Tolkien et la mémoire de l’Antiquité

Tolkien et la mémoire de l’Antiquité

Bonjour à toutes et à tous,

A signaler, la parution prochaine (le 22 août) d’un nouveau titre dédié à Tolkien : Tolkien et la mémoire de l’Antiquité, aux éditions Belles Lettres.

Quelques mots de l’éditeur :

Si l’œuvre de J. R. R. Tolkien est particulièrement étudiée par des spécialistes de la culture anglo-saxonne médiévale, cet ouvrage adopte une autre perspective et pose la question de l’empreinte de la culture gréco-latine sur le monde légendaire créé par l’auteur du Seigneur des Anneaux, que ce soit à travers la connaissance de Tolkien des mondes antiques et de leur pensée, la géographie même de la Terre du Milieu ou encore les échos des écrits de Tolkien avec les œuvres mythologiques, dramatiques et poétiques de l’Antiquité.

En dressant la première synthèse sur le sujet, Isabelle Pantin et Sandra Provini mettent en lumière la façon dont la mémoire de l’Antiquité ajoute une profondeur et des résonances particulières à une œuvre qui refuse tout référent précis. Elles permettent d’enrichir la (re)lecture des œuvres de Tolkien et d’observer un bel exemple de la vie posthume du monde antique.

Signé par Isabelle Pantin et Sandra Provini, ce volume laisse augurer une analyse intéressante dans une approche très peu exploitée jusqu’à il y a peu.

Par commodité, je reproduis plus bas diverses informations de la page officielle mais je vous invite à la découvrir pour, par exemple, en découvrir un extrait (écrit et sonore) :

Bonne lecture !
Cédric.

Présentation

L’œuvre de J. R. R. Tolkien est souvent vue comme fondatrice de la fantasy médiévaliste. Elle est volontiers rapprochée de l’imaginaire celtique et scandinave, et étudiée par des spécialistes de la culture anglo-saxonne médiévale.
Adoptant une autre perspective, Tolkien et la mémoire de l’Antiquité pose la question de l’empreinte de la culture grécolatine sur le monde légendaire créé par l’auteur du Seigneur des Anneaux. Cette approche est justifiée par la formation classique que Tolkien avait reçue, par son intérêt pour l’archéologie des mondes anciens et par sa connaissance de la pensée antique, notamment telle qu’elle transparaît dans les écrits des clercs médiévaux qu’il étudiait. De plus, la Terre du Milieu qu’il a créée s’étend sur un territoire analogue à celui de l’écoumène des Anciens, et certains de ses peuples rappellent d’antiques civilisations méditerranéennes. Enfin, de nombreux motifs de l’oeuvre, mythologiques, dramatiques, poétiques trouvent des correspondances dans les littératures grecque et romaine.
En dressant la première synthèse sur le sujet, Isabelle Pantin et Sandra Provini mettent en lumière la façon dont la mémoire de l’Antiquité ajoute une profondeur et des résonances particulières à une oeuvre qui refuse tout référent précis. Elles permettent d’enrichir la (re)lecture des oeuvres de Tolkien et d’observer un bel exemple de la vie posthume du monde antique.

Biographies Contributeurs

Isabelle Pantin

Isabelle Pantin, professeure émérite de littérature à l’ENS (Paris Science et Lettres) et membre de l’IHMC (UMR 8066), s’intéresse aux relations entre poésie, fiction et pensée cosmologique. Travailler sur l’humanisme lui a permis de rester proche des Grecs et des Latins. Sur Tolkien, elle a publié un livre (Tolkien et ses légendes : une expérience en fiction) et de nombreux articles.

Sandra Provini

Sandra Provini, professeure de littérature à l’université de Rouen au sein du CÉRÉDI (UR 3229) et membre de l’IUF, s’intéresse à la réception de l’Antiquité grecque et latine à la Renaissance et dans les littératures de l’imaginaire contemporaines. Elle a notamment dirigé, avec Mélanie Bost-Fievet, un ouvrage sur L’Antiquité dans l’imaginaire contemporain. Fantasy, science-fiction, fantastique (2014) et a publié plusieurs articles sur les réécritures d’épopées antiques en fantasy.

Table des matières

Introduction
Première partieLa culture antique de Tolkien
Chapitre I. L’Antiquité dans la culture littéraire et linguistique de Tolkien
Une éducation classique
Lectures antiques et prédilection pour l’Antiquité tardive
Des lectures antiques à la création littéraire
Le goût des langues anciennes
Du latin au quenya
Étymologies antiques ludiques
Chapitre II. Traces de la philosophie antique dans la culture de Tolkien
Une enquête peu prometteuse
Rencontres par des voies détournées
Traces et témoignages dans l’oeuvre
Chapitre III. L’Antiquité dans la vision historique de Tolkien
Une vision large de l’histoire
Entre Homère et les historiens classiques : les bases d’une formation
Le médiéviste et ses sources historiques
Du savoir à la vision historique

Deuxième partie. Présence du monde antique en Terre du Milieu :le temps, l’espace et la nature
Chapitre IV. La chronologie de la Terredu Milieu : du compte au conte des ans

L’obsession chronologique : annales et chroniques de la Terre du Milieu
Un héritage de l’Antiquité ?
Une parenté méconnaissable
Chapitre V. Géographie et cosmologie : en quête d’une Antiquité fantôme
Une ressemblance introuvable
Simplification du langage géographique et ouverture de l’« applicabilité »
La Terre du Milieu comme écoumène : limites, climats et paysages
« Éléments essentiels » : quelques traits des paysages en Terre du Milieu
De villes en forts : les routes
Chapitre VI. Recréer une nature vivante : l’héritage d’un art de décrire
Écrire pour faire voir : l’empreinte d’un apprentissage juvénile
L’art de la vive description
Un locus amoenus menacé.
Une nature sublime
Une nature animée
Des eaux habitées
Une forêt foisonnante nourrie
d’un « humus » fertile

Troisième partie. Mémoire de la tragédie et de l’épopée antiques dans les récits de la Terre du Milieu
Chapitre VII. Du modèle tragique au conte de fées : catastrophe et eucatastrophe

Une conception de la littérature centrée sur les « histoires » (stories)
La tragédie de Túrin et le modèle aristotélicien
Motifs tragiques dans le Légendaire
De la catastrophe à l’eucatastrophe
De la catabase antique à l’eucatabase tolkienienne
Beren et Lúthien, réécriture « eucatastrophique » du mythe d’Orphée
Chapitre VIII. Des épopées antiques au Seigneur des Anneaux, une conception renouvelée de l’héroïsme
« Un récit conçu comme une épopée »
Des modèles épiques variés, antiques et médiévaux
Les épopées du cycle troyen : guerres iliadiques et voyages odysséens
L’omniprésence de la guerre et « l’ombre de Troie »
Récits de voyage et descentes aux Enfers
Un style épique ?
Une critique du « code héroïque »
Aragorn, un nouvel Énée ?
Le Seigneur des Anneaux, une épopée élégiaque ?
Une nouvelle définition de l’héroïsme
Conclusion. Tolkien humaniste ?
Appendices
Plan du Silmarillion
Chronologie de l’oeuvre de Tolkien
Bibliographie
Ouvrages cités de J. R. R. Tolkien
Autres sources
Index
Index des noms de personnes et de personnages
Index des noms de lieux réels et fictionnels
Remerciements

Conférence – La Création de la Terre du Milieu

Conférence – La Création de la Terre du Milieu

Bonjour à toutes et à tous,

Nouvelle actualité ce jour avec le partage des informations liées à la tenue d’une conférence le 25 mars prochain par Jean-Rodolphe Turlin, membre éminent de JRRVF.

J’y serai présent également en tant de spectateur.

Pour tous les détails et vous inscrire, voir plus bas.

A bientôt et, peut-être que nous aurons le plaisir de nous croiser là-bas ?
Cédric.

J’ai le plaisir de vous informer qu’une conférence exceptionnelle aura lieu le 25 mars 2024 à 19h30 à la Fabrique de Béthune. Cet événement, organisé en l’honneur du Tolkien Reading Day, mettra en lumière la passionnante thématique “Tolkien et la création de la Terre du Milieu”. La conférence sera animée par le talentueux Jean Rodolphe Turlin, expert en la matière.

Les deux clubs souhaitent partager cet événement avec la communauté locale pour faire connaître cette conférence à un public plus large.

Informations complémentaires :
– Date : 25 mars 2024
– Heure : 19h30
– Lieu : La Fabrique de Béthune
– Titre de la conférence : “Tolkien et la création de la Terre du Milieu”
– Prix d’entrée : 10€ (une consommation incluse) et 5€ pour les moins de 15 ans.
– Les bénéfices seront intégralement reversés à l’association Oser pour Béné.
– Lien pour s’inscrire : La Création de la Terre du Milieu (vente sur place possible).
– Page Facebook officielle.

Nous pensons que cette conférence offre une perspective unique et enrichissante pour les amateurs de littérature et de l’œuvre de J.R.R. Tolkien.

Informations sur la conférence

« J.R.R. Tolkien et la création de la Terre du Milieu »

J.R.R. Tolkien, le célèbre auteur du Hobbit et du Seigneur des Anneaux, est un écrivain à part dans l’histoire de la littérature. Il a composé tout au long de sa vie une grande œuvre de fiction dont le cinéma et la culture populaire se sont emparés depuis des années. Ses principaux romans et de nombreux récits moins connus se déroulent dans les paysages merveilleux et périlleux de la Terre du Milieu, un monde qui ressemble beaucoup au nôtre, mais avec davantage de féerie.
Jean-Rodolphe Turlin vous propose, à l’occasion d’une présentation suivie d’un échange avec le public, de partir à la découverte de cet univers et de son créateur.

A propos de Jean-Rodolphe Turlin

Auteur et conférencier, Jean-Rodolphe Turlin est un lecteur et un admirateur de longue date de l’œuvre de J.R.R. Tolkien. Spécialiste de la géographie imaginaire du Pays des Hobbits, la Comté du Seigneur des Anneaux, il a signé de nombreux articles et essais sur l’œuvre de Tolkien depuis le début des années 2000. Son livre Promenades au Pays des Hobbits, aujourd’hui épuisé, est paru aux éditions Terre de Brume en 2012.
Il a également contribué au Dictionnaire Tolkien (Bragelonne 2019, réédité en 2024), ainsi qu’aux livres collectifs Tolkien, Le Façonnement d’un Monde, Volume 2 (Dragon de Brume, 2014), Le Monde des Hobbits (Pré aux Clercs, 2014) et Tolkien et l’Antiquité (Classiques Garnier , 2024). »

La Terre du Milieu générée par IA

La Terre du Milieu générée par IA

Gandalf le Blanc
Image créé via IA par Cédric Fockeu
Bonjour à toutes et à tous,
Aujourd’hui, je vous propose une première illustration de la Terre du Milieu générée par une IA.
C’est une démarque que je lance et que je viendrai augmenter régulièrement si les images que je génère via IA valent la peine d’être présentées.
Pour en savoir plus et découvrir cette première image, c’est ici :
A bientôt !
Cédric.
Meilleurs voeux et mathom

Meilleurs voeux et mathom

Image générée via IA à titre d’illustration

Bonjour à toutes et à tous,

Comme il est de tradition, JRRVF vous souhaite une très belle année 2024 !

Pour bien commencer cette année, et comme annoncé précédemment, cette première mise à jour de l’année sera consacrée aux Lettres de J.R.R. Tolkien. A l’occasion de la sortie de la seconde édition des Letters, dans leur version originale, nous voulions en effet revenir sur la page sur JRRVF consacrée aux résumés des Lettres dans leur version française cette fois. Ceci avant d’enchaîner sur du contenu qui sera consacré aux nouveautés de la version anglaise (ceci en attendant une éventuelle prochaine traduction et une seconde édition de la version française ? Peut-être cela sera-t-il un prochain projet des éditions Bourgois ?)

Mais revenons à la nouveauté sur JRRVF du jour. Plusieurs dizaines de résumés sont disponibles sur JRRVF pour l’heure et seront rejoints au fil des semaines par d’autres pour couvrir l’intégralité des lettres disponibles à ce jour.

Dans cette même page figure un index simplifié qui décrit la thématique principale de la lettre étudiée ainsi que les oeuvres et auteurs qui peuvent y être cités.
Originalité, le cas échéant, le résumé est assorti d’un ou plusieurs liens qui renvoient vers des ressources complémentaires à ces lettres, qu’elles soient localisées sur JRRVF, des sites amis ou Internet en général.

Cette page est entièrement nouvelle dans son contenu et sa forme. Les deux évolueront pour être plus riches encore et agréable à consulter – veillez donc pardonner si cela n’est pas encore parfait 😉
D’ailleurs, vu le nombre de lettres, toute aide, votre aide, est la bienvenue pour proposer vos résumés ou suggérer vos additions vers des ressources non citées par exemple. Pour cela, je vous invite à en discuter ou proposer vos ajouts sur le fuseau dédié sur le forum

Et pour vous donner la chose concrètement, voici le lien : Lettres de J.R.R Tolkien – Résumés

J’espère que vous apprécierez cette initiative et vous dis bientôt,
Cédric

Jacques Ellul, avec J.R.R. Tolkien : la puissance ou la liberté

Jacques Ellul, avec J.R.R. Tolkien : la puissance ou la liberté

(c) Pamela Chandler (1966)

Jacques Ellul,
avec J.R.R. Tolkien :
la puissance ou la liberté

École doctorale « Cultures et Sociétés »
Université Paris-Est Créteil

présentée et soutenue publiquement par
Jean-Philippe Qadri
le 29 novembre 2023

sous la direction de
Vincent Ferré

Ce mercredi 29 novembre 2023 s’est tenue à l’Université de Créteil la soutenance, par Jean-Philippe Qadri, de sa thèse de doctorat sur travaux en littérature comparée : Jacques Ellul, avec J.R.R. Tolkien : la puissance ou la liberté.

Cette thèse s’appuie notamment sur quatre essais publiés en 2016 dans Pour la gloire de ce monde. Recouvrements et consolations en Terre du Milieu, ainsi que sur une anthologie de textes de Jacques Ellul édités en 2019 et pour moitié inédits jusqu’alors, Vivre et penser la liberté. À partir de ces travaux, l’œuvre sociologique et théologique d’Ellul est revisitée « avec » celle, littéraire, de Tolkien sous l’angle particulier de la dialectique entre la puissance et la liberté.

Jean-Philippe Qadri montre comment, « chez les deux auteurs chrétiens, la parole, le mythe et la fonction symbolique du langage apparaissent comme constitutifs de l’homme et de la société », et constituent les lieux privilégiés à partir desquels penser notre monde actuel, en particulier la fatalité technicienne de notre époque : l’accumulation de puissance a pour corollaire l’aliénation de notre liberté. Par la même occasion, la comparaison entre les deux auteurs montre que l’œuvre du professeur d’Oxford, trop rapidement rangée dans la catégorie dite « littérature d’évasion », mérite d’être considérée dans sa composante éthique. Vice versa, ce travail comparatiste novateur montre la fécondité de la composante esthétique de l’œuvre du penseur bordelais, ne serait-ce que pour saisir l’articulation entre son versant théologique et son versant sociologique (*).

Les membres de JRRVF joignent leurs félicitations à celles du jury. Et rendent hommage aux trésors  de connaissances généreusement partagés avec eux par l’auteur de la thèse, dont le cheminement n’est pas sans rappeler une certaine Route :

La Route se poursuit sans fin
Qui a commencé à ma porte
Et depuis m’a conduit si loin.
Je la suis où qu’elle m’emporte
Avide comme au premier jour,
Jusqu’à la prochaine croisée
Où se rencontrent maints parcours.
Puis où encore ? Je ne sais.
(La Fraternité de l’Anneau, p. 57)

Si nous ne savons, pas plus que l’auteur, où elle l’emporte, les habitués de JRRVF (mentionné à plusieurs reprises lors de la soutenance) se souviendront où elle a commencé. Et ils lui sont reconnaissants d’avoir été invités à être de ses compagnons.

Ils joignent leurs louanges — a laita sé ! — à celles de Vincent Ferré qui, lors de cette soutenance, a tenu à saluer la générosité intellectuelle du doctorant. Et souligné avec émotion l’une des pointes de son travail — de son œuvre :

Alors qu’Éowyn lui défend de s’approcher du roi Théoden, son oncle mortellement blessé, le Roi-Sorcier réplique : « M’entraver, moi ? Pauvre fou. Aucun homme vivant ne le peut ! ». […] 

Mais alors, à quoi reconnaît-on un homme vivant ? La question est posée à l’occasion d’une scène de bataille sanglante, alors que le vieux roi Théoden est à l’agonie, gisant sous le cadavre de son cheval. Face au Roi-Sorcier se trouve donc représenté symboliquement l’ensemble des inadaptés au royaume à venir de Sauron : les vieillards, les femmes, les agonisants, les jeunes et mêmes les personnes invalides (handicapés physiquement, diminuées intellectuellement ou affaiblies psychologiquement) puisque les Hobbits sont aussi appelés Periain, c’est-à-dire Demi-Hommes. On reconnaît donc la communauté des personnes typiquement impuissantes ou estimées telles face à la puissance nue. Le Roi-Sorcier, lui, symbolise donc à la fois le désespoir face à une puissance en apparence inexorable et l’homme dépossédé de sa propre humanité par la puissance qu’il utilise – cette humanité faite de fragilité, de larmes et de compassion – et qui la redécouvre pour sa propre perte en ce qu’il méprise le plus souvent : une jeune Femme, un Enfant et un Vieillard.

La prophétie de Glorfindel posait une nouvelle énigme au lecteur : comment un homme peut-il surmonter le désespoir ? Sur les Champs du Pellenor, comme sous le toit de Bombadil, la réponse est identique : par l’amour d’un homme vivant pour son prochain, que ce soit dans la communion et la joie (Frodo, Baie d’Or et Tom Bombadil) ou dans la solidarité dans l’épreuve (Merry, Éowyn, Théoden).

(*) On (re)découvre ainsi non seulement Silences et Oratorio, deux recueils de poésies posthumes, mais également treize poèmes publiés en 1973, 1977 et 1988 sous le pseudonyme de Yann Veoulay dans les revues Foi & Vie et Prier.

à bientôt pour d’autres nouveautés et commentaires sur JRRVF,
Jérome Sainton.