Cet article fut présenté lors d’une conférence dans le cadre du Festival Européen des Mythes et Légendes qui s’est déroulé à Carcassonne les 16 et 17 mars 2002.

La lecture de la biographie d’un auteur est bien souvent révélatrice des sources de son travail d’écrivain, de ses motivations et objectifs. Pour l’auteur dont nous parlerons, nous nous sommes intéressés à celle qu’a rédigée Humphrey Carpenter[1], à ce jour la biographie de référence incontestable et incontestée sur Tolkien. Et ce moins parce qu’elle fut construite du vivant de l’auteur que le fait que Carpenter a pu le rencontrer, ce dont il est seul à pouvoir se prévaloir. Cette rencontre lui confère par la même occasion une crédibilité certaine et aboutit à une meilleure connaissance de l’auteur mais aussi de l’Homme.

Nous y apprenons qu’alors qu’il n’était qu’enfant, Tolkien s’intéressa très tôt à un certain type de littérature mêlant le Fantastique et le Merveilleux avec des contes comme Curdie de George MacDonald, les légendes du Roi Arthur ou les Contes de Fées d’Andrew Lang. Plus tard, adolescent, il découvrit le très célèbre Beowulf ou encore Sire Gauvain et le Chevalier Vert. D’autres textes l’ont également fascinés comme le Kalevala finnois et les Eddas scandinaves.

L’ensemble de ces textes ont eu pour Tolkien l’effet d’une sorte de révélation, l’éveil d’un désir particulier pour l’écriture. Cette résolution fait également écho à sa déception de ne voir que trop peu de textes de ce genre liés à l’histoire de son pays. Son grand amour de ces mythologies de pays lointains lui firent regretter d’autant plus l’absence d’un véritable corpus mythologique, qui s’il exista peut-être un jour, fut réduit à néant au fil des diverses invasions de l’Angleterre de conquérants plus destructeurs les uns que les autres. Les souvenirs, coutumes et traditions de la population initiale de l’Angleterre furent alors dissous, absorbés par les différentes tribus barbares, les romains puis par la christianisation. Il dira d’ailleurs à ce propos que « ces récits mythologiques sont pleins de cette culture primitive et souterraine que, dans l’ensemble, la littérature européenne n’a cessé de réduire et d’éliminer depuis des siècles, plus ou moins complètement selon les peuples concernés.[2] ».

Il est alors venu l’idée à Tolkien de créer une « mythologie pour l’Angleterre[3] » en s’inspirant en partie du Kalevala dont il disait : « J’aimerai qu’il nous en reste plus – de ce qui était de cet ordre et qui appartenait aux Anglais.[4] ». Il raconta plus tard son idée initiale (avec quelque moquerie à son endroit) : « . j’eus l’idée de construire un corps de légendes plus ou moins reliées, allant des vastes cosmologies jusqu’aux contes de fées romantiques . et que je pourrais dédier simplement : à l’Angleterre, à mon pays. Cela devait pouvoir posséder le ton et la qualité que je voulais, une sorte de fraîcheur et de clarté, respirer ‘notre air’ . cette insaisissable et pure beauté que certains nomment celte . quelque chose de ‘haut’ . Je développerais certains récits parmi les plus importants, et pour beaucoup je ne ferais que les esquisser, leur donner leur place dans l’ensemble. Leurs cycles seraient reliés à un ensemble plein de majesté tout en laissant place à d’autres esprits, d’autres talents, qui viendraient apporter la couleur, la musique et le drame.[5] ».

De part son éducation et ses convictions futures, Tolkien était (au contraire de la grande majorité de ses compatriotes) un catholique fervent et pratiquant. Orphelin très jeune, il fut alors éduqué par le père Francis Morgan et reçut un enseignement dans lequel la religion occupait une part non négligeable. Cette Foi, Tolkien en parle à de nombreuses reprises dans sa correspondance avec sa famille, ses lecteurs, ses amis[6]. À son ami Robert Murray il dira par exemple à propos du Seigneur des Anneaux qu’il est « une ouvre fondamentalement religieuse et catholique, inconsciemment initialement, mais consciemment suite à sa révision.[7] ». Même si l’on y retrouve une indéniable profondeur historique, le Seigneur des Anneaux n’est pas cette mythologie dont parlait Tolkien. Cette profondeur, comme lorsque Aragorn parle de l’histoire de Beren & Lúthien par exemple, fait plutôt allusion à un texte que nous pouvons retrouver dans le Silmarillion.

Ce Silmarillion est un ouvrage posthume publié quelques années après la mort de J.R.R. Tolkien par son fils Christopher. Tolkien, outre le médiatique Seigneur des Anneaux et divers autres compositions a travaillé à la rédaction de ce qui deviendra le Silmarillion pendant une grande partie de sa vie, de 1916 à 1973, date de sa mort. Autant dire que nombre de versions (parfois contradictoires) d’un même texte existent, lesquelles sont pour la plus grande partie publiées dans la collection The History of Middle-eath[8]. Étant donné que seul le Silmarillion a été traduit, au contraire de la collection History of Middle-eath, nous nous « restreindrons » à sa seule utilisation sans nous préoccuper des autres versions des textes que l’on y retrouve, au risque d’élargir considérablement la quantité de textes à étudier et d’arriver à des conclusions contraires les unes par rapport aux autres, et ce malgré la difficulté méthodologique en résultant. Mentionnons enfin que le Silmarillion a été compilé arbitrairement par Christopher Tolkien et qu’il ne restitue donc pas l’ensemble de la mythologie Tolkienienne.

Cette présentation faite, on peut se demander comment Tolkien a pu concilier son désir initial de créer une véritable mythologie pour son pays sans faire entrer en jeu ses convictions religieuses qui, nous l’avons dit, ont profondément influencé la rédaction du Seigneur des Anneaux. Notre but n’est pas d’aborder dans sa globalité la question de la chrétienté dans l’ouvre de Tolkien, elle demanderait un livre à elle-seule, mais d’observer à la lumière de quelques points particuliers qu’elle a toute sa légitimité.

En choisissant d’étudier les Eddas, nous pourrons distinguer ce que le Silmarillion doit éventuellement aux récits nordiques et s’il se révèle être une véritable mythologie ou s’il est plutôt une ouvre chrétienne, à tout le moins s’il véhicule certains de ses concepts. A cet égard, envisager le rôle que joue le Destin peut être très instructif. Trouverons-nous en effet une concurrence entre le Destin, qui est sans aucun doute l’une des préoccupations majeures des Eddas, et la Providence, qui témoigne quant à elle d’une surdétermination du Destin par un Être Supérieur, Dieu, qui trahira de l’influence de la Foi de Tolkien sur son discours. Comment en effet devons-nous interpréter le rôle que tient Ulmo tout au long des récits, que dire que la question de la Mort chez les hommes ? Ce sont là des questions qui se tiennent à la limite d’une frontière entre la dimension mythologique et religieuse de l’œuvre.

2. Les Récits Nordiques

Nous mentionnions les Eddas et le Kalevala comme sources d’influence sur l’imagination de Tolkien, même s’ils ne constituent pas l’intégralité des mythes scandinaves, ils sont plus que représentatifs de l’esprit et des valeurs que Tolkien appréciaient. Parce qu’ils sont trop peu connus, nous prendrons la peine ici de relater les circonstances de leur découverte et d’évoquer certains de leurs principaux épisodes.

2.1. Les Eddas

C’est grâce à des moines islandais qu’au XIIIè siècle la littérature orale Viking fut sauvée de l’oubli lorsqu’ils écrivirent ces grandes ouvres poétiques et récits épiques que l’on connaît sous le nom de « sagas ».

Le plus connu des personnages à avoir consigné ces récits fut Snorri Sturluson, auteur d’un livret sur les Dieux nordiques fournissant des explications détaillées sur les anciens mythes. Il y rappelait les sagas de l’ère des Vikings (vers 750-1050), alors qu’une puissante tradition s’était formée autour des exploits héroïques d’Odin[9], de Thor et de Freyr quand, encore épargnés par le Christianisme, les aventureux Normands – Danois, Norvégiens et Suédois – prirent la mer à la recherche de trésors et de terres.

Si on lit parfois Edda au pluriel, c’est qu’il en existe deux formes.

La première, l’Edda Poétique (ou Ancienne Edda), nous la devons à l’évêque Brynjólfur Sveinsson de Skálholt lorsqu’il découvrit en 1643 en Islande un manuscrit datant de la seconde moitié du XIIIè siècle (près de trois cents ans après la conversion de l’Islande au Christianisme) mais décrivant des « événements » bien plus anciens, connu sous le nom de Codex Regius.

Les textes contenus dans le Codex Regius sont parmi les plus précieux, non seulement pour les nations germaniques dans leur ensemble, mais aussi pour la connaissance de la civilisation de l’Europe ancienne. Sans eux, on ne saurait que peu de choses de la mythologie germanique primitive et de l’éthique nordique ancienne car la tradition était surtout orale. Transmises alors de génération en génération, ces ouvres, qui comptaient plusieurs centaines de strophes, étaient colportées et enrichies par les meilleurs conteurs de la communauté scandinave.

Parmi la trentaine de poèmes plus ou moins courts que constitue l’Edda Poétique, plusieurs d’entre eux traitent de sujets mythologiques, les autres sont plus volontiers classés parmi les poèmes héroïques ou épiques.[10]

Plus tardive, l’Edda en Prose (on dit également l’Edda de Snorri), rédigée en islandais par Snorri Sturluson (magistrat suprême et historien de son île) vers 1220 jusqu’à 1240, est un manuel d’art poétique énonçant les règles de la poésie scaldique. On y trouve un prologue et trois sections – la « Gylfaginning » (ou « Mystification de Gylfi ») , les « Skáldskaparmál » (ou « Traité de poétique ») et le « Háttatál » (ou « Dénombrement des mètres ») – et constitue le recueil de mythologie nordique le plus complet, cohérent et intelligible que le Moyen Âge scandinave nous ait transmis.

Snorri exerce dans ce recueil un art poétique d’une grande technicité dit « poésie scaldique ». Il s’adresse à ceux qui « aspiraient à maîtriser les règles de l’art poétique en apprenant un vaste vocabulaire de termes conventionnels, ou qui souhaitaient pouvoir comprendre les formulations elliptiques de la poésie ». La mythologie y est donc décrite dans des termes fourmillant d’allusions à des mythes païens menacés d’oubli avec l’arrivée du Christianisme. Pour illustrer notre propos nous pouvons prendre le cas du poète qui veut aborder la question de l’or. Il devra alors dire « farine de Frodi » plutôt que d’utiliser le terme dans son acceptation commune. Il était donc utile d’avoir entendu parler de ce roi du Danemark qui passait pour avoir été le propriétaire d’un moulin lui dispensant toutes les richesses qu’il souhaitait. Si Frodi avait besoin d’or, il lui suffisait d’ordonner à ses esclaves Fenia et Menia d’utiliser la meule pour remplir ses coffres. D’où la « farine de Frodi ».

Précisons que la signification du mot « Edda » n’est pas clairement prouvé même si de nombreuses propositions ont vu le jour. Pour Régis Boyer, « Edda » signifierait « art poétique », ce dont les Eddas sont bien proches.

La Völupsá

Que l’on considère l’Edda en Prose ou l’Edda Poétique, toutes deux mentionnent l’épisode fondamental de la Völupsá[11]Prophétie de la Voyante – où l’on découvre la vision dantesque et épique de cette voyante qui retrace l’histoire du monde et des Dieux et prédit leur avenir, notamment leur chute au cours du Ragnarök, synonyme de la terrible bataille qui secouera le monde et pendant laquelle la plupart d’entre eux périront. Une note d’espoir subsiste cependant par l’annonciation de l’arrivée d’un nouvel âge d’or.

Le Ragnarök, mot que Boyer traduit par « Consommation du Destin des Puissances »[12] (plutôt que par le « Crépuscule des Dieux » wagnérien) est donc la fin annoncée des Dieux. Ces derniers n’auront alors de cesse de s’y préparer car cette prédiction a été prise au sens littéral, comme une vérité, ce qu’elle est en fait.

C’est la Völupsá qui met incontestablement le Destin en avant-plan. Les Dieux savent qu’il doit être accepté, embrassé et assumé. Nul question ici de tenter de s’y soustraire, d’y trouver une parade, rien ne pourra les sauver. Mais ils ne s’abandonnent pas à leur sort pour autant et préservent leur honneur en se préparant à la bataille qui les opposera à ceux qui amèneront la Mort sur eux. C’est ici par exemple qu’entre en jeu les fameuses Walkyries, elles qui choisissent (verbe kjósa, déverbatif -kyrja ) les occis (valr ) au combat pour les amener aux Dieux. Au contraire de ceux qui trépassés de mort « naturelle », ce sont ces guerriers qui atteindront le fameux Walhalla et viendront grossir les rangs des champions, ou einherjar . Appelés au jour du Ragnarök, ils combattront aux côtés des dieux contre les puissances du désordre. Les autres s’en vont peupler les lugubres empires de la maîtresse des enfers, Hel.

Les Walkyries sont bien souvent considérées comme des figures liées au Destin mais ce sont surtout les Nornes qui remplissent cet office. Communément admises comme étant les Parques du Nord (on remarquera que chez les qcandinaves, les figures du Destin sont souvent féminines), elles se nomment Passé, Présent et Avenir et rendent les arrêts du Destin. Elles habitent sur les sommets d’Yggdrasil, l’arbre mythique qui soutient le monde.

Les Eddas parlent en priorité des Dieux mais ils ne sont pas les seuls à être concernés au premier chef par le Destin. Chez les hommes, il est là-aussi une obsession, une partie intégrante et indissociable de leur vie. Eux aussi l’acceptent, ne subissent pas leur sort mais le prennent en charge. Le fatalisme n’existe pas et même s’ils ne connaissent pas forcément leur Destin, ils le veulent exceptionnel et cherchent à s’élever. Par sa réputation, son honneur et l’estime qu’on lui porte, l’homme veut attirer la « bonne étoile » sur sa personne, sa famille et son clan. Pour cela, presque tous les moyens sont bons pour arriver à cette fin.

2.2. Le Kalevala

C’est grâce au travail d’Elias Lönnrot qui fit paraître la première version du Kalevala en 1835 que Tolkien put découvrir lui-même en 1911 les poèmes populaires que Lönnrot y a rassemblés et reformulés.

Le Kalevala (ou Pays des héros) finnois contient l’essentiel de la mythologie finlandaise et l’amour de Tolkien pour lui est immédiat. Il y découvre et loue « ce peuple étranger et ces nouveaux dieux, race de héros scandaleux, sans hypocrisie et sans intellectualité[13] »« plus j’en lis, plus je m’y sens chez moi et m’en réjouis[14] ». C’est d’ailleurs la découverte de ce texte qui l’amène à apprendre le finnois et en venir par la même occasion à lire le texte dans sa langue originale, « ce fut comme de découvrir une cave pleine de bouteilles d’un vin extraordinaire et d’un goût jusqu’alors inconnu. J’en devins passablement ivre.[15] ». Cette apprentissage du finnois allait d’ailleurs faire germer l’un des langages imaginaires de Tolkien : le Quenya.

Parmi les différents chants de Kalevala[16], l’on trouve l’histoire tragique de Kullervo dont voici un résumé[17]. Untamo et Kalervo sont deux frères, ils se brouillent et s’opposent dans une bataille où Untamo extermina la famille de son frère, laissant comme seul survivant un des fils de Kalervo, Kullervo. A l’aide de ses pouvoirs surnaturels Kullervo gâche toutes les tâches qui lui sont assignées. Untamo le vend alors en tant qu’esclave à Ilmarinen. L’épouse de ce dernier envoie Kullervo garder le troupeau et par pure vilenie lui prépare un pain contenant une pierre. Kullervo y brise la lame de son couteau. Pour se venger il perd les vaches dans le marais et ramène à la maison un troupeau de bêtes sauvages. La patronne se fait alors déchiqueter en voulant traire le troupeau, Kullervo s’enfuit. Dans la forêt il retrouve finalement ses parents indemnes mais apprend que sa sour s’y est perdue

Plus tard, son père envoie Kullervo payer les impôts. Chemin faisant, Kullervo abuse de sa sour qui lui est inconnue. La méprise une fois réalisée, elle se jettera dans les rapides. Kullervo, honteux et se sentant coupable, part pour se venger d’Untamo et après avoir massacré tous les gens de son domaine retrouve toute sa famille morte. A cette dernière découverte, il se suicidera.

Cette histoire prendra une place particulière dans l’ouvre de Tolkien et revivra sous les traits de Túrin Turambar dans le Silmarillion.

3. Une Mythologie Tolkienienne

Nous le disions, Tolkien a eu l’envie de créer une mythologie pour l’Angleterre. Pour dire s’il y a ou non réussi, nous pourrions tout d’abord nous interroger sur ce qu’elle doit recouvrir. Pour cela, nous adopterons une définition non moderne, car trop restrictive, de « mythologie » auquel cas nous dirons qu’elle est :

a) L’histoire des personnages divins du polythéisme,

b) La connaissance, l’explication des mystères et des récits du paganisme,

c) Un récit fabuleux émanant des temps et des idées du polythéisme[18].

La notion du polythéisme entre donc, nous le voyons, pour une large part dans la définition de ce que Tolkien a eu à inventer, écrire et raconter.

Même s’il n’est pas une condition suffisante pour en faire une mythologie à part entière, il est bien souvent présent dans toute étude mythologique dans un chapitre intitulé « Théogonie », qui en suit généralement un autre appelé « Cosmogonie ». Ces deux chapitres, respectivement la description hypothétique de la manière dont l’univers ou un monde en particulier a été formé et, en quelque sorte, la généalogie des Dieux, nous les retrouvons dans le Silmarillion avec l’Ainulindalë (« la Musique des Ainur ») et la Valaquenta (« Histoire des Valar »).

Les Valar, à traduire chez Tolkien par « les Puissants » témoignent indubitablement du paganisme des premiers temps du monde de Tolkien. Ces quinze Valar[19], dont le rôle, les fonctions et attributs sont explicités dans les chapitres que nous indiquons sont d’ailleurs appelés Dieux par les Humains[20], autant de points qui vont à la rencontre de notre définition.

Cette première remarque étant faite, nous pouvons nous intéresser plus précisément à la façon dont le Destin apparaît et agit sur les événements qui surviennent sur Arda.

 3.1. Le Destin , une réalité

Le monde de Tolkien est-il vierge de toute prédétermination, est-ce que les êtres vivants évoluent dans une sorte de chaos organisé, sans aucune notion de Destin ? Indiscutablement, la réponse est non car l’on trouve de multiples preuves qui corroborent sa réalité sur Arda.

Une simple lecture attentive suffit à montrer que les différentes histoires qu’ont y lit ne sont pas simplistes, que les évolutions des personnages ne sont, a priori, pas toutes libres et qu’en fin de compte tous les événements pourraient avoir un sens, une finalité commune.

Nous le rappelions plus haut, le premier chapitre du Silmarillion conte la création du Monde au travers de l’Ainulindalë, la « Musique des Ainur ». Nous apprenons y qu’Eru Ilúvatar créa les Ainur (« l’ordre des Valar et des Maiar[21] »), créatures angéliques, et leur montra un monde autour d’un Thème (une sorte de Symphonie Créatrice) que les Ainur jouèrent pour lui.

Cette approche très poétique (au contraire d’autres récits s’appuyant par exemple sur le sacrifice d’un être originel) doit d’abord être perçue comme un rêve durant lequel on peut voir les événements se dérouler mais loin de toute matérialité et d’une présence tangible. Et en effet, les Ainur à la sortie de ce rêve (Tolkien parle de Vision, la « Vision d’Arda ») réalisèrent que ce qu’ils avaient vu restait à faire, que le « Monde n’avait été qu’Annonce et Prophétie qu’ils devaient désormais accomplir.[22] ». Ilúvatar fera surgir Arda du Vide, les Ainur n’eurent « plus qu’à » la modeler, la façonner sur la base de la Musique qui leur fut soumise, de leur esprit créatif et de leurs pouvoirs respectifs.

Puisque Arda en découle, il paraît assuré que la Musique est synonyme, en tout cas contient, le Destin des êtres et des choses. La preuve s’il en est de ce que nous avançons est proposée par les Valar, qui, parce qu’ils ont été les témoins de cette vision et ont entendu les paroles d’Ilúvatar, « connaissent une grande part de ce qui fut, de ce qui est, de ce qui sera, et peu de choses leur échappent.[23] ».

Les Valar du Destin

Nous avons cités les Nornes présentes chez nos cousins du Nord, or il se trouve que nous trouvons leur équivalent dans le panthéon Tolkienien. Deux des Valar ont en effet un regard privilégié de cette vision et par conséquent du Destin.

L’exemple le plus frappant est celui de Vairë. Surnommée la Fileuse, telle Clotho[24], elle « tisse tous les événements de tous les temps dans ses toiles historiées qui tapissent le palais de Mandos, lesquels s’agrandissent avec le temps qui passe.[25] » Cet extrait est on peut plus clair sur un ordonnancement précis du temps et des choses, chaque fil de la tapisserie pouvant aisément être assimilé à l’un des événements qui surgiront sur Arda mais aussi au fil de la vie des êtres qui l’occupent.

Malheureusement, nous ne pouvons nous appuyer sur Vairë plus longuement car c’est à peu près tout ce que nous savons d’elle. Cette Vala s’avère plutôt secrète car nous n’avons connaissance d’aucune action ou intervention de sa part tout au long du Silmarillion. Sûrement est-elle trop occupée à son métier à tisser, ou son action tout simplement inconnue du rédacteur du Silmarillion ?

Plus intéressant est l’époux de Vairë, le Vala Námo (appelé habituellement Mandos, du nom de sa demeure) qui nous en apprend davantage sur le devenir d’Arda. Appelé le Juge, l’Ordonnateur, il est celui qui « prononce ses jugements et condamnations[26] » (à la seule « demande de Manwë[27] ») dans Máhanaxar : le Cercle du Destin, endroit où sont installés les trônes des Valar et où ils se réunissent en conseil. En outre, Mandos est « le gardien de la Maison des Morts[28], celui qui convoque les âmes de ceux qui sont tués.[29] ».

Nous savons par ailleurs qu’il « n’oublie rien et connaît toutes les choses à venir, sauf ce qui est resté du domaine d’Ilúvatar[30] », preuve incontestable de son pouvoir et des connaissances dont il est titulaire. Mais Mandos semble par contre souffrir d’une variation du syndrome de Cassandre[31] car si ses prophéties sont prises pour vraies, rarement les intéressés en tiendront compte. C’est là une marque d’orgueil qui causera bien souvent leur chute.

Ce ne sont là que deux exemples les plus évidents de la présence du Destin sur Arda car tout au long du Silmarillion, les différents héros et personnages y font souvent mention, que ce soit en se référant au serment de Fëanor, à la Malédiction de Mandos ou à celle de Melkor.

Le choix du vocabulaire utilisé est d’ailleurs très caractéristique avec de multiples occurrences de mots comme « sort », « prophétie », « pressentiment », « malédiction » et surtout « destin » et « destinée ».

Nous ferons une dernière remarque pour dire que les Valar, acteurs omniprésents du Destin, semblent n’y être aucunement soumis. Aucune prophétie ni pressentiment d’aucune sorte ne les concernent si ce n’est leur appartenance à Arda à laquelle leur destin est lié. Le Silmarillion nous dit que « leurs pouvoirs seraient limités au Monde et contenus par lui, et ils y resteraient éternellement, jusqu’à sa fin, de sorte qu’ils en seraient la vie et qu’il serait leur vie même[32]. »

Ici, aucune voyante ne vient troubler leur quiétude mais ils savent qu’un jour viendra la « Dernière Bataille », et ce même si les circonstances des événements ne leur sont pas connues et que son déroulement ne dépend pas d’eux. Ce sera le Ragnarök Tolkienien.

4. Un Silmarillion Chrétien

Pour convenir que derrière le Silmarillion se cache la Chrétienté, nous pouvons tenter de trouver les endroits où nous trouvons une concurrence entre le Destin, d’une portée mythologique, et la Providence, signe de l’intervention de Dieu. Comme nous allons le voir, les exemples qui témoignent d’une surdétermination chrétienne ne manquent pas.

Le plus évident est celui de la présence d’Ulmo qui est, rappelons-le, un Vala, le « Seigneur des Eaux et Roi de la Mer[33] ». Il a participé à la Musique et représente l’une des incontestables Puissances d’Arda en y jouant un rôle affirmé. Rôle qu’il peut vouloir « discret » lorsqu’il envoie aux hommes « des messagers dans les rivières ou les inondations[34] » même si leurs destinataires ne les comprennent pas car ils sont peu « doués pour ce langage[35] ».

Ulmo use d’autres moyens tout aussi subtils pour prévenir ceux qu’ils protégent comme le cas de Turgon et Finrod sur qui il « jeta [.] un profond sommeil troublé de rêves pesants[36] ».

Mais Ulmo sait être plus explicite lorsque les rêves et les pressentiments ne sont pas suffisants devant l’urgence et la gravité de la situation. Les cas les plus remarquables (et visibles) de cette intervention se trouvent dans les chapitres XXIII & XXIV (respectivement Tuor et la Chute de Gondolin et Le Voyage d’Eärendil et la Guerre de la Grande Colère) avec son concours direct et sans équivoque à propos des cités elfiques de Gondolin et de Nargothrond. A propos de Gondolin avec son apparition devant Turgon pour lui indiquer l’endroit où créer sa cité ainsi que ses multiples interventions pour la préserver de la haine de Morgoth comme l’envoi d’un messager en la personne de Tuor, Nargothrond avec ses conseils à Círdan.

Ulmo n’a jamais délaissé les habitants de la Terre du Milieu et notamment les humains dont il est dit qu’il « se pencha sur leur sort[37] », suivant en cela « le conseil et le désir de Manwë[38] ». Manwë est non seulement le Roi d’Arda mais il est aussi celui qui est directement inspiré par Eru Ilúvatar et a parfois recours à son jugement et conseil, on peut alors se demander si les apparitions d’Ulmo ne sont pas « dirigés » par la volonté de Dieu, via Manwë. Ulmo serait en quelque sorte son « instrument ».

On pourrait ajouter que si la Musique peut-être conçue comme une représentation de l’ordre naturel des choses, les multiples interventions d’Ulmo tout au long du Silmarillion font office de Miracles qui mettent en exergue une certaine part de surnaturel qui est en l’espèce le signe de l’intervention divine. Comment expliquer sinon qu’Ulmo agisse à l’encontre des choses prévues par la Musique ? Il agit là dans un domaine qui se trouve alors « au-delà de la nature ».

C’est dans ce genre de cas que la Providence entre sans contestation possible en concurrence, sinon en conflit, avec le Destin.

4.1. Le Rôle d’Ilúvatar

Il est indéniable qu’incombe à Ilúvatar la faute des insuffisances de la connaissance du Destin. Ces lacunes sont dues à la perception incomplète qu’ont eu les Valar de la Musique car Ilúvatar n’a pas permis que cela soit autrement ; la vision qu’il leur a proposée fut en effet « brève et trop tôt disparue[39] ». Même Mandos n’a pas l’apanage du savoir car s’il « connaît toutes les choses à venir[40] », il est des exceptions pour « ce qui est resté du domaine d’Ilúvatar.[41] ». La surdétermination chrétienne et le rôle d’Ilúvatar n’apparaissent nulle part aussi bien que dans les éléments « qu’il garde en réserve[42] » qui sont parmi les fondamentaux de la Foi de Tolkien.

Parmi ceux-là, on trouve les différences qui opposent les Elfes aux Hommes. Alors que le Destin des Elfes paraît écrit d’avance (notamment grâce à la Prophétie de Mandos) et qu’il semble impossible qu’ils puissent s’y soustraire, celui des hommes nous est inconnu, ce qui est confirmé quand on lit que la « Musique des Ainur [.] fixe le destin de tous les autres êtres[43] ». Par cette inconnue, Eru Ilúvatar (ou Tolkien) tranche avec les préceptes mythologiques que nous avons explicités en introduisant les notions du Libre-Arbitre et de la Mort qui réfèrent plus directement à une dimension chrétienne.

L’absence des Humains de la Musique s’accompagne de qualités que les Elfes a priori n’ont pas (en tout cas non affirmées aussi nettement), Ilúvatar souhaita en effet qu’ils « soient toujours en quête des limites du monde et au-delà[44] » et surtout « qu’ils aient le courage de façonner leur vie, parmi les hasards et les forces qui régissent le monde[45] ».

Les Elfes ont eux-aussi leur libre-arbitre mais leurs gestes seraient, dirait-on, davantage ancrés dans un ordre naturel des choses, celui de la Musique. Impression qui sera confirmée plus tard par la voix de Mandos par sa Prophétie. L’utilisation de termes comme « façonner » et « hasards » évoquent incontestablement l’idée d’une évolution plus libre des hommes alors que « les forces qui régissent le monde » font sûrement référence au Destin. Que ce soit parce que les humains n’ont jamais été au contact des Valar, que le destin soit en effet tout à fait absent de leur vie ou qu’Ilúvatar ne permette pas que l’on révèle ce qui les attend, toujours est-il que Mandos n’aura pas de parole prophétique les concernant.

Cette liberté d’évolution des humains s’accompagne d’une « contrepartie », que les Humains finiront par regretter et que l’on appelle le « Don d’Ilúvatar[46] », synonyme d’une présence limitée dans le temps des Humains sur Arda, autrement dit la Mort. Alors que les Elfes « restent et resteront jusqu’à la fin des Temps[47] » et « ne meurent pas que ne meure le monde[48] », pour les Humains, « la mort est leur destin[49] ».

Les Elfes ne se sentent pas concernés par la Mort mais elle deviendra l’une des préoccupations majeures des hommes car Melkor a fait se « confondre la mort avec les ténèbres[50] » dans leur esprit. Elle est d’autant plus redoutée qu’ils ne savent quel est leur sort une fois leur temps sur Arda écoulé, au contraire des Elfes qui « se retrouvent à Valinor, dans les Palais de Mandos, d’où ils peuvent sortir au bout d’un certain temps[51] ».

Le dernier point qui reste à examiner est celui de la Fin d’Arda.

Le Silmarillion ne laisse entrevoir que de rares mentions de la fin d’Arda. Tout au plus, y trouvons-nous quelques occurrences de termes comme « Fin des Temps[52] » qui attestent, même si l’heure et les circonstances sont inconnues, qu’un Ragnarök[53] Tolkienien aura finalement lieu. La fin du monde apparaît comme une chose certaine mais on ne sait quand elle interviendra, ce qui en fait ce que nous pourrions appeler « une incertitude annoncée ».

La fin du monde est-elle aussi du ressort d’Ilúvatar ? Certainement, quand on sait que « les Valar n’ont pas vu de leurs yeux les Derniers Temps ni la fin du Monde[54] ».

Pourtant, le monde renaîtra de la même manière qu’il a vu initialement le jour car il est dit qu’« une musique encore plus grande, celle des chours des Ainur et des Enfants d’Ilúvatar [qui, rappelons-le, n’étaient pas présents lors de la première Musique], doive s’élever devant Eru après la fin des temps[55] ». A ce moment seulement dira Ilúvatar, « tous [.] comprendront pleinement la partie qu’il leur a destinée, chacun atteindra à la compréhension des autres[56] ».

On réalise le rôle, discret mais on ne peut plus important, qu’Ilúvatar tiendra au fil du temps. Les différents citations que nous donnions montrent une certaine omnipotence et omniscience d’Ilúvatar renforcées assurément par l’assurance donnée par lui car le libre-arbitre donné aux hommes et les actions (bonnes ou mauvaises) qui en découlent contribuent elles-aussi à son dessein : « Ceux-là aussi découvriront en leur temps que tout ce qu’ils font ne contribue en fin de compte qu’à la gloire de mon ouvre. [57] ».

Nous sommes ici bien loin du polythéisme omniprésent des Premiers Temps d’Arda.

5. Conclusion

Si nous reprenons notre question initiale, on doit s’interroger sur les influences et l’apport des récits nordiques chez Tolkien ? Aux Eddas tout d’abord, on dénombre des emprunts évidents où on reconnaît notamment celui des noms des Nains compagnons de Bilbo dans Bilbo le Hobbit. Ainsi, dans la Völupsá de l’Edda Poétique, nous relevons les noms de Durinn, Bífurr, Bömbur, Nóri mais aussi d’autres noms célèbres comme Thrór ou Gandalf. Divers indices montrent également une ressemblance entre Midgard dont la traduction pourrait tout à fait donner Terre du Milieu ou la parenté entre Sleipnir, le cheval à huit pattes d’Odin et le Gripoil de Gandalf.

Nous parlions tantôt du Kalevala et nous savons, de l’aveu de Tolkien, qu’il constitue le germe original du Silmarillion[58]. Il est évident également que l’histoire de Kullervo que nous avons résumée à été réécrite pour constituer le Narn i Hîn Húrin ou Le Lai des Enfants de Húrin dans lequel nous retrouvons aussi des éléments d’Odipe et de la saga de Sigurd[59].

La présence du Destin dans le Silmarillion doit sûrement beaucoup à ces cycles scandinaves et contribue en grande partie à lui donner cette profondeur mythologique. Il est aussi une base que Tolkien n’a jamais reniée alors que l’on observe une progression certaine du Silmarillion entre les débuts de son écriture jusqu’aux ultimes années de sa vie, près de soixante ans plus tard. Dans les premiers textes du Silmarillion, commencés en 1916 et publiés dans Le Livre des Contes Perdus, les Valar sont appelés « Gods » (remarquez le G majuscule) puis, dans les années 30, les Valar deviennent les « gods » (g minuscule) et l’on voit l’arrivée d’Ilúvatar. Le développement d’un Silmarillion se poursuivra au fil des années pour aboutir en 1977 (sa date de publication) à un ensemble nettement plus chrétien.

Cette présence d’un Dieu chrétien n’est pourtant pas mise en évidence ni expliquée en détail, au contraire elle se retrouve dans une symbolique plus subtile. Pour le Seigneur des Anneaux par exemple, Tolkien veillera à n’insérer aucune trace de cultes et/ou de pratiques religieuses[60]. Cela est aussi vrai pour le Silmarillion où ne l’on remarque qu’une trace marginale d’un culte pratiqué par les hommes de Númenor.

Le Libre-Arbitre et la Mort que nous avons évoqués tendent à nous faire penser que les Elfes relèvent avant tout de la mythologie alors que les hommes appartiennent davantage à une dimension chrétienne. La disparition annoncée des Elfes de la Terre du Milieu au profit de l’avènement et la domination des Hommes est annonciatrice d’un glissement progressif de la mythologie vers un monde plus moderne, ressemblant au notre, chrétien. De même, le rôle fondamental des Valar à la création d’Arda diminuera pour finalement laisser la place à Ilúvatar, processus qui débute d’ailleurs avec la dissimulation de Valinor (la demeure des Valar) de la surface d’Arda, contribuant à une altération du savoir de leur présence sur Arda puis, en fin de compte, de leur existence.

A propos des hommes, il demeure cependant une exception notable qui infirme notre idée, celle du cycle de Túrin qui a une vie relativement stable tout au long de l’ouvre de Tolkien et n’a été finalement que peu révisé. Plusieurs explications sont possibles mais on peut supposer qu’il a pu être trop difficile à « christianiser », qu’il ait été simplement jugé « parfait » tel quel ou alors que la « régression » vers un Silmarillion chrétien aurait été trop évidente.

L’utilisation de la Notion de Destin dans le Silmarillion inscrit la mythologie de Tolkien dans le fil des vieilles mythologies nordiques (au sein desquelles le destin est fondamental), et, partant lui confère son caractère de mythologie indiscutable. Tolkien en cela a réussi son pari, il a créé une mythologie pour l’Angleterre.

Mais la particularité de la notion de Destin chez Tolkien, en faisant se rejoindre les mythes païens et chrétiens et en s’attaquant à la question (moderne) du libre-arbitre, de la vie après la mort ou encore de la responsabilité et du mal dans une destinée, fait que le Silmarillion se révèle être une mythologie originale et singulière. C’est un syncrétisme mythologique, une création résolument moderne qui a parti lié avec le XXè siècle.

Quoiqu’il en soit, cet ensemble que recouvre le Silmarillion ressemble davantage à l’esprit de Tolkien et à ses aspirations. Alors que le Seigneur des Anneaux est finalement une commande de son éditeur pour donner une suite à Bilbo le Hobbit, le Silmarillion est l’ouvre d’une vie, le reflet des préoccupations et des questions parfois existentielles de Tolkien qui évolueront tout au long de sa vie. On peut en juger par exemple avec le tardif Athrabeth Finrod Ah Andreth[61] (littéralement « Le débat de Finrod et Andreth ») où Finrod et Andreth, un elfe et une humaine, dissertent de la mort.

La mythologie d’un peuple traduit sa conception du monde, le Silmarillion fournit les clefs qu’en eut Tolkien, c’est la mythologie d’un homme qui s’est fait peuple. Une création artificielle, car sans fondement historique aucun, un passé réinventé et rêvé (l’Angleterre sans l’invasion normande), une création nationaliste en somme, mais transcendée par le génie de son auteur[62].

 

Cédric Fockeu,
mars 2002.

Notes

[1] J.R.R. Tolkien – Une Biographie, par Humphrey Carpenter, éditions Pocket.
[2] Ibid., p. 76
[3] Ibid., p. 108
[4] Ibid., p. 76
[5] Ibid., p. 108
[6] The Letters of J.R.R. Tolkien, J.R.R. Tolkien, London, HarperCollinsPublishers, 1999, edited by Humphrey. Carpenter with Christopher Tolkien, non traduit.
[7] Lettre 142 à Robert Murray du 2 décembre 1953 : « The Lord of the Rings is of course a fundamentally religious and Catholic work; unconsciously so at first, but consciously in the revision ».
[8] Partiellement traduite en France sous le nom L’Histoire de la Terre du Milieu dont les deux premiers tomes ont été traduits sous le titre Le Livre des Contes Perdus aux éditions Christian Bourgois.
[9] Par souci de simplicité, l’orthographe des noms présentés ici sera « francisée ».
[10] De larges extraits de ces textes sont accessibles dans L’Edda poétique, Régis Boyer, Paris, Fayard – L’Espace intérieur, 1992. L’intérêt de cet ouvrage réside également dans les nombreux commentaires et analyses que proposent Régis Boyer.
[11] L’Edda Poétique, pp. 532-549
[12] Ibid., p. 501
[13] Une Biographie, p. 65
[14] Ibid.
[15] Ibid., p. 76
[16] Que l’on peut retrouver dans : Le Kalevala, Épopée des Finnois, Tome I & II, par Elias Lönnrot ; traduit du finnois, présenté et annoté par Gabriel Rebourcet, Gallimard – L’Aube des peuples, 1991.
[17] Le Kalevala, Tome II, Chants 31 à 36 (pp. 125-208)
[18] Définition issue du dictionnaire d’Emile Littré, édition de 1872.
[19] Avant qu’on « ne compte plus Melkor parmi les Valar », on n’en comptera alors plus que quatorze.
[20] Le Silmarillion, p. 36 « Les plus grands de ces esprits furent appelés par les Elfes les Valar, les Puissances d’Arda, et les Humains souvent les appelèrent des Dieux. »
[21] cf. l’entrée « Ainur » dans l’index du Silmarillion.
[22] Le Silmarillion, p. 21
[23] Ibid., p. 17
[24] Clotho (dont le terme est dérivé du verbe grec « filer ») est l’une des Parques de la mythologie romaine. Nous rappellerons que les Parques sont les trois Déesses qui filaient, dévidaient et coupaient le fil de la vie des hommes. Les Parques sont Clotho qui file, Lachésis qui dévide, et Atropos qui coupe le fil de la vie (définition extraite du Littré, édition de 1872).
[25] Le Silmarillion, p. 29
[26] Ibid., p. 29
[27] Ibid.
[28] Mandos pourrait être assimilé (avec toutes les réserves d’usage) au Hadès grec, le gardien des enfers.
[29] Le Silmarillion, p. 29
[30] Ibid., p. 29
[31] Dans la mythologie « classique », Cassandre est la fille de Priam et d’Hécube et avait le don de la prophétie, mais ses prédictions étaient condamnées à n’être jamais prises en considération. Elle avait reçu ce don d’Apollon à qui elle avait promis son amour. Mais elle manqua à sa parole et Apollon la punit en décrétant que personne ne croirait jamais à ses prophéties (extrait de l’Encyclopédie de la Mythologie, éditions Celiv).
[32] Le Silmarillion, p. 21
[33] cf. l’index du Silmarillion
[34] Le Silmarillion, p. 131
[35] Ibid., p. 131
[36] Ibid., p. 144
[37] Ibid., p. 131
[38] Ibid.
[39] Ibid., p. 57
[40] Ibid., p. 29
[41] Ibid.
[42] Ibid., p. 17
[43] Ibid.
[44] Ibid., p. 48
[45] Ibid.
[46] Ibid., p. 49
[47] Ibid.
[48] Ibid.
[49] Ibid.
[50] Ibid.
[51] Ibid.
[52] Ibid., pp. 14, 49, 52, 58, 82, 104 et 111
[53] On trouve ce mot (que Régis Boyer traduit par « Consommation du Destin des Puissances ») dans la correspondance de Tolkien : cf. The Letters of J.R.R. Tolkien, la lettre 83 et la très intéressante lettre 131.
[54] Le Silmarillion, p. 17
[55] Ibid., p. 14
[56] Ibid., p. 14
[57] Ibid., p. 49
[58] The Letters of J.R.R. Tolkien, lettre 75.
[59] Ibid., lettre 131.
[60] Ibid., lettre 142 : « I have not put in, or have cut out, practically all references to anything like ‘religion’, to cults or practices, in the imaginary world. For the religious element is absorbed into the story and the symbolism. »
[61] Paru dans le dixième tome de la collection The History of Middle-earth : Morgoth’s Ring – The Later Silmarillion, Part I · The Legends of Aman, HarperCollins, 1993.
[62] Nous tenons à remercier Michaël Devaux et Semprini pour leurs conseils avisés et la motivation qu’ils ont su m’insuffler tout au long de la rédaction de cet article.