Affiche-fiction de The Lord of the Rings avec The Beatles
(c) Illustration par Jason Chalker’s

Régulièrement, à l’occasion d’articles sur le net ou de causeries sur l’œuvre de Tolkien, la légende d’un projet d’adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux par Stanley Kubrick et les Beatles, à la fin des années 60, refait surface.

C’est à partir de mars 2002 que des détails de cette grande affaire – les Beatles et le Seigneur des Anneaux, deux symboles majeurs pour la génération des baby-boomers du monde anglo-saxon, réunis par la magie du cinéma ! – se diffusent via Internet, prenant valeur d’un mythe teinté d’évidences, et pourtant parfois entaché de contrevérités. Il y a pourtant eu par le passé quelques informations, apportées par les uns et par les autres, au gré de magazines de fans, de livres biographiques ou autobiographiques, dans lesquels l’information qui nous intéresse aujourd’hui – mais qui n’intéressait sans doute personne avant 2002 – a pu se retrouver noyée parmi une foule d’anecdotes plus marquantes.

A l’occasion des 50 ans de ce projet, JRRVF vous propose de faire le point sur ce mythe et de remonter un peu le temps, afin de comprendre comment ce projet a failli voir le jour, et pourquoi ça n’a pas été le cas.

Quatre Hobbits dans le vent ? – Photo par Don McCullin © 1968.

La Légende du siècle

Moins de 10 ans après les faits, le journaliste et auteur Nicholas Schaffner (mort en 1991), spécialiste des Beatles, est un des premier à associer le nom des Beatles et de Tolkien et à rapporter ce qui relevait, déjà, de la légende.

Dans son livre The Beatles Forever (Stackpole Company, 1977), Schaffner rappelle à juste titre que l’engouement pour l’oeuvre de Tolkien était si fort à la fin des années 60 que Le Hobbit (1937) et Le Seigneur des Anneaux (1954-55) faisaient l’objet, de la part de la jeunesse américaine puis anglaise, d’un culte presque comparable à celui dont bénéficiaient les « Fab Four », avec des magazines de fans, des affiches et des badges de toutes sortes.

Forts d’un succès qui ne s’était jusqu’alors jamais démenti, les Beatles étaient, à l’aube de l’année 1968, le plus grand groupe du rock de la planète et un des symboles majeurs de la « contre-culture », ce vaste mouvement contestataire aux contours flous, qui, dès les années 60, a touché durablement la jeunesse occidentale éprise de liberté, de musique et de nouveautés.

Parmi ces nouveautés se trouvait Le Seigneur des Anneaux. Le célèbre roman de Tolkien était paru en 1954-1955, mais il a connu un deuxième succès sur les campus américains, à la faveur, en 1965, d’une édition pirate diffusée par Ace Books, puis par une réédition officielle en format poche chez Ballantine’s Books. Des campus américains, le succès a gagné toute la jeunesse anglo-saxonne, revenant en force en Angleterre où le succès des trois tomes du roman avait connu un essoufflement au début des années 60.

Pour Schaffner, ce succès aurait également touché les Beatles. Au point qu’il leur serait venue l’idée « de s’attaquer à la tâche quasi-impossible » d’adapter Le Seigneur des Anneaux dans un film. Sans donner plus de détails dans The Beatles Forever, il cite l’hebdomadaire musical anglais Disc[1], qui a spéculé, en juin 1969, sur une distribution des rôles entre les Beatles, sans doute à partir d’une déclaration de Derek Taylor, leur attaché de presse : « Paul aurait été vraisemblablement l’interprète de Frodo, le héros hobbit du livre, aux allures de saint, avec Ringo jouant Sam, le serviteur simple et fidèle de Frodo. Le rôle de Gandalf, le sage magicien, aurait été dévolu à George, et John aurait joué une créature rampante nommée Gollum ». Schaffner précise que ce projet de film n’aurait toutefois pas passé le stade de la discussion.

Même s’il récidive quelques années plus tard, dans The British Invasion: From the First Wave to the New Wave  (McGraw-Hill, 1982), Schaffner n’apporte pas plus d’information et se borne, à nouveau, à citer la répartition spéculative d’hypothétiques rôles, tirée du magazine Disc, et le fait qu’une telle adaptation, parmi d’autres projets des Beatles, se serait révélée « prématurée ».

Quoiqu’il en soit, les bases de la légende sont posées, agrémentées de la réputation de “roman infilmable” que porte Le Seigneur des Anneaux. La rumeur circule chez les rôlistes et les fans de fantasy dans les années 80 et 90. Sans doute aussi dans les milieux du cinéma. Mais personne ne semble se préoccuper, pour l’heure, de vérifier la véracité de telles informations. Il faut attendre un regain d’intérêt pour le groupe des Beatles (avec le lancement de la grande opération The Beatles Anthology à partir de mai 1995) pour entendre à nouveau parler de ce vague projet cinématographique et avoir quelques détails supplémentaires.

Ainsi, en 1996, le journaliste musical anglais Roy Carr publie Beatles at the Movies : Scenes from a Career (chez UFO Music Limited). Dans ce livre, il précise, en citant Paul McCartney, que « John [Lennon] voulait que [le groupe] achète les droits cinématographiques du Seigneur des Anneaux. […] C’était vraiment son idée. [Le groupe] en a parlé un moment puis ça a commencé à péricliter parce qu’immédiatement, John voulait être Bilbo (sic). Il voulait être le chef et avait tendance à se la jouer ».

Un an plus tard, un autre journaliste musical, Bob Neaverson, publie The Beatles Movies (Cassel, 1997), un ouvrage sur le même thème que celui de Roy Carr. A son tour, il revient avec plus de détails sur ce projet d’adaptation et en attribue la paternité à Denis O’Dell, un producteur anglais, directeur de 1967 à 1969 de la « branche cinéma » de Apple Corps, la célèbre compagnie des Beatles. Ayant visiblement eu des informations de la part de cet ancien proche des célèbres musiciens, il précise dans son livre que les Beatles ont rencontré le fameux réalisateur Stanley Kubrick en 1968. Celui-ci, qui avait préalablement lu le livre, préféra renoncer à un projet qu’il trouvait fort complexe, et l’affaire en resta visiblement là.

En 1998, c’est au tour de Peter Doggett – encore un journaliste musical – d’avancer sa propre vision de l’affaire, en s’appuyant notamment sur le légendaire article du magazine Disc de juin 1969. Dans son livre Abbey Road/Let it be (chez Schirmer Books), Doggett avance qu’au début de l’année 1968, un “scénario ambitieux” aurait été envoyé aux Beatles pour l’adaptation de ce roman « qui avait capté l’esprit de l’époque ». S’il indique que « les problèmes contractuels sur les droits cinématographiques des livres [auraient saboté] toute chance de voir les Beatles commencer à travailler sur Le Seigneur des Anneaux en 1968 », il précise cependant qu’au « printemps suivant [1969 ?], les barrières [auraient] été supprimées ». Il cite alors pêle-mêle Derek Taylor, l’attaché de presse des Beatles, et George Harrison qui s’étaient exprimés à une date indéterminée, pour un article de la fameuse revue Disc. Mais cet article a été publié bien plus tard, dans le numéro du 21 juin 1969, peut-être à la faveur d’une obscure annonce de l’achat de droits d’adaptation du roman par Apple Corps, faite quelques semaines plus tôt. Derek Taylor, souligne Doggett, exprimait dans cet article l’enthousiasme des Beatles pour le projet, les quatre musiciens ayant lu et apprécié le roman de Tolkien. Cet enthousiasme était renforcé par la déclaration de George Harrison à la revue Disc qui aurait vu le futur film « au moins aussi grand que 2001 : l’Odyssée de l’Espace, visuellement ».

Bien que le réalisateur ne soit pas expressément cité, l’extrait d’interview retranscrit par Doggett renvoie directement à Stanley Kubrick, que Bob Neaverson avait convoqué dans son propre livre en 1997.

A cette époque, les différents auteurs ne se penchent sur le sujet que par le prisme de la carrière des Beatles, car les rumeurs sur la préparation d’une adaptation cinématographique d’ampleur du Seigneur des Anneaux par le réalisateur Peter Jackson ne commencent à circuler qu’à partir de 1999.

Arrive alors 2002, année à partir de laquelle la diffusion de la légende du projet des Beatles va connaître une plus large audience. C’est à Peter Jackson lui-même, que l’on doit ce renouveau d’intérêt, qui ne s’est, dès lors, et grâce au relais d’Internet, plus démenti.

L’immense succès de La Communauté de l’Anneau (2001), le premier volet de sa trilogie cinématographique, a ouvert au réalisateur néo-zélandais les portes de la cérémonie des Oscars. Le 24 mars 2002, le film est récompensé de 4 statuettes. Dans les coulisses, Peter Jackson fait la connaissance de Paul McCartney, lui-même nominé pour la chanson titre de la bande originale du film Vanilla Sky de Cameron Crowe. En le félicitant au sujet de son adaptation du roman de Tolkien, l’ancien Beatle lui fait quelques révélations sur le projet de 1968.

Ces révélations sont aussitôt confiées à un journaliste du Wellington Evening Post, dans lequel Peter Jackson explique, le 29 mars 2002, que le projet d’adaptation par les Beatles était une idée conduite par John Lennon. Mais, précise-t-il pour le journal néo-zélandais, « J. R. R. Tolkien avait encore les droits du film à ce stade, et il n’aimait pas l’idée que les Beatles le fassent. Alors il a tué [le projet] ». La répartition des rôles, selon Jackson, semblait être identique à celle imaginée une trentaine d’années plus tôt par le magazine Disc : à Lennon le rôle de Gollum, à McCartney celui de Frodo ; Ringo Starr aurait joué Sam et George Harrison aurait été Gandalf.

« Il y aurait probablement eu de bonnes chansons à venir de l’album » de conclure l’heureux réalisateur oscarisé au Wellington Evening Post, qui conforte au passage, sans le savoir, une partie des propos prêtés à Paul McCartney par Roy Carr en 1996.

Cette interview, et les informations qu’elle comporte, a été reprise, d’une part, dans plusieurs livres dédiés à l’œuvre de Peter Jackson ou dans des interviews ultérieures de celui-ci[2], et, d’autre part, sur de multiples sites et blogs sur Internet, développant le sujet en y intégrant Stanley Kubrick par ici, ou John Boorman par là, créant une vaste iconographie de circonstance, et déformant parfois les propos de Peter Jackson.

Elle a, quoiqu’il en soit, assis définitivement le mythe d’une adaptation avortée, en raison de problèmes de droits et de la défiance d’un Tolkien n’appréciant guère les Beatles (comme lui-même semblait déjà le laisser entendre dans une fameuse lettre de 1964, sortie de son contexte pour l’occasion). Une adaptation, portée par un John Lennon fan de Tolkien, qui aurait pu être l’occasion d’offrir au public un extraordinaire Gollum, et un Frodo idéal, le tout sur un fond musical, évidemment de qualité supérieure.

Lennon en magicien à l’heure du thé – Extrait du film Magical Mystery Tour, 1967.

La genèse d’un projet : la version de Denis O’Dell

En cette même année 2002, parmi les nombreux auteurs et bloggeurs qui s’emparent du mythe, le producteur britannique Denis O’Dell sort un livre de souvenirs intitulé At the Apple’s core : the Beatles from the inside (chez Peter Owen Limited). L’ouvrage est co-écrit avec  le journaliste musical Bob Neaverson, déjà auteur du livre The Beatles Movies de 1997, dans lequel Denis O’Dell avait déjà une place d’honneur, et où se trouvaient exposées quelques pièces du puzzle de notre légende. Opportunément, et sans doute avec quelques arrangements visant à lui donner un rôle de premier ordre, l’auteur rentre plus précisément dans les détails de l’affaire.

Denis O’Dell connaît bien les Beatles. Il a été producteur associé de leur premier film, A Hard Day’s Night (Richard Lester, 1964) et le producteur de Magical Mistery Tour, l’étrange téléfilm sorti fin 1967. Il a par ailleurs collaboré à la production de How I Won the War (Richard Lester, 1967) un film avec John Lennon, de The Magic Christian (Joseph McGrath, 1969) avec Ringo Starr, et de plusieurs vidéos de promotion des chansons des « Fab Four ». Proche collaborateur du groupe, c’est naturellement qu’il s’est vu confier, en 1967, la direction d’Apple Films, la « branche cinéma » d’Apple Corps, par les quatre musiciens.

Son témoignage, s’il apporte un très grand éclairage sur la légende du projet d’adaptation du Seigneur des Anneaux, offre toutefois une version différente de celle véhiculée par Peter Jackson depuis sa rencontre avec Paul McCartney dans les coulisses des Oscars. En effet, selon Denis O’Dell, l’idée d’adapter le roman de Tolkien en film avec le Beatles serait la sienne. Elle lui serait venue en janvier 1968, peu avant une réunion à New York avec les frères Arnold et David Picker, représentants d’United Artists.

A cette époque, le contrat liant les Beatles à la société de production américaine devait être renégocié. Il prévoyait la livraison de trois films mettant en scène les quatre musiciens. Avec le bouclage du dessin animé Yellow Submarine (de George Dunning et Dennis Abey), destiné à sortir l’été suivant, le contrat était considéré par les Beatles comme dûment rempli, même si juridiquement, les choses allaient se révéler plus compliquées qu’ils l’imaginaient. Denis O’Dell était chargé par les Beatles de discuter les termes de renouvellement du partenariat avec United Artists.

O’Dell connaissait l’immense succès du Seigneur des Anneaux aux Etats-Unis (il l’avait certainement lu lui-même) et l’impact que ce succès avait sur une nouvelle génération de lecteurs en Angleterre. Son idée d’adaptation, qu’il attribue dans son livre à une sorte d’illumination alors qu’il cherchait un projet à proposer aux frères Picker, pouvait se glisser dans la continuité des ambitions conceptuelles de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band ou de Magical Mistery Tour. « En outre […] les références au fantastique et au mysticisme [plairaient] beaucoup aux garçons », écrit-il dans son livre.

Détenant l’information confidentielle que les droits d’adaptation étaient déjà acquis depuis peu par United Artists, O’Dell aurait obtenu l’accord des frères Picker pour lancer le projet, à condition d’y associer le nom d’un grand metteur en scène. David Lean, contacté en premier, aurait décliné l’offre. Stanley Kubrick, deuxième sur la liste, se serait montré intéressé, notamment après qu’une de ses filles lui aurait confirmé la qualité du roman de Tolkien, qu’il ne connaissait pas lui-même. O’Dell se serait empressé de lui faire parvenir « la trilogie » pour qu’il puisse la lire.

Voulant informer les Beatles de l’accord avec United Artists et de son idée d’adapter Le Seigneur des Anneaux, Denis O’Dell partit les rejoindre à Rishikesh, en Inde, où ils séjournaient depuis la fin février 1968 pour un stage de plusieurs semaines sur la méditation transcendantale, professée par le célèbre Maharishi Mahesh Yogi.

Sur place, il leur fit part de son projet. Il trouva chez le chanteur Donovan Leitch, lui-même lecteur et admirateur de Tolkien[3], un allié inattendu pour proposer le sujet aux Beatles et promouvoir la lecture des trois tomes du roman que le producteur avait amené dans ses bagages. Paul McCartney se serait ainsi vu confier La Fraternité de l’Anneau, John Lennon, Les Deux Tours, et George Harrison, Le Retour du Roi. Ringo Starr, sujet à des problèmes de santé, avait quitté Rishikesh avec sa femme Maureen, le jour même de l’arrivée de Denis O’Dell, le 1er mars.

Donovan aurait lui-même eu, depuis 1967, un vague projet musical et cinématographique autour du Seigneur des Anneaux. Il avait d’ailleurs composé quelques chansons inspirées de l’œuvre de Tolkien, mais l’intérêt des « Fab Four » pour l’idée de Denis O’Dell aurait définitivement mis fin à sa propre ambition[4], à moins qu’il ait entrevu, pendant le séjour à Rishikesh, la possibilité de s’associer à la future adaptation.

Si les trois Beatles s’étaient emparés du projet, il semble, d’après le livre de Denis O’Dell, qu’ils l’auraient d’abord envisagé comme une comédie musicale, avec Lennon s’attribuant le rôle de Gandalf et se voyant réaliser un double album de chansons dédiées à cette grande histoire.

George, Paul, John et Donovan à Rishikesh, mars 1968.

O’Dell raconte ensuite avoir raccompagné Paul McCartney et sa compagne Jane Asher pour le retour en Angleterre. Mais de retour au pays, il s’aperçut que l’enthousiasme de Kubrick s’était considérablement rafraîchi. Si le réalisateur (dont la grande fresque 2001 : l’Odyssée de l’Espace, venait juste de sortir sur les écrans) avait apprécié le roman, il trouvait, en revanche, le projet d’adaptation infaisable.

Le directeur d’Apple Films pensait que Kubrick était trop pessimiste. Une fois les derniers Beatles revenus d’Inde, et sans doute après la période promotionnelle de 2001 : l’Odyssée de l’Espace, il provoqua, avant l’été, une rencontre entre McCartney, Lennon et Kubrick à Borehamwood, au nord de la banlieue londonienne (où se trouvaient alors de fameux studios de cinéma), à laquelle il n’assista pas lui-même.

Malheureusement, selon O’Dell, Kubrick aurait convaincu les deux musiciens de l’infaisabilité d’une telle adaptation. Quoi qu’il en soit, après cette rencontre, Lennon et McCartney se seraient manifestement désintéressés du projet.

Dans son livre, Denis O’Dell dit rester convaincu que Kubrick avait tort de considérer ce projet irréalisable. La sortie de l’adaptation de Peter Jackson, contemporaine de l’écriture de son ouvrage, lui donne bien évidemment raison. Sa version des faits, aussi crédible soit-elle, n’est cependant pas en harmonie avec plusieurs éléments du mythe, et par extension, avec la vision attribuée à Paul McCartney, aussi bien par Roy Carr, que par Peter Jackson.

Si l’on en croit l’ancien directeur d’Apple Films, la fin du projet serait avant tout due au pessimisme de Kubrick, et non à l’hostilité de Tolkien ou à l’égocentrisme de Lennon. D’ailleurs, pour lui, les droits d’adaptation étaient déjà secrètement acquis par United Artists, dès janvier 1968. De ce point de vue, Tolkien n’aurait donc plus eu la possibilité de s’opposer au projet. Mais sur cette question, rien n’est très sûr. Dans The J. R. R. Tolkien Companion and Guide (Houghton Mifflin, 2006), Christina Scull et Wayne G. Hammond, les deux spécialistes de l’œuvre de Tolkien, précisent en effet que United Artists négociait les droits d’adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux avec les éditeurs Allen et Unwin depuis 1957, pour finalement les obtenir en 1969 – et non en 1968 – pour la somme de 100 000 livres sterling.

Un autre point de discordance entre O’Dell et la légende concerne la répartition des rôles. Si, dans l’opinion générale,  le personnage de Gollum est attribué de façon persistante à John Lennon (et ce depuis la « spéculation » du mythique article du magazine Disc en 1969), O’Dell précise de son côté que Lennon, se projetait plutôt dans le rôle de Gandalf.

Enfin, si l’ancien collaborateur des Beatles avance dans son livre que John Lennon et Paul McCartney se seraient, en fin de compte, désintéressés du projet après l’entrevue avec Kubrick, il semblerait que l’histoire ne se soit pas arrêtée de façon aussi tranchée à la veille de l’été 1968.

L’article du magazine Disc du 21 juin 1969 tend à montrer qu’au moins George Harrison et Derek Taylor, l’attaché de presse des « Fab Four », auraient pu, au cours de cette période mouvementée, rester motivés beaucoup plus longtemps par cette idée d’adaptation, au point de s’en ouvrir à un journaliste de l’hebdomadaire musical. Mais Denis O’Dell, intéressé avant tout par l’art du cinéma, n’était sans doute pas un lecteur de la fameuse revue musicale, essentiellement destinée à un public adolescent. Ce détail a donc pu lui échapper, d’autant que le numéro comportant l’interview est paru durant une période particulièrement chaotique pour Apple Corps et les Beatles. Période durant laquelle Denis O’Dell avait déjà « quitté le navire » pour ne plus se consacrer qu’à la production cinématographique.

Le fait est, cependant, que malgré ces quelques sursauts, le projet avec les Beatles ne vit en fin de compte jamais le jour. Et les causes en sont, en réalité, multiples.

Denis O’Dell et George Harrison en 1968
Photo extraite de At the Apple’s core : the Beatles from the inside, 2002.

Les raisons d’un échec

D’une facette à l’autre du mythe, il apparaît que l’échec final du grand projet des Beatles – qui était sans doute plus celui de Denis O’Dell que celui des « Fab Four » – peut trouver des éléments d’explication dont certains peuvent se recouper et donner une idée de ce qui a pu être un complexe faisceau de circonstances défavorables.

La thèse portée dès 2002 par Peter Jackson incrimine J. R. R. Tolkien autant pour une question de droits qu’en raison d’une antipathie possible pour les Beatles. On a vu, à travers la version de Denis O’Dell, que la question contractuelle présentait quelques zones d’ombres. United Artists aurait pu faire en toute confidentialité l’acquisition des droits d’exploitation du Seigneur des Anneaux (et du Hobbit) dès janvier 1968, à la suite de longues négociations pluriannuelles avec les avocats de Allen & Unwin, l’éditeur de Tolkien.

Comme on l’a souligné plus haut, l’écrivain, qui avait 75 ans à l’époque et qui avait déjà eu quelques difficultés à être pris au sérieux par ses interlocuteurs de la BBC à l’occasion du tournage et de la diffusion d’une émission télévisuelle spéciale en mars 1968[5], n’aurait donc plus eu (si on suit la version de O’Dell) son mot à dire à propos d’un vague projet d’adaptation des Beatles dont il aurait pu entendre parler.

Il n’est par ailleurs pas du tout avéré que Tolkien ait pu détenir une telle information en 1968, sachant que le projet, d’une part, n’a pas été au-delà du cercle des intimes des Beatles, de quelques collaborateurs d’Apple Films, et des dirigeants d’United Artists (certainement très sensibles à la confidentialité de la situation), et qu’il n’a, d’autre part, pas vraiment dépassé le stade d’un concept aux contours pour le moins très indéterminés.

Tolkien n’aurait alors, de ce point de vue, pas à être tenu pour responsable de l’échec de cette adaptation.

Les incertitudes, quant au projet lui-même, expliquent sans doute plus sûrement sa faillite. Nulle part, dans les différentes sources parvenues jusqu’à nous, n’est fait mention d’une ébauche de script, d’un synopsis (sauf chez Peter Doggett, qui reste lui-même particulièrement imprécis sur l’existence d’un « scénario ambitieux » qui aurait été communiqué aux Beatles). La distribution des rôles, on l’a vu, reste floue à ce jour, puisque les derniers témoins directs de l’époque (Paul McCartney et Denis O’Dell – il n’est pas certain que Ringo Starr ait été pleinement associé à l’époque) n’apportent pas exactement les mêmes informations.

Bref, le projet n’a, de toute façon, jamais dépassé le stade de ce que les professionnels du cinéma appellent le développement[6].

Il était de toute façon compliqué pour les Beatles, après un séjour de trois mois en Inde, de se concentrer sur les éléments constitutifs d’un futur film. L’idée d’adapter Le Seigneur des Anneaux se retrouvait en effet en concurrence avec des dizaines d’autres projets menés de front par les quatre musiciens et leurs proches.

Parmi ces projets venait en premier la mise en route du label Apple Records, la « branche musicale » d’Apple Corps, pour laquelle John Lennon et Paul McCartney consacraient beaucoup de leur temps, notamment en faisant régulièrement des voyages d’affaires et des rencontres promotionnelles des deux côtés de l’Atlantique. Au même moment, la boutique Apple Trail, un projet plus ancien des Beatles, et ouvert à grand renfort de fêtes et de publicité en décembre 1967, était un fiasco et leur coûtait également beaucoup de temps (et d’argent).

Un autre projet majeur concernait la raison d’être du groupe : la musique. Dès la fin mai 1968 venaient en effet de commencer les enregistrements pour un futur nouvel album. Celui-ci devait au cours de l’année prendre la forme d’un double album[7] composé de chansons très majoritairement écrites à Rishikesh, mais aucune ne faisant la moindre allusion à l’œuvre de Tolkien.

Du côté de leurs vies privées, John Lennon et Paul McCartney devaient faire également face à quelques bouleversements. Lennon se séparait de sa femme Cinthya et s’affichait ouvertement avec l’artiste japonaise Yoko Ono. Pleinement investi dans cette nouvelle relation, de plus en plus fusionnelle, il ne pouvait plus guère consacrer de temps qu’aux grands projets des Beatles.

Paul McCartney, quant à lui, fréquentait depuis peu une jeune photographe New-yorkaise, Linda Eastman, et sa relation avec sa fiancée Jane Asher devait prendre fin durant l’été 1968, alors que sortait en vinyle la chanson Hey Jude, et sur les écrans le dessin animé Yellow Submarine.

Dans ces conditions complexes, où s’entrecroisaient les riches événements de ces vies exceptionnelles, il n’est pas tout à fait juste d’attribuer le poids de l’échec du projet au seul John Lennon, comme a pu le laisser entendre Paul McCartney, au moins dans ses confidences à Roy Carr en 1996.

Enfin, du côté de Stanley Kubrick, le projet Seigneur des Anneaux n’a, semble-t-il, jamais été une véritable priorité. Il a très certainement lu les 3 tomes du roman que lui aurait fait parvenir Denis O’Dell, pendant que ce dernier était parti rejoindre les Beatles à Rishikesh. Mais sa préoccupation première allait à la sortie en salle, le 3 avril 1968, de 2001 : l’Odyssée de l’Espace, et à la promotion de ce grand film.

Les biographes du célèbre réalisateur sont très peu prolixes sur le projet des Beatles. Dans son livre Stanley Kubrick, Au-delà de l’Image (Transboreal, 2015), Baptiste Roux, par exemple, évacue très rapidement ce sujet en y indiquant que le cinéaste aurait repoussé la proposition des Beatles, qu’il jugeait « infilmable », pour mieux se tourner vers son projet suivant,  un film sur l’empereur Napoléon Ier, pour lequel il travaillait depuis 1961.

Dans son livre de souvenirs, O’Dell confirme implicitement cette hypothèse en indiquant qu’à l’occasion d’une ultime tentative visant à convaincre le metteur en scène américain de se lancer dans l’aventure du Seigneur des Anneaux avec les Beatles, celui-ci lui aurait proposé de quitter Apple Corps pour travailler avec lui sur un futur film consacré à la vie de Napoléon. Le collaborateur des Beatles, loyal, précise avoir refusé l’offre. En fin de compte, ce très ambitieux film sur Napoléon devait, lui aussi, ne jamais voir le jour.

Outre ce qu’en a rapporté O’Dell, on sait peu de chose de la rencontre entre Lennon, McCartney et Kubrick. Il est possible qu’au cours du déjeuner de travail entre les trois hommes, le réalisateur, qui a ce stade avait très probablement déjà pris sa décision de ne rien faire de ce projet, ait pu mettre en avant un veto, réel ou imaginaire, de la part de Tolkien (que McCartney aurait par la suite évoqué avec Peter Jackson en 2002), afin de dissuader définitivement ses interlocuteurs. Il ne devait pas être compliqué, pour un cinéaste de cette envergure et de cette personnalité, d’impressionner les deux musiciens, d’une quinzaine d’années plus jeunes que lui, en mettant en avant des questions de droit ou de propriété intellectuelle. Lennon et McCartney, bien qu’immenses superstars, étaient encore parfaitement novices dans le monde des affaires et du droit.

Mais sans doute, compte tenu du contexte et d’une séquence particulièrement chargée pour les Beatles, Kubrick n’eut-il pas à trop se forcer pour refroidir un enthousiasme qui n’était peut-être déjà plus là. Les trois hommes, n’en déplaise à Denis O’Dell, auraient tout aussi bien pu se mettre d’accord pour enterrer le projet et passer à autre chose. Une telle hypothèse écarterait ainsi la thèse d’un Kubrick pessimiste et défaitiste, à l’origine de l’échec de la belle idée du directeur d’Apple Films…

Les circonstances en défaveur du succès du projet étaient donc, on le voit bien, nombreuses et liées entre elles. Les différentes versions de la légende de l’adaptation du Seigneur des Anneaux par les Beatles ont donc chacune leur part de vérité et éclairent mutuellement, d’une certaine façon, leurs zones d’ombres pour comprendre les raisons de cet échec.

Totalement collector
Couverture de Disc du 21 juin 1969 avec Mick Jagger à la une.

L’autre légende

Malgré le décevant épisode Kubrick et la fin de l’enthousiasme initial, le projet a continué de faire un peu de chemin. Sans O’Dell et sans Kubrick, mais sans doute toujours avec une partie des « Fab Four » et probablement quelques membres de leur entourage.

On a pu voir ainsi que l’hebdomadaire Disc a fait part, avec un temps de retard sur l’Histoire, de l’existence du projet d’adaptation. Il semblerait qu’en mars 1969, la compagnie Apple Corps ait en effet annoncé que les Beatles détenaient désormais « les droits d’adaptation du Seigneur des Anneaux » et qu’ils projetaient « d’en faire leur troisième film tant attendu ». Il se peut qu’une telle annonce, évoquée par Barry Miles[8], l’auteur de The Beatles Diary (Omnibus Press, 2001, réédité en 2009), ait pu être à l’origine de l’article de Disc au mois de juin suivant. Elle pourrait aussi correspondre à l’acquisition rendue publique des droits d’adaptation (détenus secrètement depuis janvier 68, selon O’Dell) par United Artists. La grande société de distribution cinématographique aurait pu, dans la foulée, confirmer son partenariat avec Apple Films en lui confiant la possible exploitation de ce droit.

Outre cette question des droits d’adaptation, le contrat des Beatles avec United Artists stipulait que le groupe devait faire trois films, avec la présence physique des quatre membres. Les juristes de la compagnie hollywoodienne avaient considéré, a posteriori, que le dessin animé Yellow Submarine, s’il mettait bien en scène les figures des quatre musiciens, ne pouvait rentrer dans ce cadre. Il fallait donc se résoudre à faire ce fameux troisième film[9].

Le projet retenu, à la fin de l’année 1968, ne fut pas Le Seigneur des Anneaux, peut-être encore soutenu par George Harrison, mais Get Back, celui imposé à ses trois compères par Paul McCartney. Ce dernier essayait de reprendre les rênes d’un groupe qui, de dissensions en malentendus, partait lentement à la dérive.

Cependant, dans l’agitation fiévreuse provoquée au sein d’Apple Corps par l’arrivée, début 1969, de l’Américain Allen Klein, le nouveau manager des Beatles, il se peut que l’information  de « l’acquisition des droits du Seigneur des Anneaux » ait été prématurément et maladroitement annoncée la presse, alors que le projet Get Back battait déjà sérieusement de l’aile de son côté. La presse londonienne préférait plutôt s’intéresser au « grand nettoyage » opéré par Klein au sein d’Apple Corps, et aux signes annonciateurs du déclin des « Fab Four ». Il est possible cependant que Derek Taylor, essayant de sauver quelques meubles (et éventuellement l’image positive des « Fab Four » alors très écornée) ait pu obtenir – à contre-temps et à contre-courant – un article positif dans la revue Disc, très lue et appréciée par la jeunesse anglaise à cette époque.Un autre indice que le projet continuait, peu ou prou à tenter de faire son chemin, s’est présenté en la personne de l’Allemand Heinz Edelmann[10], directeur artistique de Yellow Submarine, plus ou moins en lien avec Apple Films (qui continua de fonctionner jusqu’en 1975, malgré le départ de Denis O’Dell). Il se vit refuser, à la même époque, un concept d’adaptation du roman de Tolkien en dessin animé.

Après cette dernière tentative issue de la proximité des Beatles, et faute d’interlocuteurs, les éventuels droits d’exploitation du Seigneur des Anneaux accordés à Apple auraient sans aucun doute été définitivement repris par United Artists peu de temps après.

Quoiqu’il en soit, la compagnie hollywoodienne s’est mise à rechercher, dès le printemps 1969, d’autres partenariats pour une adaptation du roman de Tolkien.

Il fut demandé au réalisateur britannique John Boorman, qui envisageait d’adapter la légende du Roi Arthur, de proposer un nouveau projet basé sur Le Seigneur des Anneaux. Il travailla plusieurs mois d’affilée avec son ami le scénariste Rospo Pallenberg.

Dans son article « Tolkien, the road not taken » (Outre n°26 en 2001), le journaliste Ross Plesset indique que Boorman et Pallenberg envisageaient, tout comme Denis O’Dell avant eux, de confier le rôle des quatre Hobbits aux Beatles, en réservant le personnage de Frodo à Paul McCartney.

Mais les deux hommes connurent une grande déconvenue. D’une part, au moment où ils finalisaient leur script, les Beatles n’existaient déjà plus, même si leur séparation ne devait être officialisée qu’au printemps 1970. Et d’autre part, leur travail, finalement très éloigné de l’œuvre de Tolkien, et potentiellement « cher et dépendant d’effets spéciaux innovants », ne réussit pas à convaincre United Artists qui, en fin de compte, leur retira le projet[11].

 Les Beatles durant l’été 1968
Photo par Don McCullin ©1968

Ainsi prit définitivement fin le projet d’une adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux mettant en scène les Beatles, imaginée et envisagée il y a 50 ans. Le mythique aphorisme d’une « adaptation irréalisable » du Seigneur des Anneaux, véhiculé à partir des propos qu’aurait tenu Kubrick en 1968, ou propagé par un Boorman dépité par l’échec de son script en 1969, s’installa durablement dans les milieux du cinéma.

Cette grande affaire cédait dès lors la place à la légende.

Bien que séparés, les Beatles sortirent finalement le troisième film, Get Back, sous le titre Let it Be, en mai 1970, mettant fin aux obligations contractuelles avec United Artists. La dissolution juridique du plus célèbre groupe de rock de l’Histoire ne fut prononcée par un tribunal qu’en 1975, au terme d’un long procès. La compagnie Apple corps fut cependant maintenue mais toutes ses « branches », et notamment Apple Films, furent supprimées. United Artists, de son côté, finit par se séparer des droits d’adaptation achetés à Tolkien en 1968, en les revendant en 1976, pour 3 millions de dollars, au producteur américain Saul Zaentz.

Mais tout ceci sort du registre de notre légende pour gagner celui de l’histoire… d’une autre histoire.

 

Jean-Rodolphe TURLIN,
2 mars 2018.

Bibliographie

  • Nicholas Schaffner :The Beatles Forever (Stackpole Company, 1977)
  • Roy Carr : Beatles at the Movies : Scenes from a Career (UFO Music Limited, 1996)
  • Bob Neaverson : The Beatles Movies (Cassel, 1997)
  • Peter Doggett : Abbey Road/Let it be (Schirmer Books, 1998)
  • Denis O’Dell, Bob Neaverson : At the Apple’s core : the Beatles from the inside (Peter Owen Limited, 2002)
  • Ross Plesset : “Tolkien, the road not taken” (Outre n°26, 2001) disponible à http://councilofelrond.com/pdf/Outre1.pdf
  • John Boorman : Adventures of a Suburban Boy (Faber & Faber, 2004)
  • Michael Atlan : “Les films que vous ne verrez jamais” (http://www.slate.fr/story/155411/films-seigneur-anneaux-beatles, 2017)

Notes

[1] Disc était un hebdomadaire britannique de musique pop, qui a été publié de 1958 à 1975. Il a d’abord été connu sous le nom de « Disc Weekly » jusqu’en 1966, puis «  Disc et Music Echo » jusqu’en 1972. Au milieu des années 70, sa popularité a chuté et la revue « Record Mirror » l’a finalement racheté en 1975.
[2] Peter Jackson a répété et étoffé cette histoire à Mike Fleming Jr sur le site « Deadline » pour l’article « Peter Jackson On His Middle Earth Exit » (27 juillet 2014) « Vraiment. Un jour, les Beatles ont approché Stanley Kubrick pour faire le Seigneur des Anneaux. C’était avant que Tolkien ne vende les droits. Ils l’ont approché et il a dit non. J’ai parlé de cela avec Paul McCartney. Il l’a confirmé. J’avais entendu des rumeurs selon lesquelles ça aurait dû être leur prochain film après Help. John Lennon allait jouer Gollum. Paul allait jouer Frodo. George Harrison allait jouer Gandalf, et Ringo Starr allait jouer Sam. Et beaucoup d’autres allaient jouer d’autres rôles. Paul était très aimable. Il a dit: “C’était un bon travail que nous n’avons jamais pu faire nôtre, Si ça avait été le cas, vous n’auriez pas fait le vôtre et c’était génial de voir le vôtre”. J’ai dit: “Ce sont les chansons que je regrette ; vous les gars, vous auriez donné quelques bonnes chansons pour ce film. Vous étiez les Beatles, après tout”. C’est dommage que nous ayons manqué ça. Tolkien a vendu les droits à United Artists en 1968 ou en 1969, le seul travail qu’il ait vendu. »
[3] “La magie que vous entendez dans les contes et tout ça, était basée sur la mythologie celtique de l’Angleterre, qui est dans  Le Seigneur des Anneaux de Tolkien. Je viens de me plonger dans cette source, entièrement. La magie est là”. Extrait d’interview de Donovan parue dans Rolling Stone (9 novembre 1967)
[4] D’après le site http://donovan-unofficial.com/music/singles/jennifer_juniper.html
[5] Lettre du 29 février 1968 à Donald Swann. Pleine d’amertume, cette lettre fait une allusion indirecte aux Beatles en moquant une “évacuation par hélicoptère”, qui pourrait laisse entrevoir ce que l’écrivain pensait du groupe et de l’agitation médiatique dont il faisait l’objet.
[6] Le développement est la première des 5 étapes de fabrication d’un film : développement ; préproduction ; tournage ; postproduction ; distribution.
[7] The Beatles (novembre 1968), également surnommé l’Album blanc ou le Double Blanc.
[8] Le galeriste Barry Miles, faisait partie du proche entourage des Beatles et d’Apple Corps, dans les années 60. Resté ami avec Paul McCartney, Miles a aussi écrit sa biographie, Many Years from Now, en 1998.
[9] Les deux premiers films étaient A Hard Day’s Night (1964) et Help ! (1965), tous les deux réalisés par Richard Lester.
[10] Heinz Edelmann a également réalisé les couvertures d’une édition allemande en trois volumes du Seigneur des Anneaux dans les années 70.
[11] La fin du projet est largement évoquée dans l’autobiographie de John Boorman : Adventures of a Suburban Boy (Faber & Faber, 2004)