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C'est une triste, très triste nouvelle, que nous venons d'apprendre.
J'ouvre un fuseau dédié, car l'apport discret de ce grand homme à la littérature le vaut bien.
Mes sincères condoléances à toute la famille Tolkien.
Je n'en dis pas plus pour le moment, préférant ramener mon capuchon sur mon visage, comme le fit Gimli devant la tombe de Balin.
I.
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Voila une triste nouvelle, qui vaut bien un In Memoriam particulier. Sans lui, les parties de nos bibliothèques dédiées à Tolkien seraient bien moindres.
A mon tour j'adresse toutes mes condoléances à la famille du plus grand archiviste de la Terre du Milieu.
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L'entretien au Monde fut l'occasion anticipée de rendre un juste et bel hommage au « travail de bénédictin » de Christopher Tolkien, en même temps que de sentir sa tristesse devant « le fossé qui s'est creusé entre la beauté, le sérieux de l'œuvre, et ce qu'elle est devenue », « absorbé[e] par l'absurdité de l'époque ».
Dans le même fuseau, Isengar nous annonçait le retrait de Christopher du Tolkien Estate.
C'était le prélude à ce jour, comme Sosryko nous y préparait (c'était il y a deux ans) :
Difficile de ne pas être reconnaissant à Christopher pour l'étendue du travail accompli, avec abnégation et amour filial, jusqu'au bel âge de 93 ans. Difficile aussi de ne pas ressentir émotion et tristesse. Mais approche le jour où il faudra rendre le don, et Christopher semble s'y préparer avec la grandeur d'âme d'Aragorn...
Et il sera heureux, je le crois, je l'espère, ce fils qui a entendu et gardé la question de son père avec lui jusqu'au bout :
Dieu te bénisse, mon chéri. Penses-tu que L'Anneau sera un succès et parviendra à ceux qui ont soif ?
Lettres, n°87, p.145
Yyr
— profondément reconnaissant
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Quelle triste nouvelle et quelle belle vie. Pensées à tous ses proches.
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Je me souviens, il y a quelques semaines à peine de la conférence qu'avait donné Leo Carruthers à la BNF sur Christopher mettant en lumière sa vie et tout le travail qu'il avait entrepris.
A la fin de cette conférence, plusieurs d'entre nous avions eu l'honneur de lever nos verres en celebrant son 95eme anniversaire.
Je ne le connaissais que par oui-dire et par livres interposés, mais je me sens triste tout à coup.
J'en garde la vision d'un grand bonhomme très sympathique, une classe british telle que je pouvais me figurer son père.
Un grand merci encore d'avoir su mettre en lumière le Légendaire et d'avoir sublimé l'œuvre des Tolkien.
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Je n'avais pas vu ce fuseau et ai donc posté un doublon dans in memoriam.
C'est une émotion très spéciale que je ressens aujourd'hui. Plusieurs décennies à côtoyer les éditions et commentaires de ce grand monsieur, lui qui nous a ouvert les portes, puis qui nous a guidés dans les dédales des écrits inédits de son père. Comme je l'écrivais ailleurs à Yyr, il a été notre compagnon sur cette terre, et ce même si on ne l'a pas connu. Je n'ai malheureusement jamais eu l'occasion de le rencontrer mais il restera une personne importante dans ma vie.
Je suis très ému par sa disparition, dont le travail d'édition des textes posthumes de son père est l'un des plus remarquables témoignages d'amour filial qu'il m'ait été donné d'observer. Travail colossal, travail de l'ombre, mais indispensable. Après une carrière de lecturer en vieil et moyen anglais et vieux norrois à Oxford - comme qui vous savez -, (il éditera la Hervarar saga ok Heiðreks en anglais), il a pour toute retraite, passé plus de 40 ans a édité avec une rigueur scientifique scrupuleuse les inédits de son père. Merci Christopher Tolkien, et adieu!
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Difficile de ne pas être reconnaissant à Christopher pour l'étendue du travail accompli, avec abnégation et amour filial, jusqu'au bel âge de 93 ans. Difficile aussi de ne pas ressentir émotion et tristesse. Mais approche le jour où il faudra rendre le don, et Christopher semble s'y préparer avec la grandeur d'âme d'Aragorn...
Il est encore plus touchant de lire aujourd'hui sa préface à La chute de Gondolin, ouvrage qu'il put finalement mener à bien l'année dernière, pour ses 94 ans, parachevant ainsi l'édifice de l'édition posthume au-delà de l'espérance, déjà déraisonnable, des 93 ans.
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Grande tristesse ce soir.
Je n'aurais rien d'autre à redire si je n'avais pas passé le peu de temps libre des deux derniers jours à relire les belles lettres de Tolkien à son fils Christopher – du Fæder suna his ágnum, þám gingstan nalles unléofestan...
Tout ce que nous savons, et cela dans une large mesure par l’expérience directe, c’est que le Mal travaille avec un pouvoir étendu et avec un succès perpétuel – en vain : car ne faisant toujours que préparer le sol pour qu’un Bien inattendu y pousse. Il en est ainsi en général, et il en est ainsi dans nos vies. [...] tu as été un présent si spécial pour moi, à une période de chagrin et de souffrance morale, et ton amour, se déployant immédiatement, presque au moment où tu es né, m’a prédit comme si tu m’avais parlé que je serais toujours consolé par la certitude que cela ne connaîtra jamais de fin. Il est probable que nous nous retrouverons, sous l’œil de Dieu, « tout entiers et unis », dans peu de temps, très cher petit ; et il est certain que nous avons un lien spécial qui durera au-delà de cette vie [...]
Lettres, n°64, p. 115
... avec toujours autant d'émotion.
Mais plus encore ce soir, relisant encore les mêmes paragraphes...
Comme ces vieilles paroles nous frappent depuis la sombre Antiquité ! « Longað » ! Tout au long des âges, les hommes l’ont ressenti (ceux de notre espèce, particulièrement vivement) : pas nécessairement en raison du chagrin, ou de la cruauté du monde, mais aiguisé par eux.
Lettres, n°54, p. 101
Parmi ces vieilles paroles qui répondaient au « désir ardent » qui attisait le cœur du père comme celui du fils, deux lignes de Beowulf :
Úre æghwyle sceal ende gebidan worolode lífes :
wyrce se þe móte dómes ær déaþe
Lettres, n°61, p. 109
Soit :
« Chacun d'entre nous connaîtra fatalement la fin de sa vie en ce monde.
Travaille qui le peut à sa gloire avant de mourir ! »
N.d.T. in : Lettres, p. 611-612
Avec le commentaire immédiat de Tolkien :
Un vieux conseil froid et austère ; et tout dépend du « qui le peut » et du sens que l’on donne au terme dóm.
Lettres, n°61, p. 109
Cette « gloire » à laquelle il aura travaillé en la colorant de tout son amour filial, Christopher Tolkien l'aura manifestée jusqu'à la fin, pour notre plus grande chance.
Ainsi les Gauts, ses camarades d'âtre, pleurèrent-ils la chute de leur maître, s'écriant que, de tous les rois de la terre, il avait toujours été d'entre les hommes le plus généreux, envers les hommes le plus gracieux, envers son peuple le plus aimant [...]
Tolkien, Beowulf, p. 125
Pour Tolkien, qui attendait de l'autre côté de la rive, des paroles écrites il y a 75 ans prennent un sens nouveau et incroyable :
Me voici à nouveau au meilleur moment de la journée. Un des plus magnifiques couchers de soleil que j’aie vus depuis des années : au lointain une pâle mer bleu-vert juste au-dessus de l’horizon, et la surplombant, un rivage de plusieurs rangées de flamboyants chérubins d’or et de feu, traversés ici et là par des voiles brumeux comme de la pluie pourpre. Cela peut promettre des joyeusetés célestes à l’aube, vu que le baromètre remonte.
Lettres, n°79, p 137
Jusqu'à l'aube finale, reconnaissance à Christopher Tolkien pour toute la lumière qu'il aura préservée avec patience et fidélité en ce monde.
S.
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Inconsciemment, on se dit que c'est le genre de personne Immortelle, que leur impact positif sur tant de personnes "mérite" vraiment qu'il reste parmi nous ad vitam.
Alors, la surprise et le choc sont d'autant plus rudes quand la Nouvelle tombe, Christopher Tolkien n'est plus...
Si ma lecture du Seigneur des Anneaux fut une Découverte, celle du Silmarillion une Révélation. Et la seule lecture de ces deux titres aura eu un impact très fort sur ce qu'ont été, depuis ce moment, les 25 ans passés en leur compagnie, virtuelle, et la vôtre, bien réelle.
Christopher est intimement lié à l'oeuvre de son père et, dans une certaine mesure, elle lui appartient également.
Merci donc à lui, à eux deux, et je suis sûr que leurs retrouvailles ont été illuminées par la Lumière et la Joie.
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Je suis bien d'accord avec toi, Cédric (et les autres aussi ;)).
J'ai toujours gardé en tête que, si Tolkien avait changé ma vie, c'était grâce à Christopher et à l'abnégation de toute une vie : c'est à travers son dévouement que le Conte d'Arda est arrivé à ceux qui avaient soif.
Merci beaucoup beaucoup beaucoup Sosryko, pour ce court florilège du « Fæder suna his ágnum, þám gingstan nalles unléofestan — Père à son propre fils, le dernier-né [mais] en aucune façon le moins aimé », qui m'émeut infiniment.
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A laita, laita Christopher! Et que vos retrouvailles avec votre père sous les Arbres des Terres Bénies soient douces. La nouvelle m'a vraiment touchée aussi, et je me demande si on a vraiment mesuré le travail immense de patience, abnégation et décryptage de pattes de mouches* qu'il aura fallu pour exhumer le Silmarillon, les HoME et les 3 derniers ouvrages sur Beren et Luthien, Turin et le Gondolin (à mes yeux une sorte de testament de la part de Christopher, pour nous offrir en dernier Mathom la crème de la crème, avant de rendre le don)... Je l'avais ressenti ainsi à la parution de la Chute du Gondolin, et un peu par superstition (et beaucoup par manque de temps), je ne l'avais pas encore relu. Il est temps pour moi, maintenant, d'ouvrir ce dernier mathom.
But it is not for thy valour only that I send thee, but to bring into the world a hope beyond thy sight, and a light that shall pierce the darkness.
______
* Les Anciens sauront reconnaître la citation :
"Scribbled at furious speed on the reverse of an old unfolded box of disposable pipe-cleaners, the writing of this text is partly indecipherable due to a most irksome stain of grenadine syrup in the upper-left corner. The page has also been largely devoured by the termites of Marquette University, Milwaukee, towards which I am largely in debt for sending photocopies."
Cf. https://www.jrrvf.com/fluxbb/viewtopic.php?id=5658
HoMEXIII était aussi notre façon de lui rendre hommage
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Merci beaucoup Laegalad pour la mention du fuseau de HoMEXIII, ça fait du bien !
Un hommage en effet et aussi une réponse à ta propre question : cette mention de HoMEXIII et l'extrait (apocryphe ) de Greenleaf montrent que nous avons conscience, et aujourd'hui plus que jamais, de l'apport de C. Tolkien. Ce, même s'il est difficilement concevable d'imaginer la somme de travail qu'il a engagé pour honorer et mettre en valeur l'oeuvre de son père. Personnellement, je ne connais pas d'autres exemples dans la littérature ou d'autres arts d'un tel héritage et transmission.
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J'ai parcouru Google News pour une petite revue de presse sur le décès de Christopher.
Je n'ai pas encore tout lu, mais l'article du Point Pop est plutôt bien fichu, avec en prime une citation d'un certain JR :D
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Une triste nouvelle vraiment même si le temps passant elle devenait de plus en plus probable. J’avais rencontré Christopher brièvement en 2005 au milieu d’une nuée de fans. Nous étions encore en pleine « Orlandobloomania ». Christopher dont on connaissait la piètre opinion qu’il avait des films répondait à tout le monde avec affabilité, même si les questions devaient lui paraitre le plus souvent totalement oiseuses.
Il avait répondu à mes lettres en 1994 avec la même amabilité à une époque pré-internet.
En voyant toutes ces personnes qui ont comptées dans ma vie et qui partent je ne peux m’empêcher de penser à ces vers de Ronsard dans « ode à Marie » :
- Le temps s'en va, le temps s'en va, madame,
- Las! Le temps, non, mais nous nous en allons,
- Et tôt serons étendus sous la lame.
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La nouvelle m'a vraiment touchée aussi, et je me demande si on a vraiment mesuré le travail immense de patience, abnégation et décryptage de pattes de mouches* qu'il aura fallu pour exhumer le Silmarillon, les HoME et les 3 derniers ouvrages sur Beren et Luthien, Turin et le Gondolin (à mes yeux une sorte de testament de la part de Christopher, pour nous offrir en dernier Mathom la crème de la crème, avant de rendre le don)...
Auxquels on peut ajouter The Story of Kullervo, The Fall of Arthur, The Legend of Sigurd & Gudrún, Beowulf, a translation and commentary, Beowulf & the Critics and other essays...
Oui, il est sans doute bien difficile de mesurer l'ampleur de ce travail.
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Bien que ce fuseau se situe dans la section du Légendaire, il me semble légitime de laisser pour la première fois un peu de place à Christopher Tolkien comme érudit hors-Middle-Earth. Cela nous permettra peut-être de mieux le connaître et reconnaître son talent de philologue :
The Saga of King Heidrek the Wise
Deux traductions (pour la deuxième seulement aux pages 141-163) de Christopher Tolkien, la première étant en réalité une édition critique avec introduction, notes et appendices.
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Bien qu'il n'ait pas fait de une et qu'il ait déjà disparu de la page d'accueil de ce site, l'article du Monde.fr sur le décès de Christopher Tolkien figure en tête des articles les plus lus de la journée.
I.
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Yyr a évoqué "La chute de Gondolin " ici
Je voudrais en hommage à Christopher Tolkien citer les émouvants premiers paragraphes de son avant-propos à ce conte qui sont à relire au moment de sa disparition. Il avait écrit ceci :
Au sujet de Beren et Luthien, j'écrivais dans ma préface : "en ma quatre vingt-treizième année, ce livre est (vraisemblablement) mon dernier dans la longue série d'éditions des écrits de mon père". Vraisemblablement; car à ce moment, j'envisageais vaguement l'idée d'appliquer le mème traitement que Beren et Luthien au troisième des "Grands contes" de mon père. La Chute de Gondolin. Mais cela me paraissait très improbable, aussi me suis-je risqué à dire que Beren et Luthien serait mon dernier livre. Je dois maintenant me corriger et dire qu'en ma quatre-vingt-quatorzième année, la Chute de Gondolin sera (sans aucun doute) le dernier.
et il ajoutait :
Cet ouvrage permet d'entrevoir, dans un récit complexe où se combinent les fils* narratifs de divers textes, comment la Terre du Milieu s'acheminera vers la fin du Premier Âge, et comment la vision qu'avait mon père de cette Histoire qu'il avait conçue se développa sur de longues années, pour finalement - pour ce qui devait être sa forme la plus aboutie - avorter.
Quelle élégance et quelle humilité.
Toujours dans cet avant-propos (page 12) une note de bas page qui m'émeut chaque fois que je la lis à propos du processus de rédaction :
... Preuve que cette supposition n' a rien de fantaisiste, mon père écrivait, dans la lettre qu'il m'adressa le 6 mai 1944 : "Un nouveau personnage est entré en scène (je suis sûr de ne pas l'avoir inventé, je ne l'ai même pas voulu, quoique je l'aime bien, mais il est arrivé là, marchant dans les bois de l'Ithilien) : Faramir, le Frère de Boromir."
Cette lettre est magnifique. Quelle belle imagination et quelle idée d'accepter soudain un nouveau personnage en lui inventant illico une histoire.
Silmo
* Ah que c'est plaisant ce mot "fil" pour nous qui avons toujours tissé la métaphore (fil, fuseau, tissage,...)
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Entièrement d'accord Silmo.
J'ai été pareillement très émus à la lecture des mêmes passages.
Yyr
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Un an et une pandémie plus tard, le temps passe vite...
Un monde sans Christopher Tolkien, c'est quand même bien triste...
I.
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En voila des pensées moroses la veille de ton anniversaire ! (que je te souhaite joyeux, du coup :))
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Merci. Il l'a été
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Une pensée en passant pour ce triste anniversaire.
Et ce monde ne s'est pas trop amélioré dirait-on...
I.
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