Alors vient avec fracas un grand cri retentissant : ra-houmra! Les arbres frémirent et se courbèrent comme sous l’effet d’une rafale. Il y eut une nouvelle pause, puis commença une musique de marche semblable à celle de tambours solennels, et, dominant des roulements et des battements, jaillirent des voix qui chantaient haut et fort.
Nous venons, nous venons au roulement des tambours : tarounda rounda rounda rom !
Les Ents approchaient : leur chant s’élevait de plus en plus proche, de plus en plus sonore :
Nous venons, nous venons au son du cor et du tambour : tarouna rouna rouna rom !
Bregalad ramassa les Hobbits et s’en fut de chez lui.
Ils ne tardèrent pas à voir approcher la troupe en marche : les Ents descendaient la pente à grands pas rythmés. Sylvebarbe était en tête, suivi de quelque cinquante Ents en colonne par deux, au pas cadencé, qui battaient la mesure de leurs mains sur leurs flancs. Comme ils approchaient, on pouvait voir l’éclat et le clignotement de leurs yeux.
“Houm, hom ! Nous voici avec un grondement, nous voici enfin ! cria Sylvebarbe à la vue de Bregalad et des Hobbits. Venez, joignez-vous à l’Assemblée ! Nous partons. Nous partons pour l’Isengard !”
“Sus à l’Isengard !” crièrent de nombreuses voix.
“Sus à l’Isengard !”
Sus à l’Isengard ! L’Isengard fût-il encerclé et fermé de portes de pierre;
L’Isengard fût-il fort et dur, froid comme la pierre et nu comme l’os,
Nous partons, nous partons, nous partons en guerre, pour tailler la pierre et briser la porte;
Car fût et branche brûlent à présent, la fournaise gronde – nous partons en guerre !
Au pays des ténèbres au pas du destin, au roulement du tambour, nous arrivons, nous arrivons;
A l’Isengard avec le destin nous arrivons !
Avec le destin nous arrivons, avec le destin nous arrivons !