaires dispersèrent une partie des nuées et celle-ci tomba sur la terre, et ainsi naquit la pluie. Et la lutte des luminaires et des nuées engendra le feu qui court sur la terre et les eaux qui l’irriguent. Lors intervinrent les Ballaï, et ils fixèrent le rythme selon lequel devaient briller les luminaires et le rythme selon lequel les nuées apporteraient le repos. De ce temps sont comptés les jours et les nuits, et les Ballaï mirent dans le ciel une couronne de lumière et d’ombre pour rappeler l’alliance des luminaires et des nuées. Mais toujours certains luminaires voulurent briller malgré les nuées et certaines nuées cherchèrent à masquer les luminaires.
Et les Ballaï voulurent enrichirent Lánas et ils y introduisirent l’étincelle mystérieuse qui donne la vie. Et bientôt poussèrent l’herbe sur les terres et l’algue dans les mers. Et les herbes et les algues grandirent et prirent d’innombrables formes, de la plus infime à la plus grande. Et les Ballaï donnèrent aux plus grandes le nom d’arbres et leurs permirent d’élever leur ramure jusqu’aux cieux et de plonger leur racine jusqu’au tréfond des terres. Et les Ballaï façonnèrent encore des animaux pour peupler les profondeurs des mers et les confins des cieux et toute l’étendue des terres. Et ils leur donnèrent une multitude de formes, de la plus infime à la plus grande.
Et l’homme marcha sur Lánas, et il est dit qu’il n’entrait point dans le plan des Ballaï, mais qu’ils se réjouirent à sa vue. Et ils se chargèrent de l’enseigner et de le protéger. Car loin de Lánas rôdaient toujours des êtres qui se repaissaient de la destruction et qui brisaient les œuvres des Ballaï s’ils les trouvaient. Lors les Ballaï se réunirent et se demandèrent comment ils pourraient protéger Lánas d’un tel sort, car jusqu’alors leurs luttes n’avaient jamais vu de vainqueur et leurs œuvres étaient bien souvent brisées ou gâchées lorsqu’éclataient ces conflits. Et la plus pure des Ballaï, que d’aucuns nomment Žiráčel, entonna un chant de pouvoir et tous les Ballaï l’appuyèrent de leur voix, et jamais depuis des éons n’avaient-ils formé un tel chœur. Et leur chant fit vibrer tout l’éther et les étoiles dansèrent dans le ciel. Et leur danse fit tomber une pluie de lumière et les Ballaï la recueillirent et ils la façonnèrent sous la forme d’un globe. Ainsi fut formé le Cœur d’étoile, que l’on nomme l’Inžilsaɣ. Et grâce au Cœur d’étoile, ils repoussèrent les Ténébreux et les confinèrent loin de Lánas.
Lors débuta le Matin de Lánas, et les Ballaï se créèrent un Jardin au cœur de Lánas, d’où ils pouvaient contempler leur œuvre. Sous la lumière de l’Inžilsaɣ, la nature prodiguait ses dons en abondance et jamais ne se voyaient difformités ou maladies. Et les hommes se réjouirent, car ils n’avaient plus à peiner pour manger et se vêtir. Et les Ballaï furent heureux, car ils voyaient que leurs efforts avaient porté leurs fruits. Mais une partie de ces fruits leur fut amère, car les hommes ne désiraient rien de plus que de demeurer auprès d’eux, et leur enseignement devint une tutelle dont les hommes ne voulaient point se détacher. Et la jalousie fit son apparition et poussa certains à se hausser du col pour demeurer plus près des Ballaï. Et d’aucuns s’en irritaient, car ils auraient bien voulu garder pour eux seuls les connaissances qui leur avaient été dispensées. Et d’autres encore négligèrent leurs avis et leurs conseils pour devenir les serviteurs de leurs seuls appétits.
Et les Ballaï s’affligèrent, car ils percevaient que les Ténébreux avaient corrompu le cœur de l’homme et que les hôtes qu’ils avaient invité dans leur Jardin y avaient introduit le germe de la brouille et de la discorde. Aussi les Ballaï mirent-ils les hommes en garde, car leur félicité présente n’était point un dû et elle pouvait leur être ôtée s’ils n’amendaient leurs voies. Mais peu d’hommes eurent la sagesse d’écouter d’une oreille attentive, et la plupart retournèrent bientôt aux travers qui étaient les leurs. Il s’en trouva même qui endurcirent leur cœur et affirmèrent que si les Ballaï leur refusaient les bienfaits de l’Inžilsaɣ, il n’était que de s’en emparer pour que les hommes jouissent à jamais de sa lumière. Devant pareille folie, les Ballaï se lamentèrent et comprirent que jamais les hommes ne se corrigeraient s’ils n’étaient laissés libres d’apprendre de leurs erreurs.
Alors les Ballaï décidèrent de dissimuler l’Inžilsaɣ loin de Lánas, là où jamais la convoitise des hommes ne l’atteindrait. Quant à eux, ils quittèrent leur Jardin désormais souillé et ils se retirèrent sur l’Île Lointaine, où ils pourraient continuer à veiller sur le havre qu’ils s’étaient choisi. Mais ils haussèrent en falaises inaccessibles les rivages de leur île, et ils l’entourèrent de récifs, et ils l’environnèrent de nuées tempétueuses pour que nul homme ne puisse jamais y mettre le pied. Et le Jardin abandonné des Ballaï se flétrit, car la lumière qui le nourrissait et les gardiens qui le cultivaient étaient partis. Et il devint un désert et les hommes se dispersèrent aux quatre coins de la terre et ils durent à nouveau peiner comme aux premiers jours. Et certains d’entre eux cherchèrent où les Ballaï s’étaient retirés, mais ils ne les trouvèrent point. Et la mémoire du Jardin s’effaça, et la lumière de l’Inžilsaɣ devint l’objet de légendes, mais quelques-uns continuèrent d’honorer le nom des Ballaï et d’espérer leur retour.
Sur les rivages de l’Océan, la mémoire de leur sagesse longtemps perdura, et leur secours continuait d’être invoqué dans les difficultés et dans les périls. Il se trouva même certains marins pour affirmer qu’au milieu des tempêtes, leurs serviteurs leur étaient apparus pour les retirer du danger. Et il y en eu pour prétendre que qu’ils avaient aperçu de loin la terre où les Ballaï s’étaient retirés par-delà l’Océan, mais que leurs messagers les avaient avertis de ne point s’en approcher. Et les hommes frayèrent leur propre chemin, et bien souvent ils trébuchèrent et se heurtèrent les uns les autres. Mais pour ceux qui gardaient le souvenir des jours bénis, la mémoire des Ballaï les aidait à se relever. Car ils croyaient qu’ils continueraient à veiller sur eux de loin, jusqu’au jour où l’homme serait devenu sage et où ils l’appelleraient à nouveau pour qu’il l’aide à rétablir leur Jardin.
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