JRRVF - Tolkien en Version Française - Forum

Le forum de JRRVF, site dédié à l'oeuvre de J.R.R. Tolkien, l'auteur du Seigneur des Anneaux.

Vous n'êtes pas identifié(e).

Annonce

Bienvenue sur le nouveau forum JRRVF ! En cas de problème avec votre login / mot de passe, n'hésitez pas à me contacter (webmaster@jrrvf.com)

#226 05-06-2025 07:51

Elendil
Lieu : Velaux
Inscription : 2008
Messages : 1 125
Site Web

Re : Et vous, qu'écoutez-vous ?

Hyarion a écrit :

Oui, et d'ailleurs j'avais personnellement apprécié notamment le fait que l'on entende ainsi de la musique d'un compositeur luthérien lors d'un mariage catholique... ;-)

Comme j'avais sans doute eu l'occasion de te le dire alors, Bach a des résonances très particulières pour moi. Au demeurant, même si j'apprécie beaucoup les œuvres pour orgue de Couperin, Franck ou Widor et maintenant aussi celles de Poulenc, Messiaen ou Duruflé (que je ne connaissais pas encore), je trouve Bach absolument insurpassable sur cet instrument, sauf évidemment pour les œuvres pour orgue et orchestre, qu'il n'a pas expérimentées. Et puis il ne faut pas être plus royaliste que le roi... Après tout, Bach lui-même, l'archétype du bourgeois luthérien dans toute sa rigueur n'a-t-il pas composé l'exceptionnel chef d'œuvre qu'est sa Messe en Si mineur (BWV 232) suivant la liturgie catholique (et ne l'a-t-il pas dédié au très catholique Frédéric-Auguste II de Saxe) ?

Hyarion a écrit :

Par ailleurs, les Quatre Saisons de Vivaldi renvoyant à des souvenirs personnels et Vivaldi faisant partie des compositeurs que je comptais évoquer ici dès que possible, Elendil en outre n'ayant pas mentionné des œuvres de J.-S. Bach que je t'aurais citées, Jérôme, si tu me l'avais demandé (Damien et moi persistons ici apparemment à être plus ou moins complémentaires, fut-ce involontairement, ou du moins sans concertation ! ^^'), voila autant de raisons pour lesquelles il vaut mieux réserver au week-end prochain un message conséquent de ma part sur tout cela. :-)

Oh, je me suis forcé à être très sélectif. Du côté des pièces pour instrument seul, j'aurais bien cité aussi l'une ou l'autre pièces pour luth, sans parler des splendides sonates et partita pour violon seul (qui sont toutefois plus difficiles d'accès que les suites pour violoncelle seul). Et que dire de l'Art de la fugue dans son intégralité ou de ce formidable tour de force qu'est le Clavier bien tempéré ? Du côté concertant, j'ai aussi dû faire l'impasse sur les Concertos brandebourgeois comme sur l'Offrande musicale, mais j'avais résolu d'emblée de me limiter...

E.

[EDIT : petite correction.]

Hors ligne

#227 05-06-2025 19:56

Yyr
Lieu : Reims
Inscription : 2001
Messages : 3 028
Site Web

Re : Et vous, qu'écoutez-vous ?

J'ai commencé et ça me plaît ;).
Je pense que je vais me procurer les CD pour écouter plus convenablement.

@Hyarion : je sais pouvoir compter aussi sur toi, bien sûr, pour m'accompagner sur ce chemin !
— merci aussi pour le témoignage de Berlioz dans le fuseau voisin !

Hors ligne

#228 05-06-2025 22:40

Elendil
Lieu : Velaux
Inscription : 2008
Messages : 1 125
Site Web

Re : Et vous, qu'écoutez-vous ?

Alors quelques références de mieux : pour la Messe en Si mineur, j'apprécie beaucoup l'interprétation du Collegium Vocale Ghent, dirigé par Philippe Herreweghe (mais je reviendrai sur les compositions sacrées ultérieurement, ai-je dit).

Pour le luth, je dois bien dire que je ne connais réellement que l'interprétation de Hopkinson Smith, qui est un immense luthiste. Pour la mélodie, je recommanderais en premier lieu la Partita al liuto Composta dal Sig. J. S. Bach BWV 997, mais comme le son est un peu moins bon que pour ses autres enregistrements, je signalerais en complément les petits morceaux que sont le Praelude in C Mol pour La Lute di Johann Sebastian Bach BWV 999 et la Fuga del Signore Bach (BWV 1000) -- oui, je trouve sympa que mon coffret CD donne le titre original de ces morceaux. wink

Du côté du violon seul, j'apprécie sans réserve la magistrale, mais austère vision qu'en donne Nathan Milstein. Et puisqu'il s'agit de se limiter, alors autant conseiller en première écoute la Partita n° 2 BWV 1004, qui se conclut par la célébrissime Chaconne.

Pour Die Kunst der Fugue (BWV 1080), j'ai déjà donné le lien vers l'interprétation de Leonhardt, mais voici qui permet de commencer directement au Contrapunctus 1. Je n'ai pas l'impression que Gould l'ait enregistré dans sa totalité, mais cette vidéo permet de le voir jouer les quatre premiers contrepoints. Si l'on veut écouter Das Wohltemperierte Clavier (BWV 846-869) par les mêmes, le lien est toujours le même pour Leonhardt (mais ça commence ici), tandis que pour Gould, ce sera .

Sinon, pour poursuivre le côté concertant, puisque j'ai cité les Six Concerts à plusieurs instruments (en français dans le texte, mais on les connaît aujourd'hui sous le nom de Concertos brandebourgeois, BWV 1046-1051). Et comme pour une fois, je n'ai pas envie de choisir, voici un enregistrement des six concertos par Il Giardino Armonico, sous la direction de Giovanni Antonini. Ce n'est pas le seul qui vaille la peine d'être écouté, mais il tient une place particulière dans l'histoire de l'interprétation musicale, car il figure dans la célèbre édition Bach 2000, la toute première intégrale des œuvres du Cantor de Leipzig, qui fut jadis éditée par le label Teldec.

Je terminerai pour ce soir avec la Musikalisches Opfer BWV 1079, par exemple dans cet enregistrement, qui est un peu le Who's Who des interprètes baroques néerlandais dans les années 1970 : Barthold Kuijken à la flûte traversière, Sigiswald Kuijken et Marie Leonhard au violon, Wieland Kuijken à la basse de viole, Robert Kohnen au second clavecin... et Gustav Leonhardt au premier clavecin.

E., qui est bien parti pour réécouter Bach pendant plusieurs soirs d'affilée

Hors ligne

#229 09-06-2025 23:57

Hyarion
Inscription : 2004
Messages : 2 442

Re : Et vous, qu'écoutez-vous ?

1749506031_canaletto_giovanni_antonio_-_reception_of_the_french_ambassador_in_venice_-_hermitage.jpg
Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto (1697-1768).
L'Arrivée de l'Ambassadeur français au palais ducal (ou à Venise), 1726-1727.
Huile sur toile, 181 x 259 cm.
Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage (encore un tableau que l'on n'est pas près de revoir en Europe occidentale...).


Comme on le faisait remarquer ce lundi matin sur la radio France Musique, nous célébrons cette année les 300 ans de la publication, vers la fin de l'année 1725, de Il cimento dell'armonia e dell'inventione (L'Épreuve de l'Harmonie et de l'Invention), un ensemble de douze concertos écrits par le compositeur vénitien Antonio Vivaldi (1678-1741) pour violon soliste, cordes et basse continue, les quatre premiers de ces concertos étant particulièrement connus sous le nom Le quattro stagioni (les Quatre Saisons). C'est aux Pays-Bas, à Amsterdam, que la publication a eu lieu, par la maison d'impression et d'édition de Michel-Charles Le Cène, gendre et successeur d'Estienne Roger (tous deux issus de familles de huguenots français exilés à la suite de la révocation de l'Édit de Nantes) : à partir de 1711, Vivaldi avait en effet trouvé là, en Hollande, un moyen de diffusion internationale de son œuvre plus efficace et moderne par rapport aux anciennes imprimeries et maisons d'édition de sa Venise natale, Cité des Doges où il vécut et travailla toutefois durant la majeure partie de sa vie, avant un ultime voyage un peu énigmatique à Vienne où il mourut à l'âge de 63 ans. Les concertos des Quatre Saisons connurent un succès européen du vivant de leur auteur, ayant notamment été interprétés à Londres, ainsi qu'à Paris au début de l'année 1728 au Concert Spirituel.

Virtuose du violon, Vivaldi a porté au plus haut niveau le concerto pour instrumentiste soliste, sans du reste se limiter à son propre instrument de prédilection. De fait, comme l'a écrit Riccardo Allorto pour l'entrée dédiée au musicien dans le Dictionnaire de la musique : Les hommes et leurs œuvres dirigé par Marc Honegger (Bordas, rééd. 1979, volume 2, p. 1160), « Vivaldi doit sa célébrité à ses concertos, si différents des concertos de Torelli, Corelli ou Albinoni. On comprend d'ailleurs mieux les innovations qu'il a introduites dans sa musique instrumentale si l'on confronte ses œuvres avec celles de ses prédécesseurs : autant ces dernières apparaissent aimables, légères, charmantes, spirituelles, autant celles-ci sont dramatiques et riches de contrastes. La forme du concerto est définitivement fixée selon le schéma tripartite Allegro-Adagio-Allegro issu de la symphonie d'opéra ; les proportions s'équilibrent autour du mouvement lent central. Vivaldi accroît la différence expressive entre les trois mouvements : il marque des oppositions dynamiques, joue du clair-obscur et introduit dans sa mélodie des éléments lyriques suggestifs. » Avec ses concertos des Quatre Saisons (opus 8, n°1 à 4, RV 269 en mi majeur « Le Printemps », RV 315 en sol mineur « L'Été », RV 293 en fa majeur « L'Automne », et RV 297 en fa mineur « L'Hiver »), Vivaldi a composé ce qui est généralement considéré aujourd'hui comme un hymne universel à la Nature, accompagné de sonnets évoquant chacune des saisons (le texte de ces sonnets est consultable dans l'article dédié de la Wikipédia francophone).

La célébrité de ces quatre concertos, acquise durant le siècle dernier, doit beaucoup d'une part à la redécouverte et reconnaissance de l'ensemble de l'œuvre musicale de Vivaldi, longtemps oubliée après sa mort, et d'autre part aux très nombreuses interprétations desdits concertos enregistrées pour le disque à partir de la seconde moitié du XXe siècle. De fait, il existe aujourd'hui tant de versions enregistrées des Quatre Saisons, que l'on ne peut avoir que l'embarras du choix en matière d'interprétations de référence, d'autant plus que l'œuvre a connu des modes au fil des décennies, notamment celle d'un style d'exécution « nerveux », voire « violent », popularisé depuis les années 1990-2000. On pourra se faire une idée de la variété d'interprétations plus ou moins récentes (de 1992 à 2024) en écoutant l'émission de France Musique « La Tribune des critiques de disques », consacrée aux dites Quatre Saisons et diffusée à la radio le 4 mai dernier :
https://www.radiofrance.fr/francemusiqu … ne-7991796

À titre personnel, et sans que cela soit du reste bien original sans doute, la découverte des Quatre Saisons est un de mes premiers souvenirs musicaux, dans le domaine de la musique dite « classique », à travers l'écoute, quand j'étais enfant, d'un disque vinyle de la discothèque de ma mère, dans le courant des années 1980 (l'écoute ayant d'ailleurs déjà pu commencer pour moi in utero... ^^' ...). Le disque en question, que j'ai encore, avait été édité chez Philips dans une collection de vinyles à destination du grand public, dédiée à la musique classique dans les années 1970, et intitulée tout simplement « Invitation à la Musique ».

1749487753_vinyl_lp_vivaldi_quatre-saisons_szeryng_1969_-_invitation-a-la-musique_philips_6539-002.jpg

L'interprétation des Quatre Saisons sur ce disque est un peu oubliée aujourd'hui : il s'agit de celle de Henryk Szeryng jouant du violon et dirigeant l'English Chamber Orchestra en 1969. Violoniste polonais juif naturalisé mexicain, Henryk Szeryng (1918-1988) était un virtuose, « un musicien discret et profond » ayant « traversé le XXe siècle avec une constance remarquable, celle du service rendu à la musique, préférant toujours l'honnêteté du geste et la sobriété du style », ainsi que l'a rappelé assez récemment Aurélie Moreau, sur France Musique, dans son émission « Stars du classique » consacrée au musicien et diffusée à la radio le 14 avril dernier. De fait, Szeryng se distingue par son style d'interprétation, à la fois rigoureux et précis, mais aussi élégant et accessible. C'était l'idéal pour découvrir les Quatre Saisons en néophyte quand j'étais plus jeune.

Cela ne surprendra personne, je pense, que la version de Szeryng reste ma version de référence, héritée de ma mère qui adorait le violon, mais cette version a depuis été largement éclipsée par quantité d'autres interprétations enregistrées dans les décennies suivantes, avec un renouvellement ayant suivi des modes que j'ai évoquées plus haut. De fait, la retrouver en CD n'est pas forcément évident de nos jours, mais elle a cependant bien été rééditée dans ce format chez Philips Classics, notamment au tournant du siècle en Allemagne dans une collection intitulée “Klassik für Millionen”, en ajoutant à l'enregistrement des Quatre Saisons de 1969 deux interprétations plus tardives (1976), toujours par Henryk Szeryng et l'English Chamber Orchestra de deux autres concertos de Vivaldi, extraits d'un autre série de concertos, L'estro armonico (L'invention harmonique) opus 3, éditée à Amsterdam en 1711 (le Concerto n°6 en la mineur pour violon RV 356 et le Concerto n°9 en ré majeur pour violon RV 230, ce dernier ayant par ailleurs fait l'objet d'une transcription en ré majeur pour clavecin par J.-S. Bach [BWV 972]).

1749487839_cd_philips_classics_vivaldi_quatre-saisons_vier-jahreszeiten_szeryng_1969_-_klassik-fur-millionen_432-215-2_028943221528.jpg

Quelques extraits, parmi mes mouvements de concertos des Quatre Saisons préférés (en ce qui concerne le troisième mouvement du concerto de « L'Automne », je trouve l'association de la musique avec un thème cynégétique assez contre-intuitive, du moins pour un esprit comme le mien peu porté sur la chasse) :

  • Antonio Vivaldi (1678-1741), Le quattro stagioni (les Quatre Saisons), op. 8 (Concertos n°1 à 4, pour violon soliste, cordes et basse continue), Henryk Szeryng (violon et direction), English Chamber Orchestra :
    - Concerto n° 1 en mi majeur, op. 8, RV 269, “La primavera” (« Le Printemps ») - 1. Allegro :
    https://www.youtube.com/watch?v=yR_rneDtWGo 
    - Concerto n° 3 en fa majeur, op. 8, RV 293, “L'autunno” (« L'Automne ») - 3. Allegro (“La caccia”) :
    https://www.youtube.com/watch?v=JAw1E_I4y-Y
    - Concerto n° 4 en fa mineur, op. 8, RV 297, “L'inverno” (« L'Hiver ») - 1. Allegro non molto :
    https://www.youtube.com/watch?v=shpMGqtyEU0

Parmi les centaines de concertos composés par Antonio Vivaldi, et pas seulement pour le violon soliste, quels autres que ceux des Quatre Saisons me paraissent mériter une attention particulière ? Je recommande notamment l'écoute de Concertos pour flûte, cordes et basse continue parmi ceux réunis dans son opus 10 édité à Amsterdam en 1728, et en particulier par exemple le Concerto n°3 en ré majeur RV 428 “Il gardellino” (« Le chardonneret »), très évocateur du chant de l'oiseau associé. Ma version de référence est celle du grand flûtiste Jean-Pierre Rampal (1922-2000) avec l'ensemble I Solisti Veneti dirigé par Claudio Scimone, enregistrée en 1982 et qui notamment figure dans une compilation double CD, de chez Sony Classical, dédiée aux “Great Flute Concertos” de Vivaldi, J.-S. Bach, Telemann et Mozart interprétés par Rampal en soliste (avec notamment les deux concertos de Mozart pour flûte et orchestre ainsi que son magnifique et célèbre Concerto pour flûte, harpe et orchestre, joué par Rampal et la harpiste Marielle Nordmann, concertos de Mozart dont j'avais déjà parlé ici dans un précédent message en janvier 2024).

1749492774_2cd_sony_classical_rampal_great_flute_concertos_bach_mozart_telemann_vivaldi_sm2k-48184_07464-48184-2.jpg

  • Antonio Vivaldi, Concerto pour flûte, cordes et basse continue en ré majeur, op. 10, n°3, RV 428 “Il gardellino” (« Chardonneret ») - I. Allegro, Jean-Pierre Rampal (flûte traversière), I Solisti Veneti, dir. Claudio Scimone :
    https://www.youtube.com/watch?v=hl7v_lJCNdQ 

Si l'on souhaite se faire une idée de la variété des concertos de Vivaldi pour divers instruments, solistes, en duo ou plus nombreux, avec ensemble de cordes (et éventuellement basse continue), il y a beaucoup de possibilités, mais à choisir, je recommande le travail, fait surtout dans les années 1980, de l'ensemble The English Concert, sur instruments originaux et dirigé du clavecin ou de l'orgue par Trevor Pinnock. Une compilation de divers enregistrements d'interprétations de concertos par cette formation a été édité en CD en 2011, par Deutsche Grammophon dans sa « Collection du millénaire », avec au programme divers concertos pour mandolines, flûte, hautbois et violon... et notamment le Concerto en sol majeur pour deux mandolines, cordes et basse continue RV 532, qui fait partie des très nombreuses œuvres de Vivaldi qui ne furent pas éditées et publiées de son vivant.

1749501406_cd_dg_vivaldi_concertos_divers_pinnock_028948053049.jpg

  • Antonio Vivaldi, Concerto pour deux mandolines, cordes et basse continue en sol majeur, RV 532 - 2. Andante, John Tyler et Robin Jeffrey (mandolines), The English Concert, dir. Trevor Pinnock :
    https://www.youtube.com/watch?v=1B0wDhwc-AQ 

Il existe un ensemble de concertos de Vivaldi connu sous le nom de “Concerti di Parigi” (« Concertos de Paris »), du fait qu'ils sont conservés à Paris depuis le XVIIIe siècle (aujourd'hui à la BnF). Il s'agit d'une douzaine de concertos pour cordes et basse continue qui sont en fait un assemblage habile d'œuvres déjà composées « à l'avance » et de musique inédite spécialement écrite pour un commanditaire à qui cet ensemble d'œuvres vivaldiennes fut ainsi livré. On pense que ce commanditaire des “Concerti di Parigi” était probablement l'ambassadeur de France à Venise, Jacques-Vincent Languet, comte de Gergy, connu comme mécène de diverses œuvres de Vivaldi, et dont le peintre Canaletto a immortalisé dans un tableau (reproduit plus haut) l'entrée publique comme ambassadeur dans la Cité des Doges en 1726. Vivaldi était à la fois capable de travailler très rapidement, en tenant compte des goûts particuliers de ses commanditaires vénitiens ou étrangers, tout en étant un gestionnaire avisé de sa production artistique, ce dont semble témoigner ces « Concertos de Paris ». Au milieu de concertos plus anciens et déjà prêts, il a inclus deux concertos nouveaux, un peu plus longs que les autres, écrits dans un langage un peu plus moderne et marqués par des éléments stylistiques français, se distinguant ainsi comme un hommage spécifique au commanditaire : il s'agit des Concerti II et V sur les douze, soit le Concerto II en mi mineur, RV 133, dont le dernier mouvement offre un rare exemple de menuet en rondeau déguisé en Allegro à l'italienne, et le Concerto V en do majeur, RV 114, notamment commençant avec une « entrée française ».

Ces “Concerti di Parigi” ont fait l'objet en Italie d'une interprétation, sur instruments originaux, enregistrée à Florence avec l'ensemble Modo Antiquo dirigé par Federico Maria Sardelli en 1999, édité en CD la même année puis réédité en 2019 chez Tactus. Je recommande cette version.

1749504818_cd_tactus_vivaldi_concerti_di_parigi_sardelli_8007194107135.jpg

Enfin, bien que cela ait déjà été évoqué ici précédemment, en particulier par Cédric, comment ne pas évoquer l'exercice encore assez récent de recomposition des Quatre Saisons de Vivaldi par Max Richter en 2012 ? Musicien et compositeur germano-britannique né en 1966, Richter a réalisé un travail remarquable, qui se révèle à la fois fidèle à Vivaldi et apportant à cette musique, si connue, un souffle nouveau et très contemporain, sans que cela dépasse pour autant l'œuvre originale par ailleurs, ce qui, du reste, n'était sans doute pas le but.

L'album CD intitulé Recomposed by Max Richter : Vivaldi, the Four Seasons, sorti donc en 2012 chez Deutsche Grammophon (DG), a été réalisé avec Daniel Hope au violon, le Konzerthaus Kammerorchester Berlin dirigé par André de Ridder, et Max Richter lui-même au synthétiseur Moog. Une deuxième édition du même album, incluant Electronic Soundscapes By Max Richter, est sorti en 2014, ainsi qu'une troisième édition la même année, Recomposed: Vivaldi, the Four Seasons - Remixes, avec en sus des remixes et un DVD : c'est l'édition chez Deutsche Grammophon que je connais et qui est dans ma discothèque (plus récemment, en 2022 est sorti The New Four Seasons Vivaldi Recomposed, toujours chez DG, mais j'avoue que je ne sais pas ce que ça change).

1749505937_cd_dvd_dg_recomposed-by_max_richter_2012_vivaldi_quatre-saisons_four-seasons_00289-479-2776-1.jpg

Voici quelques extraits de l'album de 2012 réédité en 2014, correspondant aux mouvements originaux des Quatre Saisons précédemment évoqués :

Et voila... c'est assez pour cette fois-ci... Je voulais également parler non seulement de Jean-Sébastien Bach, mais aussi de François Couperin (dont Tolkien a dû au moins entendre parler...), de Jean-Philippe Rameau et de Domenico Scarlatti : comme d'habitude, j'ai voulu trop en faire en une seule fois. Le XVIIIe siècle en musique, c'est vaste, même en se concentrant sur la première moitié ! Et puis, il y a tout le reste, y compris Weber que je n'oublie pas, entre autres... Bref, pour la suite, on verra (un peu) plus tard, dès que possible.

Bonne nuit à toutes et à tous.

Amicalement,

B.


[EDIT: correction de fautes diverses...]

Hors ligne

#230 12-06-2025 19:58

Silmo
Inscription : 2002
Messages : 4 099

Re : Et vous, qu'écoutez-vous ?

Ma version 'madeleine' des Quatre Saisons est celle de La Petite Bande avec Sigiswald Kuijken au violon, sans doute en raison de tendre souvenirs de jeunesse en écoutant cette version.
Une des plus justes que je connaisse (mais j'en connais peu).  J'ai toujours eu une préférence pour le concerto de l'été avec la langueur du deuxième mouvement comme une sieste dans un champ sous la menace d'un orage (d'été) qui n'arrive jamais... et surtout, surtout, le presto du 3ème mouvement que j'écoute comme une course amoureuse échevelée à perdre haleine, reprenant son souffle par instant pour repartir aussitôt dans un nouveau galop passionné.  smile et Jérôme ne peut dire qu'il ne connais pas cette version, nous l'avons écoutée ensemble à Barbâtre où je lui fis part de mes impressions sur ces concerti.
Je n'ai trouvé qu'un enregistrement en ligne des Quatre Saisons par Kuijken mais la bande audio est un peu pourrie, hélas. neutral

S.

PS : sinon LE disque classique qui accompagne ma vie depuis près de quarante ans, j'ai déjà dû l'écrire, ce sera toujours Chopin, le deuxième concerto pour piano et orchestre (Chopin: Piano Concerto No. 2 in F Minor, Op. 21: I.) avec Claudio Abbado à la baguette du Chicago Symphony Orchestra et  Ivo Pogorelich maestroso au piano, monstrueuse performance de technique et de virtuosité.
Là, le lien est meilleur  wink en sautant les pubs roll .
Il convient de (re)découvrir, si besoin, le meilleur d'Ivo Pogorelich dans les années 80.

Hors ligne

#231 12-06-2025 23:00

Beruthiel
Inscription : 2002
Messages : 197

Re : Et vous, qu'écoutez-vous ?

Je picore à mon rythme très lent ce que vous proposez...

@Elendil :
Je n’aime pas trop le son du clavecin alors merci pour ta suggestion d’écouter les versions pour piano, le concerto BWV 1052 interprété par Glenn Gould a illuminé ma séance de repassage ;-)

@Hyarion :
J’ai encore peu exploré ce que tu proposes dans ton dernier message… Ayant raté ce qu'avait écrit Cédric à ce sujet, merci d’avoir rappelé l’existence de Recomposed: Vivaldi, the Four Seasons. J’aime beaucoup. Concernant les morceaux plus électroniques situés à la fin de cet album, le début de Shadow 1  m’a fait fortement pensé au début de Music For 18 Musicians de Steve Reich.

Toujours à propos des Quatre Saisons, je signale l’existence un moyen métrage intitulé Les 4 Saisons d’Antoine qui permet de faire découvrir cette œuvre aux jeunes enfants. C’est un mélange de prise de vues réelles et d’animation. Le point de départ est l’histoire d’un enfant qui se rend au cours des différentes saisons chez son grand-père luthier (le grand-père est joué par Pierre Richard). On voit aussi les musiciens jouer.  Cela a bien plus à mon fils.  On peut voir un extrait ici.

C.

Hors ligne

Pied de page des forums

Propulsé par FluxBB 1.5.10