Bilbon fait ses adieux

Extrait

Extrait sonore 2
(1mn08, Format MP3, 1032 Ko)

Pour resituer l’extrait

Bilbon donne une fête de dimension toute “Hobbitesque”. Et comme dans toute fête, l’hôte y va de son petit discours. Mais c’est surtout par Bilbon l’occasion d’annoncer son “départ”.

C’est à ce moment que reprend le récit de notre histoire…

My dear People, began Bilbo, rising in his place. ‘Hear! Hear! Hear!’ they shouted, and kept on repeating it in chorus, seeming reluctant to follow their own advice. Bilbo left his place and went and stood on a chair under the illuminated tree. The light of the lanterns fell on his beaming face; the golden buttons shone on this embroidered silk waistcoat. They could all see him standing, waving one hand in the air, the other was in his trouser-pocket.

My dear Bagginses and Boffins, he began again; and my dear Tooks and Brandybucks, and Grubbs, and Chubbs, and Burrowses, and Hornblowers, and Bolgers, Bracegirdles, Goodbodies, Brockhouses and Proudfoots. ‘PROUDFEET!’ shouted an elderly hobbit from the back of the pavilion. His name, of course, was Proudfoot, and well merited; his feet were large, exceptionally furry, and both were on the table.

Proudfoots, repeated Bilbo. Also my good Sackville-Bagginses that I welcome back at last to Bag End. Today is my one hundred and eleventh birthday : I am eleventy-one today! ‘Hurray! Hurray! Many Happy Returns!’ they shouted, and they hammered joyously on the tables. Bilbo was doing splendidly. This was the sort of stuff they liked : short and obvious.

I hope you are all enjoying yourselves as much as I am. Deafening cheers. Cries of Yes (and No). Noises of trumpets and horns, pipes and flutes, and other musical instruments. There were, as has been said, many young hobbits present. Hundreds of musical crackers had been pulled. Most of them bore the mark DALE on them; which did not convey much to most of the hobbits, but they all agreed they were marvellous crackers. They contained instruments, small, but of perfect make and enchanting tones. Indeed, in one corner some of the young Tooks and Brandybucks, supposing Uncle Bilbo to have finished (since he had plainly said all that was necessary), now got up and impromptu orchestra, and began a merry dance-tune. Master Everard Took and Miss Melilot Brandybuck got on a table and with bells in their hands began to dance the Springle-ring: a pretty dance, but rather vigorous.

But Bilbo had not finished. Seizing a horn from a youngster near by, he blew three loud hoots. The noise subsided. I shall not keep you long, he cried. Cheers from all the assembly. I have called you all together for a Purpose. Something in the way that he said this made an impression. There was almost silence, and one or two of the Tooks pricked up their ears.

Indeed, for Three Purposes! First of all, to tel you that I am immensely fond of you all, and that eleventy-one years is too short a time to live among such excellent and admirable hobbits. Tremendous outburst of approval.

I don’t know half of you half as well as I should like; and I like less that half of you half as well as you deserve. This was unexpected and rather difficult. There was some scattered clapping, but most of them were trying to work it out and see if it came to a compliment.

Secondly, to celebrate my birthday. Cheers again. I should say: OUR birthday. For it is, of course, also the birthday of my heir and nephew, Frodo. He comes of age and into his inheritance today. Some perfunctory clapping by the elders; and some loud shouts of ‘Frodo! Frodo! Jolly old Frodo,’ from the juniors. The Sackville-Bagginses scowled, and wondered what was meant by ‘coming into his inheritance’.

Together we score one hundred and forty-four. Your members were chosen to fit this remarquable total: One Gross, if I may use this expression. No cheers. This was ridiculous. Many of his guests, and especially the Sackville-Bagginses, were insulted, feeling sure the had only been asked to fill up the required number, like goods in a package. ‘One gross, indeed! Vulgar expression.’

It is also, if I may be allowed to refer to ancient history, the anniversary of my arrival by barrel at Esgaroth on the Long Lake; though the fact that is was my birthday slipped my memory on that occasion. I was only fifty-one then, and birthdays did not seem so important. The banquet was very splendid, however, though I had a bad cold at the time, I remember, and could only say ‘thag you very buch’. I now repeat it more correctly: Thank you very much for coming to my little party. Obstinate silence. Tey all feared that a song or some poetry was now imminent; and they were getting bored. Why couldn’t he stop talking and let them drink his health? But Bilbo did not sing or recite. He paused of a moment.

Thirdly and finally
, he said, I wish to make an ANNOUNCEMENT. He spoke this last word so loudly and suddenly that everyone sat up who still could. I regret to announce that – though, as I said, eleventy-one years is far too short a time to spend among you – this is the END. I am going. I am leaving NOW. GOOD-BYE !

Mes Chers Amis, dit Bilbon, se levant à sa place. ” Silence! Silence! Silence! ” crièrent-ils, ne cessant de répéter ces mots en choeur sans paraître vouloir suivre leur propre injonction. Bilbon quitta sa place et alla grimper sur une chaise sous l’arbre illuminé. La lumière des lanternes tombait sur son visage radieux; les boutons d’or brillaient sur son gilet de soie brodée. Tous pouvaient le voir là debout, agitant une main en l’air, tandis que l’autre était enfouie dans la poche de son pantalon.

Mes chers Sacquet et Bophin, reprît-il, et mes chers Touque et Brandebouc, Fouille, Boulot, Fouine, Sonnecor, Bolger, Sanglebac, Bravet, Trougrisard et Fierpied a ProudFEET! (1) ô, cria un vieux Hobbit du fond du pavillon. Il s’appelait Fierpied, bien entendu, et il méritait bien son nom: ses pieds étaient grands, exceptionnellement velus, et ils reposaient tous deux sur la table.

Fierpied, répéta Bilbon. Et aussi mes bons Sacquet de Besace, dont le retour enfin à Cul-de-Sac est le bienvenu. Ce jour est celui de mon cent onzième anniversaire: j’ai undécante-un ans aujourd’hui! ” Hourra! Hourra! Bon anniversaire! ” cria-t-on, et de marteler joyeusement les tables. Bilbon s’en tirait magnifiquement. C’était le genre de discours qu’on appréciait : clair et bref.

J’espère que vous vous amusez tous autant que moi. Acclamations assourdissantes. Cris de Oui (et de Non). Retentissement de trompettes et de cors, de pipeaux et de flûtes, et autres instruments de musique. Il y avait là, comme il a été dit, de nombreux jeunes Hobbits. On avait tiré des centaines de diablotins musicaux. La plupart portaient la marque VAL; ce qui ne signifiait pas grandchose pour les Hobbits, mais tous s’accordèrent à déclarer que c’étaient de merveilleux diablotins. Ils contenaient des instruments, petits, mais d’une facture parfaite et d’une sonorité enchanteresse. De fait, dans un coin, certains des jeunes Touque et Brandebouc, supposant que l’oncle Bilbon en avait fini (puisqu’il avait clairement dit tout le nécessaire), formèrent alors un orchestre impromptu et entamèrent un joyeux air de danse. Le jeune M. Everard Touque et Mlle Melilot Brandebouc grimpèrent sur une table et, clochettes à la main, se mirent à danser la saltarelle: une jolie danse, mais assez vigoureuse. Bilbon n’avait toutefois pas terminé. Saisissant le cor d’un garçon qui se trouvait près de lui, il donna trois puissants cornements. Le brouhaha s’apaisa. Je ne serai pas long, cria-t-il. (Acclamations de toute l’assemblée.) Je vous ai tous rassemblés pour une certaine raison. (Quelque chose dans son ton fit impression. Il y eut presque le silence et un ou deux Touque dressèrent l’oreille.)
Pour trois raisons, en vérité ! Tout d’abord, pour vous dire que je vous aime tous immensément et qu’undécante-un ans sont un temps trop court à vivre parmi de si excellents et si admirables Hobbits. (Formidable explosion d’approbation.)
Je ne connais pas la moitié d’entre vous à moitié autant que je le voudrais; et j’aime moins que la moitié d’entre vous à moitié aussi bien que vous le méritez. (Il y eut çà et là quelques applaudissements, mais la plupart de l’assistance s’efforçait de démêler s’il s’agissait d’un compliment.)
En second lieu, pour célébrer mon anniversaire. (Nouvelles acclamations.) Je devrais dire: NOTRE anniversaire. Car c’est aussi, bien sûr, celui de mon héritier et neveu, Frodon. Il entre aujourd’hui dans sa majorité et dans son héritage. (Quelques applaudissements pour la forme de la part des aînés; et de bruyants cris de a Frodon! Frodon! Chic au vieux Frodon! – de la part des plus jeunes. Les Sacquet de Besace se renfrognèrent, se demandant ce que signifiait ” entrer dans son héritage “.)
Ensemble, nous comptons cent quarante-quatre ans. Votre nombre a été choisi pour concorder avec ce total remarquable: une Grosse, si vous me permettez cette expression. (Aucune acclamation. Cela était ridicule. Maints invités, et particulièrement les Sacquet de Besace se sentirent insultés, dans leur certitude de n’être là que pour compléter le nombre requis, comme des marchandises dans un emballage. ” Une Grosse, en vérité ! Quelle expression vulgaire. “)
C’est aussi, s’il m’est permis de me rapporter à l’histoire ancienne, l’anniversaire de mon arrivée par tonneau à Esgaroth sur le Long Lac; bien que le fait que ce fût mon anniversaire me fût sorti de la mémoire en cette occasion. Je n’avais alors que cinquante et un ans, et les jours de naissance ne paraissaient pas aussi importants. Le banquet fut splendide, toutefois, encore que je fusse affligé d’un fort rhume à ce moment, je m’en souviens, et je pouvais seulement dire ” Berci beaucoup “. Je le répète à présent plus correctement: Merci beaucoup d’être venus à ma petite réception. (Silence obstiné. Tous craignaient l’imminence d’une chanson ou de quelque poésie; et ils commençaient à en avoir assez. Pourquoi ne pouvait-il s’arrêter de parler et les laisser boire à sa santé? Mais Bilbon ne chanta ni ne déclama. Il observa une courte pause.)
Troisièmement et pour finir, dit-il, je voudrais vous faire une ANNONCE. (Il prononça ce dernier mot avec tant de force et de soudaineté que tous ceux qui le pouvaient encore se redressèrent.) J’ai le regret de vous annoncer quoique, je vous l’ai dit, undécante-un ans soit un temps bien insuffisant à passer parmi vous – que ceci est la FIN. Je m’en vais. Je pars MAINTENANT. ADIEU !