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#1 09-08-2005 22:30

Laegalad
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Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

[Édit (Yyr) 2021 : ce fuseau est l'un des nombreux rejetons de l'arbre initial de la traduction des poèmes]

ou ...

Poèmes bombadiliens du Seigneur des Anneaux

Car la ballade n'est pas finie, mes amis : il me restait encore  à harmoniser quelques chants et poèmes des chapitres 6 à 8 du Livre Premier. « Harmoniser », parce que la traduction française est bonne... Mais puisque j'avais commencé le boulot, j'ai voulu le terminer :)

Pour la majeure part, Tom utilise la même structure que les poèmes précédents : strong-stress verses (quatre accents par vers) à rimes plates (AABB). Quelques uns, plus narratifs, y échappent pourtant : ce sont des strong-stress verses sans schéma de rimes. J'ai donc conservé ma structure précédents, alexandrins avec ou sans rimes plates suivant l'original... sauf pour quelques un, où il m'a été proprement impossible de garder les deux contraintes (notamment quand Tom appelle les poneys échappés... les « ponets », plutôt : j'ai gardé l'ancienne orthographe, que l'on retrouve dans ponette) ; j'ai alors sacrifié la rime.
Mis à part les contraintes de formes (qui entraînent certaines pertes, hélas), le reste n'a guère causé de difficulté ; je n'ai pas d'autres commentaires à faire, je pense.

Hey dol! merry dol! ring a dong dillo!
Ring a dong! hop along! fal lal the willow!
Tom Bom, jolly Tom, Tom Bombadillo!

Hé ding ! Digue dong ! Sonne un ding dong ding dillon !
Sonne un dong ! Saute donc ! Fal lal le saule lon !
Ding Tom Bom, dong joli Tom, Tom Bombadilon !

Hey! Come merry dol! derry dol! My darling!
Light goes the weather-wind and the feathered starling.
Down along under Hill, shining in the sunlight,
Waiting on the doorstep for the cold starlight,
There my pretty lady is. River-woman’s daughter,
Slender as the willow-wand, clearer than the water.
Old Tom Bombadil water-lilies bringing
Comes hopping home again. Can you hear him singing?
Hey! Come merry dol! derry dol! and merry-o,
Goldberry, Goldberry, merry yellow berry-o!
Poor old Willow-man, you tuck your roots away!
Tom’s in a hurry now. Evening will follow day.
Tom’s going home again water-lilies bringing.
Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Hého ! Viens, digue ding ! Digue dong ! Ma chérie !
Léger va le vent du temps, l’étourneau joli.
Brillante au crépuscule, attendant au perron
La lueur des étoiles au fond du vallon,
Voilà ma belle dame, fille de la Rivière,
Souple comme le saule, et que l’eau bien plus claire.
Le vieux Tom Bombadil, des lis d’eau par brassées,
Rentre à grands bonds au logis. L’entends-tu chanter ?
Hé ! Viens, digue ding ! Digue dong ! Et joyeux ho !
Baie d’Or, Baie  d’Or, ma joyeuse baie jaune oh !
Pauvre Vieil Homme Saule, tes racines, enfouie-les !
Le soir suivra le jour. Tom doit se dépêcher !
Il retourne au logis des lis d’eau par brassées.
Hého ! Viens, digue dong ! M’entendez-vous chanter ?

Hop along, my little friends, up the Withywindle!
Tom’s going on ahead candles for to kindle.
Down west sinks the Sun: soon you will be groping.
When the night-shadows fall, then the door will open,
Out of the window-panes light will twinkle yellow.
Fear no alder black! Heed no hoary willow!
Fear neither root nor bough! Tom goes on before you.
Hey now! merry dol! We’ll be waiting for you

Remontez le Tournesaules, mes petits amis !
Tom va de l’avant pour allumer les bougies.
A l’ouest sombre la Soleil : vous tâtonnerez.
La porte sera ouverte et par les volets
La lumière clignera quand viendra le soir.
Ne craignez ni saule chenu, ni aulne noir,
Ni racine, ni ramille ! Tom va de l’avant.
Hého maintenant ! Digue dong ! On vous attend !

Hey! Come derry dol! Hop along, my hearties!
Hobbits! Ponies all! We are fond of parties.
Now let the fun begin! Let us sing together!

Hé ! Venez digue ding ! Sautez donc, mes lurons !
Hobbits ! Vous ponets ! Que commencent les chansons !
Nous adorons les fêtes. Qu’éclate la joie !

Now let the song begin! Let us sing together
Of sun, stars, moon and mist, rain and cloudy weather,
Light on the budding leaf, dew on the feather,
Wind on the open hill, bells on the heather,
Reeds by the shady pool, lilies on the water:
Old Tom Bombadil and the River-daughter!

Chantons tous ensemble ! Que commencent les chansons,
Sur la lumière sur les feuilles en bourgeon,
Soleil, étoile, lune, brume, pluie et temps couvert,
Vent sur la colline et cloches sur la bruyère,
Roseaux près du bassin ombreux, lis dans l’eau claire :
Tom Bombadil et la Fille-de-la-Rivière.

I had an errand there: gathering water-lilies,
green leaves and lilies white to please my pretty lady,
the last ere the year’s end to keep them from the winter,
to flower by her pretty feet tilt the snows are melted.
Each year at summer’s end I go to find them for her,
in a wide pool, deep and clear, far down Withywindle;
there they open first in spring and there they linger latest.
By that pool long ago I found the River-daughter,
fair young Goldberry sitting in the rushes.
Sweet was her singing then, and her heart was beating  !

J’avais une mission : ramasser les lis d’eau,
Vertes feuilles et lis blancs, pour plaire à ma dame,
Les derniers de l’an pour les garder de l’hiver,
Pour fleurir ses pieds jusqu’à la fonte des neiges.
Je vais les lui chercher à chaque fin d’été,
Dans un bassin large et clair, loin du Tournesaules,
Où ils s’ouvrent les premiers et s’attardent plus.
Jadis j'y trouvai la Fille de la Rivière,
Baie d’Or, belle et jeune, assise sur les roseaux.
Doux était son chant alors, et son cœur battait !

And that proved well for you – for now I shall no longer
go down deep again along the forest-water,
not while the year is old. Nor shall I be passing
Old Man Willow’s house this side of spring-time,
not till the merry spring, when the River-daughter
dances down the withy-path to bathe in the water.

Et cela vous sauva – car je ne devrais plus
Descendre loin le long de l’eau de la forêt,
Pas à la fin de l’année ; ni ne passerai
Du côté de la maison du Vieil Homme Saule
avant le joyeux printemps, quand pour se baigner
La Fille de la Rivière en dansant descend.

Ho! Tom Bombadil, Tom Bombadillo!
By water, wood and hill, by the reed and willow,
By fire, sun and moon, harken now and hear us!
Come, Tom Bombadil, for our need is near us!   

Hohé ! Vieux Tom Bombadil ! Tom Bombadillo !
Par eau, bois et colline, par saule et par roseau,
Par feu, soleil et lune, hâtes-toi, entends-nous !
Viens, Tom Bombadil, car le danger vient sur nous !

Old Tom Bombadil is a merry fellow,
Bright blue his jacket is, and his boots are yellow.
None has ever caught him yet, for Tom, he is the master:
His songs are stronger songs, and his feet are faster.

Le vieux Tom Bombadil est un joyeux luron,
Bleu vif est sa veste, et jaunes ses botillons.
Nul ne l’a attrapé, car Tom, il est le maître :
Ses chansons sont plus fortes, ses pas vont d’une traite.

Get out, you old Wight! Vanish in the sunlight!
Shrivel like the cold mist, like the winds go wailing,
Out into the barren lands far beyond the mountains!
Come never here again! Leave your barrow empty!
Lost and forgotten be, darker than the darkness,
Where gates stand for ever shut, till the world is mended.

Sors de là, vieil Être ! Disparaît donc au soleil !
Flétris comme la brume, gémis comme les vents,
Dans les terres gastes au-delà des montagnes !
Ne reviens jamais là ! Laisse ton galgal vide !
Sois perdu, oublié, plus noir qu'obscurité,
Où les ponts sont clôts, jusqu'à guérison du monde.

Wake now my merry lads! Wake and hear me calling!
Warm now be heart and limb! The cold stone is fallen;
Dark door is standing wide; dead hand is broken.
Night under Night is flown, and the Gate is open!

Debout, mes lurons ! Debout, et écoutez-moi !
Réchauffez-vous ! Car la pierre froide est tombée ;
La porte noire bée ; la main morte est brisée.
La Nuit sous la Nuit a fuit, le Pont est ouvert !

Hey! now! Come hoy now! Whither do you wander?
Up, down, near or far, here, there or yonder?
Sharp-ears, Wise-nose, Swish-tail and Bumpkin,
White-socks my little lad, and old Fatty Lumpkin!

Hé là ! Revenez donc ici ! Où vaquez vous ?
En haut, en bas, près, loin, ici, là ou là-bas ?
Hého ! Ouïe-fine, Nez-creux, Queue-vive et Godichon,
Paturons-blanc mon gars, et mon vieux Gros Balourd !

Tom's country ends here: he will not pass the borders.
Tom has his house to mind, and Goldberry is waiting!

Ici finit son pays : Tom n'en sortira pas.
Il a sa maison à penser, Baie d'Or l'attend !

Deux autres ne sont pas chantés par Tom, mais tant que j'y étais...

D'abord, celui qui vient au coeur de Frodo quand il voit la Fille de la Rivière. Lui n'est pas évident : on a toujours un strong-stress metre, toujours des rimes plates (mais quatre fois la même), mais s'y ajoute les allitérations... Je me suis donné beaucoup plus de place pour y traduire : vingt syllabes par vers. Cependant, ça reste encore lisible, par la grâce de la césure (ouf ! :)). C'est seulement à ce prix là que j'ai pu faire ricocher les sons entre eux sans atrophier le sens. J'ai conservé les rimes plates, mais deux à deux.

O slender as a willow-wand! O clearer than clear water!
O reed by the living pool! Fair River-daughter!
O spring-time and summer-time, and spring again after!
O wind on the waterfall, and the leaves’ laughter!’

O toi, souple comme le brin de saule ! O toi, plus claire encore que l'eau claire !
O roseau à la rive du bassin vivant ! Belle Fille de la Rivière !
O toi, printemps et été, et de nouveau printemps après !
O toi, vent sur la cascade, et le rire de la feuillée !

L'autre est beaucoup plus sinistre... c'est celui psalmodié par l'Être du Galgal : on a beaucoup de répétitions : “cold”, “stone/stony”, “never”,  “dead/die”, termes très réjouissants. Le style est un peu lourd, et un terme est archaïsant :

Webster's 1913 Dictionary \Mare\, n. [AS. mara incubus; akin to OHG. & Icel. Mara; cf. Pol. mora, Bohem. m[*u]ra.] (Med.)
Sighing, suffocative panting, intercepted utterance, with a sense of pressure across the chest, occurring during sleep; the incubus; -- obsolete, except in the compound nightmare.

Ce qui est marrant, c'est qu'on a la même trace en français : cf. Le Robert historique :

CAUCHEMAR, n. m., d'abord cauquemar (v. 1375), puis cauchemar (1677), est un mot d'origine picarde. Son premier élément cauche est une forme verbale de cauchier, “presser”, qui résulte probablement d'un croisement entre l'ancien cauchier, “fouler, presser” (apr. 1150), et la forme picarde correspondante cauquier, du latin calcare. Le second élément est l'ancien picard mare (v. 1290), emprunté au moyen néerlandais mare (maer) “fantôme provoquant de mauvais rêves”. Ce dernier correspond à l'anglo-saxon mare (d'où l'anglais nightmare “cauchemar”, proprement “spectre nocturne”), à l'ancien haut-allemand mara, à l'ancien norois mara, formes remontant à un germanique °maron-, apparenté au slave (polonais mora, tchèque mura de même sens). [...]

mar, idée « d'entrave », tient tient... :) Malheureusement, je ne vois guère quel composé employer pour garder ça... Je contrebalance l'archaïsme en traduisant un peu plus loin « withered land » par « terre gaste ».
Pour autant, je ne suis pas très fière de cette traduction... “défunt” pour un océan, bof...

Cold be hand and heart and bone,
and cold be sleep under stone:
never mare to wake on stony bed,
never, till the Sun fails and the Moon is dead.
In the black wind the stars shall die,
and still on gold here let them lie,
till the dark lord lifts his hand
over dead sea and withered land.

Que la main et que le coeur et que l'os soient froids,
Et que le sommeil dessous la pierre soit froid :
Qu'ils ne s'étouffent jamais sur leur lit pierreux,
Jusque Soleil et Lune meurent tous les deux.
Dans le vent noir les étoiles mourront alors,
Et ils resteront encore à gésir dans l'or,
Jusqu'à ce que le seigneur noir lève sa main
Sur la terre gaste et l'océan défunt.

Bonne soirée !

Stéphanie — Un truc de biffé sur la Longue Liste des Choses à Faire... c'est qu'y'en a tellement que pour un peu j'oublierai de profiter de la piscine et du bain-de-soleil ! Mais nooon, pas exagérer quand même... il me faut bien décompresser de ce job de gobelins à la ***, je déteste, je hais, j'exècre les chiffres !!! Alors farniente tout l'après-midi, ç'a un air de vacances que vous pouvez même pas imaginer ! :)

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#2 09-08-2005 22:33

Laegalad
Lieu : Strasbourg
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Bon sang qu'est-ce que c'est bien les feuilles de style et les divisions ! Cédric, c'est quand qu'on ne sera plus obligé de plonger pour retrouver le petit outil de rédaction ?? Quoi ? Toi aussi tu fais du farniente ? Ah, ben j'ai rien dis alors... oublies pas la crème solaire, sinon on a l'impression d'être un Boutefeu chinois toute la nuit après :)

[édit 2020 (Yyr) : il nous fallait juste un peu de temps, Dame Lægalad : 15 ans à peine ;)]

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#3 10-08-2005 03:19

ISENGAR
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Laegalad, c'est instructif, ludique, plaisant...
Bref, c'est superbe. Comme d'habitude.
Félicitations bondissantes :o)

I.

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#4 11-08-2005 18:01

Laegalad
Lieu : Strasbourg
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Merci :) :) :)
Et une bise pour la route, toute fraîche de pluie :)

S. -- qui s'en va ramasser de quoi tester un bouquet-centre de table, pour le mariage de son oncle... Baies de sureau, baies de chèvrefeuille, baies d'aubépines et d'églantier, ombelles et lierre... quelques roses orangées par dessus, ça devrait être joli :)

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#5 13-08-2005 01:13

Moraldandil
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Miam ! Grand merci pour un tel poème bombadilien plein de gaieté et de fraîcheur, c’est décidément délicieux :-)

L’histoire du cauchemar peut être continuée par un petit détour en Allemagne. En allemand il existe un mot Nachtmahr, bien évidemment l’équivalent de l’anglais nightmare, et qui désigne ce même fantôme cauchemardesque. C’est aussi un mot pour le cauchemar. Mais il en est un autre, que j’ai davantage rencontré, qui est Alptraum. C’est un composé de traum et Alp, Alb. Ce dernier mot est le correspondant étymologique exact de l’anglais elf et du norrois alfr ! Le cauchemar allemand est donc une sorte de « rêve d’elfe ». Le Wahrig m’indique qu’à l’égal de Nachtmahr, Alp désigne un « fantôme qui s’assoit sur la poitrine du dormeur et occasionne par là des rêves lourds ». Il semblerait donc que le folklore allemand se souvienne surtout d’elfes noirs :-) Le fait tient peut-être à la démonisation chrétienne des anciennes croyances, qui laissent toutefois des traces comme superstitions. Il existe un autre composé, Alpdrücken la « pression de l’elfe » qui désigne l’étouffement ressenti par qui cauchemarde, et attribué à l’Alp donc.

Cela me fait aussi penser à la créature décrite par Maupassant dans sa nouvelle fantastique le Horla : le narrateur s’imagine « vampirisé » par une sorte de double malfaisant qui se manifeste d’abord par une oppression nocturne, comme si, selon ses mots, il venait assis sur lui « boire sa vie sur ses lèvres » pendant son sommeil.  Même en tenant compte de l’influence d’histoires de vampires, il y a une ressemblance troublante. C’est à se demander si Maupassant n’aurait pas repris la male créature traditionnelle, sous une forme normande peut-être ? Une piste à suivre pour les elfologues :)

Retour sur le poème : je pense qu’il serait souhaitable d’utiliser uniformément « Bombadillon » pour Bombadillo (si l’on se décide pour les formes francisées en -on, ce qui a personnellement ma préférence). Cela pose un problème toutefois dans le vers où il rime avec « roseau ». Mais est-ce qu’il ne serait pas possible d’y substituer le « jonc » ? Certes, botaniquement ce n’est pas la même chose, mais poétiquement l’image est très similaire. On pourrait ainsi avoir :

Hohé ! Vieux Tom Bombadil ! Tom Bombadillon !
Par eau, bois et colline, par le saule et le jonc,
Par feu, soleil et lune, hâte-toi, entends-nous !
Viens, Tom Bombadil, car le danger vient sur nous !

Félicitations encore !

B.

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#6 13-08-2005 02:14

Laegalad
Lieu : Strasbourg
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Pas bête, pour le poème :)

le narrateur s’imagine « vampirisé » par une sorte de double malfaisant qui se manifeste d’abord par une oppression nocturne, comme si, selon ses mots, il venait assis sur lui « boire sa vie sur ses lèvres » pendant son sommeil.

Moi ça me rappelle Harry Potter et les... mince... le terme français m'échappe, à force de lire ça en anglais... Détraqueurs ? Détraqueurs, oui, c'est ça. Les abominaffreux gardiens d'Azcaban dont la présence aspire toute idée joyeuse, et dont le baiser aspire toute âme. Terrific, ces trucs...

S. -- on a les références littéraires qu'on veut :)

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#7 14-08-2005 03:07

ISENGAR
Lieu : Tuckborough près de Chartres
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Bertrand a écrit :

Il semblerait donc que le folklore allemand se souvienne surtout d’elfes noirs :-) Le fait tient peut-être à la démonisation chrétienne des anciennes croyances, qui laissent toutefois des traces comme superstitions.

Effectivement, d'ailleurs le nom du roi Lombard Alboïn signifiait "ami des elfes" (l'équivalent d'Aelfwine, en vieil anglais) et sous entend qu'en d'autres temps, les elfes germains pré-chrétiens n'étaient pas du tout méchants :o)

I.

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#8 15-08-2005 21:27

Moraldandil
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Encore que... l'on est porté à se demander à quelle sorte d'elfes le nom d'Alboin rendait hommage ! Si je me souviens bien de mon légendaire des âges troubles ;-) Alboin est bien ce roi qui offrit un jour à sa femme Rosamunde de boire à la mémoire des morts dans le crâne du propre père de celle-ci ?

Mais nous nous égarons :-)

B.

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#9 16-08-2005 01:02

Dior
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

En passant, sur les Elfes noirs : je me souviens avoir lu un intéressant article de T. Shippey abordant notamment le sujet; il mentionne les Elfes noirs des sagas germanico-scandinaves. Si cela vous intéresse, je peux retrouver les références :-)

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#10 18-08-2005 01:58

Dior
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Au fait, Stéphanie et Bertrand, je ne le dis pas, mais vos travaux sont toujours très intéressants à lire, et surtout, très raffraichissants ! Continuez !! :-)

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#11 22-09-2005 17:47

Yyr
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Qu'elles sont jolies ces traductions. J'ai bien aimé toutes ces récentes ballades : une chanson de bain, une chanson de marche, le chant d'Eldamar, et maintenant dans la Vieille Forêt ou près des galgals. Bravo à vous Bertrand et Stéphanie :)

Ici comme pour les précédentes, bien peu à dire en ce qui me concerne, trois petites choses.

La première (au risque d'être lourd et de me répéter pour les uns mais comme le monde entier n'est pas encore informé ... :)) : « superbe :) » ai-je écrit en marge de mon édition, là où tu as traduit, Stéphanie :

O toi, souple comme le brin de saule ! O toi, plus claire encore que l'eau claire !
O roseau à la rive du bassin vivant ! Belle Fille de la Rivière !
O toi, printemps et été, et de nouveau printemps après !
O toi, vent sur la cascade, et le rire de la feuillée !

Que c'est beau ! ! ! :)

La deuxième (que je t'ai partagée en terre d'Émilieu) concerne le deuxième paragraphe, où je te proposais de remplacer les premiers et derniers vers :

Hého ! Viens, digue ding ! Digue dong ! Ma chérie ! [...]

Hého ! Viens, digue dong ! M'entendez-vous chanter ?

Par :

Hé ! Viens donc, digue ding ! Digue dong ! Ma chérie ! [...]

Hé ! Venez, digue dong ! M'entendez-vous chanter ?

Si toutefois, en cet endroit du dernier vers, Tom s'adressait bien aux hobbits - comme j'en avais l'idée. Mais non :) Hi ! Hi ! A ce moment-là, nul doute possible, il s'adresse toujours à Baie d'Or ; exit donc ma lubie, mais il s'agit tout de même de conjuguer pareillement venir et entendre du dernier vers, non ? Ainsi :

Hého ! Viens, digue ding ! Digue dong ! Ma chérie ! [...]

Hého ! Viens donc, digue dong ! M'entends-tu chanter ?

La troisième concerne l'incantation de l'Être des Galgals.

- Brrr ...

- Oui, je sais :) Ne t'enfuis pas Stéphanie, sois courageuse ! Nous sommes avec toi, et Tom n'est pas loin, qui fait tomber la Pierre Foide, fuir la Nuit sous la Nuit, et ouvrir la Porte !

Tu disais n'être pas très fière de ta traduction. Bien qu'honorable selon moi, il est vrai que sa lecture m'a été moins naturelle qu'avec un Tom, une Baie ou un hobbit entre tes mots :). Cela signifierait-il que notre princesse de Vert-Bois, d'une pureté elfique, ne connaît - et ne peut donc dire ou reconnaître - les ombres et les maux de ceux qui veulent nous dévorer ? Ce "défaut", princesse, est peut-être tout à votre honneur :)
Trois de tes amis ont donc chevauché ensemble, une étoile au front et l'amitié des Elfes pour sauf-conduit, et te rejoignent aux pieds des Galgals ... Kendra princesse des Rohirrim te les envoie, munis de pains étoilés, boissons et fruits pour la route, une branche d'aubépine en présent ;)

Une petite erreur s'est glissée dans ton original, déjà - et je viens seulement de m'en apercevoir - ... dis donc, ne travaillerais-tu pas à partir de textes officieux (toi aussi :)) ? ... mmm ... :) :) :) Or donc, il ne s'agit pas de mare mais de more au troisième vers :)

La version originale donne ainsi :

Cold be hand and heart and bone,
and cold be sleep under stone:
never more to wake on stony bed,
never, till the Sun fails and the Moon is dead.
In the black wind the stars shall die,
and still on gold here let them lie,
till the dark lord lifts his hand
over dead sea and withered land.

Je te propose pour ma part, sur ton modèle et ton inspiration, la traduction suivante ; elle a l'avantage d'une assez grande fidélité littérale, certaines choses sont jolies, et l'on s'offre encore le luxe de ne pas mettre d'article à Lune et Soleil ;) (mais des insatisfactions demeurent ; la dernière rime en particulier reste la moins satisfaisante ...) :

Que la main le cœur et les os demeurent froids,
et froid le sommeil sous la pierre d'anciens rois :
que jamais plus de leurs lits pierreux ne s'éveillent,
jamais, jusqu'à ce que meurent Lune et Soleil.
Comme à la nuit les étoiles viendront mourir,
ils resteront encore dans l'or à gésir,
le seigneur ténébreux levant sa main funeste
sur une mer sans vie et une terre gaste.

Ben, de son côté, a opté pour une versification plus libre, non moins enchanteuse (bien au contraire ?), renouvelant ou donnant une nouvelle mesure à l'incantation, très intéressante :

Froide la main, froids les os et le coeur ;
Froids qui dans le sommeil sous la pierre demeurent.
        Que jamais
Il ne leur vienne l'heur
De s'éveiller sur leurs lits de pierre et de peur,
        Non, jamais,
Avant que le Soleil et la Lune ne meurent.

Dans le vent de la nuit où les étoiles sombrent,
Laissez-les dans la nuit sur l'or noir de leurs tombes.
        Que toujours
Ils reposent dans l'ombre;
Et que le seigneur noir étende sa main sombre
        Pour toujours,
Sur la Mer d'Agonie et la Terre de l'Ombre.

Sire Moraldandil a accompagné ce travail ça et là ; qu'il en soit remercié par ses deux amis.
Lesquels tiennent chacun à s'exprimer mutuellement leur gratitude.
Tous trois enfin rende hommage à la demoiselle-fée car sa traduction inspira en partie toutes ces lignes.

Jérôme :)

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#12 22-09-2005 18:07

sosryko
Inscription : 2002
Messages : 1 952

Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Sur la Mer d'Agonie et la Terre de l'Ombre

...waaah, merci merci pour ce beau morceau Ben (et Bertrand!) :-)))

S.
Content (et envieux, oh oui) de découvrir ces créations issues de votre dernière rencontre.
Content (et reconnaissant) de pouvoir goûter un peu à la coupe ;-)

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#13 22-09-2005 18:31

Lalaith
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

ooooOOooooh...
Comment se fait-il que vous n'ayez pas gardé ma rime en "concombre" ? à moins que ça ne vienne un peu plus tard dans le poème...

Que le Seigneur Noir arme son bras de concombre
et qu'il le mette dans son micro-ondes
Et que...

Oui bon oké, je ferme ma grande g*** :-D

Joli travail cela dit (surtout si on considère les conditions déplorables dans lequel il a été fait ;o) )

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#14 22-09-2005 18:51

Laegalad
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Yyr a écrit :

Kendra princesse des Rohirrim te les envoie, munis de pains étoilés, boissons et fruits pour la route, une branche d'aubépine en présent ;)

Ah, tu n'as pas oublié la branche de Grand-Mère Aubépine, arbre Fé par excellence, aussi belle au printemps qu'en l'automne d'or ! J'y ai repensé hier en en dessinant une branche sur un recoin de cours (que je pense à emmener du papier blanc pour les prochains). Ouf alors ! Tu verras, elle tient longtemps :)

Bien, si c'est avec deux Etoilés, je veux bien m'aventurer... Mais vous restez à côté, hein ? J'ai pensé... un éclat de rire effilé peut bien le dissoudre, non ? Soit. Prend garde, Etre des Ténèbres ! Je suis armée ! Mon long poignard à la main, le rire près à fuser !

Parler de "préférence" est un peu fort, d'abord parce que les deux sont très bonnes, et ensuite... ben, le thème me fait un peu frisquet quand même :) Mais je crois, en balançant-contrebalançant, que je préfère la tienne, Jérôme, en dépit de la rime finale...

D'abord on a un rythme très marqué, essentiel à cette invocation :

Que la main le coeur et les os demeurent froids,

Rythmiquement,

Que la main  et le coeur et les os restent froids,

rend mieux (ta ta TA ta ta TA ta ta TA ta ta TA)

et froid le sommeil sous la pierre d'anciens rois :
que jamais plus de leurs lits pierreux ne s'éveillent,

encore que rythmiquement toujours, on puisse faire

que jamais de leurs lits de pierre ils ne s'éveillent,

(mais ce n'est pas parfait non plus) ("textes officieux", mooooi ? Je me méfierai la prochaine fois :) Mais au moins, on en a appris :)).

jamais, jusqu'à ce que meurent Lune et Soleil.
Comme à la nuit les étoiles viendront mourir,

(très beau celui-ci... enfin, je m'entends :) Il sonne, disons :) Et au précédent, oui, on n'a pas à s'embêter avec les articles pour Lune et Soleil :))

ils resteront encore dans l'or à gésir,
le seigneur ténébreux levant sa main funeste
sur une mer sans vie et une terre gaste.

Mais... on pert le vent noir... or, le vent noir à son importance... Il rappelle le souffle noir des Nazgüls, souffle de mort. Et en effet, la dernière rime est un peu bancale... Je tâche d'y retravailler en cours demain.

Ne m'en veux pas, Ben :) L'effet est intéressant du décalage rimes en -our, rimes en -eur, du décalage des vers (ça c'est génial !), et les répétitions incantatoires bien martelées. Le deuxième vers me gène un peu, dans sa construction ; et le dernier surtraduit le sens original (on m'a appris à faire la chasse à la surtraduction ;)) : on avance beaucoup trop loin dans le sens, bien plus général, sous-entendant que "la mer" en général sera morte, et "la terre" en général sera gaste. Tu circoncis les circonstances à un seul lieu, la Terre de l'Ombre (le Mordor) et une Mer d'Agonie qu'on ne connait pas encore, mais qui, par ses majuscules, deviens nom propre.
Mm, et on perd aussi le "vent noir" :)

Mais si je trouve moyen d'y arranger (j'étais sensé m'occuper d'autre chose cet après-midi), alors j'hésiterai entre les deux...

J'imprime et vois cela demain. Merci à vous, en tout cas :)

S. -- en quoi rien ne peut lui couper l'appétit quand c'est Tea time ! A moi le chocolat noir et sombre, sur une tartine de pain beurrée (au beurre normal, donc sans ajout !), trempé dans mon thé préféré, Ronde d'Automne :)

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#15 22-09-2005 18:56

Laegalad
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Yop, j'aurais dû rafaîchir avant de poster, y'avait pas encore de message après celui de Jérôme :)
Sosryko est toujours vivant ! Il n'a pas disparu sous les piles de copies, ni été mangé par ses élèves ! Et c'est quand qu'on te voit à un moot, dis-moi ?
Rimes en concombre... pas mal :) :) :p

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#16 22-09-2005 23:11

Benilbo
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

;) Merci à Maître Sosryko pour ses compliments enchanteurs; et pardon à Lalaith pour avoir fait tomber son concombre de la cime dans l'abîme. Mais on sait jamais, il se peut que Glorfindel en ait besoin un jour pour afronter son Balrog ?

Je suis d'accord avec Stéphanie sur le fait que le deuxième vers utilise une construction un peu libre. Elle est courante chez nos classiques, mais la voir ici dans le cadre du conte est peut-être ce qui dérange :)

Par contre, je défendrai mon dernier vers jusque dans la tombe (vu le contexte, elle est ptêt pas bien loin, eh :D). Mon intention n'est pas de perdre le sens général de 'toute la mer' et 'toute la terre' bien au contraire. Le fait de mettre des majuscules particularise bien sûr les lieux, mais ici ils désignent toute la mer (nommée solennellement la Mer d'Agonie) et toute la terre (nommée solennellement la Terre de l'Ombre). Que les galgals appellent Arda toute entière la Terre de l'Ombre ne doit pas nous choquer outre mesure. Les peuples libres ont coutume de nommer le mordor "Terre de l'Ombre", mais c'est une vision bien réductrice comparée à celle d'esprits tels que les Galgals, pour lesquels la Terre de l'Ombre d'aujourd'hui ou de demain, n'a pas de limites sauf celles d'Arda même, l'Anneau de Morgoth. Pour eux ainsi que pour le Seigneur Noir, c'est une Terre qui s'étend, terrible, dévoreuse de lumière. Il me semble d'ailleurs impossible d'imaginer une diversité des régions dans Arda Assombrie, car le Seigneur Noir ne partage certainement pas. Son royaume est un, unique, uniforme, désolé. L'Enfer, la Terre de l'Ombre. ^^ *BRAOUM - bruit d'orage*

Bref, tout ça était pour expliquer le sentiment que ce dernier vers devait confusément évoquer, mais il est normal pour une bombadilienne de ne pas avoir pensé à imaginer la Terre de l'Ombre plus grande que le Mordor. Tout va donc bien dans le meilleur des mondes ^^.

*B*

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#17 23-09-2005 00:54

Moraldandil
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Est-ce que ça passerait mieux si l'on minusculisait l'initiale de cette mer d'agonie et de cette terre d'ombre ? (Sans blague - ça pourrait diminuer l'impresion de restriction.)

Il me semble que l'heur du quatrième vers de Ben est surtout là pour sa sonance. Stéphanie, me permets-tu de reprendre ce terme splendide que tu as lancé ? Je propose de le remplacer par son homonyme heure. Pourquoi ? Eh bien parce que le poème peut parler avec assez de naturel de l'heure... de s'éveiller. Et qu'en plus ça enlèverait du poème l'idée même du (bon)heur. Hin hin hin ! (rire antibombadilien au possible).

Froide la main, froids les os et le coeur ;
Froids qui dans le sommeil sous la pierre demeurent.
        Que jamais
Pour eux ne vienne l'heure
De s'éveiller sur leurs lits de pierre et de peur,
        Non, jamais,
Avant que le Soleil et la Lune ne meurent.

Tiens, au fait, Ben, tu n'as donc point voulu finalement de mon Froide la main, froids les os, froid le coeur ? :-)

Sur la question de la surtraduction, je suis d'accord et pas d'accord. D'accord, parce que c'est bien quelque chose à éviter pour l'exactitude de la traduction. Pas d'accord, parce que je ne trouve pas que l'exactitude du propos soit le plus important ici, du moment qu'on reste dans le mordorico-nazgûlo-galgalin... il n'y a pas d'allusion ou de révélation majeure qui nécessiterait d'être respectée au plus près (comme les allusions au Silmarillion dans le chant d'Earendil, le chant de Durïn ou les chants de Galadriel. La musique des mots me semble ici primer.

Sinon, le dictionnaire de rimes ne donne pas beaucoup de possibilités en -aste, mais on a "néfaste" ; Sauron peut fort bien avoir une "main néfaste" plutôt qu'une "main funeste"... de toute façon l'original montre bien que l'adjectif est là pour la rime ;-P

B.

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#18 23-09-2005 11:39

Laegalad
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Ben : aaaah, d'accord ! Oui, je n'avais pas vu celà sous cet angle, en effet... heureusement que vous êtes là pour m'expliquer -- et que Bombadil est là pour faire fuir l'ombre :)
Mmm... alors, oui... Je m'Excuse (et garde mes 10 points, toujours ça de pris :)). D'autant que je viens de relire en marquant le rythme la traduction de Jérôme, mais parfois, le martèlement prend la forme d'une samba, ce qui n'est pas particulièrement indiqué, je pense -- olé :)

Par contre, je défendrai mon dernier vers jusque dans la tombe (vu le contexte, elle est ptêt pas bien loin, eh :D).

Ah non ! Là, je refuse -- et je doute d'être la seule ! Ne te laisse pas embarquer par ce fantôme ! Non non... même si on gagne des Etoilés avec le temps, il n'est pas judicieux d'en perdre :) Et puis ta Belle-Fée-des-Iles-Fortunées risque de ne pas être d'accord non plus :)

        Que jamais
Pour eux ne vienne l'heure

C'est mieux, oui... quitte à être sinistre. De toute manière, je doute que l'Etre du Galgal ne connaisse toute idée de joie.

S. -- appris hier soir ne pas avoir cours ce matin : grasse mat' jusqu'à 8h, c'est coooool !

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#19 24-09-2005 14:39

Yyr
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?


... d'une samba, dis-tu ?!! °°

:)

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#20 24-09-2005 20:33

Laegalad
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

J'ai pu rejetter un oeil dessus cette incantation mortifère en cours ; voilà donc mes réflexions :

Froide la main, froids les os et le coeur ;
Froids qui dans le sommeil sous la pierre demeurent.
        Que jamais
[Pour eux ne viennent l'heure]
De s'éveiller sur leurs lits de pierre et de peur,
        Non, jamais,
Avant que le Soleil et la Lune ne meurent.

Dans le vent de la nuit où les étoiles sombrent,
Laissez-les dans la nuit sur l'or noir de leurs tombes.
        Que toujours
Ils reposent dans l'ombre;
Et que le seigneur noir étende sa main sombre
        Pour toujours,
Sur la Mer d'Agonie et la Terre de l'Ombre.

Si j'étudie les pieds :
Première strophe : 10/12/3/6/12/3/12
Deuxième strophe : 12/12/3/6/12/3/12
Il y a donc un problème au premier vers, soit de la première strophe, soit de la deuxième. Ça m'arrangerait que ce soit à la deuxième strophe, car ainsi, je peux caser le black wind mortifère :

Dans le vent noir où les étoiles sombrent

Pour le deuxième vers (de la première strophe), j'ai une proposition toute simple :

Froide la main, froids les os et le coeur ;
Froids ceux qui en sommeil sous la pierre demeurent.

Avec un sujet, c'est déjà mieux, même si la lisibilité est toujours un peu bancale.

Et pour plaire à Jérôme — et, soit, à moi aussi — Avant que le Soleil et la Lune ne meurent peut devenir Avant que Soleil et Lune tous deux ne meurent, qui insiste encore plus, au cas où l'on n'ai pas compris.
Ce qui nous donne :

Froide la main, froids les os et le coeur ;
Froids ceux qui en sommeil sous la pierre demeurent.
        Que jamais
Pour eux ne viennent l'heure
De s'éveiller sur leurs lits de pierre et de peur,
        Non, jamais,
Avant que Soleil et Lune tous deux ne meurent.

Dans le vent noir où les étoiles sombrent,
Laissez-les dans la nuit sur l'or noir de leurs tombes.
        Que toujours
Ils reposent dans l'ombre;
Et que le seigneur noir étende sa main sombre
        Pour toujours,
Sur la Mer d'Agonie et la Terre de l'Ombre.

Quant à celui de Jérôme :

Que la main le coeur et les os demeurent froids,
et froid le sommeil sous la pierre d'anciens rois :
que jamais plus de leurs lits pierreux ne s'éveillent,
jamais, jusqu'à ce que meurent Lune et Soleil.
Comme à la nuit les étoiles viendront mourir,
ils resteront encore dans l'or à gésir,
le seigneur ténébreux levant sa main funeste
sur une mer sans vie et une terre gaste.

Celui-là, j'ai eu plus de mal à le retravailler, j'ai tendance à retomber sur ce que j'avais écris :

Que la main et le coeur et les os restent froids
et froid le sommeil sous la pierre d'anciens rois :
que jamais de leur lit de pierre ils ne s'éveillent,
jamais, jusqu'à ce que meurent Lune et Soleil.
Comme au vent noir les étoiles viendront mourir,
ils resteront encore dans l'or à gésir,
le seigneur noir levant sa main enténébrée
sur la mer désséchée, la terre dévastée.

J'ai fait quelques variations de rythme, casé le vent noir, et changé les deux derniers vers. J'y perd le gaste, mais il me semble que l'accumulation de /é/ appelle l'oreille sur les termes enténébrée, désséchée et dévastée, ce qui n'est pas plus mal...

Jérôme a écrit :

... d'une samba, dis-tu ?!! °°

Oui :) D'un rythme latin, en tout cas, à la condition de faire un accent « fantôme » (le terme existe en musique pour les notes qu'on ne joue pas mais qui s'entendent quand même... ça concerne surtout le jazz et la musique moderne, mais ça existe :)), puisqu'on aurait normalement cinq accents. Mais écoute : « Comme au vent noir les étoiles viendront mourir »
(_uu_uu_u(u)_u_, TA ta ta TA ta ta TA ta TA ta TA, le fantôme serait sur le -dront de viendront).

Hé :) Que veux-tu, moi, les trucs macabres et tragiques, il faut toujours que je trouve un biais :)

S.

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#21 24-09-2005 21:00

sosryko
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

J'aime bien aussi tes propositions pour le poème de Ben Laegalad... mais une petite remarque : si on met des majuscules (et j'approuve pour le côté lugubre et quasiment cosmique!), il faudrait peut-être en mettre au Noir Seigneur non ? ;-))

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#22 24-09-2005 21:13

Laegalad
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

En effet, d'autant que ça sonne comme un titre :)

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#23 25-09-2005 01:02

Benilbo
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Hé, Merci Stéphanie pour tes remarques !

Dans l'ordre :

  • 10/12/3/6/12/3/12 vs 12/12/3/6/12/3/12

Effectivement, c'était le problème de métrique qui me chagrinait vraiment; je m'étais consolé en me disant que l'alexandrin de la seconde strophe possédait 2 pieds de plus de transition (ce qui rendait l'ouverture moins brusque). Mais à vrai dire c'était "par défaut"... ta solution me plaît beaucoup, merci ! :) (même si elle perd un peu l'effet 'litanie' (répétition de 'nuit') et donc par conséquent la rime interne). D'ailleurs je serai tenté de mettre aussi des majuscules à "vent" et à "noir"... à voir :)

  • « Froids qui dans le sommeil sous la pierre demeure »

Hmmm... je suis vraiment partagé. Au niveau de la sonorité je préfère vraiment de loin 'Froids qui dans le sommeil'. Je pense qu'il s'agit de l'enchaînement des voyelles sur les trois premiers pieds, et de la place du "qui", qui avec son [k] à tendance à "presser" ce qui vient derrière ('qui en sommeil' me semble un peu trébuchant). En vérité, comme tu avais déjà posé le problème, j'avais réfléchi à une solution gardant le même rythme :

Ceux qui dans le sommeil sous la pierre demeure,
A jamais
[...]

Le problème est que la phrase ne se termine plus à cet endroit, appelant une suite, et donc on perd le parallélisme avec la seconde strophe... Mais si tu veux, une solution qui est plus agréable à la vue serait un singulier 'a 'change rien à la lecture :

Froide la main, froid les os et le coeur;
Froid qui dans le sommeil sous la pierre demeure.

Cela donne une impression de proverbe - cf. Heureux qui comme Ulysse etc..., ce qui n'est pas un mal au contraire pour une litanie. Seul petit défaut, la suite est au pluriel, l'alternance choquera donc peut-être le lecteur.

  • « Avant que le Soleil et la Lune ne meurent » vs « Avant que Soleil et Lune tous deux ne meurent »

Rah non je m'offusque ! ^^ Et la rime interne sommeil / Soleil à la césure avec la double oxymore entre le vers 2 et 7 sommeil/Soleil+demeurer/mourir  hein ! quoi ! ^^

*B*

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#24 25-09-2005 11:34

Kendra
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Hummmm, j'avais jamais mis les pieds dans un topic comme ça, ou seulement la pointe des pieds (en marchant sur des oeufs). Mais c'est très intéressant !

il y aurait une âme charitable (Stéphanie ?) pour m'apprendre les rudiments de la poésie ? J'y connais strictement rien, je sais même pas ce qu'est un iambe.
Comme ça je pourrais donner mon avis, ce qui maintenant ne serait pas d'une grande aide vu la table rase que je suis (table qui ne demande qu'à être garnie)

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#25 25-09-2005 11:53

Laegalad
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Benilbo a écrit :
  • 10/12/3/6/12/3/12 vs 12/12/3/6/12/3/12

Effectivement, c'était le problème de métrique qui me chagrinait vraiment; je m'étais consolé en me disant que l'alexandrin de la seconde strophe possédait 2 pieds de plus de transition (ce qui rendait l'ouverture moins brusque). Mais à vrai dire c'était "par défaut"... ta solution me plaît beaucoup, merci ! :) (même si elle perd un peu l'effet 'litanie' (répétition de 'nuit') et donc par conséquent la rime interne). D'ailleurs je serai tenté de mettre aussi des majuscules à "vent" et à "noir"... à voir :)

Pour la litanie, on a la répétition de "noir", qu'on retrouve aussi au vers en dessous... soit, pas à la césure, mais on peut changer cela :

Dans le vent noir où les étoiles sombrent,
Laissez-les sur l'or noir dans la nuit de leur tombe

englués dans le pétrole, pauvres Hobbits... jairiendijairiendi ! :) On a un très léger glissement de sens, mais très léger, par rapport à la Mer d'Agonie :)

« Froids qui dans le sommeil sous la pierre demeurent. » et dérivés :
Vous semblez avoir du mal avec les liaisons de voyelles, vous aut' parigots :) Froids ceux qui en... ne me choque pas, si ce n'est qu'une diphtongue donne beaucoup plus de liant et de douceur, effectivement (je trouve les diphtongues très aquatiques, pour quelqu'obscure raison de sonance, sans doute :)). Il vaut peut-être mieux du saccadé et hâché.

  • « Avant que le Soleil et la Lune ne meurent » vs « Avant que Soleil et Lune tous deux ne meurent »

Rah non je m'offusque ! ^^ Et la rime interne sommeil / Soleil à la césure avec la double oxymore entre le vers 2 et 7 sommeil/Soleil+demeurer/mourir  hein ! quoi ! ^^

Wouaaa, mais c'est que tu vas les chercher loin les rimes internes !  Bon bon, je n'ai rien dit :) Ce n'était qu'une proposition :) D'ailleurs, on ne sait si l'Être du Galgal masculinisait la Lune et féminisait le Soleil. Tiens, c'est une bonne question ça ?

Elisa a écrit :

il y aurait une âme charitable (Stéphanie ?) pour m'apprendre les rudiments de la poésie ? J'y connais strictement rien, je sais même pas ce qu'est un iambe.

Ça été pensé :) Voilà dans mon Bois du Chancours quelques débuts d'explication : si tu as besoin d'autres éclaircissements, dime :)

S. -- gloups, déjà 10 heures moins 10 ! Ma grand-mère qui attend à la gare que je vienne la chercher !  :)

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#26 27-09-2005 13:09

Moraldandil
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Kendra a écrit :

il y aurait une âme charitable (Stéphanie ?) pour m'apprendre les rudiments de la poésie ? J'y connais strictement rien, je sais même pas ce qu'est un iambe.

Pour compléter en ligne les très bons articles d'initiation de Stéphanie, il y a quelques articles non dénues d'intérêt sur Wikipédia. C'est encore assez incomplet du fait de la jeunesse du projet, mais ç'a l'avantage d'être souvent moins francocentré que ce que trouve habituellement à ce sujet. Et c'est très important, parce que parmi les langues européennes, le français a une prosodie très particulière (notamment du fait que le français n'a pas d'accent de mot, seulement un accent de groupe) ce qui a des répercussions importantes en poésie, assez différente du système du grec, du latin, des langues germaniques...

Je te conseille de commencer par l'article sur le vers puis de suivre les liens, et de ne pas oublier les versions en anglais.

Pour répondre directement à ta question, un iambe est au départ un pied (= une unité fondamentale d'un vers) en poésie grecque et latine, constitué d'une syllabe brève suivie d'une syllabe longue (voir l'article scansion de wikipédia). Dans d'autres langue, notamment dans les langues germaniques, on utilise plutôt une opposition d'accentuation qu'une opposition de longueur entre syllabes : le terme d'iambe y est alors repris pour désigner un rythme "syllabe inaccentuée + syllabe accentuée".

Stéphanie a écrit :

Vous semblez avoir du mal avec les liaisons de voyelles, vous aut' parigots :)

Il faut croire, parce que j'ai les mêmes réserves que Ben dans le cas qui nous occupe, et ce n'est pas la première fois que je constate que j'admets l'hiatus avec plus de réticences que toi ;-)

Je préfère aussi la version « Froids qui dans le sommeil sous la pierre demeurent ». C'est vrai que l'emploi du pronom relatif seul pour une référence indéfinie n'est plus guère dans la syntaxe actuelle qui ressent le besoin de renforcer par un démonstratif ; mais comme le soulignait Ben, nous avons des exemples anciens et point cherchés trop loin pour nous familiariser avec cet archaïsme : il suffit de penser aux proverbes "Qui veut voyager loin ménage sa monture", "Qui vole un oeuf vole un boeuf", "Qui sème le vent récolte la tempête", etc.

B.

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#27 27-09-2005 21:43

Benilbo
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Laegalad a écrit :

Pour la litanie, on a la répétition de "noir", qu'on retrouve aussi au vers en dessous... soit, pas à la césure, mais on peut changer cela :

Dans le vent noir où les étoiles sombrent,
Laissez-les sur l'or noir dans la nuit de leur tombe

englués dans le pétrole, pauvres Hobbits... jairiendijairiendi ! :) On a un très léger glissement de sens, mais très léger, par rapport à la Mer d'Agonie :)

:D On dirait que c'est décidémment le rêve idyllique de tout seigneur ténébreux, que d'étendre sa main sombre sur une mer d'or noir sans limites. Qui a vécu par l'or noir périra dans la Mer d'Agonie ! Dies irae, dies illa.

Je me demande si finalement, il ne vaut mieux pas laisser l'or noir où il était; comme ça la rime de la césure est avec l'alexandrin final (comme dans la première strophe); mais indépendamment, je la sens venir trop rapidement et peut-être qu'elle devient trop flagrante... comme tu le disais si bien, de toute façon, à la césure ou pas, on l'entend bien, cette écho "noir" (d'autant que le Seigneur Noir insiste dessus à nouveau deux vers plus loin, et autant de fois noir à la césure, ça devient peut-être maladroit... donc on devrait éviter peut-être un parallélisme peut-être trop flagrant ?).

Je voulais revenir aussi sur les deux-trois vers :

        Que jamais
Pour eux ne vienne l'heure
De s'éveiller sur leurs lits de pierre et de peur,

En reprenant l'idée de Bertrand pour l' "heure", je pensais carrément à :

        Que jamais
Ils ne voient venir l'heure
De s'éveiller sur leurs lits de pierre et de peur,

qui sur le plan musical me semble bien meilleure; elle introduit un rythme ternaire, parallèlement à la seconde strophe (Que toujours ils reposent dans l'ombre), et surtout, une consonance en v (voient/venir/éveiller) et grâce à "voient" reprend l’allitération en /wa/ des premiers vers (froide/froid/froids). Qu'en pensez-vous ?

Je refais une mise à jour :

Froide la main, froids les os et le coeur ;
Froids qui dans le sommeil sous la pierre demeurent.
        Que jamais
Ils ne voient venir l'heure
De s'éveiller sur leurs lits de pierre et de peur ;
        Non, jamais,
Avant que le Soleil et la Lune ne meurent.

Dans le vent noir où les étoiles sombrent,
Laissez-les dans la nuit sur l'or noir de leurs tombes.
        Que toujours
Ils reposent dans l'ombre;
Et que le Seigneur Noir étende sa main sombre
        Pour toujours,
Sur la Mer d'Agonie et la Terre de l'Ombre.

*B*

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#28 28-09-2005 18:13

Laegalad
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Re : Hey! Come derry dol! Can you hear me singing?

Mmm, oui, ainsi, ça va bien :) en plus, les "v" font venteux, ce qui rappelle le "vent noir" et donne froid dans le dos... brrrouf :)

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