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#1 10-02-2009 14:35

Silmo
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Expositions temporaires & musées

Plutôt que de lancer un nouveau fuseau à chaque fois qu'on voudra parler d'une exposition (cf. les Celtes et les Scandinaves), peut-être est-il plus simple d'ouvrir celui-ci où l'on pourra les annoncer en vrac.
Nous sommes dans l'Espace libre puisqu'il ne s'agit pas de Tolkien.

J'ouvre le bal pour signaler au musée du Louvre du 26-02-2009 au 18-05-2009 :

"Imaginaire de l'Arioste, l'Arioste imaginé"

A travers les amours, les combats et les voyages des chevaliers du «Roland furieux» de l'Arioste, cette exposition propose une réflexion sur les influences réciproques de l'image et du texte dans la création artistique et littéraire.
Ludovico Ariosto (1474 - 1533), écrivain et homme de cour au service des princes d'Este, publie en 1516 à Ferrare la première édition du "Roland furieux". Cet ample poème chevaleresque (près de 40 000 vers) respire l'exubérance, la grâce et la curiosité intellectuelle de la Renaissance italienne. Avec ses magiciens et ses forêts enchantées, ses combats fabuleux, ses chevaliers extravagants et ses troublantes héroïnes, c'est un formidable réservoir d'images. L'Arioste les puise dans la tradition romanesque et courtoise du Moyen Âge, qu'il conjugue à d'autres thèmes issus de l'Antiquité et de la culture littéraire et visuelle de son temps. Dès sa publication, l'oeuvre jouit d'une immense fortune, suscitant des interprétations multiples dans les arts figuratifs, au théâtre et à l'opéra. C'est à un libre cheminement à travers l'imaginaire du Roland, de ses sources et ses échos à la Renaissance jusqu'à quelques-uns de ses développements dans la France des XVIIIe et XIXe siècles, que cette exposition nous convie.

Pisanello, 15ème s.

S'il y a des parisiens intéressés pour aller s'y promener (ou visiteurs de passage dans notre belle capitale), faites moi signe...

J'ai également ouï dire qu'à partir de fin octobre 2009 jusqu'à janvier 2010, la Bibliothèque nationale de France (site François Mitterrand) présentera une exposition intitulée: «La légende du roi Arthur»... dont on aura le temps de reparler le moment venu.

Silmo

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#2 10-02-2009 18:02

vincent
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Re : Expositions temporaires & musées

beau post, silmo !
l'expo arthur sera proche de celle proposée à rennes, mais un peu différente (l'expo rennaise était articulée autour d'un manuscrit conservé dans cette ville, je crois)

amicalement,
v

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#3 10-02-2009 20:25

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Trop sympa Vincent :-)
Mais rendons à César ce qui n'est pas à Silmo : le texte en petits caractères, j'y suis pour rien. C'est un copier/coller de la présentation de l'exposition sur le site du musée du Louvre.

Sois certain que si j'avais eu l'audace de rédiger un paragraphe sur l'Arioste, j'aurais commencé par un truc du genre "Orrlaandooooooooooo ..." façon légolettes :-D

Silmo

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#4 08-05-2009 01:54

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées


infos sur des expos parisiennes:

L'été approche et bientôt l'exposition " TARZAN " qui réjouira les elfes sylvains et autres funambules arboricoles du 16 juin au 27 septembre au Musée du Quai Branly.

Histoire de patienter, une double exposition va ouvrir dans les prochains jours simultanément au musée national du Moyen-Age (à l'Hotel de Cluny dans le 5ème) et au musée national de la Renaissance (au château d'Ecouen).

Cette manifestation est intitulée "Le miroir et le bain".

Elle est consacrée, du 20 mai au 21 septembre, aux soins du corps et à la toilette depuis l'antiquité.

musée national du Moyen-Age : En donnant à voir l’importation d’un modèle gréco-romain et l’héritage antique dans la pratique des soins du corps au Moyen Âge, l’exposition réunit un ensemble exceptionnel de deux cent cinquante œuvres venues des grandes collections publiques européennes qui renouvellent notre regard sur la société antique et la civilisation médiévale. A l’occasion de la réouverture du frigidarium restauré des thermes de Cluny, le musée propose une exposition qui traite du thème de la toilette et du bain et de la question de la cosmétique et du soin du corps que l’on découvre essentielle à l’Antiquité et au Moyen Âge. Les deux périodes sont représentées à travers une large variété d’objets : nécessaires de toilette comportant des boîtes à fards, vases à parfum, peignes, miroirs, des objets précieux et ordinaires mais aussi des petits outils de propreté. Des sculptures (portraits antiques et statues médiévales), peintures sur vases et peintures sur bois du XVe siècle complètent ce panorama de la beauté entre Antiquité et Moyen Âge. Une analyse chimique menée sur des produits cosmétiques apporte une dimension inédite au projet.
L’Antiquité
Le parcours de l’exposition est chronologique. Les sections consacrées à l’Antiquité évoquent les thermes et leurs décors avec notamment un ensemble de statues d’Aphrodite au bain, un thème hérité du IVe siècle et souvent repris par les copistes romains. Vestige de Pompéi, la peinture murale Echo et Narcisse, prêtée par le musée archéologique de Naples, côtoie des coquilles contenant des fards, issues du même site. L’évocation des soins du corps se poursuit avec des objets de la vie quotidienne, des fards, onguents et parfums. Le grand ensemble funéraire du tumulus d’Herstal (musées royaux de Belgique) souligne le souci de la beauté dans l’au-delà. La cosmétique et les parfums ont inspiré une véritable industrie du luxe. Des objets en métaux précieux provenant d’Italie (miroir de Boscoréale, trésor de l’Esquilin, ...) et des routes septentrionales de l’Empire comme le trésor de Augst (Augst, Römermuseum) voisinent avec des verreries, notamment les célèbres flacons provenant du musée romain-germanique de Cologne. La section de l’exposition consacrée aux formes qui traversent le temps - comme le miroir, le peigne et la pyxide – témoigne de la continuité des usages d’une époque à l’autre.
Le Moyen Âge
Les salles consacrées à l’ère médiévale, rompant avec l’image encore tenace d’un Moyen Âge obscur, montrent au contraire la variété et parfois le luxe des accessoires et des rituels de la toilette. La parure cosmétique d’Erfut (Weimar, TLDA) et les peignes gothiques délicatement sculptés sont des exemples du raffinement que pouvait atteindre certaines pièces. D’une grande complexité, l’art de la coiffure est évoqué à travers de remarquables sculptures dont l’élégante Marie-Madeleine en bois du musée de Cluny.
Loin d’être oubliés, les grands textes antiques sur la question des soins du corps sont reproduits dans des manuscrits somptueusement ornés que l’on pourra découvrir. Certains d’entre eux offrent des images exceptionnelles des bains médiévaux, tout comme la célèbre tapisserie du bain de la vie seigneuriale (musée de Cluny) qui clôt l’exposition.
Une dimension scientifique inédite
Afin de mieux connaître la composition des cosmétiques et leurs usages, une étude menée par le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF-CNRS) et un laboratoire privé a permis l’analyse de 144 échantillons de produits.
Des manuscrits antiques et médiévaux comme le Livre des simples médecines (Bibliothèque nationale de France, 1232) présentent les ingrédients utilisés et les différentes étapes pour la fabrication des cosmétiques. Ces recettes sont confrontées aux résultats des analyses scientifiques.

musée national de la Renaissance : Cent trente objets et œuvres d’art réunis pour restituer au cérémonial de la beauté à la Renaissance toute sa dimension esthétique et sociale. Nécessaires de toilette, palettes à onguents et flacons à parfums, boîtes à fards, miroirs, peignes, éléments de parure des cheveux, sont replacés dans leur contexte et mis en regard de représentations peintes et sculptées. Cette confrontation entre la beauté parfois idéalisée propre aux artistes de la Renaissance et ces témoignages de la culture matérielle et quotidienne permet de mieux comprendre les usages d’une civilisation où l’apparence autant que le soin de soi joue un rôle non négligeable.
Du bain collectif au délassement aristocratique
Si les étuves populaires héritées de la période médiévale n’ont pas encore disparu, le bain incarne au XVIe siècle une forme de sociabilité nouvelle réservée à une élite cultivée et savante, emblématique du mode de vie aristocratique en Europe. Peintures, dessins et gravures de Primatice, Jean Mignon, et Luca Penni laissent entrevoir le luxe des appartements des bains à cette époque. Sobre et imposant, celui du château d’Ecouen, ouvert exceptionnellement le temps de l’exposition, est une éloquente démonstration de cet art de vivre au temps des Valois.
La cosmétologie : traités et « secrets de beauté »
Les soins de beauté complètent l’hygiène du corps. Grâce à l’imprimerie, savoirs et secrets font l’objet d’une diffusion sans précédent. La cosmétologie moderne n’est cependant constituée que de recettes empiriques d’onguents, d’eaux et de poudres.
Pour éviter les « enlevures » (boutons) ou « macules » (taches), pour combattre les ulcères et « oster les rides du visage », on se réfère à des formules testées par des proches. Conservé à la BnF l’étonnant recueil manuscrit de Claude Gouffier, Grand Ecuyer du roi, en fait l’inventaire. Ces recettes sont toutes datées et identifiées par les noms des personnes qui les fournirent telles Louise de Savoie ou Catherine de Médicis.
La toilette et ses accessoires
Le cérémonial de la toilette au cours duquel sont prodigués les soins de la peau et des cheveux, devient au cours du XVIe siècle l’un des privilèges du mode de vie raffiné adopté à la cour, au masculin comme au féminin.
Un genre pictural nouveau se développe : le portrait nu. A mi-corps devant sa table de toilette, dévêtue dans l’environnement familier de sa chambre, espace de réception et non d’intimité, la Dame à sa toilette (musée des Beaux-Arts de Dijon) se définit par une beauté radieuse inspirée des canons antiques, un corps à la fois sacralisé et sensuel.
Cette vocation sociale de la chambre justifie qu’on dispose sur la table de toilette des accessoires composés de matières précieuses : miroirs, peignes et brosses, cure-dents et cure-oreille, éléments de parure, un rarissime coffret-nécessaire de toilette du musée historique de Bâle, têtes de martres (en cristal de roche) censées éloigner les puces, etc…
L’exposition se conclut par une évocation des fragrances utilisées à travers la présentation de toute une variété de luxueux conditionnements : délicat flacon en or serti d’opales prêté par le musée de Londres, étonnants bijoux en forme de pommes de senteurs qui s’ouvrent en plusieurs compartiments parfumés, perles de rosaires imprégnées de senteurs. Tous ces objets précieux et insolites, attestent du raffinement de la civilisation de la Renaissance jusque dans ses aspects les plus intimes.

Je connais des visiteurs (et -teuses) du marché médiéval de Pontoise qui vont pouvoir compléter leurs connaissances et leur panoplie.

Silmo

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#5 07-05-2009 02:22

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées


J'avais oublié de parler d'une autre exposition ouverte depuis fin mars au Château de Versailles et qui se termine le 28 juin... Il est encore temps d'y aller.

Pas spécialement réservée aux empereurs mégalomanes ;-), elle s'intitule Fastes de Cour.

N'y cherchez pas le pardessus gris d'Elwë ou la Blanche mante des Intendants du Gondor mais si vous êtes sensible à ce que l'on appelle aujourd'hui les "métiers d'art", on peut voir dans ces salles les réalisations les plus inouïes de la broderie, de la dentelle ou du tissage de la soie (cette dimension 'technique' étant, à mon avis, bien plus intéressante que le côté bling-bling de l'expo).

Silmo

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#6 11-05-2009 17:36

Elwe
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Re : Expositions temporaires & musées

Tellement classieuse cette collection.
Et une exposition expliquant (enfin!) que le Haut Moyen-Age est très loin de l'image sale qu'on lui prête encore aujourd'hui :o)

Merci Silmo!

E.
NB : normal pour mon pardessus, j'en ai plus que besoin en Alsace! :p

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#7 11-05-2009 17:58

Laegalad
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Re : Expositions temporaires & musées

Irrémédiablement, les robes à panier me font penser à Funes habillée en dona dans La Folie des Grandeurs ^^
http://www.commeaucinema.com/images/galerie/5401_cb479648dd7ca9a6427ea587756745f0.jpg
Par contre, j'aDOre l'habit de couronnement du roi Gustave III de Suède. Mais vraiment. J'imagine très bien Celeborn porter le même. Et je VEUX la même ceinture.
(punaise, même les robes de chambre sont classieuses... une débauche de broderies. J'aime :D)

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#8 11-05-2009 18:59

Laegalad
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Re : Expositions temporaires & musées

Moi, léthargique ? C'est l'effet "tour du cadran" :D

Silmo dans la lune a dit :

   
infos sur des expos parisiennes:

L'été approche et bientôt l'exposition " TARZAN " qui réjouira les elfes sylvains et autres funambules arboricoles du 16 juin au 27 septembre au Musée du Quai Branly.


Tchâ ! :p Je suis plus intéressée par l'expo sur la coquetterie et l'art du bain ^^ (oui, maintenant que j'ai mes petits pots à cosmétiques, fards et savon reconstit'-like, va falloir que je les remplisse d'onguent adéquats :D )

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#9 11-05-2009 19:22

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Pfff... même pas piquée au vif quand on se moque des Sylvains, tu manques d'énergie Laegalad. Va falloir remettre le pied à l'étrier ! ;-)

Si vous faites un tour sur le site de l'exposition "Faste de Cour" je conseille de télécharger le dossier de presse qui propose un Glossaire très intéressant sur le vocabulaire en usage pour désigner les textiles et autres éléments du costume, pp. 32-36 (NB: l'autre glossaire proposé sur le site est un peu moins riche que celui du dossier de presse)

Silmo

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#10 11-05-2009 19:45

Laegalad
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Re : Expositions temporaires & musées

Hrmmm... après la sieste alors... et après le goûter ! :D Je ne vois qu'à peine ce que c'est, Tarzan, à part qu'il a une tenue ridicule et qu'il fait fit de la discrétion qui s'impose en forêt hostile en hurlant sur sa liane...
En fait, quand on me dit "Tarzan", je pense plutôt à ça :
http://www.edstephan.org/Tarzan/strips/calvin.8-22.gif

^_^

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#11 11-05-2009 21:10

Dragon Sacquet
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Re : Expositions temporaires & musées

Laegalad a écrit :
Je ne vois qu'à peine ce que c'est, Tarzan, à part qu'il a une tenue ridicule et qu'il fait fit de la discrétion qui s'impose en forêt hostile en hurlant sur sa liane...

Euh, en gros, tu viens de résumer le personnage. A part peut-être les pectoraux huilés (à l'huile de Moringa?) et la guenon à rajouter.

Genre.

P.

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#12 16-09-2013 13:10

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Tant pis si ça ne concerne pas Tolkien, je sais que je ne serai pas complètement hors sujet ici et dans l'espace libre.

Par Toutatis, c'est la consécration pour notre irréductible gaulois, la Bibliothèque nationale accueille une exposition ASTERIX, du 16 octobre au 19 janvier.

Des détails ?  Ici :
http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_cult … terix.html

Silmo

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#13 17-09-2013 09:58

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

Le 08-05-2009, Silmo a écrit :

Histoire de patienter, une double exposition va ouvrir dans les prochains jours simultanément au musée national du Moyen-Age (à l'Hotel de Cluny dans le 5ème) et au musée national de la Renaissance (au château d'Ecouen).

Cette manifestation est intitulée "Le miroir et le bain".

Elle est consacrée, du 20 mai au 21 septembre, aux soins du corps et à la toilette depuis l'antiquité.

Je garde un très bon souvenir de mes visites de cette exposition "Le Bain et le miroir" de 2009, au musée de Moyen Âge de Cluny d'une part, et au château d'Écouen (prononcer "écouan") d'autre part. Pour celles et ceux que cela intéresse, un article consacré à ladite exposition est toujours disponible en ligne sur le site de la Tribune de l'Art : http://www.latribunedelart.com/le-bain-et-le-miroir

Amicalement,

Hyarion.

[EDIT (24/04/2023): mise à jour du lien hypertexte]

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#14 21-07-2016 13:47

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Vous avez jusqu'au mois d'Octobre pour visiter au Palais des beaux-arts de Lille les très chouettes interventions de ZEP dans les collections permanentes.

Épatant pour rendre la visite d'un musée ludique à ceux que cette idée rebute. Tout est expliqué et drôle, de la préhistoire aux temps modernes. Une des meilleurs expo familiales de ces dernières années, tout le monde en profite, petits et grands.

http://www.pba-lille.fr/Agenda/OPEN-MUSEUM-3-Zep2

Silmo

OPEN-MUSEUM-3-Zep.jpg

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#15 21-07-2016 13:53

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Vous avez jusqu'au mois d'Octobre pour visiter au Palais des beaux-arts de Lille les très chouettes interventions de ZEP dans les collections permanentes.

Épatant pour rendre la visite d'un musée ludique à ceux que cette idée rebute. Tout est expliqué et drôle, de la préhistoire aux temps modernes. Une des meilleurs expo familiales de ces dernières années, tout le monde en profite, petits et grands.

http://www.pba-lille.fr/Agenda/OPEN-MUSEUM-3-Zep2

Silmo

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#16 21-07-2016 23:57

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

Puisque j'ai eu l'occasion d'en parler de vive voix avec Sosryko il y a quelques jours, je me permets pour ma part de signaler ici une très belle exposition parisienne proposée par la Fondation Custodia, jusqu'au 14 août prochain, et consacrée à l'œuvre de Christoffer Wilhelm Eckersberg (1782-1853), un peintre danois qui fut notamment élève du grand maître français du néo-classicisme Jacques-Louis David.

http://www.latribunedelart.com/c-w-eckersberg-1783-1853-artiste-danois-a-paris-rome-et-copenhague
https://www.fondationcustodia.fr/C-W-Ec … -1783-1853


Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783-1853)
Vue à travers trois arches du Colisée à Rome, 1815
Huile sur toile - 32 x 49,5 cm
Copenhague, Statens Museum for Kunst



Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783-1853)
Nu féminin couché, 1811-1813
Huile sur toile - 30 x 26,5 cm
Copenhague, Statens Museum for Kunst



Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783-1853)
Paysage avec un échalier, 1810
Huile sur toile - 58 x 74,8 cm
Copenhague, Statens Museum for Kunst



Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783-1853)
Femme nue couchée sur un lit, 1810-1813
Huile sur toile - 22 x 27 cm
Aabenraa, Collection Christian Panbo



Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783-1853)
Une pergola, 1814-1816
Huile sur toile - 34 x 28,5 cm
Copenhague, Statens Museum for Kunst



Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783-1853)
Étude de nuages au-dessus du détroit d'Øresund, 1826
Huile sur toile - 20,5 x 32,3 cm
Copenhague, Statens Museum for Kunst

Les photos des œuvres disponibles en ligne ne reflètent pas toujours leurs qualités, notamment en matière de lumière et de couleurs : raison de plus, lorsque cela est possible, pour aller voir lesdites œuvres de ses propres yeux. :-)

Amicalement,

Hyarion.

[EDIT : correction d'adresses d'une image et d'un lien hypertexte]
[EDIT 2 (24/04/2023): nouvelle mise à jour d'un lien hypertexte]

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#17 25-08-2016 12:22

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Signalée à partir du 26 octobre et jusqu'au 13 février 2017, dans notre cher musée national du Moyen-Âge, l'exposition "Les temps Mérovingiens"

Plus de précisions dans le programme du musée pour l'automne et l'hiver où on lit : "Au-delà des portraits forgés par les historiens du XIXeme siècle et passés dans la mémoire collective – rois batailleurs et chevelus, reines saintes ou sanguinaires, ministres sages et pieux... – la manifestation met en lumière l’effervescence artistique d’une époque durant laquelle les mouvements des hommes et des œuvres ont enrichi un substrat culturel antique plus vivace qu’on ne le pense souvent [...] Entre permanence de la romanité et mise en place de formes inédites de pouvoir, le début du Moyen Âge est marqué par le développement d’expressions originales souvent méconnues. L’exposition Les Temps mérovingiens offre un large panorama de l’activité artistique et intellectuelle de cette période de trois siècles - entre la bataille des Champs catalauniques en 451 et la fin du règne des « rois fainéants » en 751 – loin de l’image de « barbarie » qui lui était autrefois attachée"

Pourquoi en parler dès maintenant?? Simplement parce que le même programme annonce par ailleurs une conférence, le 14 septembre à 18h30, sur les Mabinogion (récits légendaires de la mythologie galloise) et je me suis dit que ça risquait d'intéresser quelques-uns d'entre-vous. hmm

Silmo

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#18 22-10-2019 06:27

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées


Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901).
Au Moulin Rouge, 1892-1895.
Huile sur toile, 123 × 141 cm.
Chicago, The Art Institute of Chicago.

Puisqu'il n'y a pas que l'exposition Tolkien à la BNF à voir cet automne, signalons également, parmi les nombreuses autres expositions parisiennes de la saison, « Toulouse-Lautrec. Résolument moderne » au Grand Palais du 9 octobre 2019 au 27 janvier 2020. J'ai eu l'occasion de visiter cette exposition quelques jours après son inauguration, en évitant les longues files d'attente de la pleine saison, car fort heureusement ladite expo a ouvert un peu plus tôt dans le calendrier que les autres.

La dernière rétrospective française de l'œuvre d'Henri de Toulouse-Lautrec remonte à 1992, et elle avait eu lieu, déjà, au Grand Palais à Paris, après avoir été présentée à la Hayward Gallery de Londres dès l'automne 1991. Il se trouve que c'est à cette époque, alors que j'étais encore à l'école primaire, que j'ai visité pour la première fois un musée de peinture, à l'occasion d'une sortie scolaire, et qu'il s'agissait précisément du musée Toulouse-Lautrec d'Albi, dans le Tarn. En outre le premier livre d'art que j'ai découvert, enfant, dans la bibliothèque familiale fut un ouvrage de Philippe Huisman et Madeleine Grillaert Dortu consacré à Toulouse-Lautrec. Autant dire qu'il s'agit là d'un artiste dont l'œuvre m'est familière depuis fort longtemps... Je me souviens, lors de ma première visite au musée d'Albi d'avoir surtout été intéressé par les peintures animalières du tout jeune Lautrec (les cartes postales que j'avais acheté au musée, et que j'ai gardé, en témoignent encore), ce qui correspondait fort bien à mon goût précoce pour le dessin animalier (je me suis aperçu plus tard que très jeune, déjà entre 4 et 5 ans, j'avais le souci de donner une impression de mouvement dans la représentation des chevaux, un sujet d'art en commun avec Toulouse-Lautrec enfant). Plus tard, plus grand, je me suis intéressé aux divers autres aspects de l'œuvre de Lautrec, de ses nus d'atelier d'après modèle vivant (exercice que Lautrec pratiqua, avec son condisciple et ami Vincent Van Gogh, dans l'atelier de Fernand Cormon) à son grand travail d'affichiste et d'illustrateur, en passant par ses tableaux et dessins dédiés aux lumières de la nuit, au café-concert, au cirque, à l'opéra, aux maisons closes, et à la vie présente dans toutes les figures humaines croisées dans ces lieux. Pour l'anecdote, s'agissant des maisons closes et de leurs pensionnaires vues par Lautrec, ma familiarité avec le sujet m'a notamment valu d'être sollicité par le Dragon, pour le contenu d'une certaine note de bas de page dans son article sur les lanterniers, portiers et hôteliers de Minas Tirith figurant dans le volume 2 de Tolkien, le façonnement d'un monde.


Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901).
Rousse (La Toilette), 1889.
Huile sur carton, 67 x 54 cm.
Paris, musée d'Orsay.

Moins ambitieuse que la grande rétrospective de 1992, l'exposition organisée cet automne au Grand Palais propose cependant, avec plus de 200 œuvres, largement de quoi se faire une idée de la production dessinée, peinte, lithographiée de Toulouse-Lautrec pour qui ne la connaitrait pas (ou peu, ou mal), avec notamment le concours de la BNF (qui conserve l'œuvre lithographié de l'artiste) : « Viveur, client insatiable des cabarets et des maisons closes, telle est la vision courante de Toulouse-Lautrec (1864-1901), qui se serait contenté de peindre sa vie dissolue de façon expéditive, voire caricaturale. Loin de cette légende encombrante, il convenait de revenir à l'œuvre, son ambition, son sens, son ouverture large sur le monde, que l'artiste a scruté et célébré sans complaisance. L'exposition se propose de le rattacher à la lignée du réalisme expressif, mordant et complice, héritier de Daumier, Manet et Degas. A dix-sept ans, le débutant déclare vouloir déjà « faire vrai et non pas idéal », puis Lautrec fait évoluer son naturalisme vigoureux vers un style incisif et caustique marqué par le Japon, la photographie, les impressionnistes. De plus, électrisé par la vitesse et les inventions du monde moderne, Lautrec livre des images en mouvement, quasi cinématographiques. Liant peinture, littérature et nouveaux médiums, l'exposition trouve son chemin, au plus près de cet accoucheur involontaire du XXe siècle. »


Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901).
Au Salon de la rue des Moulins, 1894.
Fusain et huile sur toile, 111,5 cm x 132,5 cm.
Albi, musée Toulouse-Lautrec.

À noter que si le musée Toulouse-Lautrec d'Albi a prêté beaucoup d'œuvres — une trentaine, dont le célèbre tableau Au Salon de la rue des Moulins de 1894 — à l'exposition du Grand Palais, ce n'est pas une raison pour ne pas aller dans le célèbre musée tarnais si l'on passe dans la région, car ledit musée profite de l'occasion pour sortir de ses réserves des œuvres de Lautrec moins souvent montrées au public et pour exposer des acquisitions récentes.

Pour qui serait intéressé par une évocation à la fois radiophonique et cinéphile d'Henri de Toulouse-Lautrec, je me permets enfin de signaler la possibilité d'écouter en ligne l'émission Ronde de Nuit n°64, proposée, préparée et présentée par Olivier Le Borgne, diffusée sur France Musique en janvier 2013 et rediffusée en février 2014. Consacrée à la sortie en DVD/Blu Ray Disc de plusieurs chefs-d'œuvre du cinéma britannique, l'émission évoque en premier lieu, et pour une part importante, le célèbre film Moulin Rouge (1952) de John Huston, biographie romancée de Toulouse-Lautrec d'après un roman de Pierre La Mure, avec notamment au casting José Ferrer (qui joue à la fois les rôles de Lautrec et du père de celui-ci), Zsa Zsa Gabor (dans le rôle de Jane Avril), Suzanne Flon et Colette Marchand (et même Christopher Lee, dans le rôle non crédité du peintre Georges Seurat), un film dont la musique a été brillamment composée par Georges Auric (avec une indispensable citation de Jacques Offenbach) : Olivier Le Borgne propose de larges extraits sonores du long métrage, et de nombreuses informations sur ce film aux grandes qualités esthétiques ainsi que sur son sujet.

Ronde de Nuit n°64 est écoutable à cette adresse : https://www.francemusique.fr/emissions/ … tres-22746

À noter que l'émission se poursuit en évoquant l'excellent film Les 39 Marches (The 39 Steps ; 1935) d'Alfred Hitchcock, puis d'autres films, et enfin — grosse cerise sur le gâteau — en diffusant l'intégralité de la magnifique musique composée par Basil Poledouris pour La Chair et le Sang (Flesh+Blood, 1985) de Paul Verhoeven, film dont je ne soulignerai jamais assez la très haute qualité.

Bonne écoute, et bonne(s) expo(s) ! ^^

Hyarion.

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#19 26-10-2019 00:24

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

P.S. : j'ai oublié de signaler, l'autre jour, qu'à l'occasion de l'exposition « Toulouse-Lautrec. Résolument moderne » au Grand Palais, un film documentaire de Gregory Monro intitulé « Toulouse-Lautrec, l'insaisissable » a été diffusé sur la chaîne ARTE dimanche dernier, 20 octobre. Ce film sera rediffusé demain matin (très tôt), dimanche 27 octobre, et il est accessible du 13/10/2019 au 18/12/2019 sur le site de la chaîne : https://www.arte.tv/fr/videos/083935-00 … isissable/

Hyarion.

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#20 26-10-2019 16:09

ISENGAR
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Re : Expositions temporaires & musées

Merci beaucoup pour ces infos et pour le lien smile
Du coup, en allant visiter la page replay du site d'Arte, je suis tombé sur un documentaire intitulé : "Pourquoi la Fantasy plaît-elle autant ?"

Le dimanche est prévu pour être pluvieux. Deux documentaire de 53 minutes feront agréablement passer l'après-midi smile

I.

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#21 30-06-2020 16:12

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Je ne sais plus dans quel fuseau mais j'avais fait la promesse de vous parler de quelques-unes de mes œuvres préférées, pas forcément les plus connues et je commence par ce que je considère comme la Joconde des musées en régions...

Il était une fois...
Il était une fois au petit musée de Boulogne-sur-Mer, un vase antique.
Arrivé là par la volonté d'un collectionneur du 19e s. M. Panckoucke. C'était un marchand, un commerçant, avec une âme encyclopédiste - on lui doit les premières acquisitions Inuits (Eskimos) en musées Français. Il achetait tout dans tous les domaines et notamment les antiquités comme celles trouvées en Étrurie.
Allez savoir pourquoi ? les Étrusques se fournissaient pour décorer leurs tombes avec des vases athéniens?   se faire enterrer avec un vase qui représente un suicide... c'est pas joyeux, mais là encore on va en causer et procéder par étapes. Pancoucke fit de multipes achats mais surtout surtout, le "Suicide d'Ajax" d'Exekias.

En 1883, le Louvre venait d'acquérir une partie de la fabuleuse collection du marquis de Campana, mise en vente par le Mont de Piété Vaticinais après que ce noble ait détourné  les fonds dont il était gestionnaire (un Cahuzac avant l'heure). L'Assemblée française vota un budget exceptionnel  de 4 millions de francs or, avec un peu de retard sur la Russie qui rafla les meilleures pièces. Du coup, le Louvre n’avait plus les moyens d'acquérir la collection Pancoucke qui la proposa à la ville de Boulogne.

Voila pour le contexte et pourquoi, il faut aller à Boulogne.

Ensuite, vous savez que je tiens au vocabulaire. De nos jours, on sait qualifier un saladier ou une soupière, la deuxième ayant un couvercle et des poignées pour ne pas se chauffer les mains, bref chaque objet à son nom. Ici on parlera d'une Amphore, donc d'un usage particulier.

Dans l'antiquité, il en était de même, chaque objet avait sa fonction et son nom.  Le besoin du vase consistait en un banquet; c'était l'occasion  de parler politique, philosophie ou événements mondains - désormais on dirait une soirée apéro un peu alcoolisée. Le Banquet de Platon n'en est pas loin. Y avait pas la télé, donc on causait autour d'une boutanche/ d'une amphore.
On faisait une libation aux dieux avec du vin pur, un peu de pinard renversé sur le sol.
Les excès avaient engendré  trop de guerres qui sont sur tous les frontons antiques (gigantomachuies et cie - voir Les sculpures de Pergame à Berlin).

Le banquet consistait à mélanger miel, vin et eau. Chaque vase avait son attribution, sa fonction : le cratère pour le mélange, l'hydrie avec trois anses pour l'eau, l'amphore avec deux anses pour le vin miellé.

Nous avons donc ici une amphore qui n'a pas de signature mais on connait une quasi jumelle au musée du Vatican - jumelle par sa forme et son décor et surtout signée "Exekias", un des plus excellents peintres de son époque. Dans les décennies précédentes, ce sont les potiers qui signaient leur productions avant que les peintres soient plus célèbres. Et on ne sait pas ici s'il s'agit d'une œuvre originale ou de la copie d'un tableau grec... on n'en a retrouvé aucun, on en connait quelques-uns par la tradition et l'autre amphore d'Exekias du Vatican est connue par plusieurs copies, un peu comme les mugs du Louvre avec la Joconde dessus, qu'en sera-t-il dans 1500 ans si on n'en retrouve qu'un seul exemplaire ?

Avec notre amphore de Boulogne-sur-Mer, nous avons affaire à une antiquité qui a eu de la chance et qui était avant tout un produit d'exportation. Si elle avait été en métal, des pilleurs l'aurait fondue, si elle avait été sur parchemin ou dessin, le temps l'aurait ruinée. C'est tout l'avantage de la céramique : ça dure et ce n'est pas réutilisable.

Voici donc une amphore de Grèce, qui arrive en Etrurie, est fouillée surement par des pilleurs au 19eme siècle, vient à Paris puis finit à Boulogne. Quel parcours !

Mais pourquoi tenir à vous en parler ?  Jetez y un oeil

https://www.flickr.com/photos/69716881@N02/22978527041/

Parce qu'il s'agit d'une des plus précoces images de l'idée classique de l'art. Encore une fois, peut-être copie d'un tableau, peu importe. La scène est celle du suicide d'Ajax et les commanditaires pouvaient, au cours de leur symposium évoquer les histoires de l’Iliade et l'Odyssée comme nous le ferions aujourd'hui  lors d'un moot à propos de Tolkien, de Star Wars ou autres.

Dans l'antiquité, il n'y avait pas Netflix ou Disney mais les grecs exportaient déjà des supports (vases) avec des histoires, des images à observer, détailler, commenter. C'était déjà de la diffusion commerciale de données à fort rendement. Il s'agissait avant tout de commerce d'objets précieux et couteux ( on en a peu retrouvé à Athènes mais bien plus dans les autres pays de Méditerranée et surtout en Italie) objets avec lesquels les plus aisés voulaient se faire inhumer, même avec une scène de suicide à laquelle nous arrivons enfin.

On connait des versions plus directes, par exemple au British Museum
https://www.guidelondon.org.uk/wp-conte … 301578.gif
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ajax_(fil … M_F480.jpg

Celle de Boulogne correspond à ce qu'on appelle "l'instant saisi" et c'est pour cela qu'elle inaugure le classissime, ne pas représenter l'action mais le moment figé qui la précède ou la suit. On en connait d'autres exemples (fuseau  à compléter) come les frontons des temples d'Olympie ou Delphes ou l'amphore précitée du Vatican - elle fera l'objet d'un autre mel.

Ici, le tableau n'est pas rectangulaire. Il est adapté au format de l'amphore, une sorte de trapèze. La scène est connue de tous à cette époque. Le Grand Ajax après avoir rapporté le corps tué d'Achille s'est querellé avec l'ambitieux Ulysse (qui en paiera plus tard le prix). Ajax furieux, pris de folie, abat les troupeaux alentour, puis au matin plein de regret et de déshonneur se jette sur son épée. La subtilité du tableau est de ne pas montrer ce geste mais celui qui le précède, planter l'épée dans le sol, celle qu'Hector - son ennemi loyal - lui a offerte lors d'un duel "match nul" ainsi qu'un bandeau qui reste son seul vêtement. Les héros sont nus pour être intemporels et Ajax ne porte que ce bandeau et son glaive.

A droite les armes déposées ressemblent à un personnage qui observe le drame à venir. Lances, casque et bouclier forment un ensemble menaçant. S'agit-il des trophées qu'Ajax n'a pu obtenir d'Ulysse ? ou de ses propres armes ? Sur le bouclier, la Gorgone censée repousser les adversaires semble moqueuse mais il s'agit d'objets de mort.
Au dessus, nul oiseau alors que traditionnellement, les potiers grecs emplissaient l'espace d'animaux ou d’inscriptions. C'est une évolution dans la construction des images ou une restauration sage.
A gauche, un dattier, un palmier, un végétal qui peut symboliser la vie.
Ainsi, Ajax se retrouve dépeint entre la vie et la mort, déterminé et serein.

Pour ceux qui ne connaissent pas cette époque antique, vous aurez noté que personnage et décors sont en négatif, ce qu'on appelle les figure noires (teintées puis incisées sur les vases). Il faudra quelques décennies avant de connaitre les figures rouges (peintes et non incisées) comme celle du British Museum évoquée ci-dessus.

Après ce long discours, soyez déconfinés et allez voir ce vase à Boulogne-sur-Mer et le reste de la collection.

S.

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#22 30-06-2020 19:37

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Prolongeons tout de suite sur Exekias, nous parlerons d'autres œuvres préférées ultérieurement
Je fais un complément avec l'amphore du Vatican citée plus haut
http://www.museivaticani.va/content/mus … id=1&pid=1
Cette fois encore, le sujet représenté pouvait faire l'objet de longs débats au cours d'un banquet antique, chacun disant : pourquoi, comment, qui, quand, oui, non, à quoi bon? comme lorsque nous aussi on se croise (le premier qui fait une rime avec cervoise sera crucifié par Jupiter).
Ici Ajax fais face à Achille le super-héros à la veille de son trépas. Les deux gaillards jouent !!! on ne sait si c'est aux dés, aux dominos, au pokemon go ou au jacquet. Ajax a posé casque et bouclier. Achille a gardé son casque, les deux tiennent leur lances et ont un manteau (c'est le soir, il fait froid, on se protège de tout - très différent du vase décrit auparavant où la notion de froid ne compte plus). Demain, c'est la bataille dont le sort est incertain.... voila pourquoi le peintre représente un jeu de hasard. Au dessus d'Achille, il est écrit 4 et au dessus d'Ajax il est écrit 3, marquant que le premier est plus fort et pourtant il mourra avant l'autre. L'un comme l'autre portent armures aux bras et aux cuisses. A part le casque d'Achille, rien ne les différencie et l'on sait que son défaut fatal sera ailleurs... au talon (d'Achille, merci Greg).
Ce tableau qui est aussi un "instant figé" qui a fondé le classicisme antique -retrouvé bien plus tard - se base sur l'incertitude du présent, non sans souciance (les personnages sont graves et toujours armés) mais prêts à jouer au scrabble ou au Nain Jaune, on ne sait toujours pas. Ce qui compte c'est la tension avant le combat, thème à débattre longuement entre banqueteurs. Donc, comme dit auparavant, sans télé ni netflix, les Grecs avaient déjà inventé et commercialisé l'exportation d'images et d'histoires pour agrémenter les soirées entre potes, le foot et le rugby n'existant pas encore.
S.
nb : Cette image existe sur plusieurs vases dans différents musées. Il est donc possible qu'elle soit copiée d'un tableau de l'époque ?!

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#23 01-07-2020 01:00

Yyr
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Re : Expositions temporaires & musées

Silmo a écrit :

Je ne sais plus dans quel fuseau mais j'avais fait la promesse de vous parler de quelques-unes de mes œuvres préférées, pas forcément les plus connues et je commence par ce que je considère comme la Joconde des musées en régions...

C'était peut-être ;)
Et ce qui est sûr, c'est que, ici ou là, c'est rudement intéressant et enrichissant !
Merci beaucoup François ! :)

La suite, la suite :)

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#24 01-07-2020 02:12

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

Merci beaucoup pour ce partage de regard sur la céramique grecque, Silmo. :-)

Yyr a écrit :

La suite, la suite :)

Oui, la suite, la suite ! ;-) ^^

Et puisqu'il est question de se déconfiner en retournant dans les musées, je me permets de signaler, au passage, une exposition temporaire actuellement proposée, à Toulouse, au musée Saint-Raymond : « Wisigoths. Rois de Toulouse », du 27 février au 27 décembre 2020 (initialement prévue jusqu'au 27 septembre, l'expo a été prolongée suite au confinement de ce printemps).

Organisée à l'occasion du 1600e anniversaire de l'installation des Wisigoths à Toulouse et dans le Sud-Ouest de la Gaule, installation consentie à l'époque par l'empereur romain d'Occident Honorius, cette exposition présente les résultats des recherches archéologiques consacrées à Tolosa, capitale des rois wisigoths, et à son territoire au Ve siècle de notre ère.

Présentation de l'exposition, sur le site du musée : https://saintraymond.toulouse.fr/Wisigo … a1193.html
Parcours de visite, sur le même site : https://www.saintraymond.toulouse.fr/Po … a1203.html

À noter, pour mémoire, que le musée Saint-Raymond, musée d'archéologie de Toulouse, conserve par ailleurs de riches collections permanentes, avec des œuvres originaires de la région provenant notamment de la villa romaine de Chiragan (en particulier une collection de bustes d'empereurs romains, qui est la plus importante de France après celle du Louvre, ainsi qu'un ensemble de haut-reliefs du IIIe siècle représentant les douze travaux d’Hercule) et d'une autre villa romaine se trouvant à Saint-Rustice (d'où provient un bel ensemble de mosaïques du IVe ou Ve siècle et découvert au XIXe siècle).

Amicalement,

B.

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#25 01-07-2020 08:27

Cédric
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Re : Expositions temporaires & musées

Merci beaucoup Silmo !
Belle découverte pour moi et comme le musée de Boulogne-sur-Mer n'est pas si loin de chez moi, c'est tout à fait possible que j'y fasse un crochet smile

Et, évidemment, merci également Hyarion pour tes contributions à ce fuseau !

C.
PS : on en veut encore  angel

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#26 01-07-2020 17:42

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Benjamin m'a titillé en parlant de mosaïque. Voyons quelle est la plus belle.
Plus tôt j'ai parlé de commerce et d'images inspirées de peintures antiques, c'est probablement le cas d'une célèbre mosaïque retrouvée près du Vésuve et qui se trouve au musée archéologique de Naples. Elle est fixée au mur alors qu'elle était auparavant au sol dans la villa d'un riche marchand. Fabriquée en Egypte, importée en Italie romaine, elle représente un Macédonien, Alexandre, combattant un Perse, Darius.
De nouveau un parcours bizarre et européen.
Beaucoup de scientifiques estiment qu'il s'agit d'une copie d'un tableau de l'un des portraitistes d'Alexandre.
J'ouvre ici une première incise... la copie de tableaux en mosaïques est ancienne et existe encore de nos jours. Je l'ai déjà écrit, le minéral se conserve plus longtemps. Par exemple, à Saint-Pierre de Rome, tous les tableaux de la basilique ont petit à petit été remplacés par des mosaïques et les originaux envoyés au musée. Les visiteurs n'y prêtent pas attention une fois qu'ils ont vu la Piéta de Michel-Ange et le Dais et la Chaire du Bernin (faudra y revenir).
Seconde incise, ces mosaïques sont aujourd'hui composées de minuscules morceaux de verre teinté et de pierre. Dans l'antiquité, on n'utilisait que la pierre. Cependant, pour ceux qui s'intéressent aux minéraux, Rome possède avant Sainte-Sophie à Istanbul et le Louvre à Paris la plus belle stylothèque et tout le monde passe devant sans la regarder. Une bibliothèque, c'est une collection de bouquins, une stylothèque, c'est une collection de pierres ! Pas n'importe lesquelles, les marbres ou les granites les plus rares et les plus précieux (un truc qui plairait aux nains) pas taillés en colonne mais en piliers les plus grands possibles. La différence entre les deux c'est que le pilier n'est pas coupé en morceau, il est d'un seul bloc et donc fragile. Çà valait très très très cher.
De l'antiquité jusqu'au 19e s. c'était encore un butin de choix dans toute guerre. Aujourd'hui on commence à étudier leur ADN pour savoir si telle colonne au Louvre provient du même endroit que telle autre à Rome. C'était un pillage aussi précieux, voire plus, que celui des bronzes et marbres.
J'en finis avec cette digression minérale.

La Mosaïque d'Alexandre est l'un de ses portraits les plus connus, découvert dans la Maison du Faune à Pompéi.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ … -06_BW.jpg

Son nom n'est pas écrit mais on connait sa description par les historiens : imberbe et cheveux bouclés et puis son ennemi est facile à identifier, Darius en costume perse. Les historiens ne sont pas sûr de quelle bataille il s'agit, en tout cas Darius prend la fuite et Alexandre, juste 25 ans, va mettre fin à un empire tri-millénaire puis conquérir un vaste monde. Macron peut aller se moucher. C'est pas pour me moquer mais on n'est pas au même taquet.

Voyons maintenant ce panneau acheté par un riche romain.

Il est fait de presque 3 millions de petits morceaux de pierre, des "tesselles". Des parties ont été perdues avec le temps. Il nous semble coloré pourtant, il n'est composé qu'avec quatre couleurs, du blanc, du noir, du rouge et de l'ocre.
Vous trouverez plus de détails en gougueulant.

Cette minutie en 4 couleurs me fait furieusement penser aux pixels des téléviseurs en 3 couleurs ou de nos ordinateurs, autrement dit les ancêtres savaient réduire les images à des points, à des pixels.

Examinons maintenant cette image. Nous ne sommes pas comme hier en céramique devant une image figée qui précède un drame mais plutôt comme dans le feu d'une action à la télé, si on avait soudain mis sur pause. Clic, arrêt sur image. La narration est différente.

Le paysage est sinistre, il n'y a qu'un tronc d'arbre décharné.

En bas, une étrange bande brune qui fait penser qu'on assiste à une scène de théâtre, qu'on serait  assis dans le public (voyez toujours tous les détails avant les acteurs - les mains, les pieds, les objets autour)

A gauche, Alexandre s'avance, lance à la main, un Perse se sacrifie pour retenir ce tir. Du côté droit la débâcle commence, quelques javelots au milieu sont encore tendus vers les grecs, ceux de droite sont déjà en train de se mélanger et de se retirer. Dans sa fuite, Le cocher du roi va l’œil déterminé écraser avec son char l'un de ses soldat pour sauver son monarque, Darius reste la main tendue qui semble éperdu. Ces œuvres furent découvertes bien après le triptyque de Paolo Uccello sur la bataille de San Romano divisé entre Londres, Paris et Florence, vous saurez trouver sur la toile, le jeu des lances est ressemblant, tel un mouvement démultiplié au ralenti, une image de BD.
Les autres points dramatiques du panneau sont le sacrifice du Perse pour sauver son roi (déjà mentionné) et devant le char, un guerrier qui voit son reflet dans le bouclier de bronze qu'il tient encore. Déjà une représentation de vanité, pas au sens de l'orgueil, mais l'imago de celui  qui va disparaitre, le miroir de la vie.
Un tout petit détail en bas à gauche, près des armes jetées au sol, un compas, signe de la mesure du temps et de l'espace. Un tout petit objet important.

C'est une des plus belles mosaïques antiques et Naples ou Rome nous offriront bientôt d'autres mystères, certains que Sosryko a déjà explorés. smile

Silmo

ps : et sinon j'aime bien le film d'Oliver Stone sur Alexandre (une terrifiante hypothèse est venue il y a quelques temps sur son trépas

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#27 02-07-2020 04:32

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

Merci François. :-)

Silmo a écrit :

Benjamin m'a titillé en parlant de mosaïque.

Et François de me titiller en retour, car il se trouve que l'empire d'Alexandre III de Macédoine et les royaumes hellénistiques qui lui ont succédé figuraient parmi les sujets d'étude que j'avais choisi à l'université, sachant qu'en histoire, il faut s'intéresser à toutes les époques... ;-)
Ceci dit, pas question pour moi de noyer ton propos dans une mer d'érudition, et je n'aurai de toute façon pas grand-chose à rajouter. ^^'

Cette fameuse Mosaïque d'Alexandre, trouvée dans la maison du Faune de Pompéi au XIXe siècle (à peu près à la même époque que les découvertes des villas romaines de Chiragan et de Saint-Rustice, en France), est un des témoignages les plus remarquables de la diffusion de l'art du monde hellénistique en Italie romaine, en l'occurrence ici à travers la technique de la mosaïque (notre joli terme moderne venant de l'italien mosaico, du latin médiéval musaicum, altération de musivum opus qui signifie « travail artistique auquel président les Muses »). Ici, on peut notamment sentir la différence avec l'art grec classique antérieur, au modèle presque « collectiviste » perceptible entre autres à travers sa céramique, l'art hellénistique lui, comme l'art romain qu'il influencera, se tournant davantage vers un horizon humain notamment plus individuel, mais aussi plus propice à la célébration princière : à divers degrés, chacun de ces arts a, en fait, sa richesse...

Silmo a écrit :

Les historiens ne sont pas sûr de quelle bataille il s'agit, en tout cas Darius prend la fuite et Alexandre, juste 25 ans, va mettre fin à un empire tri-millénaire puis conquérir un vaste monde.

Il est vrai que l'on ne sait pas exactement quelle bataille d'Alexandre III ou Alexandre le Grand est représentée dans cette célèbre mosaïque. Est-ce la bataille d'Issos, qui eut lieu en 333 av. J.-C. sur la côte de l'antique Cilicie, aujourd'hui turque ? Ou bien la bataille de Gaugamèles, livrée en 331 av. J.-C. non loin d'Arbèles, aujourd'hui Erbil dans l'actuel Kurdistan irakien ? Ou bien une synthèse de plusieurs batailles qui furent autant de victoires d'Alexandre sur le roi de Perse Darius III Codoman, dernier des Achéménides ? Le dynamisme de la composition amène plutôt à se focaliser spécifiquement sur l'affrontement personnel des deux souverains. La fuite de Darius, directement attaqué par Alexandre sur le champ de bataille, fait certes penser à Issos (bataille dont Pline l'Ancien a écrit que Philoxène d'Érétrie en avait fait une peinture, dont la mosaïque pourrait dès lors peut-être, éventuellement, être une copie), mais aussi, et peut-être davantage encore, cela fait penser à Gaugamèles, qui vit Darius être contraint de fuir devant Alexandre une ultime fois lors d'une bataille décisive. Du moins est-ce là mon point de vue, et la question reste en tout cas ouverte...

Silmo a écrit :

et sinon j'aime bien le film d'Oliver Stone sur Alexandre

Le film Alexandre (Alexander) d'Oliver Stone a été assez critiqué et n'a pas attiré les foules lors de sa sortie en salles en 2005, mais pour ma part j'étais allé voir ce film deux fois à l'époque (si ma mémoire est bonne), et je l'aime bien également. Ceci dit, outre la version cinéma, il existe plusieurs autres versions du long métrage, dont une rallongée de 2007 que j'ai dans ma vidéothèque (Alexander Revisited: The Final Unrated Cut que ça s'appelle en anglais) ainsi qu'une version « ultime » de 2012-2013, plus courte que la précédente et que je ne connais pas (c'est un peu comme pour Apocalypse Now de Coppola : au bout d'un moment, les remontages en série ou les séries de remontages finissent par devenir difficiles à suivre).

Silmo a écrit :

Naples ou Rome nous offriront bientôt d'autres mystères, certains que Sosryko a déjà explorés. :)

Oui, on a pu voir succinctement cela dans un autre fuseau... Bref, la suite, la suite ! ;-)

Si tu as, entre autres, notamment des choses à raconter sur ce que contient l'église Saint-Louis-des-Français, que j'ai visitée il y a maintenant bien des années, je reste évidemment intéressé...

B.

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#28 02-07-2020 07:11

Elendil
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Re : Expositions temporaires & musées

Je connaissais cette mosaïque, mais la description me l'a faite voir sous un jour renouvelé. Merci Silmo.
Je reste d'ailleurs impressionné par ce que tu dis de sa complexité : trois millions de tesselles, on a peine à imaginer combien de mois il a fallu pour la monter, sans parler de la logistique requise pour la transporter une fois terminée d'Égypte en Italie.

Par contre, je ne vois pas où est censé se trouver le compas dont tu parles.

E.

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#29 02-07-2020 10:56

sosryko
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Re : Expositions temporaires & musées

J'ai pu voir cette mosaïque l'an dernier, à l'occasion de quelques jours passés à Naples. Très impressionnant et difficilement plus cinématographique. Difficile aussi, lorsqu'on a pu voir le voir (surtout la partie exposée à Londres, je trouve), de ne pas penser au tryptique d'Uccello ; mais je n'avais pas pensé au fait qu'Uccello ne pouvait pas avoir connu la mosaïque ! Je note que sur cette mosaïque, Alexandre est plutôt brun, ce qui fait un peu regretter la blondeur de Colin Farell dans le film de Stone ;-) Quant au compas, une lance brisée en deux (ou son ombre) le suggère tout en bas à droite, mais je ne le vois pas tel quel non plus.
S.

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#30 02-07-2020 12:40

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Alors peut-être est-ce mon imagination... c'est plutôt en bas à gauche, presque à la verticale d'Alexandre, et un peu plus à gauche au sol, c'est tout petit.... et pourquoi pas une lance brisée. Je ne suis pas certain de ma lecture. La photo précitée peut être agrandie pour les détails.
Détails parmi lesquels, les petites cornes du cheval d'Alexandre, excroissances osseuses qui lui auraient valu son nom de Bucéphale (tête de bœuf).
Je ne suis nullement spécialiste en harnais de cavalerie, mais il y a aussi matière pour les amateurs équestres. Le centre du tableau est tout de même un cheval qui nous montre son derrière et ce qui va avec. Bref, cherchons toujours les détails.

Quant aux millions de tesselles, c'est une estimation à partir d'un fragment compté minutieusement puis extrapolé entre 2 et 4 millions. J'en suis resté à une moyenne de 3.
La mosaïque fut transportée d’Égypte en trois parties fragiles avec quelques dégradations. Les "coutures" d'installation à l'arrivée sont perceptibles (moins bien exécutées).

Nous retournerons bientôt à Naples après Rome et Paris.

PS : on dit souvent que le film d'Oliver Stone est issu de Klaus Mann (1931) mais il doit bien plus, sans le dire, au livre de Mary Renault "The Persian Boy" (1972) sur Bagoas, l'eunuque de Darius dont hérita Alexandre, version romancée dont s'inspire le scénario de Stone. Excellent livre sur Alexandre le Grand. Dans le film, je regrette seulement Angelina Jolie qui en fait des caisses et la scène de bataille fluo en Inde. Le reste est bon.

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#31 02-07-2020 18:35

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Vive le déconfinement, avant un retour en Italie ou Paris, un petit saut à Boston pour une œuvre vue à Paris lors de l'expo "1500" au Grand Palais.
Une idée en suscite une autre... J'ai évoqué le bouclier miroir dans la mosaïque  d'Alexandre et la sobriété du décor d'Exekias.
Bien plus touffue est la tapisserie de Narcisse qui se voit aussi dans le miroir de l'eau et je vous en parle surtout pour un éclat de rire.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ … roject.jpg

On est plus loin de la sobriété des images. La tenture est remplie de fleurs. Narcisse va en en devenir une au milieu de ce pare-terre..
Il est ici devant une fontaine, son habit est galant, il porte 3 plumes, bleu, blanc, rouge (cocorico) bien avant que cela devienne des couleurs nationales.
Par les hasards de l'histoire la tapisserie est aux USA venant d'un château du Cher. Pour en savoir plus, derechef, googueulez.Je parle de l'image, le reste est sur la toile.
Narcisse se voit dans l'eau et sa beauté entraine la création d'une fleur.
Il est entouré d'une végétation luxuriante, claire en bas de la tapisserie, plus sombre en haut afin de donner une dimension 3D.
Ce jardin est empli d'oiseaux et animaux : héron, perdrix, merle (moqueur, petit hommage au temps des cerises) des cailles, des belettes et des fouines et d'autres non identifiées.
Oops, j'ai oublié les lapins ! Ca ne plairait pas à Dragibus (Strasbourg) et Agamemnon (Paris) - c'est un private joke avec Laegalad.

Penché sur la vasque, le beau Narcisse s'observe en souriant mais si on regarde bien son sosie en miroir, lui,  fait la gueule.

Les oiseaux semblent picorer ses plumes qui ne sont qu'un reflet, marquant le temps fugace. On est même pas sûr que l'ordre des couleurs des plumes soit l'opposé du modèle.

Le gag qui causa mon éclat de rire durant cette exposition, c'est qu'une maman expliquait à son mioche qu'afin qu'on le reconnaisse, Narcisse avait son nom écrit sur sa cuisse  et le gamin répondit "Oui, comme Zidane sur son maillot"
Je crois l'avoir déjà raconté (pas sûr -sinon je me répète) une aventure similaire m'était arrivée avec un neveu au Louvre (il  avait 8 ou 9 ans) auquel j'expliquais que les gens du Moyen-Âge puis de la Renaissance, ne sachant pas tous lire, pouvaient identifier les sculptures ou peintures selon des codes : Jean imberbe en vert et rouge; Pierre chauve et barbu avec un manteau jaune, Marie ou Jésus en bleu et rouge ... et ce chenapan me dit "ah, mêmes couleurs que Superman". Le même gosse insistait ensuite pour allez voir prestement Mona Lisa.
Demandant pourquoi cette urgence, il répondit qu'il avait vu une photo de la Joconde et qu'elle était faite de pleins de marrons différents tandis que lui n'avait qu'un tube avec une seule couleur. Aussitôt nous sommes allés voir la dame et je chéris cet instant chaque fois que je revois la Joconde.

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#32 03-07-2020 01:16

sosryko
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Re : Expositions temporaires & musées

La vérité sort de la bouche des enfants ;-)
La remarque du chenapan est non seulement judicieuse mais correspond à la modification du personnage lequel, alors qu'on pouvait initialement (1938) l'identifier à un nouveau Moïse, n'a eu de cesse d'être associé à une figure christique ; cf. le film de Richard Donner (« I'm sending you, my only son » 1978), le cycle de la mort de Superman (piéta : 1992), la minisérie Kingdom Come (le charpentier : 1996) et Superman : Peace on earth (le Christ Rédempteur : 1999) de Mark Waid et Alex Ross, le summum d'identification étant atteint avec les films Superman Returns (2006)  et le Man of Steel de Zack Snyder (2013).
Mais demeure un petit détail (les détails... vive Daniel Arasse, n'est-ce pas Silmo  ;-)) qui fait une grande différence : la couleur jaune du symbole sur sa poitrine... Or le jaune en peinture (XIIe-XIXe) est couleur du mensonge et de la trahison. Et de fait, trahison il y a dans l'allégorie christique imposée au personnage de Superman par les reprises du mythe au fil des décennies puis, pour qu'il y ait narration super-héroïque, il ne cesse de régresser de la figure du Christ à celle d'un Moïse d'avant la révélation du Sinaï, celui qui veut sauver ses frères par la la force brute, et par le meurtre — ce que Superman commettait  directement ou indirectement à ses début [1938-1939], mais qui avait été gommé dans les décennies suivantes, avant les meurtres de masse et l'assassinat de Zod dans Man of Steel, tendance juge-juré-bourreau qui avait déjà été remise au goût du jour (celui des années Reagan) en 1987 dans le comics Superman n22 du pourtant magnifique John Byrne (honte éternelle sur lui pour cela).
Réciproquement, et paradoxalement, la diminution du jaune dans le symbole de Superman (qui est remplacé en signe de deuil par le noir dans Kingdom Come, qui disparaît avec le slip dans le costume des films de Snyder et les comics qui ont suivi) amplifie le rapprochement et manifeste la véritable trahison. Certes Shuster et Siegel font allusion à la figure de Moïse (mais en passant, sans aucune lourdeur) mais plus encore à celle de Samson (pour diverses raisons) et certainement pas dans un souci d'annexer leur personnage à une religion. Les scénaristes de l'émission radio The Adventures of Superman avaient compris que Superman est avant tout un réfugié accueilli par un pays, les Etats-Unis d'Amérique ; ils posent donc la laïcité de leur personnage dans un épisode de 1946, dans lequel Superman déclare :

« Remember this as long as you live: Whenever you meet up with anyone who is trying to cause trouble between people—anyone who tries to tell you that a man can’t be a good citizen because of his religious beliefs—you can be sure that the troublemaker is a rotten citizen himself and a rotten human being. »

The Adventures of Superman, 16 avril 1946, "The Hate Mongers Organization"

En 1949, le personnage participe à une campagne menée conjointement par DC comics et la National Social Welfare Assembly pour diffuser un message de tolerance (et de bonne morale américaine) aux jeunes lecteurs.
En cela, Frank Miller ne s'est pas trompé en caricaturant Superman comme le boy-scout du pouvoir américain. Les films (avec les comics qui suivent) ne font que traduire les dérives successives du pouvoir politique et du pouvoir religieux. Même si, en 2011, Superman est censé avoir renoncé à la nationalité américaine dans un comics qui a été très mal reçu, on sait comment ça finit, alerté par le même Frank Miller aux pinceaux : Superman comme arme de destruction massive en couverture du n.1 de Superman. The secret Years (1985) et dans les pages de The Dark Knight 3 (1986).

S.

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#33 03-07-2020 17:08

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Merci Sosryko pour ces détails que j'ignorais., le jaune ayant disparu du costume du dernier Superman qui n'est pas le meilleur.
Néanmoins, je voudrais apporter une nuance colorée.  Excusez du peu, le jaune n'est pas forcément symbole de mensonge et trahison, quoiqu'en dise Pastoureau. C'est aussi le manteau de Saint-Pierre, le chef de l'église sur sa tunique verte ou celle de la tunique de saint Joseph sous son manteau bleu. Pauvre Joseph auquel on doit, pour ce vêtement, l'expression "Jaune Cocu" car il n'était pas le père du Christ (bien qu'ensuite il y eut Jacques). C'est plus une couleur de mise à l'écart, les étoiles durant la guerre, les grévistes qu'on traite de jaunes et les gilets de même couleur. Pour évoquer mensonge et trahison, je penserais plus au orange de D. Trump.

Mais revenons à nos moutons ou plutôt au berger après ce crochet à Boston et avant un week-end à Rome, sans Etienne Daho, juste une escale à Paris car le Louvre ouvre lundi après 3 mois de confinement (place déjà réservée) et je songe à une sculpture dont j'ai envoyé l'image à quelques liens, symbolique de cette respiration du musée, la "Résurrection" de Germain Pilon, artiste trop peu connu hélas alors qu'il est le sculpteur Michel-Ange français.

Encore un que vous pouvez gougueuler et wikipédier.

Son chef-d'oeuvre est cette Résurrection Pourquoi ne l'ont-il pas placée sur le pilier central de la Pyramide ? Même un mécréant tel que moi y songe.
Resurrection_Pilon_Louvre_RF2292_MR1592_MR1593_frontal.jpg
Je continue donc à tenter de faire court pour vous inviter à explorer sur Internet toutes ses autres œuvres, au Louvre, dans les églises parisiennes, à Saint-Denis, sur le Pont-Neuf ou ailleurs (tiens les tombeaux des rois me font repenser à Tolkien et d'autres visites à venir).
Durant ce miracle, deux soldats restent endormis. Jésus s'est éveillé et bénit. Son corps est athlétique/ Le bas de la sculpture est solide, bien arrimé à la terre, toujours le minéral, par contre le haut est plus fragile, son bras est suspendu - une vraie prouesse en sculpture - saisissant l'air comme me le disait un ami. Ce n'est pas encore Bernin mais techniquement superbe.
http://idata.over-blog.com/2/89/06/71/R … n---4-.jpg
Il n'y a que quelques millimètres entre index et majeur, le pouce et l'auriculaire sont  si fragiles et pourtant ça tient depuis 5 siècles.
Comme la mèche de cheveux, toujours dans les détails.
Si vous allez au Louvre, passez voir ça !
S.
PS : et côté détails, je suis un passionné de mains dont on reparlera, plus que de pieds, dont on reparlera quand même, c'est aussi un sujet de pointure :-)

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#34 03-07-2020 17:59

ISENGAR
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Re : Expositions temporaires & musées

les détails de la main et des cheveux sont superbes, en effet.
Curieusement, la photo de l'ensemble évoque une grande puissance dans le mouvement de tout le corps du Christ, tandis que la photo de la tête et du bras que tu as donné en lien ne la rend plus du tout. Comme quoi, l'harmonie est un tout smile

I.

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#35 03-07-2020 21:57

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

Silmo a écrit :

...car le Louvre ouvre lundi après 3 mois de confinement (place déjà réservée)...

Lisant la mention entre parenthèse, je vais me permettre un petit coup de gueule en passant. Pas contre toi, François, bien sûr, mais contre la gestion actuelle du musée du Louvre.
Au-delà du contexte sanitaire du moment, qui semble bien arranger la direction sur ce point précis, le principe même de devoir obligatoirement réserver des places pour entrer au Louvre est à la fois révoltant et consternant. Je n'ai heureusement jamais eu à réserver de place jusqu'ici, ma dernière visite au Louvre remontant à octobre dernier, mais cela semble devoir faire hélas désormais partie de la nouvelle politique pérenne d'accueil de la direction : avant l'arrivée de la crise sanitaire, elle la souhaitait déjà pour (soi disant) réguler le flux des visiteurs ! Au-delà de cette histoire de virus, une telle obligation de réservation n'est pourtant nullement justifiée : tout le monde ne vient pas au Louvre pour seulement défiler en masse devant La Joconde et une bonne partie de cet immense palais-musée est régulièrement vide par ailleurs.
Chaque fois que je monte à Paris, en venant de loin qui plus est, j'aime pouvoir me rendre au Louvre quand je veux, y compris sur un coup de tête, sans avoir forcément à prendre rendez-vous et en sachant simplement éviter les heures de pointe aux différentes entrées (hélas moins nombreuses qu'il y a encore quelques années). Je n'ai que faire de réservations obligatoires, mis à part les contextes tout-à-fait exceptionnels, et encore.
Le problème, au Louvre, est ailleurs que dans le flux, et D. Rykner a déjà eu maintes fois l'occasion de l'écrire dans La Tribune de l'Art, allant jusqu'à notamment parler, encore en septembre dernier, d'un « Louvre peau de chagrin ». Je ne suis pas toujours d'accord avec la façon dont Rykner voit les choses selon les sujets qu'il aborde, mais s'agissant du Louvre, personnellement, après avoir longtemps fait preuve de patience durant la dernière décennie, il m'a bien fallu, au bout d'un moment, me rendre à l'évidence, malgré mon souci constant de rester bienveillant : depuis plus d'un quart de siècle que je visite le Louvre, je ne l'ai jamais vu aussi mal géré que maintenant... sachant que la crise sanitaire actuelle ne saurait soudainement tout excuser. Bref, tout cela est évidemment bien dommage, mais c'est ainsi. Espérons cependant qu'il y aura toujours un moyen de tirer son épingle du jeu d'une manière ou d'une autre, une fois la crise sanitaire passée, et sans avoir besoin de claquer des fortunes en passe-droits ou de faire que-sais-je d'autre d'obligatoire avec un smartphone hyperconnecté au « nouveau monde »...

Silmo a écrit :

... et je songe à une sculpture dont j'ai envoyé l'image à quelques liens, symbolique de cette respiration du musée, la "Résurrection" de Germain Pilon, artiste trop peu connu hélas alors qu'il est le sculpteur Michel-Ange français
[...]
Si vous allez au Louvre, passez voir ça !

Merci pour cette référence.
Le réflexe que j'ai souvent, lorsque je prépare mes visites au Louvre, est de vérifier où trouver ou retrouver les œuvres dans le musée avec la base Atlas des œuvres exposées, très pratique et généralement fiable. En ce qui concerne La Résurrection de Pilon, la page à consulter est celle-ci : http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visi … otice=1872
S'agissant de la localisation, la notice de l'œuvre en question indique actuellement une mention toujours quelque peu décevante pour le visiteur intéressé par venir ou revenir voir telle ou telle œuvre : « Cette œuvre n'est pas visible actuellement dans les salles du Musée ». Je viens de voir que la mention concerne aussi, hélas, L'Automne et les trois autres tableaux de la série des Saisons d'Arcimboldo, ainsi que Le Concert champêtre du Titien, ce qui est dans ce dernier cas un peu surprenant, vu que ce chef d'œuvre de la peinture vénitienne, célèbre et pourtant méconnu, est habituellement accroché discrètement au dos du mur de La Joconde, dans la fameuse Salle des États... mais par contre, La Femme adultère de Lotto, Bethsabée au bain tenant la lettre de David de Rembrandt, Suzanne au bain de Chassériau et La baigneuse, dite Baigneuse Valpinçon de Ingres, entre autres joyaux de la peinture, sont bien mentionnées comme visibles à leurs emplacements habituels... Il est donc fort possible que la mention, dans la base Atlas, d'œuvres actuellement non visibles n'ait rien à voir avec le fait que le Louvre soit encore entièrement fermé jusqu'à lundi prochain, mais cependant plane l'ombre d'un doute, vu le contexte exceptionnel actuel.

Bonne visite, malgré tout, François ! C'est la magie du Louvre : malgré des contraintes ne datant certes pas d'hier, mais hélas de plus en plus présentes, il y aura toujours quelque-chose à voir ou revoir dans ce lieu à nul autre pareil.

Amicalement,

B.

EDIT: correction d'un lien hypertexte (concernant Arcimboldo, capture d'écran de la base Atlas le 9 juillet 2020, par la Wayback Machine).

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#36 03-07-2020 23:17

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Hyarion, je me désole comme toi de ces réservations obligatoires et n'en tiens pas rigueur à JL Martinez, le patron du Louvre que je connais depuis longtemps. Il fait ce qu'on lui demande et les choses pourraient vite changer. D. Rykner est un critique agile mais hélas souvent acerbe sans connaître toutes les arcanes. Le confinement a réduit considérablement les recettes du Louvre qui ne s'en réjouit pas.
Il me semble que le concert champêtre (qui inspira Manet pour son déjeuner sur l'herbe) est en cours de restauration et ce tableau reste attribué par certains historiens à Giorgione... et je vois que tu apprécies beaucoup les baigneuses smile
J'essaierai d'aller voir la peinture flamande, allemande et hollandaise, sinon la sculpture du 18e ou bien des antiques orientaux ou des objets d'art, les choix sont larges, mais pas les stars (Joconde et Cie). Souvent une seule salle pendant 1h30 plutôt que déjeuner avec la chance de n'avoir qu'a traverser la rue.
A l'occasion, prévient moi quand tu passes.

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#37 04-07-2020 00:44

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

Silmo a écrit :

Hyarion, je me désole comme toi de ces réservations obligatoires et n'en tiens pas rigueur à JL Martinez, le patron du Louvre que je connais depuis longtemps. Il fait ce qu'on lui demande et les choses pourraient vite changer. D. Rykner est un critique agile mais hélas souvent acerbe sans connaître toutes les arcanes. Le confinement a réduit considérablement les recettes du Louvre qui ne s'en réjouit pas.

Je n'ai pas envie d'accabler J.-L. Martinez, vu que Rykner le fait déjà bien assez de toute façon, mais je ne comprends pas comment est-ce qu'il a pu simplement faire ce qu'on lui a demandé avec les résultats auxquels cela a abouti à des degrés divers, notamment sur fond de sous-financement public maintenant quasi-chronique pour le Louvre : il y a le devoir de réserve du fonctionnaire, certes, mais à sa place, je serais retourné m'occuper de mes sculptures grecques dès que j'en aurai eu l'occasion... mais bon, je ne suis pas à sa place. Les choses pourraient effectivement vite changer, ceci dit, peut-être dès l'année prochaine, on verra.

Silmo a écrit :

Il me semble que le concert champêtre (qui inspira Manet pour son déjeuner sur l'herbe) est en cours de restauration et ce tableau reste attribué par certains historiens à Giorgione...

Merci à toi pour ce rappel. Il se trouve que j'ai été un peu trop vite en besogne en me contentant de reprendre ici machinalement l'intitulé du cartel du tableau... ^^' alors qu'en fait mon point de vue, depuis assez longtemps maintenant, est que Le Concert champêtre peut être considéré comme un tableau de Giorgione terminé par le jeune Titien (c'est un peu, en un sens, comme le tableau du Caravage trouvé près de Toulouse : il se peut qu'il soit une œuvre à la fois du maître et de son hôte Finson, après tout, mais bon, c'est quand même là une autre histoire...).
Chaque fois que je passe dans la salle de la Joconde, j'ai une attention pour Le Concert champêtre, tableau devant lequel tant de visiteurs passent sans vraiment le voir, vu que la star est de l'autre côté du même mur... Dans cette même salle, j'aime bien notamment aussi Vénus et l'Amour de Sustris, évoqué ailleurs, avec Montaigne, durant le confinement.

Silmo a écrit :

... et je vois que tu apprécies beaucoup les baigneuses :)

En effet. :-) Quand j'ai le temps, je me fais volontiers, dans les ailes du Louvre, un petit parcours dédié notamment à ce thème... en lien avec mes travaux, histoire de joindre l'utile à l'agréable... ^^ Mais avec le temps qui passe, c'est peut-être maintenant presque un pèlerinage que de revoir successivement tous ces nus lors de mes visites...

Silmo a écrit :

J'essaierai d'aller voir la peinture flamande, allemande et hollandaise, sinon la sculpture du 18e ou bien des antiques orientaux ou des objets d'art, les choix sont larges, mais pas les stars (Joconde et Cie). Souvent une seule salle pendant 1h30 plutôt que déjeuner avec la chance de n'avoir qu'a traverser la rue.

Ça, c'est vraiment une chance. ^^

Silmo a écrit :

A l'occasion, prévient moi quand tu passes.

Si l'occasion se présente, avec plaisir. :-)

Amicalement,

B.

P.S.: Je suis allé voir ce vendredi l'exposition, évoquée plus haut, sur les Wisigoths au musée Saint-Raymond de Toulouse : c'est bien, allez-y. ^^ En début d'exposition est notamment abordée la notion de « barbare » héritée de l'Antiquité, et en lien avec le thème du barbare dans la culture populaire contemporaine, on parle même un peu de Conan, le Cimmérien de Howard et le Barbare de Milius (et des comics)... ;-)

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#38 06-07-2020 10:33

Elendil
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Re : Expositions temporaires & musées

Silmo a écrit :

Merci Sosryko pour ces détails que j'ignorais., le jaune ayant disparu du costume du dernier Superman qui n'est pas le meilleur.
Néanmoins, je voudrais apporter une nuance colorée.  Excusez du peu, le jaune n'est pas forcément symbole de mensonge et trahison, quoiqu'en dise Pastoureau. C'est aussi le manteau de Saint-Pierre, le chef de l'église sur sa tunique verte ou celle de la tunique de saint Joseph sous son manteau bleu. Pauvre Joseph auquel on doit, pour ce vêtement, l'expression "Jaune Cocu" car il n'était pas le père du Christ (bien qu'ensuite il y eut Jacques). C'est plus une couleur de mise à l'écart, les étoiles durant la guerre, les grévistes qu'on traite de jaunes et les gilets de même couleur. Pour évoquer mensonge et trahison, je penserais plus au orange de D. Trump.

Nonobstant les associations actuelles de couleur, je confirme que le jaune était traditionnellement associé au mensonge et à la trahison. C'est donc la couleur communément utilisée pour représenter le manteau de Judas. Même pour les grèves, « jaune » n'est pas une mise à l'écart, c'est une insulte envers les travailleurs considérés comme des « traîtres » pour avoir refusé de s'opposer à leur patron. Pour St Pierre (pas de tiret, sauf pour la Basilique), la couleur jaune n'est nullement le fruit du hasard, mais le rappel de son triple reniement, lorsqu'il affirme ne pas connaître Jésus la nuit où celui-ci est arrêté. Pour St Joseph, c'est un peu plus compliqué.

En effet, la couleur jaune dont nous parlons ici est le jaune pâle. Au Moyen Âge, cette couleur a une symbolique différente du jaune doré, lequel symbolise l'Amour et la Sagesse de Dieu. Et c'est ainsi que St Joseph se retrouve habillé de jaune doré, mais (normalement) jamais de jaune pâle ; cf. Les Saints, de Rosa Giorgi (Hazan, 2003) et L'Histoire de Joseph : les fondements d'une iconographie et son développement dans l'art monumental français du XIIIe siècle, de Marie-Dominique Gauthier-Walter (Lang, 2003) — et merci à la Bibliothèque d'art et d'archéologie de la ville de Genève pour ces derniers détails.

E.

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#39 14-07-2020 23:23

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

Depuis quelque temps, ces dernières semaines, la chaîne ARTE rediffuse certains des films documentaires réalisés en lien avec les expositions artistiques parisiennes de ces dernières années.
Ainsi, en juin dernier, a été rediffusé le documentaire proposé à l'occasion de l'exposition « Toulouse-Lautrec. Résolument moderne » au Grand Palais, dont j'ai déjà parlé ici même en octobre dernier. Plus récemment, dimanche dernier, très tôt, la chaîne ARTE a aussi rediffusé successivement, à 05h15 et 06h10, deux documentaires en lien avec deux autres expositions que j'avais eu l'occasion de voir à Paris en 2018, respectivement au Grand Palais et au musée d'Orsay : « Kupka, pionnier de l'abstraction » et « Âmes sauvages. Le symbolisme dans les pays baltes ». S'agissant de cette dernière exposition à Orsay sur le symbolisme et les peintres des pays baltes, j'y avais déjà fait allusion, parmi d'autres expos visitées, dans mon compte-rendu de l'exposition Tolkien à la BNF, en novembre dernier dans le fuseau dédié.

Tous ces films documentaires sont rediffusés de temps en temps à la télé sur le canal d'ARTE, et sont accessibles librement sur le site de la chaîne franco-allemande pendant une bonne partie de cet été.

Toulouse-Lautrec, l'insaisissable, disponible du 14/06/2020 au 19/08/2020 (prochaine diffusion le samedi 18 juillet à 06h15) : https://www.arte.tv/fr/videos/083935-00 … isissable/
Kupka - Pionnier de l'art abstrait, disponible du 05/07/2020 au 10/08/2020 (prochaine diffusion le dimanche 26 juillet à 02:55) : https://www.arte.tv/fr/videos/068374-00 … -abstrait/
Les âmes baltes - Arts, légendes et paysages, disponible du 05/07/2020 au 09/09/2020 (prochaine diffusion le samedi 1er août à 05:25) : https://www.arte.tv/fr/videos/078723-00 … es-baltes/

B.

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#40 16-08-2020 14:58

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Continuons à voyager, j'ai promis Rome, puis Naples derechef, et il y aura sûrement Bâle, Washington, que dirais-je encore ?
Patientez.
Aujourd'hui ce sera le musée de Châteauroux plus proche  puisqu’il est compliqué de voyager... auquel j'ai pensé en recevant une carte postale de voyage de notre ami Moraldandil et aussitôt je songeai au musée Bertrand.
Un  des compagnons de Napoléon.
Bertrand, le Maréchal du Palais, fidèle parmi les fidèles accompagna Napoléon du meilleur au pire empire, des batailles jusqu'à  Elbe et puis  Sainte-Hélène, exil final et fatal.

Chargé du retour des Cendres, il rapporta aussi des souvenirs ensuite offerts au musée de Châteauroux, : le Sabre d'Aboukir et curieusement une immense volière, commandée par Napoléon, fabriquée par des esclaves asiatiques sur l'Île où il fut prisonnier, n'ayant servi à rien puisqu'aucun oiseau n''y survécu.
https://www.lanouvellerepublique.fr/ind … e-bertrand

Quelle ironie, quel paradoxe ! Être prisonnier, isolé et faire construire une cage ensuite à son tour enfermée dans un musée.
A l'Heure du confinement, c'est amusant de reconstruire ce parcours.
S.
Si vous passez par Châteauroux, voyez aussi le reste de la collection, dont la Chaire dite "de Rabelais" avec un splendide Arbre de Jessé.

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#41 17-08-2020 12:46

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

J'ai loupé l'envoi d'un autre post que j'écrivais hier afin de vous faire contribuer à ce sujet qui est hors sujet (merci l'Espace Libre).
La façon de voir un objet, une œuvre, c'est une lecture, comme on lit une partition ou un poème, tout le monde a sa propre interprétation.
Personne n'entend, ne voit, ne ressent la même chose.
Livrez-vous (*), à votre tour à l'exercice...
Mais sans tricher ! Promis !
PAS de Google, de Wiki ou autre, rien que vos yeux, juré, craché.
Regardez et racontez votre ressenti, votre idée.
Pensez aux détails, aux indices.
Et pour cela, je vous propose un portrait qui reste un mystère :
Au Louvre, l'Homme au gant de Titien
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Homme … an_079.jpg
Il est dans la même salle que Mona Lisa, personne n'y jette un œil.
Jetez le vôtre et gardez l'autre ouvert !
Et racontez ce que vous lisez, prenez votre temps.
On ramasse les copies dans une semaine, c'est comme un cahier de vacances smile
S.
(*) : Livre (bouquin) / livrer (livraison)/ se livrer (confesser) /unité de mesure...quel jeu que notre langue lorsqu'un mot peut dire tant de choses différentes.

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#42 17-08-2020 16:38

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Un autre avant d'autres voyages,
Sculpture entre toutes, c'est mon fond d'écran du PC à la maison, au bureau et sur le smartphone bref, la star, the best, the great, the winner: Hercule, l'humain qui vainquit des Dieux et s'en fichait.
Au musée de Naples, l'incroyable hercule Farnese.
Un colosse plus petit que le David de Michel-Ange à Florence mais 3,20 m tout de même et plus monumental.
Un tout petit lien avec mon Titien du Louvre? il y a celles et ceux qui prennent la pose et d'autres font une  pause (jouons encore avec les mots).
On en a fait voir à ce pauvre type, attraper lion, sanglier, biche, taureaux, hydre, oiseaux, juments, bœufs, etc
On lui a même fait nettoyer des chiottes (les écuries d'Augias), puis trouver la ceinture d’Hippolyte, reine des Amazones.
Cerise sur le gâteau, avant de l'envoyer en enfer museler Cerbère, on lui demande de cueillir des pommes.
Je sais que je résume, mais le gars, il en a marre, ras la soupière.
Il s'offre donc une pause, tranquille, appuyé sur sa massue, du genre 'Cerbère attendra un peu, là je suis à la cool'.

La réalisation est merveilleuse, au trépan  (barbe, chevelure et lion). Peu de copies antiques ont cette qualtié

A vous de découvrir. Dans le dos, dans la main cachée, trois pommes, l'avant-dernier travail d'Hercule.

Le bestiau est biggest, à tel point qu'on en fit  souvent des copies.
Si vous n'allez pas à Naples, profitez  de Rome et la salle de réception de l'Ambassade de France au Palais Farnèse, accès facile pas cher sur RDV,
C'est la plus belle copie.
Après, il y a pire au Jardin des Tuileries, au fond du Parc du château de Vaux-le-Vicomte et que tous s'enfuient,  ceci Brrrrr,  ce n'est pas mon" Hercule /Ercole" fétiche
Blague à part, si vous passez à Rome sans Naples, ne loupez pas ce moment.... Et Rome, on y revient vite,  sans vouloir citer certains Gaulois.

PS: Lutèce Lugdunum en  finale ???? au pire contre des Goths du Sud ou de L'est ?

A la fin, ce sont toujours les Goths qui gagnent ???  smile

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#43 17-08-2020 17:52

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

Silmo a écrit :

Brrrrr,  ce n'est pas mon" Hercule /Ercole" fétiche

Beurk... quelle horreur... Il y a effectivement de quoi s'enfuir... et d'ailleurs c'est bien simple, je n'ose même pas reproduire ton dernier lien en question dans ma citation... ^^'
Malgré mon absence totale de goût pour le culturisme, je préfère encore un autre Hercule, qui a au moins une dimension clairement humoristique...
Il se trouve que j'y ai repensé hier soir, en revoyant un certain documentaire de 2018 rediffusé sur... ARTE évidemment (documentaire accessible sur le site de la chaîne du 09/08/2020 au 19/09/2020).
Tout cela bien sûr est susceptible de nous éloigner fatalement quelque peu de l'Hercule Farnèse... Pour revenir à ce dernier, notons que les trois pommes dans la main du fils de Zeus et d'Alcmène n'ont pas échappé à l'attention du dessinateur, peintre et graveur néerlandais Hendrick Goltzius, au XVIe siècle : https://commons.wikimedia.org/wiki/File … uselang=fr

Amicalement,

B.

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#44 17-08-2020 18:57

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Je dois confesser que la vidéothèque du logis contient le meilleur comme le mauvais ou le très mauvais voire le pire que mauvais, y  compris une catégorie classée "films archi nuls" dont fait partie schwarzy en Hercule (rangé dans le bad bad bad), et tu sais que j'ai pire encore (du quadruple bad, voire quintuple que tu as visionné chez Didier et Romaine, mwarf) Parfois, plus c'est nul, plus c'est drôle.
Atteint de collectionnite, j'accumule les films de cuisine (1ère collection - nombreuse, je ne compte même plus), ensuite tout Chaplin (vraiment tout), et divers thèmes : le ciné italien des années 40 à 70, les films japonais, quelques westerns, les films de pirates, bien d'autres catégories encore... et puis, nous y arrivons, les films à ch*** qu'on ne voit qu'une fois. "Hercule à New-York" est dans les records du bas de gamme mais cette manie m'oblige à avoir tout film sur Héraclès qui est mon héros. Il me manque encore quelques nanards de Cinecitta difficiles à trouver et surveillés sur le Net.

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#45 25-08-2020 03:07

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées


Tiziano Vecellio, dit Titien ou Le Titien (1488/1490-1576).
Portrait de jeune homme ou Portrait d'homme, dit L'Homme au gant, vers 1520.
Huile sur toile, 100 x 89 cm.
Paris, musée du Louvre.

Silmo a écrit :

Au Louvre, l'Homme au gant de Titien...

Le tableau montre un jeune homme, le regard tourné vers la droite, habillé majoritairement de couleurs sombres devant un fond obscur, accoudé sur un support de pierre où l'on peut voir la signature de l'artiste inscrite en trompe-l'œil. Les vêtements propres et élégants, la paire de gants, et a fortiori la chaîne en or porté au cou et à laquelle pend un bijou apparemment orné d'un saphir, sont autant d'indices suggérant le statut social élevé du modèle. La main gauche gantée de celui-ci tient l'autre gant tandis que la main droite porte un anneau à l'index. De dernier détail peut laisser supposer que ce portrait d'homme avait peut-être pour pendant un portrait de femme, possible jeune épouse du jeune homme, dont hélas nous ne connaissons pas l'apparence, même si nous pouvons imaginer qu'elle ait les traits du modèle féminin d'un autre célèbre tableau du Titien, exposé dans la même salle du Louvre, La Jeune Fille au miroir, dite aussi La Femme au miroir. Le portrait de l'homme au gant, réalisé, vers 1520, par un Titien encore jeune mais en train d'évoluer vers un style généralement associé à la maturité du peintre, est un des premiers représentants d'un genre de peinture, le portrait individuel à caractère psychologique, qui connaîtra un grand succès auprès des clientèles aristocratiques et bourgeoises occidentales durant au moins les 350 ans qui suivront.
Voila ce que je peux voir au "premier degré".
Au "deuxième degré", je m'autorise une vision plus surréaliste, voire mythique. Au centre du tableau, dans un contexte essentiellement sombre, je vois comme une fleur blanche s'élevant à la verticale, avec une tête de jeune homme qui en surgit. Aviez-vous remarqué que dans les mythes gréco-latins mettant en scène des métamorphoses végétales, les jeune hommes font naître des fleurs en mourant tandis que les jeunes filles se changent en arbres ? Une hamadryade aux traits de Flore ferait, à cette aune, un beau pendant au tableau...

Amicalement,

B.

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#46 25-08-2020 10:18

sosryko
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Re : Expositions temporaires & musées

Cher Hyarion, figure-toi que j'avais aussi vu un homme-fleur ;-) Mais pour revenir à une lecture première, l'anneau à l'index m'intrigue car je ne suis pas certain qu'à cette époque l'époux portait un anneau en signe d'engagement marital ; j'ai souvenir que l'anneau était donné par le mari à l'épouse et que l'échange d'alliances entre époux est finalement récent.
S.

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#47 25-08-2020 11:06

Elendil
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Re : Expositions temporaires & musées

Je suis Hyarion sur sa description au premier degré. Pour le second, j'avoue le voir maintenant qu'il l'a signalé, mais cela ne m'avait pas franchement frappé en regardant le portrait.

Le port des gants au repos me semble un peu curieux, mais je ne suis certes pas expert de la mode de cette époque. Après, le fait qu'un des deux gants soit ôté met clairement la main dénudée en exergue. Or celle-ci n'a à mes yeux que deux éléments potentiellement remarquables : l'anneau et le doigt qui semble pointé vers le bord inférieur du tableau, où il n'y a... rien de notable. Le tableau aurait-il pu être recoupé ? Si ce n'est pas le cas, je ne vois pas trop ce que pourrait (éventuellement) désigner l'index. Et pourtant, le fait qu'il pointe globalement dans une direction similaire à celle du regard laisse à penser qu'il faudrait voir quelque chose d'autre. Peut-être un portrait en pendant, comme le suggère Hyarion. Pour l'anneau, je doute toutefois qu'il s'agisse d'une alliance : d'une part, il est porté à l'index, de l'autre il semble avoir une face supérieure aplatie. Sur l'image, j'ai l'impression qu'il pourrait s'agir d'une pierre dure, d'un motif gravé ou peut-être d'un camée. Ce pourrait être une chevalière, et la clef pour reconnaître l'homme au portrait, mais s'il y a un motif, il n'est pas suffisamment distinct pour être reconnu sur l'image.

E.

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#48 25-08-2020 11:56

Yyr
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Re : Expositions temporaires & musées

Merci François pour ce nouveau voyage !

Pour le port d'un anneau à l'index, Eruvike m'a appris que l'alliance conjugale se portait :
- à la main droite en terre catholique au Moyen Âge (de même l'anneau épiscopal, sauf messe pontificale) ;
- à l’index chez les juifs.

Cet indice me fait donc penser que l'artiste avait voyagé en Faërie, peut-être par le moyen du rêve à travers le temps et l'imagination, et rencontré les Eldar ... :) :) :)

PS : & merci aussi à Benjamin pour son exégèse, même si c'est habituel (et une bonne habitude) ;).

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#49 06-09-2020 20:38

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

J'ai reçu d'autres réponses directes à la maison à propos du  Portrait de l'Homme au Gant... je vais les compiler et commenter, sans doute au prochain we.

En attendant, je vous suggère un peu de lecture pour patienter... Sans doute suis-je en retard, je viens de découvrir après quelques années, une série de documentaires calendaires sur Arte (ça date de 2017 et je viens de les voir aujourd'hui)... Vieux motard que jamais. smile  et vive les calendriers.

Ca s'appelle "Quand l'histoire fait dates", docus de 25 min. présentés par Patrick Boucheron, historien, sur un ton savant mais pas pédant, neutre, sans provocations, qui ne récite pas wikipedia, avec des illustrations bienvenues car souvent rares et des animations limpides.
Ca va de la Mort du Christ à la prise de Constantinople en passant par Alesia ou le Serment du Jeu de Paume, toujours avec des mises en perspective judicieuses. Une bonne récréation pour les fanas des dates.

Silmo

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#50 20-09-2020 18:48

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Enfin un temps libre ce dimanche  (je ne suis pas aux journées du Patrimoine, ça me rappelle trop le boulot, ni à l'arrivée du Tour de France, ça me rappelle trop le vélo).
Je ne suis même pas sûr d'avoir rassemblé mes idées sur le  "Portrait de l'Homme au Gant" par Titien au Louvre.
Notre prolixe Hyarion a déjà dit beaucoup.
Agnès a envisagé un futur ecclésiastique à cause de l'habit (pas le hobbit).
Stéphanie est la seule à avoir évoqué l'usure des gants qui est en contradiction avec la qualité des vêtements (bien vu).

Alors, reprenons dans l'ordre à commencer par le titre du tableau.
Il s'agit : 1°) d'un portrait; 2°) d'un homme, 3°) au gant.
Même si ce titre vint plus tard et que le monsieur représenté jusqu'à présent anonyme, chaque mot compte.

1  / c'est un portrait :
Quel est à cette époque l'objectif d'un portrait ? c'est soit celui d'un cher disparu dont on veut conserver l'image, soit c'est un moyen de promotion dans la société. Ici, à mi-corps, le  jeune homme ou  sa famille veulent qu'il soit connu. Ce n'est pas simplement une selfie de plus à ajouter dans l'album de famille, c'est un format riche commandé à l'un des plus grands et plus coûteux peintres de Venise, un peu comme les portraits photo en N&B  de chez Harcourt exposés en vitrine et dans la boutique pour faire le succès du modèle et ces tableaux accrochés dans la galerie d'un palais pour faire la promotion des héritiers, de futurs courtisans, diplomates, écuyers, chambellans.
Il faut se montrer sous son meilleur jour. Le fond est neutre car c'est LE modèle qui compte (On est loin de Léonard et Mona Lisa qui peint autant une personne qu'un décor complexe). L'idée de Fleur tel un lys me plait. Je n'y songeait pas.
Ici, toute l'attention doit se concentrer sur le sujet, l'arrière s'efface, la lumière éclaire le visage dont le regard fuit le spectateur
Et il est pourtant très bien habillé
Chemise immaculée  au col dentelé comme aux poignets, afin de montrer le soin du personnage (on causera plus tard des gants).
Avec un pourpoint de velours couvert d'un manteau de laine, on distingue les nuances de noirs.
A propos, son index n'indique rien sinon sa posture 'cool' le pouce dans la ceinture du manteau.
A cette époque, un doigt vers le haut aurait montré le ciel, un vers le bas, rien sinon une tombe  (aujourd'hui, ça change, les sportifs montrent le ciel pour leur disparus, Requiescat in pace, mais à la renaissance on n'invoquait pas la Terre sauf en Inde)
L'hypothèse du double portrait époux/épouse , promis/promise ne me va guère car on aurait des sources historiques ou au moins équivalentes ce qui n'est pas les cas pour la dizaine d'Homme au gant de Titien.
On imagine bien que le temps de peindre impose une pose plus qu'une pause. Le modèle n'est pas si souple. ni constant.
Et pour terminer su le mot "portrait', ne jamais oublier que les artistes facturaient selon les difficultés (la tête seule, la tête et une main, la tête et les deux mains, des gants ou des chapeaux si besoin*).


... et nous en venons au deuxième mot du titre du tableau 'l'homme'

2/ un homme
A regarder, au premier abord on se dit c'est tout juste un gamin. Il a peu de poils au menton, une moustache d'ado, ne porte pas d'épée, pourtant il cavale ou est bretteur vu l'état de ses gants et ce portrait qui a dû coûter fort cher à sa famille montre l'ambition, voire l'investissement publicitaire.
Le regard vers l'extérieur n'est pas mélancolique, il est plus désabusé, comme les bijoux à demi cachés sont une fausse modestie. Il est beau, splendide, ... mensonge et publicité.
Un tout petit mot sur l'habit noir  qui ne destinait pas forcément à une vocation religieuse (Sorry Lilotte)  : en période de guerre, Venise promulguait des lois qui imposaient aux hommes la retenue vestimentaire et la couleur noire quel que soit leur niveau social ni aucune ostentation (d'où les bijoux semi cachés... Rester riche sans trop le montrer, s'offrir un grand peintre pour le montrer, Dire "Messieurs, mesdames, voici un beau parti, un bon candidat").
Ce gaillard souhaite accéder aux meilleurs postes de la Cour (souvent les armes pour le premier fils, le clergé pour le second, ici on ne sait pas).
Bref, cela dut valoir aussi cher qu'une couverture de Paris match  (Si beau soit ce portrait, Sic Transit Gloria Mundi, on ne sais qui c'est).

3 / N'oublions le dernier mot du titre du tableau qui est au  singulier 'Gant' alors qu'il devrait être au pluriel puisque le type tient dans sa main gauche le gant de  droite. Stéphanie l'a écrit, ils sont usés, élimés,  tandis que tout l'habit  est neuf. Peut-être un moyen de dire "Je suis jeune mais déjà un fier cavalier - je suis  un combattant- capable d s’offrir des ornements précieux, je sais les user et rester humble en respect de Venise"... Ce n'est que de l'interprétation puisque chacun peut lire à sa manière. C'est toujours  un mystère.... Mille excuses devant Titien, une dernière remarque : la main gauche qui tient le gant de la main droite : huit doigts, un octopus, une pieuvre. Un Hasard, un symbole de famille, un fétiche , qui sait ? mais comme c'est mon totem, ça m'a interpelé :-)


Silmo

*C'est une obsession, les grands peintres sont les meilleurs portraitistes de mains car il  en sont aussi soucieux que des visages (Berthe Morisot,aura toujours été nulle, Philippe de Champaigne, splendide) et c'est aux mains qu'on voit les excellences.

PS: prochain jeu en direction d'Angers puisque nous devons porter des masques, encore une jolie chemise et des gestes à lire...
http://musees.angers.fr/collections/oeu … index.html

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#51 21-09-2020 18:57

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Aujourd’hui, c’est le 21 septembre, jour de Saint Mathieu
Navré pour le style, j’écris au fil des pensées en essayant de réduire, mais là, c’est du lourd. Je me lâche un peu.
Difficile de tarder encore pour une ancienne promesse de visite romaine (quoiqu’ils soient fous ces Romains) car tout gaulois qui se rend dans la plus belle ville du monde - à l’exception de Lutèce - doit commencer son séjour par Saint-Louis-des-Français, c’est obligatoire, na !
L’église compatriote même pour les mécréants tels que moi (ensuite, y a d’autres incontournables et d’autres idées de messages à venir).
Prévoyez de la monnaie, la chapelle  dont on va parler est peu éclairée sauf par un distributeur pas trop onéreux.
C’est la chapelle Contarelli qui permet un hommage à un évangéliste, à la France de l’Ouest, à un mécène et à un artiste.
A la charnière du 16e et du 17e siècles, un religieux français veut investir dans sa carrière et dans la réputation de son pays. Il s’appelle Matthieu Cointrel, nommé cardinal à Rome change vite son nom en Matteo Contarelli (on dit que ce serait aussi la famille « Cointreau », celle des spiritueux).
Religieux autant que diplomate, il doit rabibocher le Vatican avec Henri IV.
L’habile homme fait d’une pierre 5 coups :
1 / il finance une nouvelle chapelle dans l’église des français sous prétexte de la dédier à son prénom en vue d’un futur tombeau ;
2 / il en passe la commande à un protégé du cardinal del Monte qui a les grâces du Pape. Michelangelo Merisi qu’on surnomme déjà Caravage à cause de ses origines (Carravagio comme avant lui Da Vinci). Ce n’est qu’un jeune artiste moins connu que Banksy de nos jours, moins encore que Picasso au début du 20e s. C’est un  risque, un pari audacieux de faire dans le contemporain car si nous regardons ces œuvres avec 320 ans de décalage, à l’époque c’était le must de l’innovation.
3 / Il demande au peintre d’évoquer la vie de Mathieu sur des toiles alors que la tradition est celle des fresques : d’abord, la Vocation en grand format puis le Martyr de mêmes dimensions. Au fond un tableau provisoire sur l’écriture de l’évangile en attendant une sculpture, les deux rejetés par le Chapitre, et remplacé par une nouvelle version de l’Ange inspirant Mathieu.
4 / il fait un acte politique fort car la Conversion de l’apôtre est un message direct envers le Vatican à propos du retour du roi de France parmi les fidèles – sans que le cardinal le sache, ce roi sera aussi victime d’une lame, comme Mathieu ;
5 / il atteint la postérité avec ce cycle majeur et bâtit sur une pierre sa renommée.
D’une pierre, cinq coups, superpetrus !
Alors visitons cette chapelle. Je vous épargne les détails que vous trouverez sur le Net et vous invite à regarder les deux tableaux principaux qui sont des chefs-d’œuvre d’un peintre qui n’a pas trente ans.
D’abord, la Conversion de l’évangéliste, à gauche de la chapelle.
Mathieu est le seul témoin des faits d’après les écritures. Jean n’en parle pas, Marc et Luc disent sans y avoir été. On sait que Mathieu était un douanier ou contrôleur, que le Christ est entré dans son office de fonctionnaire, l’a interpelé et sans aucune question, il l’a suivi.
Alors, quand on voit l’œuvre, on se pose mille questions sur un motif dont on sait si peu de choses.
D’abord, l’environnement : le bureau de douane est bien sobre, coupé en diagonale par un rai de lumière venant de droite. C’est presque un luxe au 17e, il y a une fenêtre sans verres car réservés à la noblesse mais des papiers huilés, l’un d’eux ne tient plus que par un fil, l’autre étant usé ou coupé (pourquoi ce tout petit détail ? l’artiste s’interrogeait-il sur la fragilité du fil de la vie ?). On sait qu’il eut son atelier au bas du Palazzo Madama, chez son protecteur Del Monte… peut-être y peint-il ce tableau ?
Le Mobilier est sobre : une table, une chaise curule à gauche, un banc au fond, une escarpolette devant. Le jeune artiste ne devait guère posséder plus chez lui et peignait ce qu’il avait sous les yeux.
Passons maintenant aux personnages… Laissez-vous  20 ou  30 minutes d’observation, prenez votre temps.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ … -07-56.png
C’est fait ?
Ils sont 7 et qu’avez-vous noté ? Les deux de droite sont vêtus à l’antique (toge et manteau), quatre autre sont en vêtements modernes – aujourd’hui, on dirait en costume pour les vieux, jeans et baskets pour les jeunes – le dernier intemporel et indéterminé, binocles sur le nez crochu, peut-être une regrettable allégorie de l’envie ou de l’avarice, difficile à dire. L’important est la distance, non physique mais temporelle entre les différents acteurs de la scène.
Revenons aux autres, n’est-il pas curieux ce mélange ? Franchissons quelques générations et imaginons un peintre associer des types en toges et d’autres en costards, cravattes ?
Jésus ne vient plus interpeler  un quidam antique… il vient chercher ceux de l’époque de la commande (of course Henri IV – c’est l’idée du Cardinal, Mathieu et ceux qui sont autour mais aussi toutes et tous).
Eh bien, c’est ce qu’ose Caravage ce jeune artiste, ce que paie son commanditaire, ce que valide la censure, ce qui réjouit le public, une petite bombe artistique.
Allons encore plus loin dans le jeu de « qui est qui » que Sosryko connait et que j’ai essayé d’approfondir.
Jésus côté droit, c’est fastoche, en rouge et bleu comme Superman (ou réciproquement).
Il tend la main et le doigt pour désigner Mathieu et cette main est, au fait, la copie de celle d’Adam au plafond de la Sixtine par Michel-Ange… Un premier signe vers la Conversion.
Le second est la présence de Pierre, non prévue au départ mais qui témoigne l’intercession de l’Eglise dans la Conversion, encore un message vers le Roi  Henri.
Deux antiques dans un décor contemporain. Mais au fait, qui est désigné ? Tout le monde dit que c’est le barbu !
Pourtant il semble interloqué alors que son évangile dit qu’il ne se pose pas de questions, se lève et part.
On se dit aussi que trois personnages ont des chapeaux alors qu’on n’est pas couvert quand on est chez soi. On voit encore que le barbu à la même livrée, les mêmes couleurs, que son voisin (un page sans doute). Ce ne sont pas des fonctionnaires douaniers, ni les acolytes armés.
Le Seul douanier près de ses sous, c’est celui qui n’a pas de chapeau, a déjà les couleurs du Christ sur son habit, occupe le siège curule du maitre de céans, même jeune, il tient les comptes, et qui dans une seconde va se lever à l’appel sans avoir à s’interroger quoique l’avarice lui susurre aux oreilles.
En résumé, Mathieu  c'est lui qui vieillira dans la tableau d’en face qui n’est pas forcément le vieillard qui s’interroge mais plutôt le jeune. En tout cas la scène interpelle.
Nous discuterons des autres tableaux après celui-ci et une autre visite romaine (fous mais doués ces romains !).
S.

PS: Jean-Philippe, nous avons lu et relu les mêmes articles mais il aura fallu tellement de temps pour que ce qui va de soi saute aux yeux en plein milieu du tableau : les manches des bras de la même couleur, le commerçant et son fils ou son page, la même livrée, le barbu ne peut pas être le douanier et il désigne celui que Jésus interpelle, pas lui-même. La vérité dans les couleurs.  smile

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#52 21-09-2020 23:04

sosryko
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Re : Expositions temporaires & musées

Rahh, c'est beau :)

Mwarf, évidemment que Matthieu est le personnage le plus à gauche, et tu ajoutes des arguments colorés qui viennent confirmer une telle lecture :)

L'argument le plus fort pour moi demeure la temporalité : Caravage n'est plus un peintre de la temporalité des tableaux classiques. On lui demande un tableau sur l'appel de  Matthieu et lui répond par un tableau sur la confusion qui a pu suivre l'appel.
Le tableau n'est pas une illustration du « Suis-moi » mais des questionnement qui ont suivi.
Le jeu des pieds et des mains confirme ce décalage. Les pieds de Jésus sont en train de partir, sa main retombe, son index sur le point de se replier est comme celui de l'index du Dieu de Michel-Ange en effet, qui ne nous est pas montré donnant la vie mais comme celui qui vient de la donner à Adam : dans le brouhaha des paroles et le cliquets des pièces, on s'interroge et les mains des personnes qui vont converser prennent le relais de celle de Jésus :
Le riche barbu, en train de payer son dû à Matthieu, sa main sur sa poitrine : « Quoi ? Il me demande de le suivre, moi ? »
Pierre, sa main désignant Matthieu, qui n'a rien entendu : « Non, pas toi, lui... »

Ce qui est beau c'est que Caravage peint l'intervalle temporel entre l'appel et la réponse à l'appel, mieux, entre l'appel et sa reprise.
Caravage ose imaginer que Matthieu n'a pas entendu l'appel de Jésus !
Il en rajoute puisque Matthieu, absorbé dans les comptes, n'entend pas même la conversation entre le vieil homme riche et Pierre...
Il faudra donc qu'un autre que lui vienne le sortir de son quotidien pour l'interpeller : « Es-tu donc sourd ? Le Maître t'appelle ! »
Ce temp là n'est pas représenté et on devine qu'alors, Jésus aura repris son chemin (il est déjà en train de partir), avec Pierre. Matthieu devra donc courir pour les rattraper...

Et là, la lecture des couleurs et des vêtements de Silmo rend le tour de force encore plus beau : assurément, le Matthieu peint par Caravage, comme ceux avec qui il interagit autour de la table n'est pas habillé à l'antique.
Tout s'éclaire si nous comprenons qu'en fait, il ne s'agit pas du Matthieu des évangiles qui fut appelé par Jésus mais de l'homme d'aujourd'hui absorbé dans ses activités (pour le visiteur de saint Louis des Français, ce sera peut-être l'absorption dans un guide de Rome qui vous indique tous les bons coins et vous précise accessoirement que le célèbre Matthieu est le vieil homme riche du tableau devant qui tout le monde s'attroupe !), qui n'a peut-être jamais entendu parler de l’Évangile,  qui se trouvera interpellé tout à nouveau, à chaque fois qu'il contemplera ce tableau : «  Tu n'as pas entendu ? Le Maître t'as appelé ! »

A droite, la peinture d'un appel lancé alors il y a près de 1570 ans (la Vocation de saint Matthieu date de 1600) ; à gauche, l'écho de cet appel qui résonnait au temps de Caravage, avec la possibilité encore donnée de demeurer assis et de poursuivre ses comptes dans la pénombre ou de se lever et de suivre le rabbi de Nazareth dans la lumière.

S.

PS : hep, Silmo, lors d'un retour à Rome, j'espère que tu as l'intention de passer (pour diverses raisons) par Santa Maria del Popolo ;-)

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#53 22-09-2020 02:28

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

Merci (à tous les deux) pour tout ce partage.
Ma découverte de l'église Saint-Louis-des-Français de Rome remonte à 2002...  C'est loin, mais je me souviens de la série de chefs d'œuvre du Caravage qu'elle contient, et que j'avais d'ailleurs découverte presque par surprise (ma curiosité avait d'abord été piquée surtout par le caractère apparemment francophile du nom de l'église)... Accessoirement, je me souviens même d'avoir acquis un exemplaire des Promenades dans Rome de Stendhal dans une librairie française qui, si j'ai bonne mémoire, se trouvait à côté de l'église (peut-être est-ce toujours le cas ?)... ^^'

En passant, je me permets de signaler ici une possible, voire probable, source d'inspiration caravagesque en ce qui concerne un tableau tolkienien de Donato Giancola : The Tower of Cirith Ungol, peint en 2012. Je vous laisse chercher l'œuvre (avec une coquille dans le titre) dans la page dédiée à la Terre du Milieu sur le site de l'artiste : https://www.donatoarts.com/middle-earth
Je peux bien sûr me tromper, mais il m'a toujours semblé que la composition de ce tableau, de même qu'une répartition inversée du nu et du vêtu, tendait à faire écho à la partie plus ou moins centrale du fameux tableau Le Martyre de saint Matthieu (Il Martirio di san Matteo) que le Caravage peignit également pour la chapelle Contarelli de l'église Saint-Louis-des-Français, et dont François nous parlera peut-être plus tard. Qu'en pensez-vous ?

B.

P.S. : concernant le tableau de Lorenzo Lippi du musée d'Angers, il apparait que, jusqu'à présent, François a sélectionné des œuvres qui se trouvent être étudiées dans une partie de ma bibliographie de travail... donc même si j'entends jouer le jeu et mettre en avant mon propre regard, difficile pour moi de jouer totalement les ingénus ! ^^' Ceci dit, en essayant de rester spontané, il y a évidemment de toute façon des choses à dire... mais on verra plus tard.

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#54 22-09-2020 08:21

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Hyarion a écrit :

... jusqu'à présent, François a sélectionné des œuvres qui se trouvent être étudiées dans une partie de ma bibliographie de travail

Pur hasard pour des choix communs ou des évidences partagées car je ne connais pas ta bibliographie  wink

Sosryko a écrit :

hep, Silmo, lors d'un retour à Rome, j'espère que tu as l'intention de passer (pour diverses raisons) par Santa Maria del Popolo ;-)

Of course, c'était l'entrée de Rome pour les pèlerins et visiteurs venus du Nord et donc de France, j'y vais toujours mais après Saint-Louis des Français (par patriotisme tongue ). Lors de mon premier séjour, je ne pus accéder à la chapelle des Caravage sans attendre la fin de l'office, mais, pour paraphraser le roi Henri dont je parlais hier, Rome vaut bien une messe. hmm
D'autres incontournables :
- l'église du Gesu à 17h00 pétantes  pour le son et lumières de 17h30 (surprenant surtout pour la découverte de la statue de Saint Ignace
- à propos de saint Ignace, l'église qui porte son nom est précédée d'une place en forme de théâtre ou de scène d'opéra et surtout y aller pour sa voûte vertigineuse par Andrea Pozzo)
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89gli … la_HDR.jpg
- l'église Saint-Pierre aux liens pour le Moïse de Michel-Ange
- La basilique des Quatre-Saints-Couronnés si on s'intéresse à l'histoire de la Donation de Constantin
- Sainte Praxede pour ses mosaïques, ses fresques et la relique de la colonne de la flagellation
- l'église Sainte-Croix-de-Jérusalem pour les chasseurs de reliques
- etc, etc
- et tous les lieux où il y a des peintures de Caravage ou des sculptures de Bernin à commencer bien entendu par le Palais Borghese (faut réserver et même deux réservations dans la même journée car c'est limité à 2h00 de visite dont une heure dans la galerie des peintures... c'est pas assez).
- et tous les sites antiques dans la ville et hors la ville...
Bref, jamais de quoi se lasser et même quand un site est fermé, on se retourne et il y en a un autre.
Et je n'ai même pas parlé des musées et palais et monuments historiques, ni des paysages, ni du Vatican, de la villa Hadriana, du Colisée ou du circus Maximus... arg

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#55 22-09-2020 09:30

Yyr
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Re : Expositions temporaires & musées

Grand merci, Silmo, pour tout cela, à nouveau.
J'ai toujours aimé m'appliquer sur les mains dans mes dessins ;).

Sur l'Appel de saint Matthieu, je vous suis, Sosryko et toi, d'autant plus facilement que vous m'aviez commenté ce tableau en privé.
J'ajouterai que, d'après moi:
- l'homme aux lunettes, intemporel comme l'argent et le pouvoir qu'il exerce, en effet, est à mon avis le seul à compter encore les sous ; c'est du reste, selon moi, le seul qui n'ait rien entendu (ou qui ait refusé d'entendre quoi que soit) et ne soit pas vivant si vous voyez ce que je veux dire : il n'est pas là, il n'est pas à ce qui se vit en cet instant ;
- l'homme à la barbe ne se désigne pas lui-même mais il désigne bien Matthieu ; son index et même sa main ne seraient pas positionnés de la sorte pour se désigner lui-même ;
- Matthieu n'est plus en train de compter les sous ; ses mains sont positionnées comme quand on s'est interrompu et qu'on les pose, presque accablé (les épaules à la Charlie Brown ;)).
C'est là mon interprétation différente de Sosryko : pour moi, il est clair que Matthieu a très bien entendu ; je suis saisi par l'intensité qui se concentre en sa personne.
[Édit : Arf, je regarde à nouveau et je ne suis déjà plus d'accord ou plus si sûr :) J'essaie de me pencher, de rentrer dans le tableau, pour voir son regard ... Et je me demande aussi ce qu'il tient dans sa main gauche, peut-être une bourse (?)]

Encore bravo et un très grand merci pour ce partage de richesse, Silmo, à commencer par la tienne.

Hyarion : bien d'accord avec toi pour l'écho entre le tableau de Donato Giancola et Le Martyre de saint Matthieu du Caravage.

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#56 22-09-2020 10:18

sosryko
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Re : Expositions temporaires & musées

Cher Yyr,

Je trouve que Matthieu ramène les pièces vers lui mais effectivement l'index de l'homme riche pointe plus vers Matthieu que vers lui-même (ce qui fait qu'il pourrait être en train de dire « C'est à qui de nous deux que ton maître a parlé ? »), mais ta proposition est tout aussi valable et belle : Caravage qui peint la décision en train de se prendre, Matthieu entré en lui-même après avoir entendu l'appel, saisissant la rupture que cela implique et  tiraillé par des désirs contraires.

@ Hyarion : très bien vu !

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#57 22-09-2020 18:05

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

La suite viendra avec plaisir chers amis, patience, ne soyons pas en hâte du martyre de Mathieu plus compliqué à commenter, et chacun peut y aller de sa plume ou de son clavier.
Là encore sans faire des copier/coller de gougueule, ouiki ou autre - un effort de lecture et des idées personnelles svp smile.
Je joue moins le jeu puisque j'ai déjà des billes en poche mais comme dans Donjon et Dragon, chacun lance ses dés.
Voici l'image du tableau en vis-à-vis de la Vocation, celle du Martyr dans la chapelle (quasi même format) tranquillité à gauche de la chapelle, violence à droite, déjà ça interpelle :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Martyr … Matteo.jpg

et derechef à propos de martyr, gaffe aux détails avant de conclure...
Tout bien regarder soi-même. Ayant  déjà dialogué sur cette œuvre, plusieurs se sont fait leur idée qu'ils peuvent compléter.

Affaire à suivre pour Matthieu et d'autres.

FrA

ps: vos remerciements font plaisir, pourtant, je n'invente rien qui n'ait déjà été dit (sauf peut-être les coloris du costume) ou écrit, pour le peu que je sache. Il n'y a aucune découverte et seulement une autre lecture, au départ pour mes neveux et nièces en leur parlant de commerce, de support d'image, de couleurs, de format, d'objectif, etc. Ce changement de perspective vint de l'ainé de mes neveux à moins de 10 ans, pressé au Louvre de voir la Joconde, et qui me disant en avoir vu une photo à l'école, qu'elle avait plein de marrons différents et lui n'en avait qu'un dans son tube de peinture. Une révélation sur le regard, celui des jeunes et comment leur parler d'art (et d'ailleurs les écouter avant que de parler, c'est pourquoi je me tais).

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#58 22-09-2020 21:37

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

Yyr a écrit :

Hyarion : bien d'accord avec toi pour l'écho entre le tableau de Donato Giancola et Le Martyre de saint Matthieu du Caravage.

sosryko a écrit :

@ Hyarion : très bien vu !

Merci pour vos retours. ^^

B.

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#59 22-09-2020 22:09

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

le rapprochement de Hyarion entre Donato Giancola et Caravaggio est probable et j'aime l'idée.
Pourtant  je ne ferais pas forcément le lien avec le cycle de Mathieu à Saint-Louis des Français, même si l'influence caravagesque convient... plutôt  une position proche de la Conversion de Saint-Paul à Santa Maria del Popolo (évoquée ci-dessus) : corps en diagonale et tête en bas à droite. Peu de tableaux sont ainsi construits.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ … uselang=fr
Peut-être un mélange de tout cela.
S.

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#60 22-09-2020 22:28

Yyr
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Re : Expositions temporaires & musées

sosryko a écrit :

Caravage qui peint la décision en train de se prendre, Matthieu entré en lui-même après avoir entendu l'appel

Oui, c'est beaucoup mieux exprimé ainsi.
Ainsi l'appel est-il peint : là où il est entendu, à l'intérieur d'une âme.

Petite blague à vous partager. Tout à l'heure j'étais à l'église quelques minutes, assis devant l'autel avec un vitrail du Christ au fond, et je pensais à Silmo qui pourrait m'expliquer ses couleurs. Peu de temps pour prier : deux paroissiennes dont une religieuse m'aperçoivent et viennent me saluer, car cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus. À la sœur qui me demande des nouvelles, je dois lui annoncer la naissance et aussi la maladie de Sailendil. « Pauvre petite » me dit-elle. « Non non lui réponds-je, ce n'est pas aussi grave quand même, c'est un garçon » :). Elle n'a pas entendu (fichus masques). Pas grave, je me suis dit que François serait plié ;). Quant au Seigneur, je pense qu'il a souri. L'ennui, c'est qu'il est imbattable : rentré ici, je montre l'Appel de Saint Matthieu à ma moitié et je lui demande de me dire où est Saint Matthieu (elle n'a jamais vu le tableau) ... et elle me le montre immédiatement !!! ;)

Pour le Martyr, je n'arrive fichtrement pas à distinguer ce qui se passe derrière.

En attendant, je note que cette fois, les épées, transparentes, sont futuristes. :)
Comme dirait Isengar : je sors :)

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#61 22-09-2020 23:15

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

Silmo a écrit :

le rapprochement de Hyarion entre Donato Giancola et Caravaggio est probable et j'aime l'idée.
Pourtant  je ne ferais pas forcément le lien avec le cycle de Mathieu à Saint-Louis des Français, même si l'influence caravagesque convient... plutôt  une position proche de la Conversion de Saint-Paul à Santa Maria del Popolo (évoquée ci-dessus) : corps en diagonale et tête en bas à droite. Peu de tableaux sont ainsi construits.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ … uselang=fr
Peut-être un mélange de tout cela.

C'est surtout au Martyre de saint Matthieu que la composition de Giancola continue à me fait penser, mais tu as raison d'évoquer aussi une position du corps plus en diagonale et tête en bas que celle de Mathieu, et en cela plus proche de celle de Paul dans la Conversion de saint Paul : on peut ainsi envisager un certain mélange caravagesque dans l'inspiration, en effet.
Merci pour ton retour. ^^

B.

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#62 22-09-2020 23:26

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Ne regarde pas les épées, quoique..., mais voyez d'abord les vêtements, les mouvements, les regards et les lumières.

Dans la Vocation, quand je parlais de "tous et toutes", bien sûr c'est le message du tableau souligné par Sosryko pour les contemporains.
Nous n'avons pas parlé du personnage de dos au centre, pas dans la même livrée mais armé, prêt à bondir, on ne sait pour défendre qui (le douanier ou le notable). Selon moi, le doigt de Pierre ne répète pas la désignation du Christ qui se suffit à elle seule, mais intime au soldat (aux armées) de se rasseoir et se cantonner là. C'est peut-être pousser la lecture mais sinon, à quoi bon ce personnage avec épée ?
Je ne sais et continue de lire.
Bravo à Sonia Marple qui a vu judicieusement hmm
S.

Merci pour le message Jérôme. Un éclat de rire à retardement en pensant à ce vitrail et ta discussion cordiale avec ces ferventes et toujours autant de belles pensées pour vous cinq.

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#63 23-09-2020 19:12

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Nous reparlerons vite du Martyr de Mathieu et de Rome.

Mais les voyages se poursuivent...

Un qui va faire cogiter le jeune Esteldil, j'espère... au musée Condé de Chantilly, les Très Riches heures du Duc de Berry, avec plein de détails à fouiller (faut mettre les zimages en grand format : vêtements, couleurs, saisons, animaux, flore, villes et châteaux, etc...). On décrypte les miniatures avant de regarder les notices en ligne.

Je rajoute aussi par plaisir le Puits de Moïse à Dijon  (idem, voir toutes les photos agrandies): six bonhommes qui se tournent le dos sous un calvaire disparu et prophétisent la même religion. une merveille, une rareté avec ses couleurs encore visibles, à aller voir absolument.
Mon préféré, Moïse, avec ses cornes (retour vers Rome à Saint-Pierre aux liens ou à Naples, Bucéphale, j'aime les bêtes à cornes)

FrA (espérant inspirer des idées de voyages ou excursions post covid). Peut-être (sans doute) est-ce aussi dans la biblio de Benjamin  smile

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#64 09-10-2020 16:52

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Par Bélénos, Toutatis,  et Cie, il faut bien un jour un l'autre se coller à l'exercice  de ce Martyr de Mathieu.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ … Matteo.jpg
Pas facile car le peintre lui-même s'y reprit plusieurs fois comme en attestent ses repentis et il fallait à l'époque rester  au  cordeau envers le Saint-Siège.
Une fois de plus, on observe l'image.
Plus d'une douzaine des personnages dans des costumes d'époques différentes, on a déjà vu combien c'était important.
Mais resituons le lieu et le pourquoi.
On a déjà décrit à gauche de la chapelle la tranquille et immédiate vocation. Ici, en face, le violent martyr.
Si la vocation est décrite dans l’évangile de Mathieu, et si on lui consent en être l'auteur, il lui aurait été bien difficile d'écrire son propre supplice qu'on ne retrouve ni chez les autres Évangélistes ni dans dans les Actes des Apôtres, uniquement dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine. On passera sur l’étymologie déjà en ligne, pas besoin de répéter. La  Légende dorée fut néanmoins une source d'inspiration féconde aux temps anciens.

Selon la légende, donc, Mathieu se fâche avec le roi d’Éthiopie qui refuse la conversion au catholicisme de sa fille. Ce dernier envoie des soldats tuer Mathieu pendant qu'il officie. Il meurt en martyr et devient Saint.

Revoyons l'image : il s'agit d'un baptistère, une piscine pour recevoir les nouveaux convertis : une margelle, trois marches, de l'eau.
Les nouveaux baptisés se sont dénudés, ils n'ont qu'un froc pudique. Un diacre ou un un enfant de chœur s'enfuit en criant au lieu de porter secours.
Le Saint, tombé à terre, va succomber . Il est en habits sacerdotaux.
Un ange lui tend la palme du Martyr (un commentaire à ce propos en ps)

Les quatre candidats au baptême sont quasi nus et souvent, on considère le personnage central, le plus visible, comme le bourreau de Mathieu...
Comme avec la conversion, c'est une erreur.

Un peu comme dans une série policière, cherchez le criminel, ce n'est pas le plus évident !

On regarde plus à gauche, des personnages en tenue moderne, les uns effarés, les autres fuyant.

Un tout petit détail : parmi ceux qui s'enfuient, l'un lâche une épée (il a le visage -autoportrait - du peintre qu'on connait par ailleurs) tandis que le présumé bourreau, figure centrale du tableau, semble non lâcher mais s’être saisi de l'arme du crime.... il a même l'air effaré, tente de tenir Mathieu comme en secours pendant que les assassins s'enfuient.

Oui, le personnage central, c'est le baptisé qui tient la main de Mathieu. Le désespéré est celui qui jette l'objet du meurtre (et c'est le peintre lui-même). Les autres ne sont que des gandins qui l'accompagnent (blousons de cuir brodé), signe de vanité.

Et puis regardons encore...
Si l'on es d'accord que le type au centre n'est pas le bourreau, que d'autres s'enfuient lâchement, il reste que le vrai assassin, Presque au centre - Caravage himself - n'est pas apeuré, ne s'enfuit pas, mais se pose autant de questions que nous... son visage est plein d'interrogations.

Je livre encore une autre question insoluble... quid du cierge à la verticale du présumé ou non bourreau. Aviez-vous noté cette petite flamme ? Argh, ce chef-d’œuvre est complexe.

C'est marrant.
Comme je le disais à propos d'un simple vase, on peut discuter des heures.

S.

ps: ayant dit que je parlerais de Palmes, je ne suis pas allé gougueuler, mais j'ai songé ce matin à la Palme de ce Martyr, aux palmes académiques et aux palmes du Festival de Cannes, en prenant le café et me demandant quel rapport entre ces récompenses palmées (et je ne parle même pas des des palmes nautiques pour les nageurs) et suis-je bête, j'oubliais les palmes de la Pentecôte... en résumé, pour beaucoup (Jésus, Mathieu et tous les martyrs), qui reçoit des palmes va sitôt passer Ad Patres... du coup, pas envie de Cannes, ni d'académie smile

pps : le baptisé central, ce n'est qu'un hasard, porte au front un bandeau comme celui qu'Hector offrit à Ajax évoqué plus haut... des hasards ou des thèmes répétés, comme les palmes ???

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#65 10-10-2020 15:14

sosryko
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Re : Expositions temporaires & musées

Cher Silmo,

Tu as dit l'essentiel, mais tu sembles hésiter entre un Carvage-personnage qui fuit ou qui ne fuit pas ; pour moi, il ne peut que fuir. C'est son regard et l'attitude de son visage qui m'interroge. Il semble écoeuré, mais de quoi ? De son acte ? De sa lacheté qui le porte à ne pas l'assumer ? Ou bien de la dévotion accordé à Matthieu ? Mais dans ce dernier cas, j'attendrais du mépris.
Et si l'expression sur le visage du Caravage-personnage n'était autre que la lassitude du Caravage-peintre qui ne peut peindre le tableau tel qu'il le souhaitait ou qui n'arrive pas à peindre le tableau qu'il voudrait ?


Merci en tout cas pour cette nouvelle description-enquête d'un tableau où, à nouveau, Caravage se joue des codes du classicisme pour interroger le regard de l'observateur et lui proposer de multiples point de vue.
Pour ma part, j'y vois de nombreux ronds dans l'eau...
Tout d'abord ceux qui irradient du centre du tableau, qui est exactement le point du noeud du pagne du catéchumène entre lumière et ténèbres :
1602334854_diapositive1.jpg
En ce centre, la colère nue (ou presque). A la périphérie : la tête du Caravage-personnage. Au-delà encore la tête de Matthieu, mais déjà dans le centre, la main droite de Matthieu et la main gauche du Caravage-personnage qui se répondent, diamétralement opposées.
Le cierge posé sur le côté de l'autel à la verticale de la tête du catéchumène furieux est à mettre en parallèle avec la croix pattée au milieu de l'autel dont la verticale est au-dessus de la tête de Matthieu.
Indice (en plus des vêtements et du Caravage-personnage fuyant) que le premier n'est pas le bourreau de l'autre.

Le centre de la Croix attire à son tour le regard et de nouveau ronds dans l'eau font vibrer la toile :
1602335117_diapositive2.jpg
La ligne horizontale qui part de ce nouveau centre associe la main du Caravage-personnage à celle du catéchumène qui tient l'épée.

Ce qui est quand même dingue, c'est que le bout de la palme soit dans les deux cas à une frontière (soit de l'horizontale qui partage le tableau en deux parties égales, soit d'une des diagonales centrées sur la croix). Dès lors,  d'autres centres encore sont possibles, dont le point intermédiaire entre la main de Matthieu et le bout de la palme. Mais évidemment, le centre décentré par Caravage et qui fait l'objet du tableau est la tête de Matthieu lui même.

Des deux figures de catéchumènes en bas à droite, l'une m'est insupportable : le visage appuyé sur le dos de sa main (laquelle se tient fixe on ne sait comment), elle semble se complaire du spectacle qui s'offre à ses yeux. Inversement, le personnage au couvre-chef emplumé semble être ailleurs, indifférent à l'agitation ; certainement il était déjà ailleurs au cours de la cérémonie... et il sera le dernière à se rendre compte de ce qui se passe.

Et puis il y a les mains de Matthieu. Dans sa jeunesse, elles se fermaient sur l'argent qu'elles ramenait à lui ; au moment du dernier souffle, elles sont ouvertes et dirigées vers l'extérieur : la main droite pour recevoir le don (la palme), la main gauche qui semble offerte, prêt de l'eau du baptistère. Cette main ouverte, c'est la vie qu'on ne peut retenir, comme l'eau coule à travers les doigts, mais j'aime aussi voir cette main gauche faire pendant à la main gauche du Caravage-personnage : la main offerte du pardon en regard de la main honteuse du coupable.

Enfin, mon regard suit des figures géométriques, les mains répondant aux mains, les visages aux visages.

Une dernière réflexion : les plumes et la palme. Matthieu, au moment de mourir, peut à la fois voir la tête emplumée qui évoque les deux autres têtes emplumées du tableau de son appel, qui fait face à celui-ci, et la palme. Les plumes, qui évoquent le milieu opulent et vain dans lequel il évoluait, et la palme qui évoque la victoire accordée à celui qui a été fidèle à l'appel entendu dans sa jeunesse.

Encore une fois le tableau de Caravage n'est que temporalités télescopées et regards multipliés à partir d'un espace constitué essentiellement de lumière, d'obscurité et de corps.

Tant de tableaux dans le tableau ! Le mystère de la beauté demeure.

S.

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#66 10-10-2020 16:36

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Arf, pourquoi pas?
Je saisis ton idée, mais je ne serais pas allé jusque là dans la lecture.
Et j'avais effectivement oublié de parler de la croix. J'ai fait trop rapide.
Est-ce toi qui a réalisé ces diagrammes ? ou les as-tu trouvés sur le net?
Je suis toujours circonspect entre la lecture d'une œuvre et les intentions que nous voulons y ajouter.
J'en reste au plus simple : le baptisé au centre ne peut pas être un bourreau.
Je persiste et signe... l’assassin véritable fuit avec le reste de ses potes, MAIS, il se retourne et constate l'horreur de ce qu'on lui a ordonné, et j'y vois un tardif regret. Mais, bon, chacun sa lecture.
Un regret, une confession ?? toute l’ambiguïté (l'humanité) du Caravage.
Une bonne occasion  d'aller revoir ces chefs-d’œuvre et toujours n'y rien comprendre (avec des pièces de quelques centimes pour avoir de la lumière électrique mais point de lumières au cerveau).
S.

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#67 10-10-2020 16:47

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

ps : rien à voir avec la choucroute mais un ami d'ici franchissant en ce moment les Pyrénées, je ne me souviens pas du film dans lequel A. de Vigny était cité (le Cor) : "Tranquille cependant, Charlemagne et ses Preux, descendaient la Montagne et se parlaient entre eux". J'ai gougueulé sans trouver et ma mémoire défaille (a priori, ni Resnay, ni Sautet, ni Y. Robert, ni Oury..). si quelqu'un s'en souvient, je lui offre un kg de cacahouètes. Promis :-)

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#68 10-10-2020 17:07

sosryko
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Re : Expositions temporaires & musées

Très cher Silmo, droites et cercles  sont les miens,
Pour toi tout fraîchement tracés de ce matin
;-)

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#69 10-10-2020 23:03

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Merci Sosryko. Belle façon de regarder Caravage.

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#70 11-10-2020 15:41

sosryko
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Re : Expositions temporaires & musées

Un dernier regard pour la route, qui cherche les volumes du lieu, visible ou supposés (étant entendu qu'il y a de l'eau dans le baptistère et que le pied du catéchumène comme la main gauche de Matthieu n'y sont pas plongés). Il apparaît que le tableau se termine sur la droite au niveau de la courbe de la dernière marche visible avant d'entrer dans l'eau.
Revenant sur le regard du Caravage-personnage : bien que la perspective (malmenée de toute manière) du tableau ne l'autorise pas vu sa position vis-à-vis des marches (quand on regarde sa jambe),  en zoomant, il est clair que le Caravage ne regarde ni par terre, ni son épée, ni celui qui  a ramassé son épée, ni vers Matthieu, ni dans le vague, mais vers la croix de l'autel, à moitié dans la lumière, à moitié dans l'ombre portée de la nuée.
S.

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#71 11-10-2020 21:33

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Pourquoi pas, cher ami... mais je n'aurais pas écrit "il est clair"  smile  Plutôt, en l’occurrence, "il est clair-obscur"  big_smile

Bravo pour le diagramme des volumes. Tu as dû y passer du temps et c'est très bien vu.
Cependant,je ne saurais dire ce qui est calculé ou non, mathématique ou pas. Voulu ou pensé.
Ce qui est inné ou pas dans la tête d'un artiste. La création a ses mystères non comptés.
Tu es mathématicien, Caravage l'était-il à son jeune âge ? de manière innée, réfléchie ou non, hasard, nécessité.
Son historiographie, avec tous ses talents, n'en fait pas un étudiant studieux en trigonométrie
donc point trop de mesures et plus de mesure. smile.

S.

ps : et c'est bien sûr un clin d'oeil aux jeux de mots  neutral

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#72 12-10-2020 15:21

Yyr
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Re : Expositions temporaires & musées

Pfiou ...
Bon c'était vraiment dur, j'avoue que j'avais un peu laissé tomber et je m'y suis remis avec vos participation.
Merci beaucoup beaucoup beaucoup :)

Alors, pouvez-vous éclairer ma lanterne ?

D'abord, je ne vois toujours pas bien ce qui se passe au fond ici :
1602508241_martyre-1.jpg
Il y a bien un homme (plan moyen) entre Caravage (dernier plan) et le bras gauche armé d'un autre (premier plan) ? Mais je suppose qu'on ne peut rien en dire de plus ?

Ensuite, c'est bien une jambe, ici :
1602508370_martyre-2.jpg
Mais elle appartient à qui ? Je ne puis la rattacher à personne :)

Enfin, ce personnage est particulièrement mis en valeur je trouve :
1602508575_martyre-3.jpg
S'agit-il d'un notable de l'époque de Caravage ?

Pour l'énigme, je sèche.
Je veux bien que le catéchumène central ne soit pas nécessairement l'assassin, mais pour Caravage je me retrouverais plutôt dans cette interrogation :

Sosryko a écrit :

Et si l'expression sur le visage du Caravage-personnage n'était autre que la lassitude du Caravage-peintre qui ne peut peindre le tableau tel qu'il le souhaitait ou qui n'arrive pas à peindre le tableau qu'il voudrait ?

Tout comme Sosryko encore, le catéchumène qui assiste au spectacle m'est insupportable.
Mais du coup, pourquoi pas un ou plusieurs faux catéchumènes ayant ourdi l'assassinat ? (mais il n'y a pas de tradition en ce sens, donc bof)

Yyr

Silmo a écrit :

Pourquoi pas, cher ami... mais je n'aurais pas écrit "il est clair"  :)  Plutôt, en l’occurrence, "il est clair-obscur"  :D

Hi ! Hi ! Hi ! :) :) :)

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#73 12-10-2020 17:26

Silmo
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Re : Expositions temporaires & musées

Content que ma petite blague  à Sosryko t’amuse smile
La photo n'est pas très bonne, hélas, et il faudrait aller sur place, le barbu (Caravage) jette l'outil du martyr. On doit trouver de meilleures reproductions sur la toile, un autre peut-être tente de le rattraper, un s'en fiche (celui avec le blouson de cuir, un rocker du siècle d'antan), un est stupéfait mais dans quel sens?
Il faut bien distinguer les vêtements et les postures.
Les quasi-nus baptisés, intemporels tels que les héros antiques, des innocents, y compris le central sont des éthiopiens  ( blancs encore à cette époque où les chrétiens n'étaient pas multicolores chez les peintres et leurs commanditaires, ça n'évoluera que tardivement).
L'évêque martyr, idem par définition.
L'enfant de chœur qui fuit à droite, apeuré, aussi, quelle que soit sa peur. Peut-être reviendra-t-il une fois la peur passée.
Tous ceux-là, même apeurés , sont dans le Salut.
Et tous les autres, à gauche en costume moderne, ils son déjà condamnés ou peuvent encore choisir.
Ici encore, on distingue l'assassin (probablement Caravage) puis ses complices tournant le dos mais aussi d'autres spectateurs effarés.
Qui se déballonne? qui hésite? qui reste coi? qui regrette déjà? Tous ne sont pas voués aux gémonies.

Il est inimaginable qu'à cette époque, avec une commande aussi importante,  Le bourreau ai pu être le personnage central fraichement baptisé (et ce n'est pas non plus dans la Légende dorée).
La justice vaticane était alors si rigoureuse qu'elle n'aurait pas laissé accuser un nouveau baptisé de meurtre. Impossible, mes amis.
Ni le commanditaire cardinal n'aurait pu laisser croire au Saint--Siège qu'il y aurait tromperie, sa carrière étant en jeu. Je redis, pour mémoire le contexte, rabibocher Henri IV et Rome, un certain Mathieu s'y sacrifie.

Cependant, je ne sais pas identifier celui ayant un habit vert qui ne fuit pas, est stupéfait, et porte un habit moderne, pour l'époque.
Cet habit vert  et moderne doit avoir un sens. D'autres ici le sauront mieux.

La partie gauche avec ses personnages 'contemporains' pour l'époque me semble une leçon de conjugaison à tous les temps et tous les modes selon chacun des personnages : "qu'ais-je fais? Qu'a-t-il fait? que n'avons-nous pas fait? Que puis-je faire?
Une variation sur l'impuissance... et pourtant !
Et pourtant la palme est là car le sujet n'est pas le meurtre, c'est le Martyr.
S.

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#74 13-10-2020 08:29

Hyarion
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Re : Expositions temporaires & musées

Merci, encore une fois (à tous) pour tout ce partage.

Quelques mots, rapidement, car ici comme ailleurs, le temps me manque pour participer...

Silmo a écrit :

La photo n'est pas très bonne, hélas, [...]. On doit trouver de meilleures reproductions sur la toile...

Voici une reproduction du tableau où le clair-obscur apparaît moins assombri, permettant de mieux voir les détails : https://commons.wikimedia.org/wiki/File … -1600).jpg

Ci-joint, une « petite » copie maison, au cas où il faudrait se passer de sources externes :


Michelangelo Merisi, dit Caravage (Caravaggio) ou Le Caravage (1571-1610).
Le Martyre de saint Matthieu (Il Martirio di san Matteo), 1599-1600.
Huile sur toile, 323 x 343 cm.
Rome, San Luigi dei Francesi, Chapelle Contarelli.

Attention, le fichier original sur Wikimedia Commons est, lui, vraiment très gros (12,439 × 10,928 pixels) !

Silmo a écrit :

Les quatre candidats au baptême sont quasi nus et souvent, on considère le personnage central, le plus visible, comme le bourreau de Mathieu...
Comme avec la conversion, c'est une erreur.

Yyr a écrit :

Je veux bien que le catéchumène central ne soit pas nécessairement l'assassin...

Pourquoi pas, en effet, mais j'avoue que je n'y crois pas beaucoup...
La façon ferme dont le personnage central saisit, de la main gauche, le bras droit de Mathieu, ainsi que son visage exprimant la violence... ces détails en particulier ne me paraissent guère plaider en la faveur de l'hypothèse d'un catéchumène découvrant un assassinat. Et l'épée me parait aussi fermement tenue... À noter que la nudité ici peut elle-même exprimer en soi une force brutale, agressive, souvent traditionnellement associée au nu masculin (une bonne raison, parmi d'autres, de préférer les nus féminins, pour ce qui me concerne), l'effet étant souligné par le fait que la victime est, elle, largement habillée, ce qui par nature ne sera pas le cas dans une scène de flagellation du Christ à la colonne, par exemple.
Cependant, le fait que le corps du bourreau soit placé à ce point en pleine lumière donne à réfléchir... de même que la proximité de l'autoportrait du peintre tout près du bras tenant l'épée, par delà la perspective... Peut-être faut-il voir là quelque sous-texte sexuel typiquement caravagesque...

Voici, dans son style bien à lui, quelques lignes d'Éric Walter, dit Hector Obalk, qui a beaucoup étudié le peintre en question :

On a longtemps associé l'homosexualité bien connue du Caravage à la présence répétée d'éphèbes qui, torses nus et bouches ouvertes, peuplent les débuts de son œuvre. C'est à l'âge de 25 ans environ que le Caravage délaisse ce registre festif de la mythologie pour celui, nettement plus « hétérosexuel » et dramatique des deux Testaments. Mais on peut aussi penser que Caravage révèle dans ces peintures sombres, ferventes et théâtrales de la maturité, une libido spécifique qui, sans être forcément homosexuelle, dévoile l'hypersensibilité d'un narcissisme prépubère, lequel confine, dans son cas, au pur génie.

Hector Obalk, Aimer voir, Paris, Hazan, 2011, chapitre physionomie, 17., p. 52.

Amicalement,

B.

P.S. : Jean-Luc Martinez, le président-directeur du Louvre, vient encore d'en prendre pour son grade, ces jours-ci, sur le site de La Tribune de l'Art > https://www.latribunedelart.com/jean-lu … -du-louvre
Didier Rykner en fait sans doute un peu trop dans la forme et dans le ton, mais s'il est vrai que les nouvelles réserves du musée du Louvre, désormais installées à Liévin (ce qui, depuis longtemps, me parait déjà être en soi une mauvaise idée, et qui n'a pas de sens : pourquoi si loin ?), ne servent finalement qu'à rendre invisibles des tableaux pour convenance personnelle, alors c'est bien triste que nôtre Louvre en soit arrivé là...

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#75 13-10-2020 10:08

Elendil
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Re : Expositions temporaires & musées

Merci beaucoup, cette version du tableau est nettement plus lisible. Si l'ensemble est somptueux, j'avoue être déconcerté par la posture étrange du personnage doté de la figure du Caravage, dont on dirait même qu'il est incomplet : entre l'épaule et la main dont nous parlons, on dirait que le bras n'a pas été peint ou est entièrement effacé. On pourrait en effet se demander à l'instar d'Yyr si cette main lui appartient bien, mais il ne me semble pas y avoir d'alternative possible. Même problème pour la semelle de la chaussure de ce personnage, même si dans ce cas cela ne nuit guère à la lisibilité du tableau.

E.

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