Les aventures de Théodore et Balthazard

 

Épisode 3 – Le Poète

 

Il est des hasards que l’on est parfois bien incapable d’expliquer. Cela arrive, c’est tout. Et quand cela vous arrive, à vous, à quoi bon lutter ? Il n’y a plus qu’à s’incliner et à évoluer de la meilleure manière possible.
La journée commençait pourtant d’une belle manière. Les bourrasques de vent de la veille avaient laissé place à un air paisible chargé d’air chaud, et le ciel avait retrouvé sa teinte d’azur, n’affichant plus que quelques tâches cotonneuses.
Attiré par la foule qui se pressait le long du chemin, Théodore Rastignac s’était enfoncé tel un coin dans la masse compacte des spectateurs qui attendaient, les yeux brillants et la parole alerte, on ne sait quel événement qui semblait devoir se produire incessamment.
Soudain des cris de protestation véhéments se firent entendre, accompagnés d’une bousculade généralisée. Théodore n’aurait su dire s’il éprouvait un sentiment d’horreur ou de résignation, mais il ne put empêcher Balthazard Lavard, dont l’énorme masse effrayait les frêles badauds, de s’approcher.

Arrivé à hauteur de Théodore, Balthazard s’ébroua, sourd aux protestations de ceux qu’il avait bousculés, et s’écria comme pour prendre Théodore à témoin:
– « Alors, que nous ont réservé ces Illuminés aujourd’hui ? »
Interpellé par cette question posée à brûle-pourpoint, Théodore, faisant mine de comprendre, regarda un peu plus attentivement autour de lui et vit au loin une procession s’avançant aux couleurs du Poète sur le chemin. Baissant la voix, il chuchota à Balthazard :
– « Et vous, que faites-vous là ? J’ai bien l’impression que nous ne devrions pas être ici. »
Balthazard n’avait pas compris un traître mot de ce que lui avait glissé Théodore. Ils étaient tous deux devenus à moitié sourds depuis un malheureux incident qu’il ne nous paraît pas utile de relater ici.
– « Moi aussi Théodore, répondit néanmoins, et avec vaillance, Balthazard, en élevant la voix. Voyez donc ces énergumènes avec leurs habits de carnaval. Ils ont réussi à me mettre de mauvaise humeur. Pourquoi faut-il donc que le rejet ou l’adhésion sans réserve soit toujours le lot de l’humanité ? »
Et en effet, on la voyait arriver sur le chemin, cette cavalcade gesticulante mêlée à une procession solennelle qui tenait du plus haut folklore. Certains applaudissaient déjà à tout rompre, pantins agitant leurs battoirs en cadence à s’en fracasser les phalanges, fervents jusqu’à ne plus pouvoir discerner l’hommage du ridicule, l’estime de la vénération, le bon grain de l’ivraie.
– Que voulez-vous y faire, paraît-il que les temps sont ainsi, cria Théodore, qui savait gré à Balthazard d’avoir parlé fort. Et puis l’Humanité, c’est nous, mon cher Balthazard, ne pouvons-nous les tempérer dans leur enthousiasme ?
– Je ne sais pas si cela en vaut la peine, hurla Balthazard en espérant se faire entendre, mais après tout, peut-être avez-vous raison. Et quand bien même on nous ferait le procès du plus arrogant paternalisme que je préférerais cent fois être traité de vieux cynique plutôt que de me prêter au jeu de cette passion à courte vue. Car songez, et c’est cela qui me chagrine plus que tout, à l’image qu’ils donnent de ce qu’ils admirent. Car si je leur pardonne volontiers leur enthousiasme et leur exubérance, mon sang bout à l’idée de celui qui, découvrant cette foule oublieuse d’elle-même et de sa dignité, viendrait à coller quelque étiquette sur le Poète qui les inspire. Passe encore que l’on ne saisisse pas tout à fait ce que l’on lit, mais que l’on en donne une image faussée aux yeux du monde, c’est autre chose !
– Ma foi, voilà qui est bien dit ! » cria Théodore, qui poursuivit, ravi d’avoir compris le sens général de la diatribe mais fatigué de l’effort de concentration nécessité :
– Vous savez, je crains qu’ils ne pratiquent l’autarcie intellectuelle. Ils se moquent des apparences et n’ont que faire de ce que l’on peut penser d’eux ni de l’image qu’ils véhiculent et imposent à d’autres. Ils disent aimer et le montrer mais dans leur manière de le faire, je ne vois que l’outrance de l’irraisonné. Ils parlent de leur soi-disant amour sans le respecter, s’approprient le monde qu’on leur a construit, pire, ils s’y projettent et s’en absorbent.
– En somme, nous sommes d’accord, s’époumona Balthazard, fatigué lui aussi ! Mais ce serait une première, mon cher Théodore !
Le visage encore cramoisi d’indignation Théodore se fendit d’un large sourire et étreignit Balthazard dans une démonstration d’affection peu habituelle.
– Oui, nous sommes d’accord Balthazard, mais cela ne me console guère. Ce que j’aimerai en réalité savoir c’est si nous ne pouvons trouver une explication à ce comportement, leur trouver des circonstances atténuantes, tenter nous-mêmes de les comprendre, eux qui disent être incompris et qui nous taxent de conformisme. »
Balthazard, encore tout ému de cette étreinte fraternelle se moucha bruyamment, à la grande frayeur de son voisin de gauche, dont les nerfs avaient déjà été mis à rude épreuve par leurs hurlements.
– « Ah mais je ne crois pas qu’ils nous taxent de conformisme, s’écria-t-il. Ils sont sans doute trop pleins de leur rêverie pour se soucier de ceux qui les entourent ici. La rêverie est d’ailleurs un chausse-trappe dont ils feraient bien de se méfier. Elle ne rend le monde réel que plus difficile à affronter en fin de compte.
– Rêverie ! hurla Théodore, contribuant une nouvelle fois au sursaut de leur compagnon d’un jour. Le mot est lâché, bravo ! Oui, rêverie dans un autre monde pour rejeter le nôtre, le vrai. Ce monde fictif, pourquoi ne peuvent-ils pas plutôt le regarder, l’étudier, regarder les hommes y évoluer sans pour autant vouloir leur ressembler, allant même, ces arlequins du monde moderne, jusqu’à se grimer dans ces costumes de pacotille. Observer ses articulations, comprendre ses rouages, voilà qui est respecter l’auteur ! Ils nous répondront que ce serait briser la magie ? Non, je répliquerai que c’est la découvrir dans son ensemble, saisir ses enjeux et son message pour en fin de compte apprécier ce qui nous entoure, une fois la féerie à nouveau prisonnière du livre refermé.
– Dans mes bras Théodore, je n’aurais pas su mieux dire!» s’écria Balthazard, et écartant ses bras pour étreindre Théodore, tel un Albatros, il asséna à leur voisine de droite un coup qui aurait assommé un buffle. Effrayé, il se retourna et se retrouva nez à nez avec Madame Eglantine dont le visage tuméfié et ulcéré arborait les restes d’un petit chapeau à la dernière mode.

– « Madame Eglantine ! s’écrièrent en cour Balthazard et Théodore, avec dans leur voix l’accent de la plus grande frayeur.
N’est-ce pas Madame Eglantine que ce sont tous des illuminés ? », fit Théodore dans une tentative désespérée pour nouer la conversation en vue de prévenir la catastrophe qui s’annonçait.
Mais Madame Eglantine ne répondit pas. Ce qui restait d’humain dans son visage déformé par la colère se tourna vers son aimable nièce Pétula qui portait le lourd parapluie familial, lequel avait survécu à bien des orages et bien des colères. Elle empoigna le dangereux objet avec fureur et se retourna vers Balthazard et de Théodore sans que ceux-ci aient pu saisir son manège.
– « Vous n’avez pas trop mal, Madame Eglantine ? dit Balthazard d’une voix chevrotante. Peut-être voulez-vous un peu de Madère ? J’en ai justement une bouteille, d’une excellente cuvée !
– « Mais non, Balthazard, je n’ai pas mal, fit-elle en massant la bosse oliphantesque qui s’était formée sur son front. Vengeance ! », hurla-t-elle soudain. Et brandissant son parapluie, terrible avec ses pois verts et bleus, elle fondit sur nos malheureux compères.
– « Fuyons ! » s’écria Balthazard, horrifié, et pour montrer l’exemple, il écrasa sur son passage son voisin de gauche en entraînant derrière lui Théodore, qui pleurait d’épouvante.
Madame Eglantine leur courut après en faisant tournoyer son terrible parapluie sous les vivats de la foule bigarrée, et lorsque Balthazard s’avisa qu’elle gagnait irrémédiablement du terrain et que leurs jours étaient comptés, il eut soudain, en voyant Théodore courir près de
lui avec cette élégance qui lui était propre, la plus folle des idées. Il s’arrêta sur une éminence, et montrant Théodore à la foule avec l’énergie du désespoir, cria :
« Voyez, voyez, c’est le Poète ! Le Poète lui-même qui est venu jusqu’à nous pour nous bénir. Courrez à lui, il vous attend ! »
Et sa voix était si pleine d’un appel impérieux et irrépressible, que la foule, comme une mer engloutissant les terres, monta vers eux, inarrêtable, et écarta de sa route triomphale Madame Eglantine, dont il faut dire avec tristesse qu’elle fut dûment piétinée. Et mille voix éraillées crièrent à l’unisson « le Poète, le Poète » !
L’ego gonflé par cette soudaine notoriété, Théodore, qui avait fini par entendre ce que la voix terrible de la foule clamait, réussit à reprendre le contrôle de ses émotions et montra à nouveau une certaine contenance. Bien campé sur ses pieds, les épaules droites et la tête relevée, aussi fier que le coq sur son tas du fumier, il prononça ses premières paroles à la foule ébahie :
« Oui, je suis le Poète ! Prosternez-vous devant moi ! »
Il tendit la main vers le ciel et alors qu’il mettait en évidence un vague bijou en forme de bague où subsistaient encore quelques vestiges dorés, il clama d’une voix impérieuse :
« Ash nazg durbalulûk. ash nazg gimbatul, ash nazg thrakatulûk agh bruzum-ishi krimpatul. »,
Encore aujourd’hui, Théodore se rappelait très bien cet instant où, à sa totale stupéfaction, il avait vu la foule à ses pieds reprendre en cour son incantation et s’agenouiller, face contre terre. Dans la seconde qui suivit, ni une ni deux, Théodore avait pris ses jambes à son cou pour se tirer de ce guêpier et dévaler l’autre versant de la colline, dans un moulinet de jambes qu’il eut du mal à maîtriser tant elles avaient tendance à aller plus vite que le reste de son corps.

Il va sans dire que Balthazard avait déjà donné le mouvement, et qu’il courrait au-devant à perdre haleine, les yeux fixés sur une grange, qu’il avait vu au loin. Lorsqu’il vit Théodore le rattraper à grandes enjambées, il s’écria tout essoufflé :
« Ah mais vous êtes aussi fou que moi ! »
« Non, je ne suis pas un pou, et je me permets de vous le rappeler, c’est vous qui m’avez mis dans cette situation ! s’insurgea Théodore. Sans compter que vous auriez pu vous abstenir d’assommer celle qui maintenant n’aura de cesse de nous pourchasser tant que nos trophées ne trôneront pas dans son intérieur. », se crut-il obligé d’ajouter, reportant ainsi la culpabilité de cette mésaventure sur un autre que lui.
Théodore rentra la tête dans les épaules, recherchant peut-être de cette manière à améliorer ses performances, et dans un second souffle repartit de plus belle, laissant loin derrière lui Balthazard, qui faisait un tel vacarme respiratoire qu’on l’aurait cru descendant de Taureau Mugissant.
Les deux fuyards arrivèrent enfin à la grange et s’y enfermèrent comme ils purent en espérant qu’on ne les avait pas vus y entrer.
« Que faisons-nous maintenant ?», cria Théodore regardant de bas en haut et de gauche à droite la grange, en quête d’un moyen de fuir. Et puis, qu’ont-ils donc, tous ces fous ? Je ne demandais qu’à les comprendre mais là je m’avoue vaincu, je n’y arriverai jamais. »

« Soyons pragmatiques, dit Balthazard, qui n’avait rien compris et tâchait de changer de sujet de conversation. Allons voir s’ils nous ont suivis ! »
Ils montèrent à l’étage par un escalier branlant et s’approchèrent en tremblant d’une petite lucarne par où la lumière du jour filtrait. Balthazard s’effaça pour laisser Théodore jeter un coup d’oil, mais celui-ci n’osa pas s’approcher de l’ouverture et fit un signe poli à Balthazard pour le laisser regarder. Les deux amis demeurèrent immobiles, interdits quelques secondes, et se décidèrent à se pencher vers la lucarne en même temps tant et si bien qu’ils se cognèrent la tête.
– « Faites donc attention, cria Balthazard, en se frottant le crâne ! Tonnerre, regardez ! »
Et ils virent à leur grand effroi que la colline était recouverte d’une foule immense qui descendait vers eux.

Ils approchaient sans agressivité, un peu surpris peut-être par la fuite de celui qu’ils prenaient désormais pour leur mentor.
« Que vais-je bien pouvoir leur dire ? » se demanda Théodore. Et Madame Eglantine, que va-t-elle bien pouvoir raconter sur nous ? »
Il sentit la panique l’envahir. Qu’il se trompe dans sa réaction durant les prochaines minutes et cette foule se ferait furie et n’hésiterait pas à les lyncher, Balthazard et lui. Alors, résigné, il alla ouvrir une porte qui servait à engranger la paille à l’étage et, prenant son courage à deux mains, harangua la foule, non sans avoir préalablement poussé Balthazard à ses côtés.
« Mon ouvre vous est dédiée ! » cria-t-il à ceux qu’il dominait des hauteurs, ouvrant les bras pour les embrasser d’un seul geste.
Et comme un seul homme, la foule hurla de joie.
C’est avec une certaine inquiétude que Balthazard regarda Théodore en cet instant. Il fut visité l’espace d’une seconde par l’image de son ami vêtu d’une toge, entouré d’hommes à genoux, et se dandinant dans un temple perché dans les montagnes. Saisissant Théodore par le bras, il lui dit à voix basse :
– « Allons, ne profitez-pas de l’incrédulité de ces gens. Il faut bien leur dire après tout que vous n’êtes pas le Poète. Donnons leur le crédit de pouvoir être raisonnables et de savoir écouter un discours qui ne les tient pas pour des enfants ! Et puis Madame Eglantine sait pertinemment qui nous sommes. Ce serait bien pire si ces malheureux apprenaient notre imposture par sa bouche. »

Théodore s’apprêtait à donner raison à Balthazard pour ne pas montrer qu’il n’avait rien entendu, mais il fut interrompu par l’arrivée du Shirriff qui dévalait à son tour la colline. Suivi de plusieurs adjoints, il était flanqué d’un paysan qui lui montrait du doigt la grange ainsi que la foule amassée à son pied. Elle aussi aperçut le Shiriff et c’est dans un silence respectueux que l’on attendit son arrivée. Il entreprit aussitôt d’exposer la raison de sa venue :
« Que se passe-t-il donc ici ? » lança-t-il à la ronde d’une voix retentissante.
« Monsieur Duculture que voici m’a signalé que vous aviez envahi sa propriété sans permission ».
Levant les yeux, il interpella les deux hommes visibles en haut de la grange :
« Vous, là-haut, que répondez-vous à ces accusations ?
– Cher ami, répondit, Balthazard. C’est un affreux malentendu. Alors que nous nous promenions, mon ami et moi-même…
– Oui, c’est le Poète, le Poète ! » hurla soudain une voix dans la foule.
« Qu’est-ce que c’est que cette histoire, quel Poète ? » dit le chef des shirriffs, fronçant les sourcils.
« Nous sommes à tes ordres Poète », fit une voix rauque.
« Euh… comme, je le disais, c’est un affreux malentendu », dit derechef Balthazard, haussant la voix.
« Il faut les arrêter, cria soudain Madame Eglantine, qui se trouvait on ne sait comment, auprès des shirriffs. Le gros et le maigre là-haut sont les meneurs. De dangereux individus croyez-moi !
– Que le Poète parle ! » firent plusieurs voix
« Bon sang de bonsoir, cela suffit ! Hurla le chef des shirriffs. Arrêtez-moi tout le monde, cria-t-il à l’adresse de ses adjoints. Et ne laissez surtout pas le gros et le maigre s’enfuir !
– Attendez, cria Balthazard, essayant désespérément de se faire entendre, c’est une terrible erreur judiciaire ! »
Des cris stridents se firent entendre, alors que les shirriffs se dirigeaient vers la foule, qui, comme le ressac, refluait.
– « En fin de compte, il semble que nous aurons tout le temps de discuter avec nos ouailles » souffla Théodore à son voisin pour ensuite se diriger vers l’extérieur.

Efficaces, les adjoints avaient déjà rassemblé un groupe de personnes pour leur séjour dans les cellules du Shirriff. Nul cependant n’avait osé s’en prendre à Madame Eglantine qui surveillait d’un oil inquisiteur le déroulement des opérations. Il faut dire qu’elle portait toujours son fameux parapluie.
N’écoutant que son indignation, Théodore contre-attaqua pour tenter à nouveau de se disculper :
« Shirriff, croyez-moi, vous faites une grave erreur. Ces hommes et ces femmes se méprennent, je ne suis pas qui ils croient et je n’aimerais guère me trouver dans une pièce close en leur compagnie. Vous devez nous laisser partir. »
« Oh, inutile d’insister voulez-vous et ne parlez pas si fort, s’écria le shirriff . C’est que j’en ai vu d’autres comme vous, des charlatans, bluffeurs et menteurs.
– Mais je ne faisais que me promener tranquillement dans cette admirable campagne quand ces gens m’ont harcelé, m’affublant du surnom ridicule de ‘Poète’. Je me suis donc enfui, tout naturellement, pour me réfugier dans cette grange mais je n’ai pu leur échapper. C’est ainsi que vous nous avez trouvés, assiégés par cette foule laissée à elle-même et prête à tous les excès.
– Bien sûr » répondit le Shirriff d’un ton ironique. Allez, ouste, et vous aussi le gros, demi-tour et suivez la file ! Dépêchons ! »
Savourant son triomphe, Madame Eglantine rayonnait d’allégresse.
C’est donc une étrange troupe qui se mit en marche vers Lézeau, à l’heure où le soleil réchauffe la terre. Et, en croyant entendre près de lui Théodore élever une plainte contre l’injustice du monde, Balthazard vit soudain leur mésaventure sous un autre jour. Etait-ce si injuste qu’ils partagent le sort et le cachot des Illuminés ? Il lui apparut que lui et Théodore étaient en vérité aussi coupables que la foule, car c’était un jugement sévère qu’ils avaient porté sur les débordements du défilé. Celui qui juge est toujours coupable, se dit Balthazard, et en même temps, si nous sommes tous coupables, il ne saurait y avoir d’absolu en ce monde, car l’absolu littéraire n’appartient pas au réel, et les Illuminés ont donc tort. Quelque peu réconforté par cette conclusion, il sourit au Shirriff, qui détourna la tête, et prenant Théodore par le bras, se mit à déclamer à haute voix un sonnet du Poète.